Delphine Panique

Delphine Panique est une autrice de bande dessinée française née à Valence (Drôme)[1]. Elle vit et travaille à Toulouse[2].

Delphine Panique
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Biographie

Jeunesse et formation

Elle a obtenu un master en lettres modernes à l'Université du Mirail à Toulouse[3].

Premières publications

Sous le pseudonyme de Delphine Panique[4] elle commence à publier des dessins sur son blog avant de participer à plusieurs albums et revues collectives, principalement Dopututto et Dopututto Max chez Misma.

Son premier album, Orlando, paraît en 2013 chez Misma. C'est une libre adaptation du roman éponyme de Virginia Woolf, qui selon l'autrice se prête assez bien à une adaptation en bande dessinée[5]. Alors que le roman s'étale sur trois siècles, Panique choisit de se détacher de cette temporalité et de jouer sur les anachronismes, afin de brouiller les époques[5].

En temps de guerre

Son deuxième album, En temps de guerre (Misma, 2015), prend comme point de départ la situation des femmes restées travailler pendant la Grande guerre, alors que les hommes partaient au front. L'album aborde la question « du pouvoir et des relations hommes-femmes[2]. » D'abord publié en feuilleton dans Dopututto Max, l'album est une sorte de « réécriture de l’histoire que l’on apprend à l’école, par le biais de la petite histoire de l’arrière-front[4]. » Ainsi, « celles qui se sont émancipées entre 1914 et 1918 ont ensuite dû reprendre leur place au foyer – alors qu'en Grande-Bretagne le mouvement des suffragettes s'imposait[6]. »

L'idée de représenter les personnages avec des têtes en forme de maisons est venue simplement, puisque les femmes restaient à la maison. Delphine Panique raconte également avoir été « marquée, enfant, par les dessins de femmes-maisons de Louise Bourgeois[6]. »

En temps de guerre, bien reçu par la critique[7],[8], est dans la sélection officielle du Festival d'Angoulême 2016[9].

L'Odyssée du Vice

En 2016 paraît L'Odyssée du Vice dans la collection « BD Cul » des Les Requins Marteaux, histoire débridée[2] d'un astronaute cherchant son pénis[10] au fil d'un périple dans l'espace, jusqu'à rencontrer Maître Clitoris[11]. Investissant deux champs plutôt « masculins », la science-fiction et le porno, l'autrice s'inspire des lectures de son père, notamment Mœbius ou Valérian et Laureline[4]. La trame de l'histoire s'inspire de l'Odyssée d'Homère : « sans être une adaptation, on retrouve les sirènes, Charybde et Scylla, les fresques érotiques de Pompéi dans un univers de science-fiction[3]. » Delphine Panique cherche à « mettre l’accent sur la sexualité féminine, qui est encore trop méconnue aujourd’hui », notamment en mettant en avant une déesse-clitoris[3].

L'album est dans la pré-sélection du Prix Artémisia 2017[12].

Un « spin-off » de l'album de 12 pages, mettant en scène Penny avec un de ses prétendants, est publié en juin 2016 dans la revue Franky (et Nicole).

Le Vol Nocturne

En 2018 paraît Le Vol Nocturne chez Cornélius. Il raconte l'histoire de Rogée, une sorcière qui pleure la mort de sa compagne Martine[13], laquelle revient lui rendre visite sous différentes formes. Rejetée par la société, Rogée voit sa maison régulièrement brûlée par les villageois des alentours[14]. Pour la critique Laurence Le Saux, l'album est « une histoire de deuil impossible, en même temps que la stigmatisation d’une femme « différente »[13]. »

Pour cet album, Panique a été inspirée par l'exposition Présumées coupables (Archives nationales, 2016) et Caliban et la sorcière (Silvia Federici, 2014), qui sortent la figure de la sorcière du conte pour enfant, et abordent entre autres « [le] véritable féminicide à la fin du Moyen Âge, à un moment où les femmes commençaient à avoir une certaine indépendance professionnelle[13]. » Elle cite également comme référence Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov[2].

L'album est très bien reçu par la critique[15]. Le Vol Nocturne est en sélection officielle du Festival d'Angoulême 2019[16].

