Mort

La mort est l'état irréversible d'un organisme biologique ayant cessé de vivre. Cet état se caractérise par une rupture définitive dans la cohérence des processus vitaux (nutrition, respiration…) de l'organisme considéré.

Cet article concerne le sens commun du mot « mort » (fin de la vie). Pour les autres significations, voir Mort (homonymie).

Le crâne humain est un symbole universel de la mort[1].

Au niveau cellulaire, la mort désigne l’arrêt des fonctions de base d’une cellule. Au sein de communautés pluricellulaires, cette mort peut être accidentelle (nécrose) ou régulée, voire programmée (apoptose).

Chez l'être humain, le fait que le cœur puisse arrêter de battre pendant un moment avant d’être réanimé pose la question de la limite, ou de la transition entre vie et mort. Face à cette question, l’Organisation mondiale de la santé animale considère la mort comme « la disparition irréversible de l’activité cérébrale mise en évidence par la perte des réflexes du tronc cérébral »[2] : elle adopte ainsi une définition de la mort en tant que mort cérébrale, par distinction avec un simple arrêt cardiorespiratoire, état qualifié de « mort clinique ».

Définition médico-légale

D'un point de vue médico-légal la mort d'un être humain est le moment où le corps commence à se décomposer, à partir de l'instant où toutes les fonctions vitales sont suspendues : arrêt du cœur, de la respiration, du flux sanguin, des activités cérébrales, etc. Médicalement, certains états mènent irrémédiablement à la mort, alors même que les cellules et certains organes continuent à remplir leurs fonctions. C’est le cas de la mort cérébrale constatée dans certains cas de coma.

Cette définition légale est importante, car c’est elle qui va permettre des actes tels que le prélèvement d'organes pour la transplantation : la mort légale précède en ce cas la mort physiologique. On maintient ainsi des personnes en état de mort cérébrale sous respiration artificielle, lorsque le cœur continue à battre spontanément : cela permet de maintenir les organes en bon état en vue d’un prélèvement. Certains pays autorisent le prélèvement d'organes à cœur arrêté. Cette pratique est controversée.

Dans la plupart des cas, le décès est constaté par un médecin par des signes cliniques caractérisant un arrêt cardiorespiratoire prolongé. Cela peut être un échec des tentatives de réanimation cardiopulmonaire par une équipe médicale, ou bien la constatation par un médecin généraliste à domicile pour une personne que l’on sait en fin de vie (personne âgée ou bien souffrant d’une maladie diagnostiquée).

Biologie

En termes d’entropie (niveau de désorganisation), il s’agit pour l’organisme de maintenir localement une entropie basse. Or l’entropie d'un système fermé ne peut qu’être stable ou augmenter d’après les principes de la thermodynamique. L’organisme doit donc puiser dans son environnement, d’où la nécessité de respirer, etc. La mort intervient quand l’organisme ne peut plus puiser et maintenir son entropie basse. La principale source d’énergie sur Terre est la lumière du soleil qui permet la photosynthèse.

Certains animaux, sociaux et coloniaux notamment ont des comportements particuliers à l'égard des cadavres de leurs homologues (ex. : nécrophorèse observée chez les fourmis, guêpes, abeilles coloniales).

Organismes unicellulaires

On ne peut se contenter de la définition donnée plus haut pour les organismes unicellulaires, tels que les bactéries, levures, les champignons unicellulaires. En effet, ces organismes possèdent une forme de résistance aux variations de conditions extérieures : la spore. Pour ces organismes, le critère de la vie devient le suivant : la membrane cellulaire est intègre et sépare un milieu intérieur de composition différente du milieu extérieur. La mort est donc causée par la rupture de la membrane. La présence de cette forme de résistance explique la différence entre la pasteurisation et la stérilisation, seul ce dernier traitement tuant les spores.

Les organismes unicellulaires meurent aussi de « vieillesse ». Cela est assez bien documenté dans le cas des levures saccharomyces sp. Une cellule mère donne par division deux cellules filles. On a toujours pensé que ces cellules filles sont identiques entre elles. Ce n’est pas le cas. Il existe en effet sur l’une des cellules une cicatrice visible sur la membrane et reflet de la division qui vient de se produire. Au-delà d’un certain nombre de ces cicatrices, la cellule ne peut plus se diviser : elle mourra de « vieillesse ».

Mort de virus

Les virus se situent dans l’inerte. Ainsi, la question de la catégorisation d’un virus parmi les organismes vivants n’étant pas tranchée de manière satisfaisante, il est impossible de se prononcer sur la mort d’un virus en général, car il a besoin d'un autre être vivant pour survivre.

