Culture de Villanova

Culture de Villanova ou villanovienne (900-700 av. J.-C.) est le terme consacré par les archéologues pour désigner une culture de l'âge du fer[1] qui représente la phase plus ancienne de la civilisation étrusque[2],[3],[4],[5],[6], dérivée de la culture protovillanovienne de la fin de l'âge du bronze[7]. Ces archéologues l'ont nommée du nom d'un site archéologique majeur, Villanova di Castenaso, situé dans la région de Bologne, découvert en 1853.

Pour les articles homonymes, voir Villanova.

Culture de Villanova
Urnes cinéraires villanovienne (Museo nazionale etrusco di Villa Giulia, Rome).
Définition
Autres noms Culture villanovienne
Lieu éponyme Villanova dans la région de Bologne, en Italie
Auteur Giovanni Gozzadini en 1870
Caractéristiques
Période Âge du fer
Chronologie 900 - 700 av. J.-C.
Type humain associé Etrusques

Subdivisions

Villanovienne I, Villanovienne II

Principales caractéristiques

La caractéristique majeure de la culture de Villanova est le recours à l'incinération des défunts, dont les cendres sont ensuite placées dans des urnes biconiques : la similitude de cette pratique funéraire avec celle de la culture dite des « Champs d'urnes », dans la plaine danubienne, a conduit certains historiens à émettre l'hypothèse d'une origine nordique des Villanoviens.

Les Villanoviens vivent dans des villages de huttes ovales, parfois quadrangulaires, utilisent des armes de fer et produisent en bronze des casques, des armures et des objets domestiques de qualité. L’art reprend des motifs géométriques et la figure humaine, rare, y est extrêmement stylisée. Les vases, d’abord fabriqués à la main, puis au tour, ont des formes originales qui se développent sous l’influence de la Grèce mycénienne. Ils apparaissent comme des sédentaires, agriculteurs, éleveurs et guerriers (lances, épées, boucliers et poignards des tombes riches). Les femmes ne semblent pas exclues de positions sociales élevées ou de la richesse.

Origines

Urne cinéraire, Chiusi.
Urne de la tombe à ziro, Volterra.

La culture villanovienne dérive, à travers le phénomène de régionalisation, de la culture protovillanovienne de la fin de l'âge du bronze[7].

Au début de l'âge du fer, entre le IX et le VIIIe siècle av. J.-C., l'aspect villanovien caractérisait l'Étrurie tyrrhénienne (Toscane et Latium), l'Émilie-Romagne (en particulier, la zone de Bologne et de Verucchio dans la région de Rimini), les Marches (Fermo), la Campanie (Capua, Pontecagnano, Eboli, Sala Consilina).

Entre la Toscane, le Latium, l'Émilie et certaines régions de la Campanie et de la Vallée du Pô, les villages de Villanova semblent très denses, il y en a souvent un tous les 5-15 km, sur chaque colline convenant à la défense et située près de sources d'eau pure, avec d'autres établissements plus petits dans les zones côtières et dans les zones montagneuses des Apennins. Au IXe siècle av. J.-C., les établissements de Villanova semblent être largement répartis en Italie centrale, assez homogènes du point de vue de la culture matérielle et très répandus, bien que souvent de façon isolée, dans le Sud de l'Italie tyrrhénienne et dans diverses régions de l'Italie du Nord et de l'Adriatique.

Périodicité et chronologie

La culture villanovienne est divisée en Villanovienne I (d'environ 900 avant J.-C. à environ 800 avant J.-C.) et Villanovienne II (d'environ 800 avant J.-C. à environ 720 avant J.-C.)[8]. La phase Villanovienne II vit des changements radicaux, des signes de contact avec la civilisation grecque et des échanges commerciaux avec le Nord le long de la route de l'ambre. À la fin de la phase Villanovienne II, les Étrusques, en particulier l'Étrurie méridionale, entrèrent dans la période orientalisante. Pour la région bolognaise, les phases Villanovienne III (720-) et Villanovienne IV (680-) sont encore utilisées aujourd'hui comme périodisation, alors qu'ailleurs on utilise le terme de « période orientalisante »[9].

