Conspectus

Le premier Conspectus est développé par le Research Libraries Group (RLG) à la fin des années 1970[1]^,[2]. Le modèle est repris et perfectionné par différents groupes de recherche en bibliothéconomie au fil des années, dont l’Association of Research Libraries (ARL) et le Western Libraries Network (WLN)[3]. Ce dernier élabore un logiciel pour aider à la gestion du Conspectus[4].

Bien qu’utilisée à travers le monde[5], la méthode conspectus est principalement employée aux États-Unis[6], où elle fait office de « standard approach to assessing library collections »[7]. En 1989, l’American Library Association (ALA) recommande d’ailleurs son utilisation dans son Guide For Written Collection Policy Statements[7]. On retrouve toutefois des exemples de son utilisation au Canada (Canadian Association of Research Libraries), en Europe (Ligue de bibliothèques européennes de rechercher, European Conspectus group)[5], en Australie, en Corée, etc[8].

L’approche du Conspectus suscite un engouement très fort au moment de sa conception et jusqu’à la fin des années 1990. Le développement et la popularisation du Conspectus vont de pair avec l’importance grandissante que prend l’évaluation des collections dans la gestion de celles-ci[9]. (Grant, 1992, p. 98-99) Toutefois, la popularité de la méthode du Conspectus diminue au début des années 2000[10]. Ce désintérêt est à rapprocher de celui qui concerne les politiques documentaires en général, et soulève par conséquent les mêmes questions sur la spécificité, la fonction sociale et l'avenir des bibliothèques.

La première étape de l’élaboration d’un Conspectus réside dans la division de la collection en catégories d’évaluation. Selon les modèles, ces dernières sont basées sur le système de classification de Dewey ou sur la classification de la bibliothèque du Congrès[8]. Le Conspectus développé par le Research Libraries Group s’appuie sur la classification de la bibliothèque des Congrès et comporte 24 divisions principales qui peuvent se subdiviser jusqu’à près de 7000 sujets[11]. Le nombre de catégories varie selon la grosseur et les spécialisations des différents établissements qui utilisent cette méthode[12].

Pour chaque catégorie, le Conspectus permet de décrire la situation actuelle de la collection, l’état des acquisitions en cours et les objectifs de développement de la collection[13], qui sont établis en regard à la politique de développement des collections en place dans l’établissement[1].

Pour chaque composante du tableau, la bibliothèque détermine l’étendue de la couverture documentaire de sa collection (niveau intellectuel) et la variété linguistique présentée par ses ouvrages et ressources (niveau de diversité linguistique)[1].

L’élaboration d’un Conspectus vise à brosser un portrait de la collection actuelle d’une bibliothèque, de ses forces et faiblesses, de l’état de ses acquisitions courantes et de son plan de développement[15]. L’objectif initial du Research Libraries Group en élaborant le Conspectus est de fournir un outil pour soutenir la collaboration entre bibliothèques[16]. Peu utilisée dans cette intention, l’approche Conspectus est plus souvent exploitée et appréciée comme outil d’évaluation des collections pour un établissement particulier[10]. S'agissant des bibliothèques publiques, tel a été notamment le cas de la démarche mise en œuvre par Thierry Giappiconi à la bibliothèque municipale de Fresnes[17].

L'harmonisation progressive des catalogues et la mutualisation de SIGB sous forme de plates-formes de services, ouvrent de nouvelles possibilités d'évaluation comparée des collections, et par conséquent de démarches inspirées du Conspectus[18].

Pour adapter l’usage du Conspectus aux pratiques contemporaines, certains auteurs comme Peter Clayton et G.E. Gorman proposent une mise à jour de la méthode pour l’adapter à l’ère du numérique. Ils intègrent notamment la question de l’accessibilité des ressources (papier et numérique) à leur évaluation du niveau de profondeur de la collection, évitant ainsi de se concentrer entièrement sur la taille de la collection physique[4].