Cela dit, il existe différents types de virus, se situant plus ou moins du côté du vivant ou de celui de l’inerte. Les virus sont souvent résumés à une séquence génétique encapsulée par une membrane biologique ayant la propriété de se fondre avec celle des cellules infectées. Ces virus peuvent être comparés à des livres que les cellules sont capables de lire et retranscrire, le texte étant le code génétique. Ils seraient donc, d’un point de vue biologique, plutôt du côté de l’inerte. Par contre, le virus ATV (Acidianus Two-tailed Virus) quand il sort de la cellule qui l’a produit, a une forme de citron et deux bras lui poussent à chaque extrémité. C’est un processus actif, ce qui fait que ce virus est plus du côté du vivant que de l’inerte[3]. Quant au virus mimivirus, il contient un code génétique plus important que certaines bactéries, et en même temps de l’ADN et de l’ARN.

Les médicaments antiviraux se contentent d’empêcher les virus de se multiplier, par interférence avec la réplication du matériel génétique, formation de la capside ou prévention de la formation de virus complets. La prévention de l’encapsidation du code génétique du virus, ARN ou ADN, dans la capside virale est donc une manière d’inactiver un virus. Dès que les conditions sont à nouveau réunies (présence d’une cellule hôte, absence d’antiviraux), le virus se multipliera à nouveau. Le problème se complique par la présence d’une forme silencieuse du virus au cours de laquelle le code génétique du virus s’intègre dans celui de l’hôte parasité. La destruction totale du virus implique la destruction de ce code.

Les virus peuvent néanmoins être « détruits », c'est-à-dire que l'information génétique qu'ils contiennent peut être dégradée par des agents physiques (chaleur) ou chimiques. Ces procédés sont utilisés avant d'inoculer un virus (vaccin). Dans ce cas, ce dernier se retrouve complément inactivé et peut être considéré comme « mort ».

Philosophie

En paléontologie, la découverte de rites funéraires est un élément important pour déterminer le degré d’éveil social d’un hominidé.

Cette conscience de la mort est un moteur de cohésion sociale (s’unir pour résister aux calamités, aux ennemis) et d’action (réaliser quelque chose pour laisser une trace). Elle est un élément important de la réflexion métaphysique. C’est aussi ce qui donne la puissance symbolique à des actes tels que l’homicide et le suicide.

La philosophie des Lumières en Europe, incitant à la maîtrise de la nature, suggère l’avènement d’une domination de la dégradation du corps de l’Homme.

D'après le Phédon de Platon, la mort est la séparation de l’âme et du Corps. Enfin délivrée de sa prison charnelle, l'Âme immortelle peut librement rejoindre le ciel des Idées, L'Éternité, le domaine des philosophes.

Selon Épicure, la mort n'est rien puisque « tant que nous existons la mort n'est pas, et que quand la mort est là nous ne sommes plus. La mort n'a, par conséquent, aucun rapport ni avec les vivants ni avec les morts, étant donnée qu'elle n'est plus rien pour les premiers et que les derniers ne sont plus. » (Lettre à Ménécée).

Jankélévitch, dans La Mort, propose quant à lui une réflexion sur la mort d'un point de vue grammatical : « la mort en troisième personne est la mort-en-général, la mort abstraite et anonyme » (c'est la mort du « on »), « la première personne est assurément source d'angoisse [...] En première personne, la mort est un mystère qui me concerne intimement et dans mon tout, c'est-à-dire dans mon néant » (la mort du « je »), « il y a le cas intermédiaire et privilégié de la deuxième personne ; entre la mort d'autrui, qui est lointaine et indifférente, et la mort-propre, qui est à même notre être, il y a proximité de la mort du proche » (c'est la mort du « tu »).

Autres aspects scientifiques

Anthropologie

La mort est un sujet qui fascine toutes les sociétés et depuis toujours, qui donne lieu à de nombreuses recherches anthropologiques, au point d'en faire un sous-champ distinct. Pour tenter de répondre à de grandes questions qu'elle soulève, elles ont très souvent recours à l'imaginaire. Yanis Papadaniel[Qui ?] explique que la conception de la « bonne » mort est variable entre chaque société et chaque époque, pouvant prendre différentes formes, à la manière d'un soldat qui meurt au combat, d'un individu pieux qui reçoit un jugement divin positif le faisant entrer au paradis, etc[4].

