Demon (bande dessinée)

Demon est une série de bande dessinée fantastique américaine créée par Jason Shiga, autopubliée entre 2014 et 2016 puis en un total de quatre volumes par First Second Books aux États-Unis et Cambourakis en France.

Pour les articles homonymes, voir Démon.

Demon
Album

Logo de la série.

Auteur Jason Shiga
Genre(s) Bande dessinée fantastique

Pays États-Unis
Langue originale Anglais
Éditeur (en) First Second Books
(fr) Cambourakis
Première publication 2014
Nb. d’albums 4

Genèse

Jason Shiga commence à travailler sur Demon en 2010[1] après la fin de sa précédente œuvre, Empire State[2]. Ses précédentes tentatives pour créer une œuvre épique avaient échoué et Shiga déclare que sa plus grande difficulté lors de la création de Demon était de trouver comment remédier à ce problème[3].

La planification de la bande dessinée prit autant de temps que son dessin à Shiga[4], qui passa trois années à écrire et dessiner les 720 pages de Demon[2],[5]. Shiga écrivit l'histoire à rebours, à partir de la fin, afin d'y incorporer les puzzles et l'aspect mathématique, sentant qu'il aurait été complètement perdu autrement[6]. L'auteur décrit l'histoire comme une « partie d'échecs à trois joueurs qui pivote en une série de 7 puzzles d'évasion concentriques [avec] le match d'échecs lui-même contenu dans 2 autres couches de puzzles »[7]. Shiga a également dessiné la séquence des scènes à l'envers, et cette technique lui a permis de se concentrer davantage sur l'histoire que sur les personnages[5]. Il supprime également certains arcs narratifs durant les esquisses[1] et réécrit le dernier chapitre à deux reprises[2].

Comme principales influences à Demon, Shiga évoque Code Quantum, Un jour sans fin et Memoirs of an Invisible Man[5]. Code Quantum était sa série télévisée préférée et lui inspira les possessions dans le comics[6] bien qu'il n'apprécie pas que les sauts exigent de ne faire que des bonnes actions[3]. Il était également déçu de la manière dont les bonnes actions brisent la boucle dans Un jour sans fin, n'y trouvant aucune logique[2]. Shiga fut également inspiré par MacGyver dans la manière d'utiliser l'intelligence afin de surmonter les obstacles avec des ressources minimales[1] et par Death Note dans lequel deux esprits brillants rivalisent entre eux afin de prendre l'avantage sur l'autre[7],[8].

L'arme improvisée faite de sperme utilisée pour s'échapper de prison est basée sur un fait réel survenu au Japon[1]. La confrontation finale au château d'Osaka est inspirée par une visite de Shiga durant sa lune de miel, notamment par l'interprétation d'un artiste du siège d'Osaka en perspective isométrique[1].

Shiga a accordé une grande importance aux espaces négatifs dans les mises en page afin de contrôler le rythme[5]. L'œuvre finale est encrée en séquence[1] avec une colorisation sur Photoshop[4]. Bien que certains critiques aient noté que le style artistique simple de Shiga contrastait avec ses intrigues violentes, les rendant plus acceptables, Shiga déclare qu'il n'avait pas fait cela consciemment et qu'il était critique vis-à-vis de ses compétences artistiques[3], le ressentant plus comme une carence professionnelle[4] et déclarant avoir tenté de « représenter les scènes avec goût » compte tenu du matériel[3].

Publication

En 2013, Shiga propose Demon à Abrams Books, qui avait publié son précédent titre, Empire State. L'auteur réalise a posteriori que l'œuvre a été refusée à cause de sa « folle liste d'exigences »[2]. Cependant, à cette époque, Shiga est intransigeant concernant le format et le sujet de son œuvre, et décide de s'auto-éditer[9]. Devenir le seul responsable de sa production encourage Shiga à essayer toute les idées les plus folles qui lui passaient par la tête, telles que des publications de 4 pages, de 60 pages, ainsi qu'une dans laquelle toutes les planches étaient noires[10],[8].

Shiga sort au départ Démon comme un mini-comic[1],[7], un format qui lui était familier. Il imprime 400 exemplaires de chaque numéro[7] sur une imprimante risographe[8] avant de les poster, croyant qu'il s'agirait de leur forme finale[1].

Bien que Shiga ait une approche sceptique des webcomics[2], il poste quelques planches sur son site officiel en , où il obtient une large audience[11],[1]. Il décide alors de continuer à poster le webcomic au fur et à mesure de la sortie des numéros du mini-comic. Le fait d'avoir planifié dès le départ l'intégralité de Demon a rendu l'œuvre exceptionnellement organisée pour un webcomic et lui a permis de publier 7 pages par semaine[2] et d'avoir une barre d'achèvement indiquant la progression de la bande dessinée vers sa conclusion[11]. Shiga improvise légèrement durant l'encrage du mini-comic et du webcomic, ajoutant certains arcs et en supprimant d'autres, résultant en 15 pages additionnelles par rapport au manuscrit original[5].

