Domnonée

La Domnonée (lat. Dumnonia) désigne au VIe siècle un royaume brittonique centré sur le Sud-Ouest de l'Angleterre. Le terme est ensuite employé à partir du VIIIe siècle dans l'hagiographie bretonne pour désigner une partie de la péninsule armoricaine[1].

Situations géographiques

Étymologie

Le nom de Domnonée vient des Dumnonii, peuple celte brittonique de l'île de Bretagne qui habitait le Devon et une partie des Cornouailles. Dans les langues celtiques il signifie "habitants des vallées profondes", issu du celtique dubno : "profond, monde" (Gallois moderne : Dyfnaint, Cornouaillais : Dewnans, Breton : Devnent)[6]..

Histoire

La liste des princes de « Domnonée britannique » commence, elle, au début du IVe siècle avec Eudaf Hen en Grande-Bretagne[7].

Riwal (ou Rivallon Mucmazon) fonde le royaume de la « Domnonée armoricaine » vers 500. Il arrive avec une grande flotte. Il venait du royaume de Gwent dans le sud-est du Pays de Galles et « il continua à régner en tant que dux Brittonum de chaque côté de la mer jusqu’à sa mort ». Il fut élu roi, tant par les indigènes que par les Bretons. Riwall dut débarrasser le pays d’une bande de Frisons qui avait pour chef un certain Corsold. On doit retenir l'étroitesse des liens politiques entre la Bretagne insulaire (Pays de Galles, Cornouailles, Devon), et la Bretagne armoricaine du continent qui accueille de nombreux rois, princes, clercs et fondateurs de la Bretagne insulaire. Nous les voyons traverser la Domnonée insulaire avant de passer la Manche. Il faut se persuader que la mer unissait alors plus qu’elle ne séparait. Dans les traditions relatives à la colonisation de la Bretagne par les Bretons insulaires, nous retrouvons des royaumes doubles de ce genre [8].

Vers 580, Judaël devint roi de Domnonée, succédant à son père Judual. À sa mort en 605, (Saint) Judicaël, prit sa place puis après vingt ans, laisse son trône à son frère Judoc (Saint josse) qui renonce au trône pour une vie religieuse, puis à son fils Winoc qui refuse également le trône. De nombreux lieux seront nommés du nom des chefs de clans précédé de gwi- (du latin vicus), plou- ("paroisse") et ultérieurement tré- (hameau, subdivision de la paroisse) ou de chefs religieux : lan- ("ermitage, monastère").

En 1034, le terme désigne encore le comté de Penthièvre quand il est attribué en apanage à Eudes, second fils de Geoffroi Ier, duc de Bretagne. L'appellation disparaît ensuite.

Hagiographies

Les sources hagiographiques (vies de saint Guénolé, saint Corentin, saint Ronan et saint Pol Aurélien, dit le Domnonéen par un de ses hagiographes, ainsi que les chartes en partie forgées de Landévennec), permettent de mettre en évidence l'étroitesse des liens politiques et religieux entre l'ouest du Pays de Galles et la Bretagne qui accueille de nombreux rois, comtes et fondateurs religieux issus du premier. Or ces personnes traversent la Domnonée insulaire avant de passer la Manche. Les liens étroits se traduisent par des possessions sur les deux côtés de la Manche. Par exemple, l'abbaye Notre-Dame de Beauport, avant Henri VIII d'Angleterre, possédait des paroisses sur la côte de Goëlo et dans l'actuel Devon.

Hypothèses

On a émis l'hypothèse d'une seule souveraineté sur les deux royaumes et Conomor, qui semble être le même homme ayant laissé des traditions de chaque côté, en aurait été l'un des bénéficiaires. Il aurait alors été un chef militaire des Bretons insulaires romanisés qui gardait la Manche des attaques de pirates, peut-être en parfait accord avec Childebert Ier, fils de Clovis.

  • Ce royaume double en Bretagne continentale et dans le Devon donne une identique au royaume de Dalriada, qui lui est contemporain ; l'hypothèse de souveraineté double n'est donc pas sans équivalent historique.
  • Ce royaume des deux rives de la Manche se retrouve dans les noms doubles, continentaux et insulaires, de ses provinces : non seulement Domnonia correspond à Dumnonia mais aussi le Cornovia de la Cornouaille correspond au Cornovia de la Cornouailles britannique.
  • Cette hypothèse d'un règne unique du souverain légendaire, Conomor, relie la région au comté du Poher (lire l'article générique).

Notes et références

  1. Bernard Merdrignac, « Présence et représentations de la Domnonée et de la Cornouaille de part et d’autre de la Manche », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, nos 117-4, , p. 83–119 (ISSN 0399-0826 et 2108-6443, DOI 10.4000/abpo.1842, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Timothy Venning The Kings & Queens of Wales Amberley Publishing, Stroud 2013 (ISBN 9781445615776) chapitre 7. « Rulers of other Kingdoms: Kings of Dumnomia »
  3. Christian Y.M Kerboul Les royaumes brittoniques au très haut Moyen Âge Editions du Pontig Suatron (1997) (ISBN 2 951031033) chapitre V « La Domnonée armoricaine » p. 125-132
  4. Les kemenet pourraient être à l'origine des circonscriptions des pagi, mais cela reste incertain
  5. Philippe Jouët et Kilian Delorme, "Atlas historique des pays et terroirs de Bretagne", Skol Vreizh, 2007, (ISBN 978-2-915623-28-4)
  6. Alan-Joseph Raude L'origine géographique des Bretons armoricains Dalc'homp Sonj Lorient (1996) (ISBN 9782905929105) chapitre 3 « Brittons et Dumnonia » p. 33-43
  7. A.J. Raude Op.cit chapitre 3.4 « Les souverains de Dumnonia » p. 47
  8. Myles Dillon/ Nora Kershaw Chadwick Les royaumes Celtiques (édition augmentée d'un chapitre sur la Gaule dans le monde Celtique par Christian-Joseph Guyonvarc'h et Françoise Le Roux Fayard Paris (1974)

Voir aussi

Liens externes

Articles connexes

  • Portail de la Bretagne
  • Portail du haut Moyen Âge
  • Portail de l'histoire de Bretagne
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.