Villanovienne[8] Chronologie
Période I : Villanovienne I 900-800 avant J.-C.
Période II : Villanovienne II 800-720 avant J.-C.
Période III : Villanovienne III (pour la région bolognaise)[9] 720-680 avant J.-C.
Période IV : Villanovienne IV (pour la région bolognaise)[9] 680-540 avant J.-C.

La société villanovienne

Ollae villanovienne (Museo territoriale di Bolsena).

Sur la toile de fond décrite ci-dessus émergent ensuite des aristocraties : ce phénomène est lié à une différenciation socio-économique qui aboutit à la constitution de nouveaux groupes sociaux.

La « famille nucléaire » se substitue à la communauté agraire de la période précédente, ce qui correspond à l'instauration du pouvoir d'un pater familias. On assiste alors à la transmission de l'heredium : la transmission du patrimoine s'effectue au sein de la même famille et le patrimoine lui-même devient héréditaire.

L'instauration de cette règle constitue un changement majeur à la période protohistorique. Ce changement détermine à son tour la mise en œuvre d'un système social nouveau qui se substitue à la société villanovienne archaïque.

Un tel système est bien connu : il a en effet été décrit par les auteurs romains :

  • rex / roi ;
  • populus /peuple ;
  • curiæ / associations d'hommes où l'infanterie est recrutée ;
  • tribus / tribu où se recrutent les membres de la cavalerie ;
  • patres / conseils des anciens ;
  • clientes / citoyens attachés au service des patroni (personnes éminentes) ;
  • familiæ / famille nucléaire ;
  • gentes / groupes liés par la consanguinité et autre type de dépendance.

Les contacts avec les Grecs qui ont fondé les colonies du Sud de l'Italie coïncident avec le début de la période orientalisante de la civilisation étrusque. Elle n'est sans doute pas non plus étrangère à l'émergence d'une aristocratie à laquelle appartient exclusivement, dans un premier temps, la connaissance de l'écriture, qui fait alors son apparition en Étrurie.

Il faut aussi considérer un autre phénomène important, survenu vers la même époque : il s'agit de la présence des Phéniciens en Méditerranée occidentale. Ces derniers s'établissent dans le Sud-Ouest de la Sardaigne, à Nora, dès le IXe siècle. Par la suite, les Étrusques entretiennent d'étroites relations commerciales avec eux.

