Bachelor universitaire de technologie
Le bachelor universitaire de technologie (BUT) est une licence professionnelle, et un diplôme national de l’enseignement supérieur français créé en 2019 sanctionnant les trois premières années d'études dans un institut universitaire de technologie (IUT). Ce diplôme permet la délivrance intermédiaire d'un diplôme universitaire de technologie (DUT). Il sanctionne trois ans d'études avec 180 crédits ECTS.
Pour les articles homonymes, voir Bachelor (France) et BUT.
Bachelor universitaire de technologie | |
Certification du ministère de l'Enseignement supérieur garantissant son contrôle et l'authenticité du diplôme. | |
Pays | France |
---|---|
Établissements | Institut universitaire de technologie (IUT) |
Nombre d'étudiants | 50 % des places réservées aux bacheliers technologiques[1] |
Sélection | |
Diplômes requis | Baccalauréat technologique |
Accès | Bac + 0 (Niveau 4) |
Diplôme | |
Durée de la formation | 3 ans |
Diplôme délivré | Bachelor universitaire de technologie |
Niveau du diplôme au RNCP |
Bac + 3 (Niveau 6) |
Grade | Licence |
Débouchés | |
Diplômes accessibles | Aucun |
Profession | Métiers du BUT |
Historique
En 1965, quatre départements expérimentaux sont créés à Rouen (spécialité chimie), Nancy (spécialité biologie appliquée), Paris (spécialité électronique) et Toulouse (spécialité construction mécanique). Les méthodes d’enseignement et les objectifs employés préfiguraient la création officielle un an plus tard des Instituts universitaires de technologie.
Le , les Instituts universitaires de technologie sont créés (décret no 66-27). Sept mois plus tard, quatorze IUT sont créés par le décret no 66-653 du dans les villes de Bordeaux, Grenoble, Lille, Montpellier, Nancy, Nantes (Angers), Orléans, Paris (Orsay et Cachan), Poitiers, Reims, Rennes, Rouen et Toulouse. Ils répondent à un besoin de cadres intermédiaires de l’économie française en proposant un diplôme professionnalisant en deux ans après le baccalauréat : le Diplôme universitaire de technologie (DUT). Le de la même année, une liste de 8 spécialités à enseigner en vue de l’obtention du diplôme universitaire de technologie est fixée par arrêté :
- Construction mécanique ;
- Électronique, télécommunications et automatisme ;
- Énergétique, électrotechnique ;
- Informatique ;
- Gestion des entreprises ;
- Biologie appliquée ;
- Chimie ;
- Génie civil
En janvier 2013, 83 % des étudiants poursuivent leurs études après l’obtention de leur DUT[2]. C'est davantage que les diplômés de BTS, qui sont enclins à travailler plus tôt (à la rentrée 2007, seulement 33,5 % des titulaires d'un BTS avaient ainsi continué leurs études[3]).
L'ère du DUT et de la licence professionnelle évolue en septembre 2021. À compter de cette date, un nouveau diplôme en trois ans, de niveau 6 au RNCP, et conférant 180 crédits ECTS[4],[5], le « bachelor universitaire de technologie »[6] devient le diplôme de référence des institut universitaire de technologie (IUT)[7]. S'inscrivant dans le cadre de l'arrêté Licences professionnelles de décembre 2019[8], le BUT en est une forme spécifique, uniquement dispensée au sein des instituts universitaires de technologie (IUT). Les étudiants se voient délivrer au bout de deux ans un diplôme universitaire de technologie (DUT)[4].
C'est un type de licence particulier, comprenant trois années de cours et un diplôme dit “terminal”, car il n'ouvre pas "de droit"[9] d'accès aux masters.
Déroulement des études
Actuellement, la formation se déroule selon les articles D643-59 et suivants du code de l'éducation[10], l’arrêté du 20 avril 1994 relatif au diplôme universitaire de technologie[N 1], l’arrêté du 23 avril 2002 relatif aux études universitaires conduisant au grade de licence et l’arrêté du 3 août 2005[11].
Objectifs
Selon l’arrêté de 2005, la formation vise l’acquisition des connaissances et compétences nécessaires à l’exercice des fonctions d’encadrement technique et professionnel dans certains secteurs de la production, de la recherche appliquée et des services, tout en intégrant les éléments permettant de maîtriser les futures évolutions de ces fonctions. La formation concourt à l’épanouissement personnel, au développement du sens des responsabilités et à l’apprentissage du travail individuel et en équipe[12].