En plus des conceptions idéelles, c'est-à-dire des idées que l'on se fait de la mort, l'anthropologie étudie les pratiques humaines qui l'entourent. Cela peut prendre la forme de l'étude des rites funéraires, comme la manière dont on dispose du corps, des recueillements familiaux ou de la manière dont le deuil est étalé dans le temps. Les recherches anthropologiques sur la mort peuvent également avoir une perspective religieuse, et soulignent un rapport à la mort de plus en plus éloigné des ritualités, voire aseptisé, comme le rapportent Louis-Vincent Thomas[5] ou Philippe Ariès[6].

Cet énoncé soulève des débats et des spécialistes comme Jean-Hugues Déchaux[Qui ?][7], Allan Kellehear[Qui ?][8], Tony Walter[Qui ?][9] et C. Seal[Qui ?][10] énoncent plutôt que le rapport à la mort n'est pas plus faible, seulement plus intime en raison de la sécularisation grandissante observée en Occident.

Yanis Papadaniel tire pour point commun de ces arguments l'idée suivante : « l’absence d’un code commun en matière de mort ne signifie pas que ces codes n’existent pas à une échelle individuelle et intime »[4]. Plutôt, les familles et individus ont des pratiques funéraires avec un niveau de syncrétisme variable entre différentes traditions religieuses et spirituelles.

Le projet d'Edison

Thomas Edison projeta la création d'un appareil qui serait censé pouvoir permettre de communiquer avec les morts, en enregistrant leur voix et leurs sons, dénommé nécrophone ou appareil nécrophonique en français[11] (spirit phone en anglais[12]), mais l'appareil resta à l'idée de projet.

Mort et religion

Animisme

Dans l'animisme, la mort est perçue comme une continuité, au point que l'on puisse dire qu'il n'y a pas vraiment de mort dans le langage animiste et que le dialogue des « morts » et des vivants se poursuit sans interruption notamment par l'intermédiaire des rêves.

Un célèbre poème de Birago Diop intitulé Souffles[13] résume cette perception :

« Ceux qui sont morts ne sont jamais partis / Ils sont dans l’Ombre (…) / Les morts ne sont pas sous la Terre : / Ils sont dans le Bois (…) / dans l’Eau (…) / dans la Foule (…) / Les Morts ne sont pas morts. »

Pour les Batammariba du Koutammakou (nord du Togo et du Bénin), un être humain doit sa vie au souffle ou âme d'un ancêtre qui a désiré sa naissance. Cet ancêtre lui donne ses « affaires de destin » ou aptitudes. Dès sa venue au monde, les parents ont comme devoir de déceler ces « affaires » afin que, par la suite, l'enfant réalise au mieux ses potentialités. À condition qu'un ancien (ou ancienne) ait été initié au rituel initiatique de la jeunesse — difwani pour les jeunes garçons, dikuntri pour les jeunes filles — les membres du clan célèbrent à son décès le grandiose rite funéraire du tibènti. Au cours de ce rite, le souffle du mort gagne la force de « former » de nouveaux enfants. Pour peu que les parents aient identifié auprès des devins le souffle de l'ancêtre qui a « formé » un nouveau-né, ce souffle veillera sur l'enfant tout au long de sa vie. Cependant, une personne ne devra jamais connaître le nom de cet ancêtre. Autant dire comme Birago Diop « qu'un mort n'est jamais mort ». (Source : Le Souffle du mort - La tragédie de la mort chez les Batammariba (Togo, Bénin), Dominique Sewane, collection Terre Humaine, Plon, 2020)

Athéisme

Pour les athées la mort ne recèle aucun mystère métaphysique : elle n'est pas plus difficile à appréhender que ne l'est le sommeil profond, et il n'existe pas plus de vie après la mort qu'avant la naissance.

Selon le philosophe grec Épicure, cité par Montaigne :

« Le plus effrayant des maux, la mort, ne nous est rien, disais-je : quand nous sommes, la mort n’est pas là, et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes pas[14]. »

« La mort est moins à craindre que rien, s'il y avait quelque chose de moins, Elle ne vous concerne ni mort ni vif : vif, parce que vous êtes : mort, par ce que vous n'êtes plus[15]. »

Selon Wittgenstein, dans le même esprit, mais deux millénaires plus tard :

« La mort n'est pas un événement de la vie. On ne vit pas la mort. Si l'on entend par éternité non la durée infinie mais l'intemporalité, alors il a la vie éternelle celui qui vit dans le présent. Notre vie n'a pas de fin, comme notre champ de vision est sans frontière[16]. »

Bouddhisme

La mort n’est qu’un passage d’une vie à l’autre dans le bouddhisme qui ne reconnait ni les concepts de dieu, ni d'âme. Anatta :

