Doctolib

Doctolib est une entreprise française fondée en 2013 par Stanislas Niox-Chateau qui propose un logiciel de gestion des rendez-vous ainsi qu'un service de prise de rendez-vous en ligne pour les patients en France, en Italie et en Allemagne. Le site met en avant ces services aux patients pour les professionnels de santé mais on note au second plan ces mêmes services pour des personnes exerçant des professions non réglementées et des pseudo-médecines.

Doctolib

Logo de Doctolib

Création 5 août 2013
Fondateurs Stanislas Niox-Chateau, Steve Abou Rjeily, Jessy Bernal, Ivan Schneider, Thomas Landais et Franck Tetzlaff [1]
Forme juridique Société par actions simplifiée
Siège social Levallois-Perret, Hauts-de-Seine
France
Directeurs Stanislas Niox-Chateau[2]
Actionnaires Bpifrance, General Altantic, Eurazeo, Accel Partners, Pierre Kosciusko-Morizet, Nicolas Brusson, Antoine Freysz, Pierre Krings, Bertrand Jelensperger, Ludwig Klitzsch, Olivier Occelli, Maxime Forgeot
Activité Programmation informatique
Produits Service en ligne professionnel, prise de rendez-vous médical en ligne
Effectif 2 500
SIREN 794598813[3]
TVA européenne FR14794598813
Site web www.doctolib.fr

Chiffre d'affaires Comptes non disponibles[4]

Histoire

Doctolib est créé en [5] par Stanislas Niox-Château, Jessy Bernal, Ivan Schneider et Steve Abou-Rjeily, avec la participation de 50 praticiens partenaires (médecins, dentistes)[6]. L’entreprise obtient à ses débuts le soutien de la ville de Paris, du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et du Fonds social européen, à travers l’incubateur Agoranov[7].

En , Doctolib lève 1 million d’euros auprès d’entrepreneurs français, comme Bertrand Jelensperger (cofondateur de La Fourchette), Olivier Occelli (fondateur de NaturaBuy) et Antoine Freyz (Lastminute).

En , Doctolib est déployé dans la première clinique[8]. En , Doctolib lève 4 millions d’euros auprès de ses investisseurs historiques[9] et de nouveaux investisseurs, comme Pierre Kosciusko-Morizet et Pierre Krings, cofondateurs de PriceMinister[10]. À cette même période, Doctolib installe ses bureaux dans dix des plus grandes villes de France[11].

Un mois plus tard, en , Doctolib travaille avec 1 500 professionnels de santé partenaires et 15 établissements privés [10].

En , le fonds d’investissement Accel Partners entre au capital de Doctolib, à l’occasion d’une nouvelle levée de fonds de 18 millions d’euros[12].

En , Doctolib lance ses activités en Allemagne, avec une équipe composée de 10 personnes et une cinquantaine de médecins partenaires[13]. Le site compte alors 4 millions de visites par mois en France et en Allemagne[14].

En , Doctolib lève 26 millions d’euros pour recruter 150 personnes supplémentaires d’ici la fin de l’année. La banque publique d’investissement (Bpifrance) entre au capital.

En , l’Assistance-Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) devient le premier CHU à adopter la prise de rendez-vous en ligne avec Doctolib[15]. Après une expérimentation menée à l’hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris, en [16], un millier de médecins exerçant à l’AP-HP proposent la prise de rendez-vous en ligne à la fois sur le site Internet de l’AP-HP et sur Doctolib.

À la fin de l’année 2017, le service est étendu aux 39 établissements et 9 000 médecins de l’AP-HP[16]. Selon l’étude de la chaire Hospinnomics[17], la prise de rendez-vous en ligne a deux effets positifs à l’hôpital : du côté des professionnels de santé, un mois après l’installation de Doctolib, le nombre de rendez-vous honorés a augmenté de 7,5 % dans les établissements de santé de l’AP-HP équipés[18]. Un an après, la hausse est de 11 % pour tous les patients et 7 % pour les nouveaux patients[18]. En plus de ce gain d’efficience pour les professionnels, les patients recommandent ce service : un tiers des 5 000 patients interrogés par l’AP-HP en déclarent qu’ils auraient cherché un rendez-vous hors de l’AP-HP sans la prise de rendez-vous en ligne et 85 % d'entre eux recommanderaient spontanément le service à leurs proches[18].