Notes et références

  1. Torelli 2001, p. 53
  2. (it) Diana Neri, Gli etruschi tra VIII e VII secolo a.C. nel territorio di Castelfranco Emilia (MO), Florence, All'Insegna del Giglio, , 158 p. (ISBN 978-88-7814-533-7, lire en ligne), « 1.1 Il periodo villanoviano nell’Emilia occidentale », p. 9
    « Il termine “Villanoviano” è entrato nella letteratura archeologica quando, a metà dell ’800, il conte Gozzadini mise in luce le prime tombe ad incinerazione nella sua proprietà di Villanova di Castenaso, in località Caselle (BO). La cultura villanoviana coincide con il periodo più antico della civiltà etrusca, in particolare durante i secoli IX e VIII a.C. e i termini di Villanoviano I, II e III, utilizzati dagli archeologi per scandire le fasi evolutive, costituiscono partizioni convenzionali della prima età del Ferro »
  3. (it) Gilda Bartoloni, La cultura villanoviana. All'inizio della storia etrusca, Rome, Carocci editore, , III éd. (1re éd. 2002), 258 p. (ISBN 978-88-430-2261-8)
  4. (it) Giovanni Colonna, Gi Etruschi, Milan, Bompiani, , « I caratteri originali della civiltà Etrusca », p. 25–41
  5. (it) Dominique Briquel, Gi Etruschi, Milan, Bompiani, , « Le origini degli Etruschi: una questione dibattuta fin dall'antichità », p. 43–51
  6. (it) Gilda Bartoloni, Gi Etruschi, Milan, Bompiani, , « Le origini e la diffusione della cultura villanoviana », p. 53–71
  7. (en) Mary E. Moser, Etruscan Italy : Etruscan Influences on the Civilizations of Italy from Antiquity to the Modern Era, Provo, Utah, Museum of Art, Brigham Young University, , 411 p. (ISBN 0-8425-2334-0), « The origins of the Etruscans: new evidence for an old question »
  8. (it) Gilda Bartoloni, Introduzione all'Etruscologia, Milan, Hoepli, , 453 p. (ISBN 978-88-203-4870-0 et 88-203-4870-5)
  9. (it) Giovanna Bermond Montanari, « L'Italia preromana. I siti etruschi: Bologna », Treccani, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Massimo Pallottino, L'origine degli Etruschi, Rome, 1946.
  • Massimo Pallottino, Etruscologia, Milan, 1968.
  • Mario Torelli, Storia degli Etruschi, éditions Laterza, 1981.
  • AA.VV., Le « bucchero nero » étrusque et sa diffusion en Gaule méridionale, Bruxelles, 1979.
  • G. Camporeale, I commerci di Vetulonia in età orientalizzante, Florence, 1969.
  • Il n'existe pas d'analyse complète du type d'échanges dans l'aire villanovienne. Les meilleures et plus récentes contributions en la matière sont les notes sur les importations gréco-géométriques en Étrurie. (D. Ridgway, in "St. Etr.", XXXV, 1968, et sur les objets villanoviens retrouvés en orient).
  • Werner Keller, La civiltà etrusca, Garzanti, 1971, 1981.
  • Dominique Garcia, La celtique méditerranéenne : Habitats et sociétés en Languedoc et en Provence ; VIIIe – IIe siècles av. J.-C., Arles, éditions Errance, , 247 p. (ISBN 978-2-87772-562-0).
  • Jean-Marc Irollo, Histoire des Étrusques : L'antique civilisation Toscane VIIIe - Ier siècle av. J.-C., vol. 313, Paris 7e, Perrin Éditions, coll. « Tempus », 2010 (deuxième édition), 212 p. (ISBN 978-2-262-02837-4).
  • Christine Lorre (dir.) et Veronica Cicolani, Golasecca (VIIIe siècle av. J.-C. - Ve siècle av. J.-C. : Du commerce et des hommes à l'Âge du fer, Vicenza (Italie), Rmnn (Réunion des musées nationaux de France), coll. « Rmn ALBUMS HORS-SÉRIE », , 176 p. (ISBN 978-2-7118-5675-6, EAN 9782711856756).
  • Ruth Megaw et Vincent Megaw (trad. de l'anglais), Art de la celtique. Du VIIe au VIIIe siècle av. J.-C. ap. J.-C. : Des origines au livre de Kells, Paris, Errance, coll. « Hespérides », , 276 pages (ISBN 2-87772-305-4).
  • Sabatino Moscati (trad. de l'italien), Les Italiques : L'Art au temps des Étrusques, Paris, L'Aventurine, , 302 p. (ISBN 2-84190-008-8).
  • Brigitte Postel, « Golasecca : Celtes du Nord de l'Italie », Archéologia, Faton, no 476, , pages 58 à 65 (ISSN 0570-6270).
  • (en) Mario Torelli, The Etruscans, Thames & Hudson,
  • Daniele Vitali (professeur à l'université de Bologne, titulaire de la chaire internationale), Les Celtes d'Italie : Leçon inaugurale prononcée le jeudi 14 décembre 2006 par Daniele Vitali, professeur. Leçon inaugurale numéro 189., vol. 189, Paris, Collège de France / Fayard, coll. « Leçons inaugurales du Collège de France », , 81 pages (ISBN 978-2-213-63289-6).
  • Daniele Vitali, Les Celtes : Trésors d'une civilisation ancienne, Éditions White Star, , 207 pages (ISBN 978-88-6112-467-7).
  • Daniele Vitali (professeur à l'université de Bologne, titulaire de la chaire internationale), Les Celtes d'Italie : Leçon inaugurale prononcée le jeudi 14 décembre 2006 par Daniele Vitali, professeur. Leçon inaugurale numéro 189, vol. 189, Paris, Collège de France / Fayard, coll. « Leçons inaugurales du Collège de France », , 81 p. (ISBN 978-2-213-63289-6).

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