Copiapite
La copiapite est un corps chimique minéral cristallin, un sulfate double de fer II et III, hydroxylé basique et fortement hydraté, de formule brute Fe2+Fe3+4[OH,(SO4)3]2• 20 H2O[3]. Ce minéral assez rare de maille triclinique, jaune d'or ou jaune soufre, jaune orangé voire jaune verdâtre à l'état massif, de goût métallique est encore nommé copiapite ferreuse.
Copiapite Catégorie VII : sulfates, sélénates, tellurates, chromates, molybdates, tungstates[1] | |
Petits cristaux micacés de copiapite, Antofagasta | |
Général | |
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Classe de Strunz | 7.DB.35
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Classe de Dana | 31.10.05.01
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Formule chimique | Fe2+Fe3+4(SO4)6(OH)2·20(H2O) |
Identification | |
Masse formulaire[2] | 1 249,921 ± 0,057 uma H 3,39 %, Fe 22,34 %, O 58,88 %, S 15,39 %, |
Couleur | jaune soufre à orangé, parfois jaune pâle, jaune verdâtre et vert olive pour les variétés massives |
Classe cristalline et groupe d'espace | Pinacoïdale ; P1 |
Système cristallin | triclinique |
Réseau de Bravais | maille : a = 7,337 Å b = 18,76 Å c = 7,379 Å α = 91,47° β = 102,18° γ = 98,95° Z = 4 |
Macle | oui |
Clivage | micacé et très parfait sur {010} ; imparfait sur {-101} |
Cassure | irrégulière, inégale |
Habitus | rarement petits cristaux tabulaires, communément en agrégats pailletés, forme massive, incrustations lamellaires, parfois pulvérulentes (misy) |
Jumelage | de contact |
Échelle de Mohs | 2,5 à 3 |
Trait | plus clair que la couleur |
Éclat | mat ; nacré, perlé sur {010} |
Propriétés optiques | |
Indice de réfraction | nα = 1,506 - 1,540 nβ = 1,528 - 1,549 nγ = 1,575 - 1,600 |
Pléochroïsme | sur x et y jaune pâle à incolore ; sur z = jaune soufre |
Biréfringence | Biaxial (+) ; δ = 0,069 2V = 45° à 74° (mesuré) 2V = 48° à 72° (calculé) |
Fluorescence ultraviolet | aucune |
Transparence | Transparent à translucide |
Propriétés chimiques | |
Densité | 2,03 à 2,17, parfois 2,08 |
Fusibilité | fusible |
Solubilité | se dissout facilement dans l'eau |
Comportement chimique | solution acide |
Propriétés physiques | |
Magnétisme | aucun |
Radioactivité | aucune |
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. | |
Elle peut très facilement contenir des ions magnésium, aluminium, zinc, cuivre ou calcium, qui prennent la place du fer II. La copiapite magnésienne se décrit aussi souvent par les formules chimiques (Mg,Fe)II,FeIII4 [OH, (SO4)3]2• 18 ou 20 H2O, où le couple sigle (Mg,Fe) désigne toutes les associations intermédiaires possibles entre la composition des ions solitaires Fe2+ (copiapite ferreuse) et Mg2+[4]. La cuprocopiapite CuII,FeIII4 [OH, (SO4)3]2• 20 H2O qui contient des ions cuivre possède une couleur vert olive encore plus vive.
De densité avoisinant 2,1, tendre et légère, à clivage micacé, elle se présente sous forme d'agrégats écailleux ou grenus, dans les zones d'oxydation de la pyrite. Elle est associée à la mélantérite et à la fibroferrite. Les agrégats sont souvent pulvérulents ou subéreux. Il s'agit d'un minéral secondaire, un des termes sulfatés ultimes de la dégradation superficielle en milieu aride des minerais sulfurés, en particulier des très nombreuses variétés de sulfures de fer, notamment de la pyrite et marcassite Fe2S polymorphes ou encore de la chalcopyrite.
Description en minéralogie
Décrite en 1845 par le minéralogiste Haidinger à partir du topotype. En réalité, Johann August Friedrich Breithaupt a décrit dès 1823 un corps minéral sous le nom de Gelbeisenerz qui présente toutes les caractéristiques des copiapites. Gustav Rose, minéralogiste prussien berlinois, la décrit en 1833 dans les Annalen der Physik, Halle, Leipzig en tant qu'oxyde de fer basique de l'acide sulfurique. Il s'agit de la copiapite ferreuse.
Il existe divers synonymes, en réalité ce sont des variétés observées : quenstedtite (sur des secteurs de Copiapo), ihléite (commune sur le charbon ou sur les plans de graphite ou de roches graphiteuses), xanthosidérite (dans les mines de fer), misy ou misylite (dénomination précise de formes exclusivement poudreuses), jänosite ou violite, etc.
Au Chili, au voisinage des mines de cuivre, elle était encore nommée copperas jaune car les mineurs croyaient qu'il s'agissait de cuivre jaune, altéré et sans valeur, à l'instar de la pyrite par rapport à l'or.