« Il y a deux idées, psychologiquement enracinées dans l'individu : protection de soi et conservation de soi. Pour la protection de soi, l'homme a créé Dieu duquel il dépend pour sa propre protection, sauvegarde et sécurité, de même qu'un enfant dépend de ses parents. Pour la conservation de soi, l'homme a conçu l'idée d'une âme immortelle ou Ātman qui vivra éternellement. Dans son ignorance, sa faiblesse, sa crainte et son désir, l'homme a besoin de ces deux choses pour se rassurer et se consoler ; c'est pourquoi il s'y cramponne avec fanatisme et acharnement[17]. »

Le Bardo Thödol (Livre des morts tibétain) décrit les différentes étapes de ce passage d’une vie à une autre vie et constitue une sorte de guide fournissant divers conseils (abandon de l’ego, etc.) pour réussir cette transition.

Pour un être éveillé, la mort n’est pas un passage d’une vie à une autre : c'est la fin du conditionnement, donc la fin de toute existence possible (parinirvâna). Le Bouddha refusait de parler de ce qu'il pouvait advenir après la mort. Les croyances respectées par le Bouddhisme permirent d'accepter des croyances diverses. Le Bouddha s'attachait à ce qui était réel, dite vérité ultime et à l'expérimentation, bases de notre libre choix. Conclusion : Si vous voulez savoir ce qui se passe après la mort, demandez le à un mort. Il ne vous répondra pas. Conclusion la mort c'est l'extinction du vivant conséquence de l'impermanence dans un éternel existant.

Christianisme

La conséquence de la mort physique est la séparation du corps avec l'âme qui est immortelle[18]. Le corps, quant à lui, doit ressusciter pour se joindre de nouveau à l'âme soit à la Fin des Temps qui est le retour du Christ (résurrection de ceux qui sont morts en Christ, les Bienheureux), soit à la Fin du monde, résurrection de ceux qui sont morts sans Christ (les Damnés) pour le jugement dernier qui est le triomphe final de Dieu et de la vie.

Au moment de la mort physique, l'âme du défunt subit un jugement particulier. Le purgatoire ne doit pas être compris comme une troisième voie mais bien comme un « instrument du salut », une « purification, afin d'obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel »[19].

Les âmes qui vont au Purgatoire sont privées de la vision de Dieu (la « vision béatifique ») et ressentent le regret de ne pas avoir fait tout le bien possible. Une fois purifiées, ces âmes quittent le Purgatoire pour le Paradis et peuvent enfin « voir Dieu » (les damnés eux ne verront jamais Dieu). Seules les personnes parfaitement pures peuvent entrer directement au Paradis : Jésus, Marie par exemple.

Les Protestants ne croient pas à l'existence du Purgatoire. Pour eux, en effet, l'homme choisit de vivre ou non en conformité avec la volonté divine, en reconnaissant Jésus comme son sauveur et Seigneur, et ce avant de passer en jugement ou de voir Dieu face à face :

« En effet, Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. Celui qui met sa confiance en Lui n'est pas condamné, mais celui qui n'a pas foi en Lui est déjà condamné... »

 Jean 3v17[20]

L’eschatologie chrétienne a réfléchi sur le sens de la mort et des fins dernières. Il y a un jugement immédiat de l’âme et un jugement dernier collectif afin que les mérites de chacun soient connus de tous[21].

Hindouisme

L’hindou croit en une vie après la mort — le corps n’étant qu’une enveloppe matérielle temporaire. Lorsque survient le moment de quitter la vie, il est dit que toutes les facultés d'action et de sensations se replient dans le mental (manas), puis le mental se replie dans le souffle (prana) puis le souffle dans l’âme individuelle ou Jivatman et enfin cette dernière retourne au Brahman et atteint la libération ou moksha[22].

Cependant, si son karma a accumulé le fruit de trop d’actes négatifs (les mauvaises actions), l’âtman s’incarne dans un nouveau corps sur une planète comme la terre (ou inférieure qui compose l’enfer), afin d’y subir le poids de ses mauvaises actions. Si son karma est positif, il ira vivre comme un dieu, sur l’une des planètes célestes (supérieures à la terre, ou paradis). Une fois épuisé son karma, l’âme retournera sur terre dans un autre corps d'être vivant. Ce cycle est appelé « samsara ». Pour briser ce cycle perpétuel, l’hindou doit vivre de manière que son karma ne soit ni négatif, ni positif, ainsi :

« Le Seigneur Bienheureux dit : "Bien que tu tiennes de savants discours, tu t’affliges sans raison. Ni les vivants, ni les morts, le sage ne les pleure." (2.12) "Jamais ne fut le temps où nous n’existions, Moi, toi et tous ces rois ; et jamais aucun de nous ne cessera d’être." »

 Bhagavad-Gîtâ (II.11 & II. 12)[23]

Au moment de la mort l’esprit est séparé du corps. Le non-initié sera alors pris d’une irrésistible envie d’en retrouver un, ce qu’il fera. Par contre, l’initié saura trouver la porte de la libération.

