Convention baptiste du Sud
La Convention baptiste du Sud (anglais : Southern Baptist Convention, abrégé en SBC) est une dénomination chrétienne évangélique baptiste aux États-Unis. Fondée en 1845, la dénomination est basée à Nashville, États-Unis.
Convention baptiste du Sud | |
Mouvement | Christianisme évangélique |
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Courant | Baptisme |
Siège | Nashville, États-Unis |
Territoire | États-Unis |
Fondation | 1845 |
Membres | 13,680,493 |
Églises membres | 47,614 |
Site web | sbc.net |
La convention a été confrontée à diverses controverses, notamment des départs de groupe d’églises et de personnalités ainsi que des enquêtes sur les abus sexuels dans la Convention baptiste du Sud.
Histoire

La Convention a été fondée en 1845 à Augusta, en Géorgie, après la séparation d’avec la Triennial Convention (devenue American Baptist Churches USA) par des baptistes favorables à l'esclavage et en désaccord avec l’abolitionnisme des baptistes du Nord des États-Unis[1],[2]. Après la guerre de Sécession, la plupart des églises baptistes afro-américaines du Sud se sont rassemblées dans la National Baptist Convention fondée en 1895.
La Convention baptiste du Sud perd de son caractère régional à partir des années 1940 et commence à intégrer des membres issus de diverses minorités dans les dernières années du XXe siècle[3]. Bien qu'elle reste le plus densément implantée dans le Sud des États-Unis, elle s'implante également dans le reste du pays et passe des accords avec une quarantaine de conventions locales.
En 1995, elle a adopté une résolution qui reconnaissait l’échec de leurs ancêtres à protéger les droits civiques des Afro-Américains[4].
En 2004, la Southern Baptist Convention, comptant alors 16,3 millions de membres, décide de quitter l’Alliance baptiste mondiale contestant, selon elle, la théologie libérale de l’Alliance[5],[6].
En 2012, Fred Luter (en) devient le premier président Afro-Américain de la convention[7].
Selon un recensement de la dénomination publié en 2021, elle aurait 47 614 églises et 13 680 493 de membres[8].
Croyances
La dénomination a une confession de foi baptiste appelée Baptist Faith & Message 2000[9].
Organisation
La convention a fondé une organisation missionnaire, le Conseil de mission internationale en 1845[10].
La dénomination compte plusieurs instituts de théologie, dont les principaux sont le Séminaire théologique baptiste du Sud et le Séminaire théologique baptiste du Sud-Ouest ainsi que plusieurs universités affiliées[11].
Prises de position
Abus sexuels
En , la Convention est touchée par un scandale sexuel important : depuis 1998, 400 pasteurs et autres employés de culte auraient commis des abus sexuels sur plus de 700 victimes[12]. En , la Convention a adopté un amendement constitutionnel afin d’excommunier les églises qui ne sévissent pas contre les agresseurs et a autorisé la création d'un comité chargé de traiter les plaintes pour abus sexuels[13]. En octobre 2021, la Convention baptiste du Sud décide de confier une enquête à une entreprise indépendante sur la gestion des abus sexuels par la Convention[14]. Le rapport d’enquête publie une liste de plusieurs centaines de pasteurs, prédicateurs et membres d’églises évangélistes américains « accusés de manière crédible » d'agressions sexuelles[15],[16]. À la suite de ce rapport, elle adopte, en juin 2022, l’instauration d’une base de données publique recensant les agresseurs afin de lutter contre les abus[17].
Avortement
À la suite de la décision en juin 2022 de la Cour suprême d'abroger l'arrêt Roe v. Wade et de supprimer le droit fédéral à l'avortement, permettant aux États de faire évoluer individuellement leur droit sur le sujet[18], Bart Barber président du SBC déclare que « les baptistes du Sud se réjouissent de la décision »[19].
Pastorat féminin
En 2021, alors que l'église Saddleback Church, dirigée par Rick Warren, nomme trois femmes en tant que pasteures, la Convention baptiste du Sud, à laquelle Saddleback Church est affiliée, confirme son opposition au pastorat féminin[20].
Homosexualité
En 2014, l’église New Heart Community Church de La Mirada en Floride est exclue de la Convention baptiste du Sud, son pasteur ayant béni un couple homosexuel[21].
Racisme
En 2020, la Convention baptiste du Sud décide d'interdire l'étude, dans ses séminaires, de la théorie du racisme systémique : « cette théorie est incompatible avec nos valeurs. Ce n’est pas une solution biblique »[22]. Par ailleurs, de nombreuses églises afro-américaines ont reproché à la direction de la convention son refus de reconnaître la critical race theory et ont quitté la dénomination[23].
Départs de la Convention
En 1987, un groupe d’églises a déploré le contrôle de la direction de la convention par des fondamentalistes et a fondé l’Alliance of Baptists[24]. En 1990, un groupe d’églises modérées a critiqué la dénomination pour son conservatisme sur certains sujets comme l’opposition au ministère des femmes et a fondé la Cooperative Baptist Fellowship en 1991[25].
En 2000, l'ancien président des États-Unis, Jimmy Carter décide de quitter la Convention baptiste du Sud lui reprochant sa « rigidité théologique croissante »[26], tout en restant membre de la Cooperative Baptist Fellowship[27].