Les variétés contenant des ions calcium, c'est-à-dire des copiapites calciques, sont parfois nommées tusiites.
Cristallographie et cristallochimie
Les cristaux tabulaires sont rares. Leur clivage est parfait sur (010), l'éclat du plan de clivage est perlé. Il existe des macles.
Le groupe de la copiapite comprend 7 minéraux cristallins, soit dans l'ordre alphabétique : aluminocopiapite, calciocopiapite, copiapite, cuprocopiapite, ferricopiapite, magnésiocopiapite, zincocopiapite.
Propriétés chimiques et physiques
La composition en pourcentage massique correspond en théorie à 5,75 % de FeO, 25,5 % de Fe2O3 et 38,43 % SO3, et 30,27 % de H2O.
La composition en pourcentage massique d'une copiapite magnésienne octodécahydratée correspond à 3,4 % de MgO, 27 % de Fe2O3 et 40,7 % SO3, et 28,9 % de H2O.
La copiapite est facilement soluble dans l'eau. La solution aqueuse est jaune limpide, mais devient trouble à l'ébullition. La solution est acide, car les ions hydroxydes sont facilement neutralisés par les ions ferriques. C'est la raison pour laquelle pourquoi les eaux de drainage minier sont jaunes et souvent très acides.
Il est préférable de mettre à l'abri, dans des récipients hermétiques, les échantillons fragiles, de dureté 2,5.
Elle perd progressivement son eau de structure entre 70 °C et 300 °C.
Chauffée au chalumeau, la copiapite forme des globules aimantés.
Les copiapites ferreuses et magnésiennes sont magnétiques.
Gîtologie
Les copiapites sont des minéraux sulfates basiques de genèse secondaire, ils apparaissent conjointement avec l'halstrichite, la pickeringite, la pyrite, la marcassite, l'hydroxyde de fer, etc.
Les sulfures de fer sont plus facilement oxydés en milieu aride. La copiapite peut être le produit de l'oxydation des diverses pyrites minières, notamment issues des simples mines de charbon, lorsqu'elles sont laissées à l'air[5].
La copiapite apparaît aussi dans les produits de sublimations des fumerolles.
Minéraux associés
- Epsomite, mélantérite, alunogène, fibroferrite, halotrichite, botryogène, butlerite, amarantite, etc.
Gisements
- Allemagne
- Rammelsberg
- Harz
- Chili
- Copiapo, Chuquicamata, Antofagasta, dans le désert d'Atacama
- Chypre (île)
- Espagne
- États-Unis
- Arizona, Bisbee
- Californie, Knoxville
- Missouri
- Nevada, Comstock
- Italie
- île d'Elbe
- îles Lipari
- Sienne, mine de la Cétine, en association avec l'epsomite
- Iran
- Sayhand, Yadz Iran
- Suède
- Tchèquie
- Dubnik
Histoire
Les copiapites sont déjà connues par Agricola sous le nom de Gelb Atrament, c'est-à-dire le jaune de l'encre noire des Anciens[6]. Au siècle des Lumières, le chimiste suédois Johan Gottschalk Wallerius la nomme en latin lapis atramentarius flavus[7].
Il s'agit essentiellement d'un minéral de collection, à intérêt scientifique.
Notes et références
- La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
- Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- Soit (FeII,FeIII4) (SO4)6(OH)2 • 20 H2O. C'est un sulfate hydroxylé hydraté au même titre que la fibroferrite FeIII(OH)(SO4)•H2O, minéral jaune pâle de maille orthorhombique, de dureté 2,5, de densité 1,9.
- Lorsque (Fe, Mg) devient Mg, il s'agit de copiapite magnésienne pure ou magnésiocopiapite. La dénomination minérale magnésiocopiapite est réservée à MgII,(FeIII4) [OH, (SO4)3]2• 20 H2O
- On la trouve dans les terrils, à Commentry, Ronchamp, etc.
- Agricola, alias Georg Bauer, De natura fossilium and De veteribus et novis metallis, 1546. Il s'agit de la matière jaune qui se déposait dans les vieux pots d'encre noire.
- Wallerius, J.G, Mineralogia, eller Mineralriket, Stockholm : 159, 1747
Voir aussi
Bibliographie
- J. Majzlan et R. Michallik, The crystal structures, solid solutions and infrared spectra of copiapite-group minerals, Mineralogical Magazine, vol. 71, p. 553-569, .
- A. Montana, R, Crespi, G. Liborio, Minéraux et roches, éditions Fernand Nathan, Paris, 1981, 608 p., en particulier § 127 copiapite (ISBN 2-09-284208-0). Traduction-adaptation par Jean-Louis Parmentier de l'ouvrage italien Minerali e rocce, éditions Arnaldo Mondadori, Milan, 1977.
Liens externes
- (en) Handbook of Mineralogy
- (en) Données minérales
- (en) Données du Web mineral
- Spectre d'absorption dans le visible et l'infra-rouge d'une copiapite chilienne
- Structure cristalline d'une copiapite chilienne
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