Denys Affre

Denys Auguste Affre, né à Saint-Rome-de-Tarn (Aveyron), le , et mort à Paris, le , fut le 126e archevêque de Paris.

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Denys Auguste Affre

Mgr Affre par Auguste-Hyacinthe Debay.
Biographie
Naissance
Saint-Rome-de-Tarn (France)
Ordination sacerdotale
Décès
Paris
Évêque de l'Église catholique
Consécration épiscopale par Card. Hugues de La Tour d'Auvergne-Lauraguais
Archevêque de Paris
Évêque titulaire de Pompeiopolis
Coadjuteur de Strasbourg

In Virtute Vis
.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Famille

La famille Affre de Saint-Rome fait partie des familles subsistantes d'ancienne bourgeoisie du Rouergue. Jacques Affre acheta la seigneurie de Saint-Rome-de-Tarn en 1770[1]. Elle fait partie de la noblesse pontificale et a reçu du Saint-Siège le titre de comte romain depuis 1876. Denys Affre est le frère de Jacques Affre-Saint-Rome.

Statue de l'archevêque à Rodez.

Biographie

Entré à quatorze ans au séminaire de Saint-Sulpice (alors sous la direction de son oncle Pierre-Denis Boyer), il acheva brillamment ses études et fut quelque temps professeur de philosophie au séminaire de Nantes. Ordonné prêtre le 16 mai 1818, il rejoignit les sulpiciens, puis fut successivement vicaire général des diocèses de Luçon et d'Amiens (1823-1833), et évêque coadjuteur de Strasbourg en 1839.

Il ne remplit jamais cette dernière fonction, ayant été appelé entre-temps comme vicaire capitulaire de Paris (conjointement avec MM. Foret et Morille), à la mort de l’archevêque Hyacinthe-Louis de Quélen. Le 6 août 1840 à Notre-Dame de Paris, il fut sacré archevêque.

Dans l’exercice de cette charge, Denys Affre se signala par une attention passionnée pour l’amélioration des études ecclésiastiques et pour la liberté de l'enseignement. On lui doit la création de l’école des Carmes et de l’école de théologie de la Sorbonne[Note 1]. Soucieux de l'évangélisation du prolétariat, il ouvrit de nombreuses paroisses ouvrières, comme celles de Ménilmontant, Plaisance, Petit-Montrouge, Maison-Blanche, Petit-Gentilly, Notre-Dame de la Gare, Billancourt, Gros-Caillou ou encore Sainte-Clotilde.

Pendant les insurrections de juin 1848, il crut que sa présence près des barricades pouvait être un moyen de ramener la paix. Il en fit part au général Louis Eugène Cavaignac, qui le mit en garde contre les dangers qu’il courait. « Ma vie, répondit-il, a peu de valeur, je la risquerai volontiers. » Le 25 juin, les tirs ayant cessé à sa demande, il apparut sur la barricade à l’entrée du Faubourg Saint-Antoine, accompagné par M. Albert, de la Garde nationale, habillé comme un ouvrier et arborant une branche verte en signe de paix, et par Pierre Sellier, un domestique qui lui était dévoué. Ses deux vicaires généraux, Antoine Jaquemet et Jules Ravinet, futurs évêques de Nantes et de Troyes, étaient également présents sur les lieux mais auraient été séparés de lui dans la confusion générale[2]. Dans le tableau de Jean-Jacques Champin La place de la Bastille et la barricade à l'entrée du faubourg Saint-Antoine, le 25 juin 1848, conservé au Musée Carnavalet, le peintre a représenté Monseigneur Affre s'avançant fatalement vers la barricade.

Il fut accueilli dans la stupeur, mais à peine eut-il prononcé quelques mots qu’un coup de feu relança les hostilités. On l’amena au presbytère de Saint-Antoine, et il fut ramené le lendemain à l'hôtel Chenizot au 51 rue Saint-Louis en l'Ile, devenu sa résidence depuis 1846, où il mourut le 27 juin, vers 4 h 30 du matin.

L'archevêque fut vraisemblablement touché par une balle perdue, sans qu'on ne sache avec certitude de quel côté celle-ci provenait : « on a tout lieu de croire qu'il a été victime d'un accident, et non d'un assassinat », écrivit ainsi Le National[3]. Prudent, le Journal des Débats publia ces lignes : « On dirait que par pitié pour l'humanité, Dieu a voulu cacher dans les ténèbres la main qui avait commis, ou cet épouvantable crime ou cet affreux malheur. »

Il est transporté blessé jusqu'à la chapelle de l'hôpital des Quinze-Vingts. Ses dernières paroles furent une citation de l'Évangile de Jean suivie d'un appel à la paix : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis, que mon sang soit le dernier versé »[4]. Le lendemain, l'Assemblée nationale vota l'hommage suivant : « L'Assemblée nationale regarde comme un devoir de proclamer sa religieuse reconnaissance et sa profonde douleur pour le dévouement et la mort saintement héroïque de Monseigneur l'archevêque de Paris. »

Les obsèques officielles, le 7 juillet, furent un spectacle émouvant. Certaines biographies parlent de 200 000 personnes qui suivaient le cortège.[réf. nécessaire] Le cœur de l'archevêque fut placé dans une urne pour être gardé dans la chapelle des Carmes.

Toponymie

En novembre 1848, le village colonial de Oued Rehan (sud de Miliana), en Algérie, fut nommé Affreville en l’honneur du prélat[5].

À Paris, il existe depuis 1864 une rue Affre, dans le 18e arrondissement.

À Nantes, la rue Affre longe la basilique Saint-Nicolas.

On trouve également une rue Affre à Toulouse, une rue Denis-Affre à Saint-Affrique une rue Denis Affre à Millau et à Rodez, et une avenue Denis-Affre à Saint-Rome-de-Tarn.