Islam

En islam, la mort se définit par l'extraction de l'âme à partir du corps. Cette extraction a lieu durant l'agonie et est effectuée par un ange. Après cela, le corps se décompose et il en reste uniquement le coccyx, à partir duquel on est ressuscité au Jour du Jugement. La date de notre mort fait partie des données du destin et est fixée avant notre naissance, et, selon le Coran, rien ne pourra la faire avancer ni reculer, ne serait-ce que d'une heure :

« Et Dieu n'accorde jamais de délai à une âme dont le terme (de la mort) est arrivé. Et Allah est Parfaitement informé de ce que vous faites. »

 Sourate 63, verset 11.

Selon le Coran :

« Toute âme goûtera la mort. Et c'est seulement au Jour de la Résurrection que vous recevrez votre entière rétribution. Quiconque donc est écarté du Feu et introduit au Paradis, a certes réussi. Et la vie présente n'est qu'un objet de jouissance trompeuse. »

 Sourate 3, verset 185.

Du point de vue du rituel, quand un musulman est au seuil de la mort, il doit prononcer une dernière fois la chahada, le témoignage de Foi. Ceux qui l'assistent dans l'agonie doivent l'inciter à la répéter et lire la sourate 36 YA-SIN au chevet du mourant, car elle incite l'âme à ne pas être tentée par le Diable dans les affres de la mort. Après la mort, le corps est lavé et enveloppé dans des pièces de tissu blanc (Al Kafn), le linceul, par la suite les musulmans font la prière funéraire Salat Al Janaza, de préférence à la mosquée, à la suite de quoi on procède à l’enterrement le plus tôt possible. Le corps est enterré le visage tourné vers La Mecque ou, s'il est dans un cercueil, il est positionné de telle façon que La Mecque se trouve à sa droite. Le rite funéraire consiste à jeter de la terre sur le linceul (s'il n’y a pas de cercueil), tandis que les personnes présentes prient et invoquent Dieu pour qu'Il aide le défunt à bien répondre aux questions de Monkir et Nekir, les deux anges qui questionnent les morts dans leur tombe.

Jaïnisme

Dans le jaïnisme, comme dans l'hindouisme, l'âme est soumise au cycle des naissances et des morts. L'âme y est donc une entité distincte qui voyage par-delà les limites et la disparition du corps[24].

Judaïsme

Dans la religion juive, on considère que la mort est l'arrêt irréversible du battement cardiaque (ou bien la mort cérébrale, selon certains).

Lorsqu'une personne meurt, on doit l'enterrer le jour même si possible. Un homme ou une femme (bénévole d'une association, la Hevra Kaddisha, la « confrérie sainte » en français) qui ne connaît pas le défunt, nettoie le corps, soigne les blessures (si le défunt en avait), l’habille d'une robe blanche et couvre la tête du défunt.

Ensuite, la levée du corps se déroule en une heure. Le corps du défunt, (couvert des pieds à la tête), est exposé dans un cercueil dans sa maison où à l'hôpital. Seule la famille est autorisée à rester autour du cercueil. À ce moment-là, la personne qui a nettoyé le corps lit les tehillim. Enfin, a lieu l'enterrement. Les amis et la famille se rendent au cimetière, un discours en hommage au défunt est prononcé et des bénédictions sont récitées avant la mise en terre. Lorsque l'on enterre le cercueil, les endeuillés (fils, frères et parents du défunt) jettent de la terre sur le cercueil avant de l'ensevelir. Les endeuillés déchirent alors leur vêtement en signe de deuil et récitent enfin le Kaddish.

La religion juive accorde une importance extrême et un profond respect au défunt. On récitera alors le Kaddish au moins une fois par jour pendant un an à partir de l'enterrement, dans le but de sanctifier le nom divin.

Spiritisme

Les spirites considèrent que chaque individu existe avant sa naissance et s'incarne sur la Terre pour progresser et vivre une expérience éducative. L'incarnation provoquant une perte temporaire du souvenir des vies antérieures. La mort du corps matériel libère l'esprit éternel de l'homme, qui retourne ensuite dans une « dimension spirituelle » correspondant à son niveau d'avancement[25].

