Don (traitement de respect)
Le terme dom ou don est un terme qui se retrouve dans certaines langues romanes (espagnol mais aussi occitan, portugais et italien) une marque de respect particulière.
La version espagnole (se prononce /dɔn/, le féminin doña se prononçant /doŋa/), qui est la plus connue, est une marque de respect castillane qui, en langue espagnole, ne s'emploie que devant un prénom, avec ou sans mention du nom ou des noms de famille (don Ali Haidar , doña Laura, don Alberto Fernández, doña Laura García Pérez, etc.).
Ce sont des dérivés du bas-latin dominus, qui signifie « seigneur ». Cette acception de dominus comme « seigneur » a d'ailleurs été conservée en espagnol parmi les acceptions du mot don lorsque celui-ci n'est pas utilisé en accompagnement d'un prénom mais comme un nom commun[1]. Par exemple, cuatro dones[2] castellanos se traduit comme 'quatre seigneurs castillans', alors que dans le traitement de respect de don Juan Manuel (1282-1348), le terme don, lorsque mentionné en langue française, conserve sa forme espagnole originelle. Le présent article porte sur cette dernière acception (marque de respect).
Dans l'Espagne actuelle, don et doña s'écrivent par défaut avec minuscule initiale et sont des marques de respect qui s'adressent à n'importe quelle personne, qu'elle soit espagnole ou non, qu'elle soit noble ou non, et ce sans distinction d'âge ou de classe économique ou sociale. En revanche, il est admis que ce traitement n'est utilisé que pour des personnes appartenant au monde hispanique. On dira en effet don Mariano Rajoy Brey, président du gouvernement, mais jamais "don François Hollande" ou "doña Angela Merkel". En français, dom est appliqué aux religieux de certains ordres, en particulier les ordres bénédictin et cartusien.
Don/doña (Espagne)
Don fut d'abord utilisé au Moyen Âge pour les nobles les plus importants (les « riches-hommes ») de Castille et d'Aragon, avant d'être employé, à l'époque moderne, pour tous les nobles. Il ne s'appliquait d'abord qu'aux princes, aux évêques et aux seigneurs ; par la suite, il fut donné à tout hidalgo.
Don/donna en langue italienne
Avec la mainmise, à partir du XVIe siècle, de la monarchie espagnole sur le sud de la péninsule italienne, l'usage de don se répandit dans toute l'Italie. Il est alors employé comme adresse honorifique, utilisée avant le prénom de ceux appartenant à la noblesse italienne (ex. : don Carlo Ruffo di Calabria, donna Paola de' Frescobaldi). Pourtant, l'usage était déjà accrédité avant l'époque de Dante, sous la forme de donno, dérivé de dominus, abrégé ensuite en don. C'est aussi vers le XVIIe siècle que l'usage se répandit de donner du don aux religieux dans les péninsules ibérique et italienne. À noter que le féminin, donna, signifie femme en italien. Depuis le XIXe siècle, le titre de don est utilisé pour toute personne que l'on souhaite honorer. Il est également devenu un titre officiel des parrains de la mafia sicilienne, les capifamiglia.
Dom en langue portugaise
Le portugais dom (féminin dona) est l'exact équivalent du castillan don. C'est par le portugais que ce titre fut connu en français avant le don espagnol. C'est pourquoi les chanoines réguliers du Latran et les moines bénédictins sont encore appelés dom et la pièce de Molière Dom Juan, transcription française de l'original Don Juan. L'opéra de Mozart, Don Giovanni, emploie la traduction italienne du nom du héros de Tirso de Molina, puisque c'est la langue du livret.
Don en occitan
Le terme don (masculin) et dona (féminin) recouvre en occitan plusieurs sens qui se rapporte au titre de la personne. Contrairement à l'espagnol, le terme s'emploie avant tout devant un nom de famille.
Il s'agit tout d'abord au Moyen Âge de désigner d'abord le seigneur et la dame[3]. Existe des diminutifs de ce titre notamment au féminin où dona devient na en ancien occitan : ex. Na de Casteldosa. Plus tard, il désigne un grand propriétaire, voire un maître ou maîtresse de maison[4]. Enfin, un sens proche désigne par don ou dona le propriétaire d'un domaine, souvent en zone rurale.
Dom en langue française
En français, le titre dom n'a pas le sens partagé de l'espagnol don et du portugais dom. Il est alors appliqué aux religieux de certains ordres qui, jadis, ne recevaient que des nobles, par exemple les Bénédictins, les Chartreux, etc. On dit qu'il fut primitivement porté par le pape, d'où il passa aux évêques et enfin aux simples moines. Devant les noms de religieux, on écrit toujours dom, avec minuscule initiale, comme dom Philippe Piron, père abbé de l'abbaye bénédictine de Sainte-Anne de Kergonan (voir dom Jean Baptiste Gaï).
Notes et références
- don, deuxième entrée, troisième acception (Diccionario de la lengua española, édition en ligne de la 23e édition, Real Academia Española, Madrid, 2014)
- Dans l'acception de « seigneur » le pluriel de don est dones.
- Jean-Pierre Chambon, « A tota dona, d’una en fors : sur le vers 817 de Flamenca », Revue des Langues Romanes, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée (Université Paul-Valéry), vol. CXXI « Esta canso es faita d’aital guia... Études sur la chanson de geste occitane », , p. 257-263 (ISSN 2391-114X, lire en ligne)
- (oc) « Dòna ; entrée du Diccionari deus noms pròpis (Dictionnaire des noms propores et toponymes en occitan) », sur http://dicesp.locongres.com/ ; Diccionari deus noms pròpis sur le site du Congrès permanent de la lenga occitana (Congrès permanent de la langue occitane), (consulté le ).
Source partielle
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Don » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)