Chartreuse de Liège
La chartreuse de Liège ou Notre-Dame ou Tous-Les-Apôtres du Mont-Cornillon, Domus Duodecim Apostolarum en latin, était un monastère de moines chartreux construit sur le Mont Cornillon, une colline élevée qui surplombe le confluent de l’Ourthe et de la Meuse, à Liège (Belgique). Les moines-ermites de Saint Bruno occupèrent le monastère de 1360 à 1794. L’ancien monastère a donné son nom au quartier (La Chartreuse) qui fait aujourd’hui partie de la ville de Liège. Le bâtiment est maintenant abandonné et laisse place aux graffitis.
Ancienne chartreuse de Liège | ||
Vue de la Chartreuse de Liège du côté de la ville au XVIIIe siècle | ||
Identité du monastère | ||
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Type | Monastère d'hommes | |
Armoiries du monastère | ||
Présentation du monastère | ||
Fondateur | Engelbert III de La Marck | |
Origine de la communauté | En réponse à une vision qu’aurait eu un saint homme de la ville, le prince évêque de Liège Engelbert III de La Marck offre aux chartreux en 1357 de s'établir sur le Mont Cornillon, un lieu devenu quasi désert. | |
Culte | Culte catholique | |
Ordre | Ordre des chartreux | |
Province cartusienne | Teutonie | |
Armes du fondateur | ||
Historique | ||
Date de la fondation | 1106 : érection d'une chapelle 1126-1288 : établissement de chanoines prémontrés 1288-1336 : transfomation en forteresse puis château de Cornillon, finalement détruit 1360 : établissement de quatre ermites de Saint Bruno |
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Personnes liées | Évrard III de La Marck Maréchal de Boufflers Menno van Coehoorn Duc de Marlborough Charles François Dumouriez |
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Fermeture | 1797 | |
État de conservation | La chartreuse a disparu, le Fort de la Chartreuse est en ruines. | |
Affectation ultérieure | En 1817, les Hollandais réinvestissent le Mont Cornillon pour y construire le Fort de la Chartreuse. En 1891, le fort est déclassé et devient une simple caserne. Il sert de prison pour les patriotes belges durant la Première Guerre mondiale. À partir de 1944, l'armée américaine l'utilise comme hôpital militaire. Il est démilitarisé en 1981. La ville de Liège acquiert les zones vertes du complexe militaire en 1998. | |
Architecture | ||
Dates de la construction | XIVe siècle | |
Éléments reconstruits | En 1701, les troupes françaises s'installent sur le site, chassées en 1702 durant la guerre de Succession d'Espagne, les chartreux reprenant possession des lieux en 1703, démolissant les fortifications et reconstruisant leur monastère. | |
Localisation | ||
Pays | Belgique | |
Région | Région wallonne | |
Province | Province de Liège | |
Commune | Liège | |
Coordonnées | 50° 38′ 04″ nord, 5° 35′ 38″ est | |
Histoire du monastère
Origines
En 1106 une chapelle est érigée sur les hauteurs du Mont Cornillon. Vingt ans plus tard (1126), les chanoines prémontrés présents à Floreffe depuis 1121 s’établissent près de la chapelle. Leur abbaye est dédiée aux douze apôtres. Les actes de violence armée et de pillages y sont fréquents car le Mont-Cornillon a une position stratégique dominant la ville de Liège. Aussi les prémontrés quittent les lieux en 1288.
Le monastère des prémontrés est transformé en forteresse qui devient le Château de Cornillon. L’occupation militaire, avec fréquentes batailles pour le contrôle des lieux, dure jusqu’en 1336, date de la prise de la forteresse par les liégeois eux-mêmes, en lutte contre leur prince-évêque Adolphe de La Marck. Elle est alors détruite.
Arrivée des chartreux
En 1357, agissant en réponse à la vision d’une procession de personnages vêtus de blanc se dirigeant vers l’église de Cornillon qu’aurait eu un saint homme de la ville, le prince évêque de Liège, Engelbert III de La Marck offre aux chartreux de s’établir sur le Mont Cornillon, un lieu devenu quasi désert. Choisis par le chapitre général cartusien, quatre ermites de Saint Bruno s’installent dans ce qui reste des bâtiments abandonnés de la forteresse, au sommet du Mont-Cornillon en 1360. De ce jour-là le nom de ‘Chartreuse’ est définitivement lié à la colline dominant le confluent de l’Ourthe avec la Meuse.