Témoins de Jéhovah

Les Témoins de Jéhovah croient que lors de la mort le corps retourne à la poussière (Ecclésiaste 3:20). La mort pour les Témoins de Jéhovah est donc le contraire de la vie. Les morts n'ont donc aucune activité et ne se rendent compte de rien (Ecclésiaste 9:5,10).

L'espérance des Témoins de Jéhovah pour les morts réside en la croyance de la résurrection. Cette résurrection doit avoir lieu sur la Terre, lorsque Dieu aura rétabli les conditions originelles (un Paradis). Toute personne, « juste » ou « injuste », doit être ressuscitée selon Jean 5:28,29 et Actes 24:15. La résurrection de « jugement » pour les « injustes » sera l'occasion pour eux de démontrer leur volonté de reconnaître Dieu et sa souveraineté.

Quelques hommes, les « membres oints » (au nombre de 144 000) iront aux côtés de Jésus‑Christ afin « d'administrer » les humains et le paradis. Ils rejoindront le milieu spirituel.

Saints des derniers jours

Pour les saints des derniers jours (mormonisme), la préexistence, vie avant la naissance en présence de Dieu, la vie sur terre, temps de mise à l’épreuve et d’expériences, et la vie après la mort font partie du plan de salut.

Après la mort, le monde des esprits est l’endroit où attend l’esprit de l’homme entre la mort et la résurrection. Il comporte deux parties distinctes : la prison des esprits où sont reçus ceux qui n'ont pas obéi à l'Évangile ou qui ne l'ont pas accepté pendant qu'ils étaient sur la terre ou qui n'ont pas eu l'occasion de l'entendre, et le paradis.

L'Évangile est enseigné dans la prison des esprits et ceux qui acceptent le sacrement du baptême célébré en leur faveur dans les temples vont dans le paradis. Chaque être humain ressuscitera (réunion du corps et de l’esprit) avant d’être amené devant Dieu pour le jugement dernier où sera tenu compte de la globalité de la personne jugée (connaissance, actes, paroles, pensées, désirs, repentance). Selon ces critères, l’un des trois degrés de gloire, téleste, terrestre ou céleste (en présence de Dieu) lui sera attribué.

Symbolique

La Faucheuse est l'une des allégories de la Mort.

La haute teneur symbolique de la mort et la forte charge affective liée au décès d’êtres humains ont façonné l’imaginaire des Hommes qui ont créé un personnage, la Mort, qui vient chercher les gens au terme de leur vie.

Deux représentations symboliques se démarquent : la douce et l’austère. La première se réfère à la douce mort qui libère des souffrances infinies auxquelles la vie nous oblige. La deuxième vient souligner le côté cruel, froid et irrémédiable qu’elle peut prendre lorsque les proches du défunt le pleurent.

Statistiques

Les statistiques modernes de mortalité humaine ne concernent que les personnes ayant été vivantes, ne serait-ce que quelques secondes, à l'exclusion des statistiques de mortinatalité. Cependant, dans le passé, plusieurs pays incluaient dans la mortinatalité une partie des décès peu après la naissance, et les excluaient donc des statistiques de mortalité, ce qui pose des problèmes de comparabilité des données dans le temps et dans l'espace (entre pays)[réf. nécessaire].

Les causes de mortalité sont un élément important de l’épidémiologie. En France, elles sont suivies par un laboratoire de l’INSERM, le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) ; centre collaborateur OMS) qui alimente une base de données depuis 1968 : près de 18 millions de données, issues des « certificats de décès » (établis par les médecins lors du constat de décès) et des « bulletins de décès » faits par l’officier d’état civil en mairie[26].

Aspect juridique

Dans la plupart des pays développés, le médecin remplit alors un certificat de décès comportant la date et l’heure de la constatation de la mort, l’identité de la personne décédée, les causes suspectées, l’absence de contre-indication à une inhumation ou à une crémation. L'état de mort légale entraîne la perte des droits de la personnalité : la personne décédée n'est plus considérée, en tant que personne au sens juridique du terme. Cependant, en France, le droit du défunt au respect est assuré par la loi « Le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort. Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence[27]. »

En France

  • La déclaration unique à l'administration, en cas de décès d'un parent, fait partie des démarches administratives en ligne qui peuvent être effectués sur service-public.fr, un portail internet de l'administration française.
  • Le corps peut être ensuite transporté, sans cercueil, dans un véhicule spécifique, par une entreprise funéraire, dans un délai de 48 h maximum après le décès. Ce transport, qui nécessite une déclaration préalable à la mairie du lieu de décès effectuée par l'entreprise funéraire elle-même, peut se réaliser :
    • soit de l'établissement de santé dans lequel le décès est survenu vers un domicile ou une chambre funéraire ;
    • soit du domicile du décédé ou de la voie publique vers la chambre funéraire.
  • En France, l'inhumation ou la crémation du corps de la personne décédée doit avoir lieu dans un délai de 6 jours maximum après le décès (non compris dimanches et jours fériés). Si le délai légal de 6 jours devait être dépassé, une dérogation peut être demandé à la préfecture du département en justifiant de la raison du délai. La demande de dérogation est réalisée par l'entreprise funéraire.

