Cris

Les Cris (anglais : Cree ; langue crie : Nehiyawak[1]) sont l'un des peuples algonquiens d'Amérique du Nord.

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« Crees » redirige ici. Pour la toile fine de lin, du Pays de Léon, en Bretagne, voir Crée.

Cris
Autochtone Cri, photographié par G. E. Fleming en 1903 à Maple Creek, Saskatchewan.
Populations importantes par région
Population totale 317 000
Autres
Langues Cri, anglais, français

Les Cris habitent au Canada et aux États-Unis, entre les montagnes Rocheuses et l'océan Atlantique. Avec plus de 317 000 membres[1] répartis en près de 135 tribus[2], les Cris forment un des plus grands groupes de Premières Nations au Canada. En 2011, 95 000 locuteurs de la langue crie ont été dénombrés[1]. Cette langue reste l'une des langues amérindiennes les plus parlées de l'Amérique du Nord.

Connus pour leur ouverture au mariage inter-tribal, les Cris ont engendré une partie du peuple métis, descendants de l'union de Cries et de Français du Canada[3].

Nom

Cris est l'abréviation de « Knistenaux » (ou « Christenaux ») du nom français d'un ancien village appelé « Kenisteniwuik »[4].

Histoire

Le premier contact entre les Européens et les Cris de la baie James date du XVIIe siècle en 1610 avec l'explorateur Henry Hudson. En 1670, ils commencent à faire le commerce de la fourrure avec la Compagnie de la Baie d'Hudson pour lequel ils avaient le monopole sur plus de 13 kilomètres[1].

À partir du XVIIe siècle, cette région est le théâtre d'un important commerce des fourrures et de l'évangélisation des résidents.


Au milieu du XXe siècle , avec le déclin de la traite des fourrures, les Cris n'eurent d'autres choix que de se sédentariser.


Depuis le début des années 1970, de grands projets de centrales hydroélectriques d'Hydro-Québec vinrent perturber de façon importante la vie des communautés autochtones et a grandement affecté le territoire de cette nation résidant sur le territoire de la Baie-James. Le Grand Conseil des Cris signe en 1975, avec Hydro-Québec et les gouvernements du Québec et du Canada, la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ) et en 2002, la Paix des Braves[5]. Ces deux traités de l'ère moderne accordent aux Cris un certain nombre de droits et de pouvoirs ainsi que des compensations pour la perte de territoire et pour l'abandon de certaines activités traditionnelles.

Les Cris résident aujourd'hui dans plusieurs réserves autochtones comme celles de Chisasibi, Eastmain, Mistissini, Nemaska, Oujé-Bougoumou, Waskaganish, Wemindji et Waswanipi. Cette nation parle principalement la langue crie mais elle a aussi l’anglais comme seconde langue.

Une traduction cris de la Bible datant de 1876.

Géographie

Eeyou Istchee

Les Cris de l'Est sont réunis au sein du Grand Conseil des Cris Eeyou Istchee », en cri) et de l'Administration régionale crie ; depuis 2017, Abel Bosum en est le Grand chef. Ce peuple est réparti en neuf communautés, soit cinq communautés au long du littoral est de la baie James, Chisasibi, Eastmain, Waskaganish, Wemindji et Whapmagoostui et quatre communautés à l'intérieur des terres, Mistissini, Nemaska, Oujé-Bougoumou et Waswanipi[6],[7].

Cris de Chisasibi, à la baie James.
Population des Cris du Québec en 2007[8]
Communautés Total Résidents Non-résidents
Chisasibi 3 813 3 681 132
Eastmain 656 620 36
Mistissini 3 982 3 441 541
Nemaska 623 608 15
Oujé-Bougoumou 650* inconnu inconnu
Waskaganish 2 396 2 017 379
Waswanipi 1 790 1 386 404
Wemindji 1 361 1 248 113
Whapmagoostui 821 811 10
Population totale 15 442 13 812 1 630
* chiffre 2004

Ils étaient 5 000 en 1812[9], et 20 000 à la fin du XIXe siècle[10].

Cris de l'Ontario

En Ontario, les communautés cries sont les suivantes : Attawapiskat, Bearskin Lake, Chapleau, Constance Lake (Calstock), Deer Lake, Flying Post (Nipigon), Fort Albany, Fort Severn, Kasaqbonika, Kingfisher Lake, Lansdowne House (Pickle Lake), MacDowellLake (Red Lake), Matachewan, Missanabie (Garden River), Mocreebec, Moose Factory, Moosonee, New Post (Cochrane), Weagamow Lake (North Caribou), Northwest Angle (Kenora), Sachigo, Wahgoshig (Mayheson), Wawakapewin (Long Dog), Webequie et Weenusk (Peawanuk)[11].

Cris de l'Alberta

En Alberta, en 1999, les communautés cries étaient les suivantes[12],[13] :

Langue

La langue crie est très vivante et parlée par 20 000 individus dans Eeyou Istchee. Il s'agit d'une langue d’enseignement pour la Nation crie[14].

Le cri est la langue autochtone la plus parlée au Canada. Elle fait partie de la famille linguistique algonquine, et a beaucoup de dialectes[15].

À l’ère précoloniale, le cri est transmis par voie orale et ne possède aucun système d’écriture. En 1840, le révérend James Evans, un missionnaire installé au Manitoba, conçoit un alphabet syllabique pour le cri, sans doute en collaboration avec des locuteurs natifs autochtones. Dès lors, le cri est enseigné dans les missions coloniales[16].

Aujourd’hui, le cri est encore enseigné dans plusieurs universités canadiennes, L'Université des Premières Nations du Canada est une des universités canadiennes qui enseigne le cri[15].

