Dicamba

Le dicamba est un désherbant organochloré actif sur un certain nombre d'adventices dicotylédones. Il a été déclaré en tant qu'herbicide aux États-Unis en 1967 et a depuis été communément utilisé aussi bien en agriculture que dans les secteurs industriels et résidentiels[4]. C'est un dérivé du benzène, ou plus précisément de l'acide benzoïque. Il est produit par de nombreuses entreprises (25 fabricants aux États-Unis en 2010) et commercialisé sous diverses marques, notamment Banvel, Diablo, Oracle et Vanquish[5]. Les principaux producteurs à l'échelle mondiale sont BASF, Changqing Agrochemical, DuPont, Monsanto, Syngenta et Yangnong Chemical[6],[7].

Dicamba
Identification
No CAS 1918-00-9
U.S. EPA PC 029801
CA DPR Chem 200
No ECHA 100.016.033
No CE 217-635-6
SMILES
InChI
Apparence cristaux incolores[1].
Propriétés chimiques
Formule C8H6Cl2O3  [Isomères]
Masse molaire[2] 221,037 ± 0,012 g/mol
C 43,47 %, H 2,74 %, Cl 32,08 %, O 21,72 %,
pKa 1,97
Propriétés physiques
fusion 114 à 116 °C[1]
ébullition Se décompose au-dessous du point d'ébullition à 200 °C[1]
Solubilité dans l'eau à 25 °C : 7,9 g·l-1[1]
Masse volumique 1,57 g·cm-3[1]
Pression de vapeur saturante à 25 °C : 0,004 5 Pa[1]
Précautions
SGH[3]

Danger
H302, H318 et H412
Transport
-
   3077   
Écotoxicologie
DL50 1 190 mg·kg-1 souris oral
>1 000 mg·kg-1 rat peau
CL50 200 mg·l-1 (rat, inhalation)

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Mode d'action

Le dicamba fait partie des herbicides agissant comme une phytohormone. À doses infimes, il peut stimuler ou interrompre la croissance des dicotylédones[8].

La firme Monsanto, principal producteur de dicamba dans le monde en parallèle du glyphosate (auquel certaines plantes ont développé localement une résistance), produit des espèces végétales génétiquement modifiées, résistantes au dicamba[9].

Toxicité

Le dicamba est modérément toxique par ingestion pour l'homme (la DL50 orale chez le rat est de 757 mg·kg-1 de poids de corps) et faiblement toxique par inhalation (CL50200 mg·l-1 pour le rat) ou voie cutanée (DL50 > 2,000 mg·kg-1 pour le rat)[10].

La plupart des données proviennent d’études sur des animaux de laboratoires, non extrapolables avec certitude à l’Humain, et ne prenant pas en compte d’éventuels effets synergiques, de long terme ou de potentialisation[réf. souhaitée].

De plus les effets varient selon les animaux étudiés : une étude n’a relevé aucun effet sur la reproduction de rats en captivité (exposés sur trois générations) mais chez la lapine le taux d’avortement augmente au-dessus de 10 mg·kg-1 et le poids des fœtus diminue à 0; 0,5; 1; 3; 10 ou 20 mg·kg-1·j-1 (distribuées du 6e au 18e jour de la gestation), avec des effets toxiques notés chez la mère. Des effets sur le foie sont notés chez la souris, mais n’ont pas été détectés chez l’homme[11].

Interdiction

Le dicamba a été interdit par l’État de l'Arkansas en 2017[12]. La compagnie Monsanto qui fait appel contre cette décision, a été déboutée en 2018[13].

Les réserves émises à l'encontre de son utilisation relèvent de son action nocive pour la flore (et possiblement la faune) locale — le produit, volatil, pouvant être transporté sur de longues distances après épandage[9],[14] — et du principe de précaution, son action sur les divers organismes (dont l'homme) étant toujours à l'étude.

Effet sur la santé

Le dicamba ne semble pas être mutagène, mais est suspecté d’être tératogène chez l’homme, bien que de tels effets n’ont pas été démontrés chez le rat ou le lapin.

Il pourrait aussi interférer avec les processus de reproduction.