Notes et références

  1. Dominique Sewane, Le Souffle du Mort : La tragédie de la mort chez les Batammariba (Togo, Bénin), Paris, Collection Terre Humaine - Plon, 2007, rééd. 2020, 725 p. (ISBN 978-2-259-28262-8)
  2. Code sanitaire pour les animaux terrestres, Organisation mondiale de la santé animale, 2008, (page consultée le 5 février 2008).
  3. Pour la Science, décembre 2006
  4. Papadaniel, Yannis (2016) « Mort », Éditions des archives contemporaines, Paris, sur Anthropen.org.
  5. Louis-Vincent Thomas, 1922, Anthropologie de la mort, Payot, (ISBN 2-228-11480-4, 9782228114806 et 2228880140, OCLC 1528693, lire en ligne).
  6. Philippe Ariès (1914-1984), Essais sur l'histoire de la mort en Occident : du Moyen Âge à nos jours, Éd. Points, impr. 2015, cop. 1975, 222 p. (ISBN 978-2-7578-5006-0 et 2757850067, OCLC 900095761, lire en ligne).
  7. Jean-Hugues Déchaux, « « L'intimisation de la mort » », Ethnologie française, vol. 30, , p. 153-162.
  8. (en) Allan Kellehear, « « Are we a ‘death-denying’ society ? » », Social sciences and Medicine, vol. 18, no 9, , p. 713-723.
  9. (en) Tony Walter, On Bereavement : the culture of grief, Buckingham, Open Press University, .
  10. (en) C. Seal, Constructing Death, Cambridge, Cambridge University Press, .
  11. Site du magazine Le Point, article publié le 05 mars 2015 "un nécrophone pour fantômes bavards le rève de thomas edison, consulté le 13 janvier 2019
  12. Site science.howstuffworks, page "10 Inventions by Thomas Edison (That You've Never Heard Of)", consulté le 13 janvier 2019
  13. Leurres et Lueurs (1960), Birago Diop
  14. Lettre à Ménécée
  15. Essais, I,xx
  16. Tractatus logico-philosophicus
  17. Walpola Rahula, L'Enseignement du Bouddha d'après les textes les plus anciens (préface de Paul Demiéville), Collection Points Sagesses no SA 13, Éditions du Seuils, 1961.
  18. « En acceptant fidèlement les paroles du Seigneur rapportée en Matthieu 10.28, l’Église affirme la continuité et la survie, après la mort, d'un élément spirituel doté de conscience et de volonté, de sorte que subsiste le même "moi" humain manquant cependant de ce complément qu'est son corps », Questions actuelles sur l'eschatologie, 1992
  19. CEC §1030 et 1031.
  20. La Bible, version SEMEUR, 2000.
  21. « Catéchisme de l'Église Catholique » - IntraText
  22. La mort et les états posthumes, Dominique Viseux, Guy Trédaniel.
  23. https://fr.wikisource.org/wiki/La_Bhagavad_G%C3%AEt%C3%A2/Chapitre_2
  24. Le Jaïnisme
  25. « Les Esprits revêtent temporairement une enveloppe matérielle périssable, dont la destruction, par la mort les rend à la liberté. » Le livre des Esprits, introduction.
  26. Présentation du CépiDc, cepidc.vesinet.inserm.fr.
  27. Article 16-1-1 du Code civil Lire en ligne sur le site legifrance.gouv