Croyances

Parmi les croyances et autres pratiques culturelles des Cris, la notion de rêve était très importante surtout lorsqu’il était question de chasse et de pêche[1]. Ainsi, cette nation pouvait savoir si la chasse allait être bonne ou mauvaise et ainsi agir en conséquence, en interprétant les rêves ou différents signes par le Chaman. Chez les Cris, ce phénomène se nommait le phénomène de la tente tremblante. La pratique de la tente tremblante consistait à intervenir avec les esprits pour obtenir plusieurs informations. Par la suite, lorsque le chaman entrait en contact avec les esprits, cela faisait remuer la tente et, plus la concentration de puissance était élevée, plus la tente remuait[17].

Influence coloniale

Depuis l'ère coloniale, le christianisme, propagé par les colons, les missionnaires et les politiques gouvernementales, a profondément modifié la vie des autochtones[18].

Le Christianisme a influencé les croyances des Autochtones.

Pour certaines communautés des pratiques religieuses hybrides sont alors apparues, tandis que dans d’autres, la religion européenne a complètement remplacé les pratiques spirituelles traditionnelles[18].

Les rites spirituels traditionnels ont été perpétués ou réintroduits par de nombreuses communautés autochtones contemporaines[18].

Chaman

Danse des Indiens Cris - Les sacs de médecine (1884).

Le chaman, dans la nation crie, était la personne qui était chargée de communiquer avec le monde des esprits. Celui-ci communiquait avec les esprits pour plusieurs raisons comme s’assurer que la chasse et la pêche soient bonnes, que la récolte soit bonne, pour amener la pluie dans les temps de sècheresse, assurer la protection de sa tribu et aussi pour guérir les maladies. Chez les Cris, on considère que plus le chaman devenait vieux, plus son pouvoir grandissait. C’est lui qui avait le plus grand pouvoir dans son groupe pour intervenir avec les esprits. Chaque groupe avait son propre chaman, si le groupe n’en avait pas, il le remplaçait par un être ayant des connaissances religieuses particulières. Par contre, il ne faut tout de même pas confondre le chaman avec ceux qui « chamanisaient ». Le monde des esprits était un monde avec lequel les Cris entraient souvent en communication. Il ne fallait pas absolument être un chaman pour entrer en communication avec les esprits, la grande différence entre ceux qui chamanisaient et le chaman est entre autres que le chaman était un expert en la matière, qu’il avait une grande connaissance dans le chamanisme et aussi une très grande connaissance religieuse[17].

Chef du groupe

La nation crie était subdivisée en sous-groupes dont chacun désignait un chef de groupe. Celui-ci était chargé d’établir le territoire de chasse et de diriger ses troupes. Le chef du groupe était désigné comme étant le plus habile de son groupe. C’était donc lui qui était le meilleur chasseur, le meilleur pêcheur et c’est lui qui s’occupait de diriger les travaux de constructions lors de l’établissement des campements. Les femmes avaient beaucoup de tâches et elles partageaient plusieurs responsabilités avec les hommes[17].

Industrie forestière

Au cours des années 1990, les Cris ont entamé une procédure judiciaire envers le gouvernement du Québec et les entreprises privées travaillant sur le territoire de la Baie-James pour cause d’entrave à la convention de la Baie-James. Plusieurs négociations ont eu lieu entre le gouvernement, les entreprises et les Cris. Le régime forestier a été adapté pour que les activités de piégeage, de chasse et de pêche des Cris ne soient pas affectées par les travaux forestiers effectués sur leurs territoires[19].

Notes et références

  1. « Cri » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le )..
  2. (en) « Indian Cree », Indians.org (consulté le ).
  3. (en) « The Métis: A New Canadian Nation » (consulté le ).
  4. (en) Vol.18. The Chipewyan. The Western Woods Cree. The Sarsi. - Edward S. Curtis's The North American Indian (voir archive)
  5. Denise Gaudreault, Amérindiens et Inuits : Portrait des nations autochtones du Québec, pp. 22-23.
  6. « Les communautés autochtones - ppt video online télécharger », sur slideplayer.fr (consulté le ).
  7. « Les Cris », sur autochtones.gouv.qc.ca (consulté le ).
  8. Populations indienne et inuite au Québec au 31 décembre 2007 - Affaires indiennes et du Nord Canada (Région du Québec) (voir archive)
  9. (en) Alphabetical Enumeration of the Indian Tribes and Nations - Native American Nations
  10. Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Cris » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource).
  11. (en) « First Nation Communities in Ontario » (consulté le ).
  12. (en) Local Government Services Division Municipal Services Branch, 2000 Official Population List (lire en ligne).
  13. (en) « First Nations in Alberta », sur aadnc-aandc.gc.ca (consulté le ).
  14. « Langue / The Grand Council of the Crees (Eeyou Istchee) », sur The Grand Council of the Crees (Eeyou Istchee) (consulté le ).
  15. « Apprendre le cri », sur newjourneys.ca (consulté le ).
  16. « Langue crie » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le )..
  17. Martin Hébert, Recherche amérindiennes, vol. 39, no 1-2, 2009, pp. 85-97.
  18. « Religion et spiritualité des Autochtones au Canada » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le )..
  19. (en) The Institute On Governance, Exploring The Relationship Between Aboriginal Peoples And The Canadian Forest Industry: Some Industry Perspectives, (lire en ligne).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Dominique Bussières, Pierre Ayotte, Patrick Levallois, Éric Dewailly, Evert Nieboer, Suzanne Gingras et Suzanne Côté, « Exposure of a Cree Population Living near Mine Tailings in Northern Quebec (Canada) to Metals and Metalloids », Archives of Environmental Health: An International Journal, vol. 59, no 12, 2004, pp. 732-741 [présentation en ligne].

Articles connexes

Liens externes

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