Symptômes d’empoisonnement chez l'homme, par le dicamba : perte d’appétit (anorexie), vomissement, douleurs et contractions musculaires (spasmes, battements de cœur), essoufflement, effets sur le système nerveux central, traces d'acide benzoïque dans l'urine, incontinence, cyanose (peau bleue), et épuisement induit par spasmes musculaires répétés.
L’inhalation peut être suivie d'irritation des cloisons nasales, des poumons et d’une perte de voix.

Le dicamba est très irritant et corrosif pour les muqueuses oculaires et l’œil qu’il peut endommager durablement en cas de projection si les yeux n’ont pas été immédiatement nettoyés (rinçage à l'eau courante durant au moins 15 minutes, qui n’exclura éventuellement pas un gonflement des paupières et une opacification de la cornée durant une semaine.

[réf. souhaitée]

Réglementation

Sur le plan de la réglementation des produits phytopharmaceutiques :

Controverse

Pour remplacer le Roundup, la firme Monsanto pousse ce désherbant qui inquiète fortement des associations de citoyens car il est estimé que celui-ci est 75 à 400 fois plus dangereux que le glyphosate pour les plantes environnantes et les insectes.

Cet herbicide inquiète d'autant plus les associations que celui-ci est un produit partiellement volatil dont une partie de la dose appliquée peut rester en suspension ou s'évaporer après épandage (avant absorption ou dégradation donc sous forme active) avec donc un risque d'effets à distance de la zone d'épandage sous le simple effet du vent.

Par ailleurs une ferme bio a été obligée de détruire ses propres récoltes après avoir été contaminées par du dicamba utilisé à des kilomètres[15],[16].

En 2017, 2 700 agriculteurs, dans 24 États américains, ont porté plainte contre Monsanto et BASF pour des dégâts sur leur culture dus à des épandages non controlés de dicamba[17].

Voir aussi

Liens externes

Références

  1. DICAMBA, Fiches internationales de sécurité chimique
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. Numéro index 607-043-00-X dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du règlement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008)
  4. United States Environmental Protection Agency,Reregistration Eligibility Decision for Dicamba and Associated Salts, 2006
  5. « Agrochimie. Après le glyphosate, le dicamba fait des ravages aux États-Unis », Courrier international, (lire en ligne, consulté le )
  6. https://toxnet.nlm.nih.gov/cgi-bin/sis/search2/r?dbs+hsdb:@term+@rn+@rel+1918-00-9
  7. https://www.openpr.com/news/592405/Global-Dicamba-Market-2017-Monsanto-Dupont-BASF-Syngenta-Yangnong-Chemical.html
  8. Arnold P. Appleby, Franz Müller. "Weed Control, 2" in Ullmann's Encyclopedia of Industrial Chemistry 2011, Wiley-VCH, Weinheim. DOI:10.1002/14356007.o28_o01
  9. Aurore Coulaud, « Dicamba : après le glyphosate, un autre désherbant déclenche une nouvelle polémique », sur liberation.fr, (consulté le )
  10. (en) « Dicamba », sur pmep.cce.cornell.edu (consulté le )
  11. Pesticide Information Profile - Dicamba, Pesticide Management Education Program, université Cornell
  12. (en) Lorraine Chow, « Arkansas Could Become First State to Ban Dicamba », ecowatch.com, (consulté le )
  13. (en) « Monsanto’s Lawsuit Against Arkansas for Dicamba Ban Dismissed », Modern Farmer,
  14. « Dicamba : le pesticide qui se répand au-delà des champs », sur criigen.org (consulté le )
  15. MesOpinions.com, « Pétition : Dicamba : l’herbicide de l’apocalypse », sur https://www.mesopinions.com/ (consulté le )
  16. Aurore Coulaud, « Dicamba : après le glyphosate, un autre désherbant déclenche une nouvelle polémique », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le )
  17. « États-Unis : les effets dévastateurs du dicamba, le dernier pesticide de Monsanto », sur France 24 le 3 novembre 2017
  • Portail de la chimie
  • Portail de l’agriculture et l’agronomie
  • Portail de la protection des cultures
  • Portail de l'écotoxicologie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.