Cromlech d'Er Lannic
Le cromlech d'Er Lannic est une double enceinte mégalithique située sur la côte sud-est de l'îlot d'Er Lannic à Arzon dans le département français du Morbihan en région Bretagne.
Cromlec'h d'Er Lannic | |||||
Le cromlec'h vu du golfe. | |||||
Présentation | |||||
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Type | Cromlec'h | ||||
Période | Néolithique | ||||
Faciès culturel | Mégalithisme | ||||
Fouille | Gustave de Closmadeuc (1866) René Merlet (1919) Zacharie Le Rouzic (1923 - 1926) Éric Le Gall (1991 - 1992 |
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Protection | Classé MH (1889) | ||||
Caractéristiques | |||||
Dimensions | ≈ 50 m (diamètre Nord) ≈ 60 m (diamètre Sud) |
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Géographie | |||||
Coordonnées | 47° 34′ 04″ nord, 2° 53′ 48″ ouest | ||||
Pays | France | ||||
Région | Bretagne | ||||
Département | Morbihan | ||||
Commune | Arzon | ||||
Géolocalisation sur la carte : golfe du Morbihan
Géolocalisation sur la carte : Morbihan
Géolocalisation sur la carte : Bretagne
Géolocalisation sur la carte : France
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Protection
Les enceintes mégalithiques et l'îlot d'Er Lannic font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1889[1].
Historique
Le monument date du Néolithique à une époque où le niveau des mers était moins élevé d'environ 5 m correspondant aux plus basses mers actuelles dans le golfe[2]. L'immersion partielle actuelle est le résultat du rebond isostatique de la lithosphère consécutivement à la fonte de la calotte polaire qui recouvrait le Nord de l'Europe au cours de la période Würm[3]. Ce rebond fait redescendre en altitude (de quelques mètres) le Nord de la France qui était auparavant surélevé par la flexion de la lithosphère.
Le site est découvert en par Gustave de Closmadeuc qui en donne une rapide description[4],[2]. Cette description est limitée à l'hémicycle nord « composé de 60 blocs formant un vaste cercle d'environ 62 m de diamètre ». Closmadeuc ne découvre en effet l'hémicycle sud qu'à la faveur d'une grande marée en 1872[5]. Il en dresse un plan sommaire où les deux hémicycles sont tangents. L'hémicycle nord comporte alors quatre à cinq menhirs debout[2].
René Merlet effectue en 1919 un relevé du site au théodolite. Merlet pense lui-aussi que les deux cercles étaient tangents et que l'éloignement de certains blocs résulte de l'action des courants marins et de l'érosion qui en résulte[2]. De 1923 à 1926, Zacharie Le Rouzic et Saint-Just Péquart restaurent le site et fouillent l'hémicycle nord ainsi que le secteur nord-est de l'île. Ces fouilles révèlent plusieurs coffres funéraires, des foyers et un mobilier archéologique très important composé « de près d'un millier de tessons de poterie, des milliers de silex et plusieurs centaines de polissoirs, percuteurs, broyeur, haches polies... »[2] ainsi que des traces d'habitations matérialisées par des trous de poteaux[2]. Ces découvertes sont conservées au musée archéologique James Miln - Zacharie Le Rouzic de Carnac[6].
- Partie orientale du cromlech d'Er Lannic (photographie prise en 1928 par Zacharie Le Rouzic, musée de préhistoire de Carnac)
- Le cromlech d'Er Lannic photographié par Zacharie Le Rouzic à la fin de la décennie 1920 (Musée de préhistoire de Carnac)
L'association Archeo Douar Mor nettoie le site de ses algues en 1991-1992 et un nouveau relevé sous-marin est alors réalisé[2].
Architecture
Le monument se présente comme deux enceintes constituées de pierres levées, en forme de fers à cheval, élevées sur la pente légère descendant du centre de l'île vers le rivage au sud. L'ensemble est complété par deux menhirs isolés totalement hors-enceintes[2].