Quelques mois plus tard, en , le CHU de Nancy opte à son tour pour Doctolib, afin de simplifier l’accès aux consultations de gynécologie, d'obstétrique et d'assistance médicale à la procréation (AMP). C’est le deuxième CHU français à s’équiper du service[19].

En , Doctolib franchit le cap des 11 millions de visites par mois[20].

En , 35 millions d’euros sont levés et Eurazeo entre au capital. Doctolib compte près de 400 salariés.

En , Doctolib compte 40 000 professionnels de santé partenaires, dont plus de 1 000 en Allemagne[21]. Le cap des 15 millions de visites par mois sur le site est franchi[22].

En , Doctolib acquiert MonDocteur et compte après ceci désormais près de 600 salariés[23]. Elles totalisent 20 millions de visites de patients par mois et 55 000 professionnels de santé utilisateurs[24].

En , Doctolib annonce le déploiement d’un service de téléconsultation pour les médecins français[25]. Ce service, construit avec 500 médecins partenaires, s’inscrit dans le cadre de la convention médicale et est intégralement remboursé par l’assurance maladie[26].

En , une nouvelle levée de fonds de 150 millions d'euros valorise la startup à un milliard d'euros, ce qui lui permet d'entrer dans le cercle très fermé des licornes[27].

En , Doctolib compte 75 000 professionnels et 1 400 établissements de santé partenaires, tout en générant 30 millions de visites de patients chaque mois sur son site et son application mobile[28].

En , Doctolib annonce avoir permis 40 000 téléconsultations via ses services, soit les deux-tiers des téléconsultations remboursées en France depuis le début du remboursement[29].

En , Doctolib intègre le Next40[30].

En , Doctolib totalise 100 000 professionnels et 2 000 établissements de santé utilisateurs[31].

En 2019, les hôpitaux marseillais de l'AP-HM optent pour Doctolib pour la gestion de ses rendez-vous[32].

En , Doctolib annonce le lancement d'un logiciel à destination des médecins généralistes, venant en complément de la plateforme de prise de rendez-vous[33],[34]. Doctolib Médecin a pour fonction de faciliter les tâches administratives des généralistes telles que la gestion de leur agenda, de l'historique des patients ou de l'édition d'ordonnances[35],[36].

En octobre 2021, Doctolib annonce l'acquisition de Dottori, numéro deux de la prise de rendez-vous médicaux en ligne en Italie[37].

Le , Doctolib annonce l'acquisition de la jeune pousse Tanker – fondée en 2015 par Guillaume Pontallier, Clément Ravouna et Cédric Gestes – dont les services de chiffrement étaient utilisés par sa plateforme depuis [38],[39],[40]

Après une nouvelle levée de fonds de 500 millions d'euros - la dernière remontant à - l'entreprise se trouve valorisée à 5,8 milliards d'euros et devient la licorne française la plus valorisée[41],[42].

Missions et approche

L’objectif de Doctolib est de participer à l’amélioration de la qualité de vie des professionnels de santé et de l’accès aux soins des patients, avec la volonté de s'étendre vers la télémédecine et les services aux hôpitaux[43].

En 2019, Le Figaro relève que l’utilisation de Doctolib a aussi permis de réduire le pourcentage de rendez-vous non honorés par les patients, qui est passé de 10 % à 4 % avec la mise en place du rappel de rendez-vous par email et SMS[31].

Pour les patients, Doctolib vise à simplifier la prise de rendez-vous médical, en particulier le soir et le week-end : 54 % des rendez-vous pris sur le site et l’application le sont durant les heures de fermeture des cabinets[31].

Les services de Doctolib

Pour les professionnels de santé, Doctolib est un service de gestion en ligne des consultations[44]. L’objectif de son service est de permettre aux professionnels de santé d’améliorer l’efficacité de leur organisation, la communication avec leur patient et la coopération avec leurs confrères. En 2019, le service de gestion des consultations est facturé 129  par mois aux professionnels de santé[44]. Depuis le , Doctolib propose également aux médecins un service de téléconsultation leur permettant de réaliser des consultations vidéos avec leurs patients, remboursées par l’Assurance maladie. Ce service est facturé 79  par mois aux médecins, en plus de l’abonnement au service en ligne classique[45].