Son inscription précoce sur Patreon, où il reçoit près de 2 000 dollars par mois[2] jusqu'à la fin du webcomic en [5], convainc les éditeurs que Demon est un titre commercialisable. Shiga reçoit diverses offres et signe avec First Second Books[2].

Les 21 numéros du comic sont publiés sous la forme d'un roman graphique en quatre volumes reliés sortis à une intervalle de quatre mois entre 2016 et 2017[7], avec seulement de petits changements par rapport au matériel original. Shiga déclare que la séparation en quatre parties fut simple bien qu'il eût préféré une édition intégrale de 720 pages[6],[8].

Thématiques et influences

Demon est une série d'action fantastique[12]. Shiga déclare que Demon est un hommage aux vieux comics de super-héros et aux comics alternatifs des années 1990[8].

Dans le magazine de science-fiction Locus, Shiga écrit que pour lui la série était avant tout « l'histoire d'un homme obsédé par l'application de la logique et de la science à un phénomène surnaturel apparemment inexplicable ». Il comparait le parcours de Jimmy, du motel sordide au palais, aux progrès de l'humanité grâce aux bénéfices cumulés de la science et de la technologie. Jimmy utilise son raisonnement et l'abondance du temps pour devenir l'humain le plus puissant de l'existence[13] ..

Shiga déclare que l'immortalité et la stabilité qui en découle permettaient d'examiner ce qui donne un sens à la vie des personnages[6]. En tant que nihiliste, Shiga pense que rien n'a de sens[2].

Albums

Édition française

Prix et distinctions

En 2014, à l'occasion du Prix Ignatz, Demon est nominé pour le prix du meilleur comic en ligne et remporte le prix de la meilleure série[14]. En 2016, la série est nominée une nouvelle fois dans la catégorie meilleure série du prix Ignatz[15] et est sélectionnée au Los Angeles Times Book Prize dans la catégorie roman graphique[16]. En 2017, Demon remporte le Prix Eisner du meilleur recueil[17]. En 2018, le tome 3 de la série est en sélection officielle du 45e festival d'Angoulême[18].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Demon (comics) » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Paul Lai, « Jason Shiga on the End of Demon » [archive du ], sur Multiversity Comics, (consulté le )
  2. (en) Zachary Clemente, « Jason Shiga on Mysteries, Angoulême, and Demon » [archive du ], sur The Beat, (consulté le )
  3. (en) Jason Sacks, « Jason Shiga and his Deliciously Demented 'Demon' » [archive du ], sur Comics Bulletin, (consulté le )
  4. (en) Hillary Brown, « Cartoonist Jason Shiga Multiplies Math with Murder in Demon », Paste, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  5. (en) Ziah Grace, « Morality is a Social Construct: Jason Shiga Conjures his 'Demon' » [archive du ], sur ComicsAlliance (en), (consulté le )
  6. (en) Leo Johnson, « Jason Shiga Talks Demon » [archive du ], sur Multiversity Comics, (consulté le )
  7. (en) « First Look: Jason Shiga Talks Immortality and Philosophy in DEMON » [archive du ], sur The Beat, (consulté le )
  8. (en) Jeanette Roan, « "I Love Second Acts in Comics": An Interview with Jason Shiga » [archive du ], sur tcj.com, (consulté le )
  9. (en) Alexander Lu, « Jason Shiga thought his Eisner-winning Demon was 'too wild to ever be published' » [archive du ], sur The Beat, (consulté le )
  10. (en) Alexander Lu, « Eisner Watch 2017: get blown away by these early printings of Jason Shiga's DEMON » [archive du ], sur The Beat, (consulté le )
  11. (en) Ziah Grace, « Dark Comedy & Diabolical Puzzles: Should You Be Reading 'Demon'? » [archive du ], sur ComicsAlliance (en), (consulté le )
  12. (en) Rob Clough, « Demon | » [archive du ], sur The Comics Journal, (consulté le )
  13. (en) Jason Shiga, « Jason Shiga Guest Post–"The Science of Demon" », Locus, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  14. (en) Heidi MacDonald, « 2014 Ignatz Award Winners IN FULL » [archive du ], sur The Beat, (consulté le )
  15. (en) Michael Cavna, « Small Press Expo: Here are your 2016 Ignatz Award winners, including new talent Tillie Walden », Washington Post, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  16. (en) Michael Schaub, « L.A. Times Book Prize finalists include Zadie Smith and Rep. John Lewis; Thomas McGuane will be honored » [archive du ], sur Los Angeles Times, (consulté le )
  17. (en) Michael Cavna, « Eisner Awards: Cartoonists from Singapore, Canada and Capitol Hill win big at 'the Oscars of comics' », Washington Post, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  18. Didier Pasamonik, « Angoulême 2018 : Une sélection qui favorise les petits labels », sur Actua BD.com, (consulté en )

Liens externes

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