Kérygme
Le kérygme (du grec ancien κήρυγμα / kérugma, « proclamation à voix haute », de κῆρυξ / kêrux, le « héraut ») désigne, dans le vocabulaire religieux chrétien, le contenu essentiel de la foi en Jésus-Christ annoncée et transmise aux non-croyants par les premiers chrétiens ; ce terme continue à être employé aujourd'hui pour évoquer le partage de l'essentiel de la foi chrétienne.
Définition
Dans Actes des apôtres chapitre 2 verset 22, l'apôtre Pierre fait une déclaration de sa foi en Jésus-Christ le jour de la Pentecôte, qui est à l’origine du kérygme. Elle comprend les éléments suivants [1]:
- Jésus-Christ est le Messie, le Fils de Dieu ;
- il est mort et il est ressuscité, et celui qui parle en rend témoignage personnellement ;
- il appelle à la conversion.
Au IVe siècle, le kérygme est publié formellement dans le symbole de Nicée-Constantinople[2],[1].
Origines
Dans le Nouveau Testament figure le kérygme de Pierre, le jour de la Pentecôte[1]:
- « Hommes israélites, écoutez ces paroles : Jésus le Nazaréen, homme approuvé de Dieu auprès de vous par les miracles et les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme vous-mêmes vous le savez, ayant été livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu — ; lui, vous l'avez cloué à une croix et vous l'avez fait périr par la main d'hommes iniques, lequel Dieu a ressuscité, ayant délié les douleurs de la mort, puisqu'il n'était pas possible qu'il fût retenu par elle. (...) Ce Jésus, Dieu l'a ressuscité, ce dont nous, nous sommes tous témoins. (...) Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés ; et vous recevrez le don du Saint Esprit. »[3]
Le kérygme de Paul, plus court, insistant davantage sur la résurrection, figure dans la première épître aux Corinthiens (1 Co 15:1-8)[4]:
- « Or je vous fais savoir, frères, l'évangile que je vous ai annoncé, que vous avez aussi reçu, et dans lequel vous êtes, que Christ est mort pour nos péchés, selon les écritures, et qu'il a été enseveli, et qu'il a été ressuscité le troisième jour, selon les écritures ; et qu'il a été vu de Céphas [Pierre], puis des douze. Ensuite il a été vu de plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont demeurés en vie jusqu'à présent, mais quelques-uns aussi se sont endormis. Ensuite il a été vu de Jacques, puis de tous les apôtres ; et, après tous, comme d'un avorton, il a été vu aussi de moi. »
C'est également le titre de deux épîtres apocryphes : le Kérygme de Pierre et le Kérygme de Paul.
Au IVe siècle, face au développement des hérésies, le kérygme est développé en profession de foi, comprenant davantage d'énoncés dogmatiques. Les deux principales sont le symbole des apôtres et le symbole de Nicée-Constantinople [2], [5].
Renouveau
Depuis la fin du XXe siècle, l'annonce du kérygme est considérée, dans l'Église catholique, comme l'un des moyens de parvenir à la nouvelle évangélisation prônée par Jean-Paul II. Le kérygme est un préalable à la catéchèse[6]. L'exhortation apostolique Evangelii gaudium du pape François fait référence à plusieurs reprises au kérygme.
Le kérygme est un moyen de s'affranchir des différences doctrinales entre les différentes branches du christianisme. C'est ainsi qu'est apparu sur la Toile un projet de l’ordre de ce que le sociologue des religions Sébastien Fath, spécialiste du protestantisme, appelle « l’œcuménisme kérygmatique » : la plate-forme évangélique Top Chrétien comporte des initiatives de ce type[7].
Références
- Schubert M. Ogden, The Understanding of Christian Faith, USA, Wipf and Stock Publishers, , p.74.
- J. Gordon Melton et Martin Baumann, Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices, USA, ABC-CLIO, , p.634-635.
- Ac 2:22-24 puis 32 et 38
- Arthur J. Bellinzoni, The New Testament: An Introduction to Biblical Scholarship, Wipf and Stock Publishers, USA, 2016, p. 98
- Anthony Towey, An Introduction to Christian Theology, A&C Black, UK, 2013, p. 202-203
- William J. Collinge, Historical Dictionary of Catholicism, Scarecrow Press, USA, 2012, p. 157
- Marie Malzac, « Les nouvelles voies de l'œcuménisme », La Croix, 28 octobre 2016, lire en ligne
Voir aussi
Articles connexes
Lien externe
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