Côté patient, le site et l’application Doctolib permettent de trouver de l'information sur l'offre de soins, de prendre rendez-vous à tout moment avec un professionnel de santé et de consulter l'historique de ses consultations depuis un compte personnel[15]. Le service est gratuit pour les patients[46]. Le service de téléconsultation de Doctolib permet aux patients de prendre un rendez-vous pour une consultation vidéo avec leur médecin, de payer en ligne à la suite de cette consultation vidéo et d’accéder à leur ordonnance sur leur compte personnel. Ce service offre aux patients la possibilité de consulter depuis leur domicile et d’échanger plus rapidement avec un professionnel de santé. Le service de téléconsultation de Doctolib n’est accessible qu’aux patients déjà suivis par un médecin, afin de respecter le parcours de soins et de répondre aux conditions du remboursement par l’Assurance maladie[47].

Prises de rendez-vous pour la vaccination contre la Covid-19

Pour les prises de rendez-vous pour la vaccination contre la maladie à Covid-19, il est possible de créer un compte sur Doctolib pour s'inscrire à titre individuel, mais il est également possible d'inscrire ses proches sous le même compte. Il faut cependant savoir que, dans ce cas, les rendez-vous des différentes personnes inscrites sous le même compte seront donnés via l'adresse courriel du titulaire du compte, et que tous les messages envoyés par Doctolib ne comporteront pas le nom du proche concerné. Il est donc préférable d'ouvrir un compte Doctolib différent pour chaque personne.

La pandémie de Covid-19 a permis à Doctolib d'être devenue incontournable pour les Français : Doctolib gérait l’accès des centres de vaccination à 90 %[48].

Au 1er juin 2021, en France, Doctolib revendique 39 millions de rendez-vous pour une vaccination contre la Covid-19 représentant une part de marché de près de 90%. Les plates-formes de prise de rendez-vous en ligne sont les nouveaux acteurs du secteur de la santé gérant les informations sur le parcours de soins d'une grande partie de la population[32].

Gestion de la patientèle et de leurs données

L'entreprise affirme qu’elle s’assure la fiabilité des informations publiées sur son site et son application, n’oriente pas les patients vers un praticien en particulier, respecte le parcours de soins coordonnés et ne permet pas aux patients de noter publiquement leurs praticiens[49].

Hébergement des données

Selon Capital, en 2019 les données personnelles de santé conservées par Doctolib étaient stockées sur en France et en Allemagne par des hébergeurs certifiés « données de santé » AZNetwork et de Coreye (Pictime Group), et aussi chez Amazon Web Services, le service d'hébergement d'Amazon[50] qui n'a pas cette certification. Doctolib indiquait alors qu'il n'est pas lui-même certifié HDS car la plateforme n'a pas vocation à héberger des données de santé[51]. Le , Doctolib annonce adopter le chiffrement de bout en bout pour la sécurisation des données de santé, affirmant « Cette technologie rend rigoureusement impossible à toute autre personne d’accéder à ces données, y compris dans les opérations d’assistance ou de maintenance »[52].

En 2022, selon une enquête de Radio-France, Doctolib reconnaît que ses employés ont accès aux données de rendez-vous des patients et à d'autres informations, indiquant qu'il n'y pas à proprement parler de chiffrement de bout en bout et que l'assistance et la maintenance permettent en fait d'accéder à ces données personnelles de santé, contrairement à ce qu'affirmait Doctolib en 2020[53]. Questionnée par Radiofrance sur un document interne de l'entreprise de 2019 affirmant "document interne (en anglais) datant de septembre 2019 que nous nous sommes procurés, il est écrit : “Ce n’est pas à strictement parler du chiffrement de bout en bout mais cela peut l’être en termes de communication.”, Doctoblib affirme avoir « toujours été clair et transparent en matière de chiffrement »[53].

Critiques

Opposition de médecins à l'inscription sur Doctolib


En , certains médecins, comme Jérôme Marty et Bertrand Legrand s'opposent au site de prise de rendez-vous en ligne[54]. Ils reprochent à Doctolib que les noms de certains professionnels de santé apparaissent toujours alors qu'ils ont quitté le site et que les patients soient reconduits vers des confrères toujours abonnés au site.