Hommages et iconographie

Détail d'un vitrail de l'église Saint-Roch de Paris.
Henry de Triqueti, Projet de tombeau pour monseigneur Affre, archevêque de Paris.

À l'occasion des jubilés de la mort de Mgr Affre, des commémorations ont lieu à Saint-Rome-de-Tarn, en présence d'autorités civiles et religieuses et de la famille Affre. Les cent-cinquante ans ont été célébrés le , entre autres, par le cardinal Jean-Marie Lustiger[6].

De très nombreuses médailles ont été frappées en 1848 et 1849 pour commémorer la mort tragique de l'archevêque de Paris. Le musée Carnavalet en conserve plusieurs dizaines.

Le tombeau de Mgr Affre est toujours visible à la cathédrale Notre-Dame de Paris, dans la chapelle Saint-Denis, située au Sud du chœur. Le gisant, œuvre du sculpteur Auguste-Hyacinthe Debay, représente Mgr Affre au sol, mortellement blessé[7].

À Affreville, une statue due au sculpteur algérois André Greck est inaugurée en . Elle représente Mgr Affre au moment où il est frappé par la balle. Cette statue est démontée en 1964 pour être installée à Saint-Rome-de-Tarn, sa ville natale. Une plaque est d'ailleurs apposée sur sa maison natale.

La ville de Rodez abrite également, depuis la fin du XIXe siècle, une statue similaire, due au sculpteur Jean-Auguste Barre (Thiébaut fondeur).

Au séminaire des Carmes, une stèle rend hommage à Mgr Affre, son fondateur.

Un vitrail représentant MgrAffre est visible à l'église Saint-Roch de Paris, dans la chapelle de l'Adoration[8]. Il est à noter qu'il n'est pas représenté dans l'action de sa mort, mais « en majesté », ce qui est rare. Dans l'église Sainte-Marguerite, un vitrail commémore sa mort, sans le représenter.

Le , pour le centenaire de sa mort, un timbre postal d'une valeur faciale de 20 francs (avec supplément de 8 francs) fut émis, le représentant[9].

Robert-Victor, poète, reçut en 1857 une médaille en argent à l'effigie de Napoléon III de l'Académie universelle des arts et manufactures, sciences, musique, belles-lettres et beaux-arts de Paris, pour un poème à la mémoire de Mgr Affre[10].

Ouvrages

Articles
  • Divers articles dans La France chrétienne
Livres
  • Nouvel essai sur les hiéroglyphes égyptiens, d'après la critique de M. Klaproth sur les travaux de M . Champollion jeune, Paris, Ad. le Clerc et Cie, Imprimeur-Libraires, 1834
  • Traité de l'administration temporelle des paroisses (Paris, 1827)
  • Traité de la propriété des biens ecclésiastiques (Paris, 1837)
  • Introduction philosophique à l'étude du christianisme (Paris, 5e édition 1846).

Notes et références

Notes

Denys Affre compte parmi les descendants de sa famille la mère de Léo Taxil, marseillais internationalement connu comme l'auteur du canular de Taxil dont les francs-maçons ont été l'objet pendant une douzaine d'années à la fin du XIXe siècle[11].

  1. Cette école de théologie sera fermée sur ordre de Jules Ferry en 1885

Références

  1. Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-Nobiliaire-Français, 2012, p.44
  2. Voir partie Documents Annexes dans R. Limouzin-Lamothe et J. Leflon, Mgr Denys-Auguste Affre, Archevêque de Paris (1793-1848), Libraire philosophique J. Vrin, , 380 p. (lire en ligne), p. 369-374
  3. Le National du 27 juin 1848, cité dans Monseigneur Denys-Auguste Affre, archevêque de Paris (1793-1848), par Roger Limouzin-Lamothe et Jean Leflon, Librairie J. Vrin, 1971, p. 348.
  4. Monseigneur Affre sur lagouttedor.net
  5. Hommage à Monseigneur Affre sur alger-roi.fr.
  6. Jean-Marie Lustiger à Saint-Rome de Tarn : Le jour du Monseigneur sur ladepeche.fr.
  7. Photographie du tombeau de Mgr Affre à Notre-Dame de Paris, 1908.
  8. Revue d'archéologie moderne et générale, no 3, p. 32 ;
  9. Timbre français de Mgr Affre, 1848 sur wikitimbres.fr. Consulté le 5 décembre 2015.
  10. Le martyr des barricades
  11. Léo Taxil, Confessions d'un ex-libre-penseur, Paris, Letouzey & Ané, , 416 p. (présentation en ligne), p. 8

Voir aussi

Bibliographie

  • Abbé Lucien Alazard, Denis-Auguste Affre, 1905 (ouvrage couronné par le Prix Montyon de l'Académie française)
  • Fernand de Barrau, Mgr Affre, archevêque de Paris (1793-1848), 1909
  • Jean-Alexis Belliol, La Mort de l'archevêque de Paris Denis-Auguste Affre : poème, A. Leclère et G. A. Dentu, 1849
  • Émile Blanchet, Mgr Affre et son temps, Bonne Presse, 1948
  • Jean Collot, L'Archevêque des barricades : Monseigneur Affre (1793-1848), Le Chevron d'or, 1948
  • Abbé Patrice-François-Marie Cruice, Vie de Denis-Auguste Affre, archevêque de Paris, Périsse frères, 1849
  • Roger Limouzin-Lamothe, Mgr Denys-Auguste Affre : archevêque de Paris : 1793-1848, J. Vrin, 1971
  • Anne Bernet, La Vie cachée de Catherine Labouré, Paris, Perrin, 2001.

Articles connexes

Liens externes

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