Croix-lez-Rouveroy
Croix-lez-Rouveroy est une section de la commune belge d'Estinnes, située en Région wallonne dans la province de Hainaut.
Croix-lez-Rouveroy | |||||
Photo prise à Croix-lez-Rouveroy | |||||
Administration | |||||
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Pays | Belgique | ||||
Région | Région wallonne | ||||
Communauté | Communauté française | ||||
Province | Province de Hainaut | ||||
Arrondissement | La Louvière | ||||
Commune | Estinnes | ||||
Code postal | 7120 | ||||
Zone téléphonique | 064 | ||||
Démographie | |||||
Gentilé | Croisé(e) Crucivérois(e) Croisier (-ière)[1] |
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Population | 199 hab. (31/12/2005) | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 50° 21′ 39″ nord, 4° 04′ 33″ est | ||||
Localisation | |||||
Localisation de Croix-lez-Rouveroy au sein d'Estinnes | |||||
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Géolocalisation sur la carte : Région wallonne
Géolocalisation sur la carte : Hainaut
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Liens | |||||
Site officiel | www.croixlezrouveroy.be | ||||
C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977.
Étymologie
L'appellation "Li Croiz" apparaît déjà dans le polyptyque des biens de l'abbaye de Lobbes sous Lothaire II, vers 868.
Au XVIIe siècle, un chanoine anonyme de Bonne-Espérance, qui écrit entre 1668 et 1671, attribue la fondation de son abbaye à Guillaume de la Croix[réf. nécessaire].
Au XVIIIe siècle, on découvre "de la Croix" dans un registre baptismal. On trouve encore "La Croix" à la même époque : une liasse de devoirs du fief de la baronnie de Saint Feuillien et Croix, de 1700 à 1702, reposant au dépôt des Archives de l'État à Mons, porte comme titre: "Exécution du fief du Lombard à la Croix".
Enfin, un graduel, imprimé en 1712 et conservé au presbytère de Croix est écrit à l'encre sur le titre: "A l'usage de l'église de la Croix".
Le 11 juillet 1719, on se met à faire usage de la forme francisée "de la Croix" pour reprendre "del Croix" le 12 août 1719. Enfin, le 11 janvier 1723, est adoptée la forme "de le Croix".
Croix lez Rouveroy (Rouveroy, anciennement Rouvroir - Roborarium) apparaît en 1660 mais uniquement sur le titre du vieux registre baptismal cité plus haut. "Lez" ou "delez", en vieux français, équivaut alors à "proche de" et indique la situation géographique du village, telle qu'elle fut mentionnée sur une nomination des membres du conseil de fabrique de Croix par monseigneur Hirn, le 31 décembre 1810. Comme Rouveroy est situé sur la route de Mons-Beaumont, on sest servi du nom "Rouveroy" pour mieux repérer Croix qui est en retrait de cette route. (voir aussi Péronnes-lez-Binche).
Croix-lez-Rouveroy avec traits d'union fut employé pour la première fois le 7 avril 1833; il n'est cependant usité que très rarement sauf dans les pièces officielles. D'ordinaire, on préfère user du simple "Croix", sans article ni adjonction, vocable que l'on trouve pour la première fois sous la plume du curé Isbèque, le 16 juillet 1849.
"À la Croix" est la traduction littérale du latin "ad crucem". L'usage de la préposition "à" se rencontre déjà au Ve siècle, à l'époque ou le pape saint Léon établit les "stations liturgiques" comme en témoigne encore notre missel. Par exemple "statio ad mariam majorem". "Ad" était donc la préposition employée à l'époque chrétienne où les habitations étaient jointes au sanctuaire et non le sanctuaire aux habitations.
En tirant leurs pièces "Ad crucem", les curés de Croix témoignaient du passé chrétien de leur paroisse, serrée contre la Croix et faisaient mémoire de son premier sanctuaire, un oratoire dédié à la croix et bâti au VIe siècle, affirme Chotin sinon plus tôt. Cet édifice fut remplacé, grâce aux soins des curés de Croix, qui étaient chanoines de Bonne-Espérance dévoués à Notre-Dame, par une église dédiée à la sainte Vierge et qui s'appela "Beata Virgo" ou "Sancta Maria ad crucem", Notre-Dame à la Croix.
En 1177, avec sept autres, "l'autel", c'est-à-dire, la paroisse de Croix fut donnée à l'abbaye de Bonne-Espérance par Hugues de Harveng et son frère Robert, avec l'approbation d'Alard, évêque de Cambrai.
Mais cinquante ans plus tard, en 1222, Godefroy, nouvel évêque de Cambrai, contesta à Bonne-Espérance les huit cures de donation d'Harveng. Pour mettre fin à ce différend, Guillaume, archevêque de Reims, par une sentence du 30 décembre 1224, décida que l'évêque de Cambrai ne garderait que quatre "autels", parmi lesquels figurerait Croix.