En réponse à cette controverse, Stanislas Niox-Château, fondateur et président de Doctolib, a publié un article sur le blog Medium[55], dans lequel il affirme que « nous ne mettons en avant aucun praticien par rapport aux autres sur Doctolib »[56]. Le , Jérôme Marty a remercié Doctolib « pour avoir agi promptement suite à ce qu'il avait signalé avec Bertrand Legrand »[57].

Selon Johanna Habib, la plate-forme permet de rendre des plages horaires accessibles uniquement pour certains motifs de consultation[58].

Augmentation des frais pendant le confinement

Pendant la crise sanitaire du COVID, Doctolib applique un nouveau prélèvement de 1% sur chaque téléconsultation, correspondant aux frais du prestataire de paiement en ligne (Stripe). Ces frais, selon un médecin, peuvent représenter jusqu'à 200 euros par mois par professionnel[59].

“Sur ces 1%, on ne gagne rien. En fait, on refacture ce qu’un prestataire (Stripe) nous facture pour l’autorisation de prélèvement et le virement bancaire”, a expliqué Stanislas Niox-Chateau en décembre 2020 lors d’un échange avec des professionnels de santé[60]. Ces frais étaient de 1,5% à l’origine et Doctolib a négocié pour ramener ce prélèvement à 1%[61].

« Ce sont des frais qu’on ne peut plus se permettre d’offrir », assure l’entreprise, qui rappelle qu’elle a offert la gratuité de ses abonnements de téléconsultation pendant toute la durée de l’épidémie “afin de participer à l’effort national”[61].

Sécurité des données envoyées sur Amazon Web Services

En 2021, plusieurs syndicats de médecins ont déposé devant le Conseil d'État un recours en raison de l’utilisation par le site de prise de rendez-vous Doctolib des services d’hébergement d'Amazon Web Services (AWS). « Avec sa certification HDS (hébergeur de données de santé) et ses dizaines de milliers d’ingénieurs, AWS est la meilleure solution sur le marché, et elle n’est pas européenne. Mais il n’est pas possible pour nous de faire de compromis sur la sécurité », explique Philippe Vimard, directeur des opérations chez Doctolib[62].

Ces syndicats ainsi que des représentants d’associations de patients dénoncent dans leur recours un niveau de sécurité insuffisant pour le stockage des données de santé de millions de personnes. Selon les plaignants, le CLOUD Act permet notamment aux agences de renseignement des États-Unis d’accéder aux informations stockées sur les serveurs d’entreprises américaines et le droit américain a des effets extraterritoriaux importants qui ne garantissent pas un niveau de protection conforme au règlement général sur la protection des données (RGPD)[63],[32]. Suite à l’affirmation que le chiffrement proposé par Doctolib était incomplet[64], l'application Doctolib est accusée d'être « trop bavarde » sur les données de ses utilisateurs. Un chercheur en informatique d'Inria montre ainsi comment ce service hébergerait les images des praticiens chez Cloudinary, qui pourrait en déduire la spécialité recherchée (cancérologie, oncologie, etc.). Doctolib enverrait aussi des informations à Google Analytics et Amazon permettant de connaître les URL visitées sur le site Doctolib. Enfin, le prestataire Cloudflare disposerait de la clé de déchiffrement lui permettant de lire les requêtes effectuées à Doctolib[65],[66].

Le Conseil d’État a écarté en mars 2021 la demande de suspension du partenariat entre le ministère de la Santé et Doctolib dans le cadre de la campagne de vaccination, affirmant que « Doctolib a également mis en place un dispositif de sécurisation des données hébergées par la société AWS Sarl reposant sur un tiers de confiance situé en France afin d’empêcher la lecture des données par des tiers ». La plus haute instance juridique de France, par décision de justice, a en effet validé la conformité du système d'hébergement mis en place par Doctolib[67]. Par ailleurs, Stanislas Niox-Chateau a rappelé à cette occasion les mesures mises en place par Doctolib pour assurer la confidentialité des données de ses utilisateurs[68]. « Il est faux d’affirmer que l’hébergeur certifié hébergeur de données de santé utilisé par Doctolib (AWS) a accès aux données des utilisateurs de Doctolib :

  • Les données sont hébergées en France et en Allemagne.
  • L’ensemble des données des utilisateurs de Doctolib est chiffré.
  • Les clefs de chiffrement sont hébergées en France chez ATOS, une société française.