L'hémicycle nord est de forme quasi-rectangulaire (52 m de longueur sur 50 m de largeur) ouvrant sur le sud-est, désormais immergé aux deux tiers. L'axe médian de la structure, correspondant pratiquement à l'axe du solstice d'hiver, est marqué d'un menhir central de 4,40 m de hauteur hors-sol au nord-ouest. Le périmètre de l'enceinte est délimité par soixante-quatre autres dalles accolées, d'une hauteur comprise entre 1,20 m et 1,80 m. Elles ont été redressés lors de la restauration de Z. Le Rouzic[2]. L'intersection avec la deuxième enceinte est assez confuse.
L'hémicycle sud se présente comme une enceinte circulaire bien plus régulière (60 m de diamètre) ouvrant à l'est. Elle est constituée de 30 menhirs d'une hauteur quasi constante de 4 m, seuls ceux marquant les deux extrémités étant plus imposants, celui du nord correspondant à un grand menhir brisé de 8,20 m[2]. Toute la partie est de l'enceinte a disparu et marque probablement l'emplacement du paléorivage avant qu'il ne soit immergé, les hommes du Néolithique ayant peut-être voulu dresser des remparts symboliques contre l'océan afin de conjurer la montée des eaux[7].
D'une manière générale, les blocs de l'enceinte sud sont plus grands, plus larges et disposés à intervalles plus réguliers que ceux de l'enceinte nord. Ces différences indiquent peut-être que les constructions des deux enceintes résultent de deux périodes distinctes. A la jonction des deux enceintes, trois dalles plus grandes et le grand menhir brisé correspondent peut-être aux vestiges d'un aménagement circulaire désormais confus[2].
Les deux menhirs isolés, l'un situé au large du rivage ouest de l'île et l'autre près du rivage est, mesurent respectivement 3 m de hauteur et 7 m de longueur. Leur éventuel alignement ne permet pas de comprendre comment ils s'articulent avec les deux enceintes[2].
Les dalles utilisées sont en granite d'origine locale et en orthogneiss d'origine inconnue[2].
Gravures
Quatre dalles de l'enceinte nord comportent des gravures ou des cupules. Les gravures représentent des haches (simples ou emmanchées) et des traits verticaux parallèles[2]. Sur une pierre de calage du plus grand menhir, certains adeptes d'archéoastronomie comme Le Rouzic ont cru reconnaître dans un groupe de cupules la constellation de la Grande Ourse[8].
Datation
L'abondance des éclats de silex suggèrent l'occupation du site par un atelier de taille, quant à celle des foyers et des coffres elle pourrait indiquer qu'il s'agissait d'un site d'inhumation par incinération[2]. « L'ensemble du matériel archéologique découvert permet d'envisager une occupation du site vers −4 000 et d'estimer l'édification des deux hémicycles vers −3 500 »[2].
Notes et références
- « Cromlechs et ilots d'Er-Lanic », notice no PA00090986, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Gouezin et Le Gall 1992
- « L'allée couverte de Guinirvit et le cromlech semi-immergé de l'île d'Er Lannic, témoins des mouvements verticaux en partie liés au rebond post-glaciaire »
- Découverte d'un cromlech dans l'île d'El Lanic (Morbihan) par Gustave de Closmadeuc, Bulletin de la Société polymathique du Morbihan (1867) lire en ligne sur Gallica
- Le cromlech d'Er-Lanic et le golfe du Morbihan, à l'époque dite celtique par Gustave de Closmadeuc, Bulletin de la Société polymathique du Morbihan (1882) lire en ligne sur Gallica
- « Îlot d'Er Lannic — Arzon », Topic-topos
- Jean-Pierre Mohen, Pierres vives de la préhistoire. Dolmens et menhirs, Odile Jacob, , p. 121
- Pierre-Roland Giot, Jean L'Helgouach, Jean Laurent Monnier, Préhistoire de la Bretagne, Éd. Ouest-France, , p. 572
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Er Lannic » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Philippe Gouezin et Éric Le Gall, Le site mégalithique d'Er Lannic, Recherches archéologiques terrestres et sous-marines. Nouvelle topographie du site. Bilan scientifique, DRASSM,
- Philippe Gouezin et Éric Le Gall, Le site mégalithique d'Er Lannic, Association Archeo Douar Mor, , 16 p.
Articles connexes
Liens externes
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