Pour chacune des spécialités du diplôme universitaire de technologie, les programmes sont fixés par arrêté du ministre chargé de l’enseignement supérieur, après avis de la commission pédagogique nationale concernée[13].
Pour chaque spécialité, le programme pédagogique national doit inclure un dispositif d’accueil, de tutorat, d’accompagnement et de soutien à l’orientation de chaque étudiant afin de favoriser la réussite de son projet personnel et professionnel. Ce dispositif doit être accessible tout au long du parcours de formation et se traduira dans le programme pédagogique national par, notamment, un enseignement spécifique[14].
Le programme pédagogique national doit favoriser la mise en place dans chaque enseignement de modalités pédagogiques destinées à faire évoluer l’étudiant vers l’autonomie dans l’acquisition des savoirs, en intégrant l’enseignement de méthodologie du travail universitaire et de techniques d’apprentissage et en faisant appel aux technologies de l’information et de la communication appliquées à l’enseignement. La méthodologie du travail universitaire et les techniques d'apprentissage représentent un volume horaire de l’ordre de 10 % de la formation encadrée. Elles doivent être dispensées dans chacun des enseignements et font aussi l’objet de modules spécifiques. L’enseignement des langues fait référence au cadre commun du Conseil de l'Europe[14].
Admission
Selon l’arrêté de 2005, « la capacité d’accueil de chaque département d’institut universitaire de technologie est fixée dans le cadre de la carte universitaire et de la politique contractuelle par le président de l’université sur proposition du directeur de l’IUT concerné, après avis du conseil de l’IUT. »[15]
Depuis 2008, l’admission est de droit pour les élèves qui obtiennent la même année une mention « bien » ou « très bien » au baccalauréat dont le champ professionnel est en cohérence avec le département d'institut universitaire de technologie demandé[16].
Les autres élèves sont admis sur dossier parmi :
- Les titulaires du baccalauréat ou d’une équivalence ou dispense de ce grade,
- Les étudiants ayant suivi un enseignement supérieur de deux ans qu’ils souhaitent compléter par une formation technologique courte ;
- Après validation de leurs études, expériences professionnelles ou acquis personnels, des personnes engagées ou non dans la vie active[17].
Les demandes d’admission sont examinées par un jury désigné par le président de l’université, sur proposition du directeur de l’IUT. Le jury se prononce en fonction des éléments figurant au dossier de candidature, éventuellement complétés par un entretien ou un test[18].
Les étudiants sont généralement recrutés sur dossier et entretien[19]. De manière statistique, on sait que les étudiants inscrits viennent à 25% de Section de techniciens supérieurs (BTS), 22% d'Instituts universitaires de technologie (DUT), 6% d'université (licence générale, dont 2% redoublent leur troisième année), et 3% viennent d'une autre licence professionnelle. Plus de 40 % n’étaient pas inscrits à l’université l'année précédente (données de 2017-2018)[20]. Selon Paul Santelmann, la forte proportion d'étudiants en provenance des sections de techniciens supérieurs (BTS) est quelque peu paradoxale puisque les licences professionnelles ont été conçues initialement pour écourter l’allongement des études des étudiants engagés dans les filières généralistes peu prometteuses en employabilité et non pour allonger le parcours des titulaires de BTS et de DUT, diplômes supposés correspondre aux besoins des entreprises. Si de nombreuses licences professionnelles correspondent à des besoins des entreprises et sont même conçues en partenariat avec certaines d’entre elles, cette situation témoigne, selon lui, d’une dynamique de l’enseignement professionnel supérieur plutôt incohérente[21]. Plus généralement, les mécanismes de massification de la poursuite d’études sont devenus des vecteurs de dévaluation des diplômes et conduisent à un sentiment de déclassement.
Organisation
La durée des études est de six semestres à temps plein dans le premier cas, d’un an à temps plein dans le second. Dans le troisième cas, la formation est organisée à temps plein, à temps partiel ou en alternance[17].