En 2018, le théologien baptiste Russell D. Moore, président de la Commission d’éthique et de liberté religieuse de la SBC, critique certaines églises baptistes de la convention pour leur moralisme insistant fortement sur la condamnation de certains péchés personnels, mais silencieux sur les injustices sociales qui font souffrir des populations entières, comme le racisme[28]. En 2021, Russell D. Moore décide de quitter la Convention baptiste du Sud pour rejoindre, en tant que théologien, Christianity Today, magazine évangélique opposé comme lui à la politique migratoire de Donald Trump. Ses prises de position sur les abus sexuels au sein du SBC et sur la réconciliation raciale l'opposaient au comité exécutif de la Convention baptiste du Sud[29],[30].
En 2021, le soutien sans limite de certains responsables de la Convention pour l’ex président Donald Trump a donné lieu à plusieurs démissions, dont celles de Beth Moore et Russell D. Moore, qui ont considéré son comportement personnel incompatible avec les valeurs prônées par les baptistes[31].
Voir aussi
Notes et références
- Samuel S. Hill, Charles H. Lippy, Charles Reagan Wilson, Encyclopedia of Religion in the South, Mercer University Press, USA, 2005, p. 796.
- William H. Swatos, Peter Kivisto, Encyclopedia of Religion and Society, Rowman Altamira, USA, 1998, p. 40.
- The Concise Oxford Dictionary of World Religions, Encyclopedia (lire en ligne).
- Marisa Iati, Southern Baptist Convention’s flagship seminary details its racist, slave-owning past in stark report, washingtonpost.com, États-Unis, 12 décembre 2018.
- « En cause: femmes pasteurs, homosexuels et antiaméricanisme », sur catch.ch, (consulté le ).
- Ted Olsen, Southern Baptists No Longer In, Nor Of, World Alliance, christianitytoday.com, USA, 1 juin 2004
- Erik Eckholm, Southern Baptists Set to Elect Their First Black Leader, nytimes.com, USA, 18 juin 2012.
- Southern Baptist Convention, Southern Baptists see baptisms, giving rebound in 2021, baptistpress.com, consulté le 8 juin 2022.
- Southern Baptist Convention, Baptist Faith & Message 2000, sbc.net, États-Unis, consulté le 19 septembre 2020
- George Thomas Kurian, Mark A. Lamport, Encyclopedia of Christianity in the United States, Volume 5, Rowman & Littlefield, États-Unis, 2016, p. 1206.
- J. Gordon Melton and Martin Baumann, Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices, ABC-CLIO, États-Unis, 2010, p. 2676.
- Aux Etats-Unis, la principale Eglise protestante rattrapée par le scandale des abus sexuels, Le Monde (13 février 2019).
- Greg Garrison, SBC adopts proposal that would disfellowship churches over sex abuse, al.com, États-Unis, 11 juin 2019.
- « Aux États-Unis, la Convention baptiste du Sud accepte l’ouverture d’une enquête sur la gestion des abus sexuels », Info Chrétienne, (lire en ligne, consulté le )
- « «Apocalypse» Dans la tourmente, la plus grande Eglise protestante des Etats-Unis publie une liste de suspects d’agressions sexuelles », Libération, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Liste de centaines de pasteurs, prédicateurs et membres d’églises évangélistes américains « accusés de manière crédible » », Guidepost Solutions, (lire en ligne, consulté le )
- Kate Shellnutt, Southern Baptists Overwhelmingly Approve Abuse Reforms, Public Database, christianitytoday.com, USA, 14 juin 2022
- « Droit à l’avortement : la Cour suprême des Etats-Unis revient sur l’arrêt Roe vs Wade et laisse les Etats américains libres d’interdire l’IVG », sur Le Monde (consulté le ).
- « Southern Baptists rejoice Supreme Court abortion ruling », sur Houston Chronicle (consulté le ).
- « États-Unis: Trois femmes nommées pasteures, une première au sein de la Convention baptiste du Sud. », sur Évangélique.info, (consulté le ).
- « Une Eglise californienne exclue de la Convention baptiste du Sud en raison du soutien au mariage gay », sur Évangélique Info, (consulté le ).
- « Les Baptistes du Sud ne pourront pas étudier le racisme systémique. », sur Réformes.ch (consulté le ).
- Sarah Pulliam Bailey, Michelle Boorstein, Several Black pastors break with the Southern Baptist Convention over a statement on race, washingtonpost.com, États-Unis, 23 décembre 2020.
- William H. Brackney, Historical Dictionary of the Baptists, Scarecrow Press, États-Unis, 2020, p. 14.
- William H. Brackney, Historical Dictionary of the Baptists, Scarecrow Press, États-Unis, 2020, p. 169.
- « Etats-Unis: Jimmy Carter quitte la Convention baptiste du Sud », Cath.ch, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Somini Sengupta, « Carter Sadly Turns Back On National Baptist Body », sur nytimes.com, 21 octobre 2000.
- Samuel Smith, Moore on MacArthur's Social Justice Statement: 'Bible Doesn't Make These Artificial Distinctions', christianpost.com, États-Unis, 13 septembre 2018.
- « Aux États-Unis, la Convention baptiste du Sud se divise », Réforme, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « The Scandal Rocking the Evangelical World », The Atlantic, (lire en ligne, consulté le )
- Gilles Paris, « Le trumpisme essuie un revers au sein d’un puissant courant évangélique », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Southern Baptist Convention » (voir la liste des auteurs).
Lien externe
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