Fils de Dieu

Dans différentes traditions religieuses, « fils de Dieu » est un titre qui a été attribué à divers personnages et personnalités à travers l'histoire. On trouve notamment l'expression « fils de Dieu » dans la Torah, dans divers passages de la littérature judaïque extra-biblique, et dans le Nouveau Testament au sujet de Jésus-Christ, écrit avec une majuscule (Fils de Dieu).

Pour le film américain de 2014, voir Son of God.

Ne doit pas être confondu avec Dieu le Fils.

Le Christ baptisé par saint Jean dans le Jourdain

Le titre apparaît également dans les religions orientales antiques pour désigner dans certains panthéons des divinités, fils d'un dieu plus important ou du dieu suprême, dans diverses traditions, des demi-dieux comme le Sumerien Gilgamesh, des rois remarquables ou certains hommes auxquels sont prêtées des qualités surhumaines[1].

En Égypte antique, les pharaons étaient les fils du dieu solaire [1].

Judaïsme

Bien que les références à un ou plusieurs « fils de Dieu » peuvent occasionnellement être trouvées dans les écritures hébraïques, elles ne désignent jamais une descendance physique de Dieu[2],[3]. Rabbi Shimon ben Yohaï a maudit ceux qui utilisent l'expression « fils de Dieu », étant donné que Dieu ne s'est jamais marié et n'a jamais eu d'enfants[4].

Dans la Genèse, il est dit : « Les fils de Dieu eurent des rapports avec les filles des hommes »[5]. Une interprétation de ce verset fait des « fils de Dieu » les fils de Seth et des « filles des hommes » les filles de Caïn[6]. Pour Flavius Josèphe, les fils de Dieu sont des anges déchus[7]. « Elohim » signifie à la fois Dieu et juge, et les b'néï Elohim peuvent être réinterprétés au sens de « fils du juge » au lieu de « fils de Dieu »[8].

Deux occurrences décrivent figurativement des rois de cette époque comme « fils de Dieu »[9]:150. Le roi est lié au roi suprême qui est Dieu[10]. Ces termes sont souvent utilisés dans un sens général pour dire que le peuple croyant sont des « enfants de Dieu »[2]. Lorsqu'il est utilisé dans ce contexte, le terme référence est Israël ou le peuple en général, mais ne fait pas référence au Messie chrétien[2].

Dans les textes sacrés hébreux, d'après les traditions religieuses juives, ainsi que dans les textes hébraïques, d'après les traductions en langue française[1], l'expression s'applique à différents sujets :

Christianisme

Les textes hébraïques de l'Ancien Testament reprennent des assertions équivalentes à la Torah juive sur la notion de filiation. Dans le Nouveau Testament, le titre de « Fils de Dieu » qui figure au début de l'évangile de Marc pour désigner Jésus-Christ, n'est attesté dans aucun des plus anciens manuscrits. Il semble que ce titre a d'abord été utilisé de façon métaphorique pour désigner une relation particulièrement intime avec Dieu, puis dans un second temps au sens propre, ce qui s'est très vraisemblablement déroulé en milieu hellénistique.

Les évangiles donnent une réponse différente au moment où Jésus devient Dieu : pour Marc, c'est lors de son baptême, pour les prologues des évangiles de Luc et de Matthieu, c'est au moment de sa conception, pour Paul, lors de sa Résurrection, enfin pour Jean, il l'est de toute éternité.

Dans la plupart des traditions théologiques chrétiennes, cette expression réfère - dans une conception trinitaire - à la relation entre Jésus de Nazareth en tant que Christ, Dieu le Père et le Saint-Esprit[11].

La croyance en Jésus-Christ Messie et « Fils de Dieu », ressuscité d'entre les morts, est un élément essentiel du kérygme, qui appelle à la conversion[12].

Exégèse

La langue grecque et la langue latine font une distinction entre :

  • Fils de Dieu (Filius Dei) ;
  • Dieu le Fils (Deus Filius) - « Ainsi Dieu le Père, Dieu, le Fils : Dieu, l'Esprit Saint. Et cependant, ce ne sont pas trois Dieux mais Dieu est un ».

Critiques

Toutefois, le Oxford Dictionary of the Jewish Religion confirme qu'en hébreu, l'expression « Fils de Dieu » est plutôt métaphorique. Quant au Hasting's Bible Dictionary, ce que l'on retrouve occasionnellement dans la littérature biblique ou post-biblique, ne désigne en aucun cas la descente physique du Seigneur lui-même.