Ces mesures rendent impossible l’accès aux données par AWS », précise le dirigeant de l'entreprise.

Le Conseil d'État n'a pas souhaité solliciter l'avis de la CNIL, comme le demandaient les requérants. Ces derniers affirmaient que le chiffrement mis en place n'était pas sécurisé, et en particulier que si les données étaient transmises chiffrées sur les serveurs d'Amazon web services, « Au sein de l’App Server les données sont à un moment accessibles en clair (Data Access). Or dans le cas de Doctolib, cet App Server est hébergé chez Amazon »[69],[70].

Le risque évoqué que l’État américain puisse accéder aux données personnelles et de santé de dizaines de millions de Français est néanmoins préoccupant. Avec le développement de la télémédecine, au-delà des rendez-vous, les consultations et l’envoi des ordonnances transiteront sur les serveurs de Doctolib. L’État français devrait s'assurer de la protection des données de santé des français en encadrant ces entreprises de la santé les détenant[71].

En mai 2022, la publication d'une nouvelle investigation de France Inter confirme qu'au moins les données de prises de rendez-vous (date, heure, et spécialiste, patient) ne sont pas entièrement chiffrées de bout-en-bout, puisqu'elles sont accessible de manière lisible par Doctolib[53].

Niveau de sécurité insuffisant pour le stockage des données de santé

En 2020, Doctolib est victime d'un vol de données personnelles concernant 6 128 rendez-vous médicaux (nom, prénom, sexe, âge, numéro de téléphone, adresse électronique des patientes et patients ; date de rendez-vous, nom et spécialité des personnels de santé concernés par le rendez-vous). Doctolib considère alors qu'aucune donnée de santé n'est impliquée[72].

En , il est révélé dans Mobilsicher, média allemand spécialisé dans les questions de confidentialité et des données numériques, que Doctolib a transmis pendant plusieurs mois des données de recherche de ses utilisateurs en Allemagne à Facebook et Outbrain. La plateforme a rapidement reconnu l'utilisation de deux cookies génériques Facebook et Outbrain collectant des informations personnelles (l'adresse IP, mots-clés du traitement recherché, spécialité médicale recherchée, secteur public ou privé) mais indiqué qu'aucune donnée de santé n'était collectée, considérant que les mots-clés recherchés ne seraient pas des données de santé[73],[74],[75],[76].

En , une investigation met au jour que des employés de Doctolib ainsi que les professionnels de santé peuvent bien accéder aux dates et heures de rendez-vous, qui peuvent être considérées comme des « données de santé », confirmant les conclusions d'enquêtes menées en [66],[77]. Interrogée sur ce point, Doctolib répond que « Les données de rendez-vous ne sont pas chiffrées de bout-en-bout. […] Cette technologie de pointe, encore peu répandue […] ne peut s’appliquer à l’ensemble des données traitées sans impact majeur pour les utilisateurs », contrairement à ce qu'indiquait son communiqué en 2020[53].

Hébergement de données de santé sans l'accord de la patientèle

Le 14 juillet 2021, Doctolib reçoit le Big Brother Award[78],[79],[80], décerné aux structures qui attentent à la vie privée, pour plusieurs problèmes identifiés :

  • lorsque des professionnels de santé demandent à utiliser Doctolib, ce service leur demande à accéder aux données de santé de toute leur patientèle, sans que celle-ci en soit informée, et ce même si cette patientèle ne dispose d'aucun compte Doctolib ;
  • le manque de transparence de la politique de confidentialité de Doctolib, multipliant les documents qui précisent les conditions d'exploitation des données collectées ;
  • lorsque des personnels de santé utilisent Doctolib, ce service accède à la liste complète de leur patientèle alors que les créneaux libres suffiraient ;
  • l'usage de cookies publicitaires permet à de nombreuses entreprises telles que Google, Twitter, Instagram, Facebook, LinkedIn, Medium et YouTube d'être informées quand un rendez-vous est pris par un patient ;
  • la fusion de données de santé sur des patients et patientes transmises par plusieurs personnels de santé, sans aucune suppression une fois que les données ne sont plus utiles pour la prise de rendez-vous.