Les chartreux connaissent des longues périodes de tranquillité qui permettent le développement du monastère. La règle de l’Ordre (les Consuetudines Cartusiae) ne permettant pas l’acquisition excessive de terres, la chartreuse de Liège n’est jamais très prospère. Lors de conflits armés le monastère est cependant souvent occupé militairement.
Le , un incendie, allumé par les troupes d'Évrard III de La Marck, consume l'entièreté de l'église « avec les œuvres d'art qu'elle contenait, les autels et aussi les livres liturgiques et qui devaient, en raison de leur destination, constituer le joyau de la bibliothèque. Celle-ci, heureusement, était abritée dans un local complètement isolé par une muraille de pierre ; elle dut à cette situation privilégiée d'échapper à la destruction de tout le monastère. » (Stiennon, in litt.)
Le plus grave arrive en 1691. Après avoir été assiégé pendant quatre jours, le monastère est investi par les troupes du maréchal de Boufflers qui, des hauteurs du mont Cornillon, bombardent la ville de Liège avant de devoir se retirer devant les troupes hollandaises. Sous la direction de Menno van Coehoorn, les Hollandais fortifient le monastère. Dix ans plus tard (1701), les troupes françaises qui s’y réinstallent après l'évacuation des moines. Ces dernières en sont chassées en 1702, durant la guerre de Succession d'Espagne, par les troupes confédérées du duc de Marlborough.
Les chartreux reprennent possession des lieux en 1703. La paix revenue, ils démolissent les fortifications et reconstruisent leur monastère. Le XVIIIe siècle, période relativement tranquille, permet un nouvel essor de la chartreuse. Les lieux sont embellis.
Fin du monastère de la Chartreuse
En 1792 le général Dumouriez et les troupes révolutionnaires françaises entrent dans la ville de Liège. La chartreuse subit le même sort que les autres abbayes des Pays-Bas méridionaux et est saccagée et pillée. Les biens sont confisqués. Les moines sont expulsés (1794). En 1797, tout est mis en vente publique. C’est la fin de la Chartreuse de Liège comme monastère.
En 1817, les Hollandais réinvestissent le Mont Cornillon pour y construire un nouveau fort à quelques centaines mètres au Sud-Est : le Fort de la Chartreuse, plus imposant encore que les précédents.
Voir aussi
Bibliographie
- Brasseur, Th. (1993). La Chartreuse : forteresse hollandaise en sursis.
- Brasseur, Th. (1994). La Chartreuse de Liège
- Dethier, M. (2001). L'entomofaune de l'ancienne Position Fortifiée de Liège. Notes fauniques de Gembloux, 42 : 3-58.
- Gaëtan, R. et Dethier, M. (2005). La galerie minière de la Chartreuse à Liège (Belgique) : un "cas d'école". Notes fauniques de Gembloux, 57 : 81-86.
- Liénard, J. (1992). Le premier fort de la Chartreuse à Liège (1689-1702). Essai de localisation. Bulletin de la Société royale Le Vieux-Liège, 258 : 317-336.
- Liénard, J. (2000). Le fort de la Chartreuse, création hollandaise (1818-1823) à Liège. Bulletin d'information du C.L.H.A.M., 9 : 5-28.
- Loxhay, J. (1995). Le fort de la Chartreuse. Historique de la genèse à nos jours. PIMM'S Édition, Liège.
- Metzmacher, M. (1990). Les milieux semi-naturels: des outils pour concilier loisirs et éducation à la nature. Le cas des milieux semi-naturels urbains et péri-urbains. In : Actes du colloque "Gérer la nature?", Travaux Conservation de la nature, 15/2 :593-606.
- Stiennon, J. La Bibliothèque et le Scriptorium de la Chartreuse de Liège des origines au XVIe siècle. Extrait de La Chronique Archéologique du Pays de Liège, t. XXXVII : 58-64.
- Stiennon, J. (1979). La Chartreuse de Liège dans la vie de la Cité. p. 53-60. In : Neuf cents ans de vie autour de Saint-Remacle-au-Pont.
Archives du site de la Chartreuse
De nombreux documents relatifs à l'histoire de la Chartreuse (forts et monastère), ainsi qu'au combat mené pour sa préservation, ont été déposés par l'asbl Études & Environnement aux Archives de l'État à Liège, ainsi qu'au Centre de documentation de la Vie Wallonne.
Articles connexes
Liens externes
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