Voir aussi

Bibliographie

Essais philosophiques

Essais de sciences humaines

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  • Sigmund Freud, Deuil et mélancolie (1917), Œuvres complètes, t. 12, Paris, PUF, 1994.
  • Francis Bar, Les Routes de l'Autre Monde. Descentes aux Enfers et Voyages dans l'Au-delà, Paris, PUF, 1946.
  • Michel Vovelle, Mourir autrefois, Paris, Gallimard / Julliard, 1974 ; rééd. coll. « Folio », 1990.
  • Philippe Ariès, Essais sur l'histoire de la mort en Occident : du Moyen Âge à nos jours, Paris, Le Seuil, 1975.
  • Louis-Vincent Thomas, Anthropologie de la Mort, Paris, Payot, 1975.
  • Edgar Morin, L'Homme et la mort, Éditions Corrêa ; nouvelle édition, Paris, Le Seuil, coll. « Points », 1976.
  • Philippe Ariès, L'Homme devant la mort, Seuil, 1977.
  • Jean Ziegler, Les Vivants et les morts, Paris, Le Seuil, 1978.
  • B. Adoukonou, Y. K. Bamunoba, La Mort dans la vie africaine, Paris, Présence africaine, 1979.
  • Jean-Thierry Maertens, Le Jeu du mort, Paris, Aubier, coll. « Étranges étrangers », 1979.
  • Jean Prieur, Le Livre des morts des occidentaux, Paris, Robert Laffont, 1981.
  • Louis-Vincent Thomas, La Mort africaine : idéologie funéraire en Afrique noire, Paris, Payot, 1982.
  • Michel Vovelle, La Mort et l'Occident de 1300 à nos jours, Paris, Gallimard, 1983 ; réed. 2001.
  • Philippe Ariès, Images de l'homme devant la mort, Seuil, 1983.
  • Eliane Georges, Voyages de la mort, Paris, Berger-Levrault, 1983.
  • Jean-Pierre Vernant, La Mort dans les yeux. Figures de l’autre en Grèce ancienne, Paris, Hachette, 1985.
  • Louis-Vincent Thomas, Rites de mort, Paris, Fayard, 1985.
  • Michel Hulin, La Face cachée du temps. L'imaginaire de l'au-delà, Paris, Fayard, 1985.
  • Jean Prieur, La Mort dans l'Antiquité romaine, Rennes, Ouest-France Université, 1986.
  • Henri Bourgeois, La mort, sa signification chrétienne, Desclée/Novalis, 1988.
  • Jean-Pierre Vernant, L’individu, la mort, l’amour. Soi-même et l’autre en Grèce ancienne, Paris, Gallimard, 1989.
  • Jean-Pierre Vernant avec Gherardo Gnoli (dir.), La mort, les morts dans les sociétés anciennes, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 1990.
  • Louis-Vincent Thomas, La Mort, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1991.
  • Dominique Sewane (sous le nom de Myriam Smadja), « Les affaires du mort (Tamberma du Nord-Togo) » [archive], in Systèmes de pensée en Afrique noire, no  11, 1991, p. 57-90.
  • Jean-Paul Colin, Les Derniers mots. Le lexique de la mort, Paris, Belfond 1992.
  • Jean-Pierre Schnetzler, De la mort à la vie. Dialogue Orient-Occident sur la transmigration, Paris, Dervy, 1995.
  • Michel Vovelle, Les Âmes du purgatoire ou le travail du deuil, Paris, Gallimard, 1996.
  • André Klarsfeld et Frédéric Revah, Biologie de la mort, Paris, Éditions Odile Jacob, coll. « Sciences », 2000.
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  • Marie-Frédérique Bacqué & Michel Hanus, Le Deuil, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2001.
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  • Dominique Sewane, Le souffle du mort : la tragédie de la mort chez les Batãmmariba du Togo, Bénin, Paris, coll. « Terre Humaine », Plon, 2003, 660 p. (prix Robert Cornevin), (ISBN 2-259-19775-2) ; rééd. Paris, Pocket, 2007, 849 p. (ISBN 978-2-266-17579-1), reed. Paris, collection Terre Humaine, Plon, 2020, (ISBN 978-2-259-28262-8)
  • François Dagognet & Tobie Nathan, La Mort vue autrement, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2003.
  • Marie-Hélène Encrevé-Lambert, La Mort, Paris, Bayard, 2003.
  • Dominique Sewane, « Puissance du nom. Les noms secrets des Batãmmariba du Togo, Bénin », in La mort et l’immortalité : encyclopédie des savoirs et des croyances (dir. Jean-Philippe de Tonnac et Frédéric Lenoir), Paris, Bayard, 2004, p. 855-866. (ISBN 9782227471344)
  • Dominique Sewane, « La tombe et ses orientations », in Antigone et le devoir de sépulture : actes du colloque international de l'Université de Lausanne () (dir. Muriel Gilbert), Lausanne, Labor Fides, , p. 161-176. (ISBN 2-8309-1173-3)
  • Philippe Di Folco (s./dir.), Dictionnaire de la mort, Paris, Larousse, 2010.
  • Chantal Dupuy-Dunier, Celle, L'Arbre à paroles, 2012.
  • Thomas W. Laqueur, Le Travail des morts. Une histoire culturelle des dépouilles mortelles, trad. de l'anglais par Hélène Borraz, Paris, Gallimard, 2018, 928 p.

Articles connexes

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