Corps du Christ (théologie)

Évangile selon Jean, chapitre 6, versets 51 à 58[1] :

« Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, pour le salut du monde." Là-dessus, les Juifs disputaient entre eux, disant: "Comment cet homme peut-il donner sa chair à manger?" Jésus leur dit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et ne buvez son sang, vous n'avez point la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui. Comme le Père qui est vivant m'a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra aussi par moi. C'est là le pain qui est descendu du ciel: il n'en est point comme de vos pères qui ont mangé la manne et qui sont morts; celui qui mange de ce pain vivra éternellement." »[2]

À la suite de son Incarnation, le Christ en tant que Fils de Dieu a voulu rassembler en son nom et son Corps (l'Église et les sacrements) chaque être humain et plus particulièrement les plus fragiles, malades et pauvres de ce monde. « Si nous voulons vraiment rencontrer le Christ, nous devons toucher son Corps dans les corps souffrants des pauvres, comme une réponse à la communion sacramentelle accordée dans l'Eucharistie. Le corps du Christ, brisé dans la sainte liturgie, peut être vu, par la charité et le partage, dans les visages et les personnes des plus vulnérables de nos frères et sœurs », a déclaré le pape François lors du lancement de la Journée mondiale des pauvres (en).

Il existe des différences plus ou moins importantes dans la manière dont les personnes comprennent le terme tel qu'il a été initié par Jésus lors de la Cène et tel qu'il a été développé dans la théologie chrétienne de l'Eucharistie. Pour certains, il reste symbolique, pour d'autres, il s'agit d'une compréhension plus littérale ou mystique.

Tel qu'il est utilisé par saint Paul dans les épîtres, le Corps du Christ se réfère à tous ceux qui « ont entendu la parole de la vérité, l'Évangile du salut, ont cru en lui, ont reçu la marque de l'Esprit Saint promis » (Ep 1,13), « qui en lui, sont les éléments d’une même construction pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit Saint » (Ep 2,22), sont « par lui, dans l’harmonie et la cohésion, quand tout le Corps poursuit sa croissance, grâce aux articulations qui le maintiennent, selon l’énergie qui est à la mesure de chaque membre. Ainsi le Corps se construit dans l’amour » (Ep 4,16).

Dans la théologie catholique romaine, l'utilisation de l'expression "corps mystique" distingue le Corps mystique du Christ, l'Église, du corps physique de Jésus (ce sont les deux qui comptent en Jésus-Christ), et surtout d'un "corps moral" tel que n'importe quel groupement avec un but commun. Dans l'orthodoxie orientale, l'expression "corps mystique du Christ" est également appliquée à l'Église orthodoxe : « Ce concept de l'Église comme Corps mystique du Christ est très cher à notre tradition orthodoxe car il exprime la réalité du Christ dans le monde et l'unité de l'Église, qui n'est réelle que lorsque le Christ est la figure centrale. L'Église orthodoxe rejette l'idée fausse, d'origine sectaire, que le christianisme n'est qu'un système de morale. Elle insiste fortement sur le fait que l'union mystique avec le Christ est une réalité dans son Église. Toute la vie de saint Paul a été "un système perpétuel de morale en action". Ce n'est qu'en raison de son engagement personnel envers le Christ et de sa rencontre mystique avec le Seigneur divin que saint Paul a atteint la perfection spirituelle »[6].