Les enseignements comportent des cours, des travaux dirigés et des travaux pratiques (1800 ou 1640 heures sur quatre trimestres selon les spécialités), des projets tutorés (au moins 300 h) « destinés à faciliter l'autonomie de l'étudiant dans la mise en œuvre et le maniement des concepts enseignés dans le cadre de la formation encadrée» et un ou plusieurs stages en entreprise (au minimum 10 semaines[22]). La présence à toutes les activités pédagogiques est obligatoire[23] et le contrôle des connaissances se fait par contrôle continu[24].
Les enseignements sont regroupés par semestre en deux, trois ou quatre « unités d’enseignement », elles-mêmes divisées en « modules d'enseignement ».
Dans le cadre du projet personnel et professionnel, les parcours de formation conduisant au diplôme universitaire de technologie comprennent, d'une part, une « majeure » garantissant le cœur des compétences attendues dans le domaine professionnel visé, d'autre part, trois types de modules complémentaires d'approfondissement technologique, de renforcement des compétences professionnelles et d'ouverture scientifique, qui concourent soit à améliorer l'insertion au niveau III, soit à préparer l'accession à une certification de niveau II, soit à permettre une poursuite d'études vers une certification de niveau I. Ces modules complémentaires font partie intégrante du diplôme universitaire de technologie au même titre que la majeure. Ils interviennent pour un volume du 15 % à 20 % du volume horaire global de la formation. Certaines unités d'enseignement ou certains modules constitutifs du parcours de formation, dûment identifiés, peuvent être organisés et validés en coopération avec d'autres composantes de l'université ou dans le cadre d'une convention entre l'université et un institut ou un établissement d'enseignement supérieur différent, français ou étranger.
Validation des parcours de formation
La validation des parcours de formation est régie par le titre III de l’arrêté de 2005.
L’étudiant a validé un semestre si :
- la moyenne du semestre est supérieure à 10/20, avec de plus une note supérieure à 8/20 pour chaque unité d’enseignement (UE) ;
- les semestres précédents sont validés.
Il est toutefois possible de compenser les notes de deux semestres consécutifs[25].
La réglementation concernant le bachelor universitaire de technologie s’inscrit depuis 2005 dans le cadre de l’application au système français d’enseignement supérieur de la construction de l’Espace européen de l'enseignement supérieur (dite réforme LMD). Chaque unité d’enseignement est ainsi associée à un certain nombre de crédits du système européen de transfert et d'accumulation de crédits, et la délivrance du diplôme donne lieu à l’obtention de 120 de ces crédits[22].
Effectifs
En 2018, 52 400 étudiants sont inscrits en licence professionnelle[20]. Le nombre d'inscriptions a augmenté de 18 % en dix ans, contre 10% en licence généraliste sur la même période. Près d'1 personne sur 3 est inscrite en contrat d'alternance (contrat professionnel ou contrat d'apprentissage).
Légende: (A) Droit 4%, (B) Économie, gestion, AES 44%, (C) Lettres, Sciences humaines 11%, (D) Santé 0%, (E) Sciences 39%, (F) STAPS 1%[20].
Mentions
Il existe 24 spécialités de BUT, avec parfois des parcours dans une même spécialité[26].
Secteur tertiaire
- BUT carrières juridiques
- BUT carrières sociales
- BUT gestion administrative et commerciale des organisations (GACO)
- BUT gestion des entreprises et des administrations (GEA)
- BUT gestion logistique et transport (GLT)
- BUT information-communication (Info-Com)
- BUT statistique et informatique décisionnelle
- BUT techniques de commercialisation (TC)
Secteur scientifique
- BUT chimie
- BUT génie biologique : santé (GBS), agro-alimentaire (GB2A) ou environnement (GBE)
- BUT génie chimique, génie des procédés (GCGP)
- BUT génie civil et construction durable (GCCD)
- BUT génie électrique et informatique industrielle (GEII ou GE2I)
- BUT génie industriel et maintenance (GIM)
- BUT génie mécanique et productique (GMP)
- BUT génie thermique et énergie (GTE)
- BUT hygiène, sécurité et environnement (HSE)
- BUT informatique (Info)
- BUT mesures physiques (MP)
- BUT génie du conditionnement et de l'emballage
- BUT qualité, logistique industrielle et organisation (QLIO)
- BUT réseaux et télécommunications (R&T)
- BUT sciences et génie des matériaux
- BUT métiers du multimédia et de l'internet (MMI)
Équivalence internationale
Cas du Québec
Le BUT est reconnu comme étant équivalent à un diplôme d'études collégiales techniques (DEC technique de 3 ans) au Québec, soit entre un baccalauréat général du lycée français et la première année universitaire française[27]. Le ministère de l'immigration du Québec précise que l'équivalent du baccalauréat universitaire au Québec (3-4 ans après le DEC général) est une licence (Bac+3).