Au civil, "La Croix" appartenait au comté du Hainaut et à la prévôté de Binche; au spirituel, elle releva du diocèse de Cambrai jusqu'en 1801, année de la nouvelle délimitation du diocèse de Tournai. Les décimateurs étaient l'archevêque de Cambrai, les abbayes de Bonne-Espérance, d'Haumont et de Lobbes ainsi que le chapitre de Sainte-Aldegonde à Maubeuge.
Raynard de Croix
Croix est célèbre par un de ses seigneurs : Raynard de Croix.
Declèves écrit à son sujet : "A la voix de Pierre l'Ermite, il avait pris la croix, traversé les mers et combattu sous la conduite de Godefroid de Bouillon pour conquérir la ville sainte. Hélas, peu après, son fils Guillaume, conquis par l'hérésie de Tanchelin, mettant en doute la présence réelle de Jésus dans l'hostie consacrée, dut fuir et partir pour Anvers. Saint Norbert, qui venait de fonder l'abbaye de Prémontré, prêchait justement à Anvers contre l'hérésiarque: son éloquence et sa foi convertirent Guillaume.
En reconnaissance, les parents de Guillaume, Raynard de Croix et son épouse Béatrice firent don à saint Norbert de grands biens qui servirent à établir et à doter la toute jeune abbaye de Bonne-Espérance.
Les chartes originales de cette donation, rédigées en 1127 et 1131, sont conservées au dépôt des Archives de l'État à Mons. Entre 1125 et 1127, saint Norbert, envoya, pour fonder l'abbaye de Bonne-Espérance, le bienheureux Odon, avec quelques chanoines de Prémontré. Parmi eux, Guillaume, qui avait entre-temps pris l'habit monastique et qui mourra diacre à Bonne-Espérance.
L'église Notre-Dame devant la Croix (ou Sainte-Vierge)
L'église actuelle fut achevée le 23 mai 1782. Sur sa tour, deux dates figurent : 1726 et 1930. La première est celle d'une restauration de la tour; la seconde, celle de la restauration de l'église.
Toutefois, le larmier gothique de la tour, partie saillante de la corniche, nous révèle qu'elle fut érigée bien avant le XVIIIe siècle. Elle est construite en moellons tandis que l'église est faite de briques. Les baies de la tour sont en plein cintre, la porte extérieure également mais les pierres qui en forment le cintre sont du XVIIIe siècle. Le porche se termine, à l'intérieur de l'église, par une ogive à peine accentuée comme on en construisait à l'époque de transition entre le roman et le gothique. Cette partie pourrait donc être un vestige de l'église qui précéda celle de 1782 ou même d'une autre, plus vieille encore.
Les deux ogives naissantes, qui s'ouvrent sur les fonts baptismaux et l'escalier de la tour ne sont pas d'origine : elles ont été pratiqués lors de la restauration de 1930 : ces ouvertures ont remplacé celles qui, précédemment, étaient fermées par de lourdes portes de chêne Louis XVI. Ces portes ont servi à aménager, dans la sacristie, deux armoires jumelles qui flanquent un reste de dresse Louis XIII, à deux battants, posée en retrait, le tout formant un ensemble du plus heureux effet.
La sacristie, située à gauche du chœur, ancienne tribune des comtes de Bousies et bâtie sur leur caveau, a remplacé celle de droite qui sert aujourd'hui de débarras. Outre un autre dressoir de valeur médiocre, la sacristie renferme encore une horloge très originale en style Louis-Philippe, avec un cadran plus ancien dont l'a dotée le restaurateur de 1930.
L'église est de style semi-classique. Son ameublement présente les caractères de plusieurs styles du XVIIIe siècle avec de beaux restes de la Renaissance, tels le banc de communion et la chaire de vérité. Le confessionnal, de style Louis XV, est fort apprécié.
Les boiseries du chœur et les bancs des chantres sont quelconques. Modernes sont les bancs des enfants, qui veulent imiter tant bien que mal le style des autres meubles; derrière eux, on devine deux vieux bancs Louis XVI dont un a les pieds Renaissance.
Protégée par une porte de ferronnerie moderne due à Arsène Binot, dernier maréchal-ferrant à Croix, la cuve baptismale est gothique: sa couverture de cuivre, du siècle dernier, qui n'a manifestement pas été conçue pour son usage actuel, a été dotée, lors de la dernière restauration, d'une croix et d'un dauphin symbolique.
Les statuettes de Notre-Dame des Champs, de sainte Catherine, de sainte Barbe, de saint Nicolas et de saint Eloi datent de la fin du gothique au XVIIIe siècle. Celle de sainte Barbe, au buste un peu penché sous le poids de la tour qui porte la sainte, est vraiment remarquable; celle de saint Nicolas, très vivante; quant à la statue de saint Antoine l'ermite, acquise par le restaurateur en 1930, est une belle œuvre de la Renaissance.
Derrière l'autel, au chevet, un "œil Dieu" a été pratiqué par le même restaurateur : une lampe et un verre rouge, donnant sur l'extérieur, signalent aux passants la présence du Saint-Sacrement.