Monopole

Alors qu'il existe de nombreux concurrents, Doctolib bénéficie d'un quasi-monopole en France[81]. Néanmoins, selon son cofondateur Stanislas Niox-Chateau, le marché à considérer n'est pas celui de la prise dans rendez-vous en ligne, mais celui des logiciels médicaux. « Nous tirons nos revenus uniquement des professionnels de la santé abonnés à nos services. En France, nos clients ne représentent encore que 25 % du marché (...) Nous restons une jeune entreprise française, cinq à six fois plus petite que ses concurrents », déclare-t-il[82].

Présence de pseudo-médecine

En août 2022, Doctolib suspend dix-sept profils de naturopathes à la suite de critiques de professionnels de santé et de patients quant à la présence sur la plateforme de pseudo-médecines, dont certains ont des pratiques proches du charlatanisme, et des dérives sectaires. Le groupe affirme entreprendre un « travail de fond » avec le comité médical du site et que de nouvelles mesures seront bientôt prises[83],[84]. L'ordre des médecins réagit en publiant un communiqué demandant «de renforcer ses règles éthiques pour s’inscrire sur sa plate-forme » afin d'éviter la confusion entre professionnels de santé et disciplines sans fondement médical[85].

Contrôle à posteriori du droit d'exercer des professionnels de santé

Deux faux médecins ont pu exercer pendant plusieurs semaines sur la plateforme [86]: selon DOCTOLIB, la procédure d’inscription "débute en premier lieu par une vérification d’identité. Puis un délai de 15 jours est octroyé aux professionnels de santé afin de réceptionner les pièces justificatives dans le cadre d’une vérification du droit d’exercer". Donc une personne malintentionnée peut exercer pendant ce délai.

Implantation

Doctolib a un siège en France, à Levallois-Perret, un siège local en Allemagne, à Berlin, et un siège local en Italie, à Milan[87]. L’entreprise compte également trois centres de recherche et développement à Paris, Nantes et Berlin.

Par ailleurs, Doctolib a des bureaux dans 40 villes en France, en Italie et en Allemagne[88]. En mars 2022, Doctolib compte 2 300 salariés[89], dont 400 à Nantes[90].

Organisation

Direction

Doctolib est présidé par Stanislas Niox-Château. Arthur Thirion est Directeur Général de Doctolib France[91], Dr Ilias Tsimpoulis est Directeur Général de Doctolib Allemagne[92] et Nicola Brandolese est Directeur Général de Doctolib Italie[93].

Actionnariat

Doctolib est une entreprise indépendante, détenue à majorité par ses fondateurs et ses managers[réf. nécessaire]. Les autres actionnaires sont la Banque publique d’investissement (Bpifrance), les fonds d’investissements Eurazeo, Accel, Kernel et General Atlantic et les entrepreneurs qui ont participé aux levées de fonds (Ludwig Klitzsch, Pierre Kosciusko-Morizet, Bertrand Jelensperger, Antoine Freysz, Pierre Krings, Olivier Occelli, Maxime Forgeot)[94].