Les universités du Québec peuvent cependant reconnaître une partie des cours du DUT qui sont de niveau universitaire, mais cette équivalence ne peut jamais dépasser plus de 50 % du programme universitaire québécois. Ceci peut signifier de prendre des cours jusqu'à deux années universitaires pour une reconnaissance du titre universitaire qu'offrirait le DUT en France[28].
Pour obtenir une équivalence, le ministère de l'immigration du Québec facture un montant forfaitaire pour l'analyse du dossier et chaque demande est traité selon les antécédents totaux du demandeur. Cette équivalence permet aux acteurs économiques québécois d'avoir un comparatif avec le système d'enseignement québécois mais dans quelques rares cas, l'entreprise peut exiger d'obtenir un diplôme officiel québécois.
Cas de la Suisse
L'équivalence du BUT en Suisse est communément le diplôme de technicien ES[réf. souhaitée].
Notes et références
Notes
- celui-ci n’a pas été abrogé par l’arrêté de 2005
Références
- Sur www.jeunes.gouv.fr
- « Les diplômes universitaires de technologie (DUT) », sur http://www.onisep.fr, (consulté le )
- Source : site du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche (mis à jour le 14 février 2008.
- « Arrêté du 6 décembre 2019 portant réforme de la licence professionnelle »,
- « Du DUT au BUT : quels sont les changements liés à la réforme ? »,
- « Les BUT (bachelors universitaires de technologie) », sur onisep.fr (consulté le )
- « La licence professionnelle », sur Ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (consulté le ).
- « Arrêté du 6 décembre 2019 portant réforme de la licence professionnelle - Légifrance », sur legifrance.gouv.fr (consulté le ).
- Arrêté du 6 décembre 2019 portant réforme de la licence professionnelle (lire en ligne)
- Article D643-59 du code de l’éducation, anciennement décret no 66-27 du 7 janvier 1966 portant création d’instituts universitaires de technologie puis décret no 69-63 du 20 janvier 1969 relatif aux instituts de technologie universitaire (après la Loi Faure) puis décret no 84-1004 du 12 novembre 1984 relatif aux instituts universitaires de technologie (après la Loi Savary)
- Arrêté du 3 août 2005 relatif au diplôme universitaire de technologie dans l’Espace européen de l'enseignement supérieur
- Arrêté du 3 août 2005, article 7
- Arrêté du 3 août 2005, article 9
- Arrêté du 3 août 2005, article 15
- Arrêté du 3 août 2005, article 1
- article 4 décret 84-1004
- Article 4 du décret n°84-1004 du 12 novembre 1984 relatif aux instituts universitaires de technologie
- art. 3 arrêté 2005
- www.onisep.fr
- « Les effectifs en licence professionnelle en 2017-2018 », sur Ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (consulté le )
- Paul Santelmann: "La formation professionnelle au milieu du gué", http://www.ciriec.uliege.be/wp-content/uploads/2020/07/EDUCATION-INT-GNRL-ebook-1.pdf#page=479
- Arrêté du 3 août 2005, article 11
- Arrêté du 3 août 2005, article 16
- Arrêté du 3 août 2005, article 18
- Arrêté du 3 août 2005, article 20
- Annexe II du décret n°84-1004 du 12 novembre 1984 relatif aux instituts universitaires de technologie
- Consulat de France à Montréal, « Schéma simplifié des études en France et au Québec. Équivalence des diplômes France-Québec » (version du 19 juin 2006 sur l'Internet Archive).
- Sénat de France, « Québec : Reconnaissance des diplômes français ».
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
- « Maquette actuelle du diplôme », sur education.gouv.fr
- Première rentrée des étudiants en BUT
- Annuaire des DUT, sur iut.fr
- Programmes pédagogiques nationaux des DUT, sur enseignementsup-recherche.gouv.fr
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