Au-dessus, dans une niche intérieure, une Vierge à la croix, la face tournée vers Jésus crucifié, œuvre en terre cuite de Joseph Dofny, de Jumet, rappelle un groupe similaire qu'on dit avoir existé à la même place dans une église précédente. Cette terre cuite a été placée en 1930.
Une jolie Sainte-Anne, de l'époque gothique-Renaissance, trouvée dans des décombres en 1928, a été restaurée et placée dans le porche en 1932. La svelte statue de saint Antoine de Padoue qui lui fait face est de Georges Dekoninck, de Warnant, ainsi que celle de saint Roch, œuvre remarquable, taillée avec l'ange et le chien dans un seul bloc de chêne.
L'église possède encore une magnifique croix triomphale en gothique tertiaire : les superbes statues de Notre-Dame et de saint Jean qui l'entourent accusent un style gothique plus ancien. Ce calvaire, autrefois juché sur un des tirants de fer qui traversent l'église, a été déplacé en 1930 et installé entre le chœur et la nef.
À noter enfin, encore dans le chœur, un fauteuil Louis XIII et un joli lutrin avec ses deux prie-Dieu, destinés aux jeunes chantres; ces meubles sont l'œuvre de Lucien Moreau d'Haulchin. Le même artiste a excellemment restauré quatre jolis chandeliers de chêne, de style Renaissance, qui encadrent le cercueil lors des funérailles.
L'église conserve huit pierres tombales des XVIIe et XVIIIe siècles : six d'entre elles ont été scellées par le récent restaurateur dans les murs du porche. Ce sont les stèles de deux curés de Croix et de quatre laïcs dont des censiers d'Aubreux et de la Cour. Une assez belle pierre, de 1745, d'un censier du Lombart, est adossée à la muraille du jardin de la cure, en face de la porte du sanctuaire.
Quant au trésor de l'église, il offre à notre admiration un délicieux calice doré Louis XIV, récemment restauré, don de la famille de Sémerie, qui fit ce présent au début du XIXe siècle, moyennant une messe inscrite à l'obituaire. On peut remarquer aussi un autre calice et un ciboire en argent Louis XV, une jolie custode Louis XIV en argent pour les saintes huiles et enfin, de même métal, un imposant ostensoir, portant sur le pied cette inscription : "Remonstrance du village de Croix - 1717 ".
L'ancien château
Les derniers seigneurs qui ont habité le château furent le comte et la comtesse de Bousies et leur fille. Le comte et sa fille moururent les premiers. La comtesse en conçut un tel chagrin qu'elle s'enferma dans son château, portes et fenêtres closes, avec défense aux domestiques de laisser entrer quiconque, même dans la cour.
Voici les quelques renseignements familiaux que nous avons pu lire sur les pierres tombales, scellées dans le mur de la sacristie (le caveau est juste en dessous).
Lydie Victoire Hyacinthe de Bousies, décédée le 27 mai 182, âgée de six ans.
Ferdinand Louis, comte de Bousies, né à Mons le 18 février 1787, décédé à Croix le 23 août 1855.
Anne Charlotte Ghislaine, comtesse d'Auxy de Fouleng, née à Mons, le 13 mai 1787, décédée à Croix, le 1er mai 1876.
Facade arrière du château La forture de cette dernière passa à différents membres de la famille, parmi lesquels les Bousies de Rouveroy, qui ne vinrent jamais habiter le château. Le dernier régisseur de la maison fut en même temps greffier de la Justice de Paix à Merbes-le-Château. Il était natif de Croix, neveu de monsieur Etienne, ancien instituteur et clerc paroissial.
Le 23 novembre 1884, Camille Dujardin, propriétaire à Croix, accorda à Monsieur l'abbé Stiévenart, curé de Croix depuis 1863, l'usage du château pour y établir un hospice, à raison de 450 frs l'an. Ce home fut tenu par les religieuses de Notre-Dame du Bon et Perpétuel Secours mais, en 1888, l'autorité supérieure décida le transfert de monsieur Stiévenart et de son hospice dans la commune d'Ellezelles. Les 10 et 11 octobre 1888, les sœurs s'y établirent avec quarante-huit personnes et tout leur mobilier.
Cours de couture Entre-temps, la comtesse de Bousies de Rouveroy, à plusieurs reprises, supplia l'abbé Stiévenart de revenir à Croix: elle avait même acheté le château, voulant en offrir gracieusement l'usage au curé et aux religieuses qui viendraient y rouvrir un hospice.
Malheureusement son beau rêve n'était pas réalisable et le saint homme pria la comtesse de ne plus insister.
Plus tard, le château fut habité par les ursulines d'Amiens, venues se réfugier à Croix; elles agrandirent magnifiquement le bâtiment pour en faire un pensionnat modèle mais, au début de la guerre de 1914, elle durent regagner précipitamment la France. Les "Croisiers" perdirent la tout espoir d'encore voir revenir des religieuses car le château, abandonné, fut abattu par la suite.
Références
- Jean Germain, Guide des gentilés : les noms des habitants en Communauté française de Belgique, Bruxelles, Ministère de la Communauté française, (lire en ligne), p. 34.