Autres

En 2018, Delphine Panique est une des autrices invitées de l'exposition présentée à Maison Fumetti Une BD si je veux, quand je veux ! De l'Équateur à la Russie, 25 autrices incontournables du féminisme en bande dessinée, dont elle a également réalisé l'affiche[17].

Style

Son travail allie émotion, humour et fantaisie[13], et ne cache pas son féminisme[2]. Elle travaille beaucoup le scénario, le texte et les dialogues de ses livres avant de passer au dessin[5].

Le trait de Delphine Panique est « minimaliste et géométrique[13]. » Elle dessine sans crayonné[5] mais « avec beaucoup de Typex »[4] avec Rotring très fin. Elle dit apprécier le gaufrier de trois cases sur trois, qui lui « évite l’angoisse de la page blanche », et lui permet de jouer « sur la géométrie et la répétition »[13].

Publications

Albums

Collectifs, revues

  • 40075km, L'Employé du Moi, 2006
  • Dopututto no  9, 13 à 17, Misma, 2006 à 2010
  • Dopututto Max no  1 à 9, Misma, 2010 à 2015
  • Franky (et Nicole) no  1, 3, 5, Les Requins Marteaux, 2014 à 2016
  • Nicole (et Franky) no  2, 4, 6, 7, 8, 9, Cornélius, 2014 à 2021
  • Baiser, Joie Panique Éditions, 2017
  • Topo, série récurrente « Les classiques de Patrique », 2016 à 2021
  • ABCD de la Typographie (participation), scénario de David Rault, Gallimard, 2018 [18]
  • Bien Monsieur no 13, 2020
  • Bento no 6, 2021
  • La déferlante no 4, article « Les précieuses pas ridicules », 2021

Références

  1. Documents reçus via OTRS 2019013010012036
  2. Sylvie Roux, « Delphine Panique a le trait libre et parodique »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur ladepeche.fr, (consulté le ).
  3. « Rencontre avec Delphine Panique », sur lepetitplayzeer.com, (consulté le ).
  4. Clémentine Gallot, « Delphine Panique, des chibres et des lettres », sur liberation.fr, (consulté le ).
  5. Aude Lavigne, « Delphine Panique », La Vignette, sur franceculture.fr, (consulté le ).
  6. Laurence Le Saux, « La bédéthèque idéale #88 : “En temps de guerre”, de Delphine Panique ou 14-18 sur l'autre front », sur telerama.fr, (consulté le ).
  7. Benjamin Roure, « En temps de guerre », sur bodoi.info, (consulté le ).
  8. Charles-Louis Detournay, « En Temps de guerre - Par Delphine Panique - Misma », sur actuabd.com, (consulté le ).
  9. Charles-Louis Detournay, « Angoulême 2016 : Désormais la sélection officielle ne représente plus la bande dessinée francophone », sur actuabd.com, (consulté le ).
  10. Arthur Œuvrard-Savouret, « « L’Odyssée du vice », de Delphine Panique, aux éditions Requins Marteaux. », 6 bandes dessinées érotiques pour buller avec passion, sur elle.fr, (consulté le ).
  11. « L’odyssée du vice * Delphine Panique », sur soupedelespace.fr, (consulté le ).
  12. « Première sélection pour le prix 2017 », sur assoartemisia.fr, (consulté le ).
  13. Laurence Le Saux, « La bédéthèque idéale #187 : Delphine Panique au pays des sorcières », sur telerama.fr, (consulté le ).
  14. « Le vol nocturne * Delphine Panique », sur soupedelespace.fr, (consulté le ).
  15. Anne-Claire Norot, « “Le Vol nocturne”: le sort d’une drôle de sorcière vu par Delphine Panique », sur lesinrocks.com, (consulté le ).
  16. Antoine Oury, « FIBD 2019 : la sélection officielle complète dévoilée », sur actualitte.com, (consulté le ).
  17. « Une BD si je veux, quand je veux ! - Du 3 février au 14 avril 2018 - Maison Fumetti », sur maisonfumetti.fr, (consulté le ).
  18. A. Perroud, « ABCD de la typographie », sur BD Gest,

Annexes

Liens externes

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