Dans les langues sémitiques, l'expression elle-même est utilisée pour désigner une relation morale plutôt que métaphysique. Alors, des « enfants de Dieu » seraient des hommes ou des peuples qui reflètent le caractère de Dieu. Dans un sens, cela aurait été au-delà de l'éthique monothéiste qui consiste à dire que Dieu est unique et qu'il n'a ni été enfanté, ni enfanté, et qu'il est le seul ayant le mérite d'être vénéré et invoqué.

Pour les musulmans, Allah n'a pas de fils.

Notes et références

Références

  1. André Paul, article Dieu, Fils de, in Encyclopaedia Universalis, n.d., version numérique consultée le 30/06/2013.
  2. The Oxford Dictionary of the Jewish Religion by Maxine Grossman and Adele Berlin (Mar 14, 2011) (ISBN 0199730040) page 698.
  3. Amy-Jill Levine, Marc Z. Brettler, The Jewish Annotated New Testament, 2011, p. 544 (ISBN 0195297709).
  4. J. Theodor, Ch. Albeck, Midrash Genèse Rabba, Berlin, 1912-27, 2 volumes.
  5. Gn 6,4.
  6. Rabbi Eliezer ben Hyrcanos, Midrash Pirke Rabbi Eliezer, chapitres 21 et 22.
  7. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, livre 1, III:1.
  8. R. Le Déaut, J. Robert, Targum de Jérusalem, Paris, Cerf, 1978-81, 5 volumes.
  9. (en) Riemer Roukema, Jesus, Gnosis and Dogma, T&T Clark International, (lire en ligne).
  10. (en) Jonathan Bardill, Constantine, Divine Emperor of the Christian Golden Age, Cambridge University Press, (lire en ligne), p. 342.
  11. en J. Gordon Melton, Martin Baumann, Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices, ABC-CLIO, USA, 2010, p. 634-635
  12. Schubert M. Ogden, The Understanding of Christian Faith, Wipf and Stock Publishers, USA, 2010, p. 74

Références bibliques

  1. « Tu diras à Pharaon : "Ainsi parle l'Éternel : Israël est mon fils, mon premier-né. Je te dis : Laisse aller mon fils, pour qu'il me serve ; si tu refuses de le laisser aller, voici, je ferai périr ton fils, ton premier-né." » Ex 4. 22.
  2. « Je publierai le décret qu'a promulgué l'Éternel. Il m'a dit : "Tu es mon Fils ; aujourd'hui, je fais de toi mon enfant." » Ps 2.
  3. « C'est lui qui construira un temple en mon honneur et je maintiendrai à toujours son trône royal. Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils ; s'il fait le mal, je me servirai d'hommes pour le corriger par des coups et des châtiments. » 2Sm 7.
  4. Ex 17. 15-19.
  5. « Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Éternel, et Satan vint aussi au milieu d'eux. L'Éternel dit à Satan : "D'où viens-tu ?" Et Satan répondit à l'Éternel : "De parcourir la terre et de m'y promener." » Job 1 traduction de Louis Segond Job 6 « Or, un jour, les anges de Dieu se rendirent au conseil de l'Éternel. Satan (l'Accusateur) vint aussi parmi eux. L'Éternel dit à Satan : "D'où viens-tu donc ?" Celui-ci lui répondit : "Je viens de parcourir la terre et de la sillonner." » Job 1 traduction de La Bible du semeur Job 6.
  6. « Psaume de David. Fils de Dieu, rendez à l'Éternel, Rendez à l'Éternel gloire et honneur ! Rendez à l'Éternel gloire pour son nom ! Prosternez-vous devant l'Éternel avec des ornements sacrés ! » traduction de Louis Segond Ps 29 « Psaume de David. Célébrez l'Éternel, vous, les anges de Dieu. Célébrez l'Éternel, en proclamant sa gloire et sa puissance ! Oui, célébrez la gloire du nom de l'Éternel, et prosternez-vous devant lui parés de sainteté ! » traduction de La Bible du semeur Ps 29.
  7. « Quand les hommes commencèrent à se multiplier sur la terre et qu'ils eurent des filles, les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils prirent pour femmes celles qu'ils choisirent parmi elles » Gn 6. 1-4.
  8. « Vous êtes les enfants de l'Éternel, votre Dieu. Vous ne vous ferez point d'incisions et vous ne ferez point de place chauve entre les yeux pour un mort. » Dt 14. 1.

Voir aussi

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