Notes et références

  1. https://accel.com/relationships/doctolib
  2. « https://about.doctolib.fr/equipe/ »
  3. Système national d'identification et du répertoire des entreprises et de leurs établissements, (base de données)
  4. https://www.societe.com/societe/doctolib-794598813.html
  5. « Comment la startup française Doctolib est devenue une licorne », sur La Tribune,
  6. « Doctolib, le succès au rendez-vous », sur Paris Match,
  7. « Prise de RDV médicaux en ligne : Doctolib lève 1 million et estime entre « 40% et 50% la rentabilité du marché » », sur FrenchWeb,
  8. « Prise de rendez-vous en ligne : un marché en plein boom », sur EDP Audio,
  9. « Doctolib, le « Google de la santé », lève 4 millions d’euros », sur BFM Business,
  10. « Doctolib part à la conquête de l'Europe », sur Les Echos,
  11. « PagesJaunes entre dans la bataille des plateformes de RDV médicaux », sur Challenges,
  12. « Doctolib lève 18 millions d'euros », sur Le Figaro,
  13. « Doctolib se développe en Allemagne », sur Le Figaro,
  14. « Doctolib, Mondocteur… Comment ces plateformes changent la relation entre patient et soignant? », sur 20 minutes,
  15. « Comment Doctolib dope les prises de rendez-vous de l'AP-HP », Les Echos, (lire en ligne)
  16. « Courbevoie-Neuilly-Puteaux : prendre rendez-vous en ligne à l’hôpital, c’est possible », Le Parisien, (lire en ligne)
  17. « Les hôpitaux de Paris tirent les premiers bénéfices du passage à Doctolib », sur Le Figaro,
  18. « Une étude réalisée par Hospinnomics pour l’AP-HP évalue l’impact de la prise de rendez-vous en ligne dans ses hôpitaux : Comment la prise de rendez-vous en ligne transforme l’hôpital ? », sur APHP,
  19. « Prise de rendez-vous: le CHU de Nancy opte pour Doctolib », sur Tic Santé,
  20. « Doctolib enregistre 11 millions de visites chaque mois », sur Les Echos,
  21. « Doctolib lance sa plateforme de consultation médicale en ligne », sur Le Journal du Dimanche,
  22. « LE DOCTOLIB DES AVOCATS EST-IL DÉJÀ EN MARCHE ? », sur Avocalix,
  23. « Doctolib acquiert MonDocteur », sur Cloudinary,
  24. « Doctolib rachète son concurrent direct Mondocteur », sur Le Monde,
  25. « Doctolib déploie son service de téléconsultation », sur L'ADN,
  26. « Doctolib va se lancer dans la télémédecine », sur Le Parisien,
  27. « Doctolib entre finalement dans le cercle privé des licornes », sur Presse Citron,
  28. « Doctolib : le patron dévoile les plans de la nouvelle licorne française », sur Les Echos Entrepreneurs,
  29. « Seulement 60 000 actes de téléconsultation en un an : les Français restent méfiants », sur Le Parisien,
  30. « Qui sont les 40 startups du Next40 ? », sur FrenchWeb,
  31. « Comment Doctolib a amélioré l’accès aux soins », sur Le Figaro,
  32. Justin Délépine, « Mais qui arrêtera Doctolib? », Alternatives économiques,
  33. « Doctolib cible les médecins libéraux en s'attaquant au marché du logiciel médical », sur Maddyness - Le Magazine sur l’actualité des Startups Françaises, (consulté le )
  34. « Gagner 4h de temps administratif par semaine : tout savoir sur le nouveau "Doctolib médecin" », sur egora.fr, (consulté le )
  35. « Doctolib propose une solution de gestion pour les cabinets des médecins libéraux », sur Les Echos, (consulté le )
  36. Stéphane Barge, « Mais qu'est-ce qui arrêtera Doctolib ? », L'Express, no 3650, 17 au 23 juin 2021, p. 50-52
  37. Adrien Lelièvre, « Doctolib part à la conquête de l'Italie en rachetant un concurrent », sur Les Echos,
  38. Louis Adam, « Avec le rachat de Tanker.io, Doctolib veut « établir une nouvelle norme du secret médical » » , sur ZDNet France, (consulté le )
  39. Célia Seramour, « En rachetant Tanker, Doctolib veut blinder les données de santé » , sur Le Monde informatique, (consulté le )
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  43. « Doctolib plonge dans la médecine du futur », sur Alliancy,
  44. « Stanislas Niox-Chateau, PDG de Doctolib : «Nous voulons créer les cabinets et hôpitaux de demain» », sur Le Parisien,
  45. « Doctolib lance sa plateforme de consultation médicale en ligne », sur Le Journal Du Dimanche,
  46. « Stanislas Niox-Chateau, PDG de Doctolib : «Nous voulons créer les cabinets et hôpitaux de demain» », sur Le Parisien,
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  52. « Doctolib bascule dans le chiffrement de bout en bout »
  53. Géraldine Hallot, « Doctolib : nos données personnelles sont-elles suffisamment protégées ? », sur Radio France, (consulté le )
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  55. « Ma réponse au docteur Bertrand Legrand », sur Medium.com,
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