Franco-Manitobains
Les Franco-Manitobains sont les francophones de la province canadienne du Manitoba.
Marc-Amable Girard • Daniel Lavoie • Ambroise-Dydime Lépine
Louis Riel • Gabrielle Roy • Tyler Brûlé
Régions d’origine |
France Belgique Québec |
---|---|
Langues | Français canadien, Anglais canadien |
Ethnies liées | Québécois (peuple), Canadiens Français, Franco-Ontarien, Fransaskois, Franco-Albertain, Franco-Colombien, Franco-Yukonnais, Franco-ténois, Franco-Nunavois, Franco-terreneuvien, Acadiens |
Il y a 51 000 francophones au Manitoba[1].
Géographie
90 % des Franco-Manitobains habitent dans la région de Winnipeg, en majorité dans les quartiers traditionnellement francophones : Saint-Boniface, Saint-Vital et Saint-Norbert, la région de la rivière Rouge ainsi que dans un certain nombre de villages situés au sud-ouest du Manitoba.
Il existe par ailleurs des communautés bilingues réparties dans le reste de la province. Elles se sont réunies au sein de l'Association des municipalités bilingues du Manitoba (AMBM).
Histoire
Le site de Winnipeg est exploré par Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye en 1738[2]. Les premiers Blancs à s'établir par la suite dans le territoire sont des francophones originaires du Canada, qui fondent des postes de traites et nomment plusieurs des lieux existant toujours[2]. Ces colons épousent des femmes amérindiennes, donnant naissance au peuple métis[2]. La colonie de la rivière Rouge est fondée au confluent de la rivière Rouge et de la rivière Assiniboine. L'implantation du clergé catholique à cet endroit en fait le principal foyer de population[2]. Les abbés Norbert Provencher et Sévère Dumoulin s'y établissent en 1818 avec des colons canadiens[2]. Saint-Boniface devient la capitale de la colonie[2]. Au milieu du XIXe siècle, les Métis résistent au monopole de Compagnie de la Baie d'Hudson et ensuite au gouvernement du Canada[2]. Une partie de la population se disperse ensuite dans l'Ouest canadien[2]. Un grand nombre de francophones s'établissent dans la colonie durant la seconde moitié du XIXe siècle, principalement des Canadiens français du Québec et des Acadiens, ainsi que des Belges, des Français et des Suisses[2]. La colonie devient le Manitoba à la suite d'un mouvement populaire mené par Louis Riel[2]. L'Acte du Manitoba, la constitution, reconnaît la dualité linguistique de la province nouvellement créée, mettant le français et l'anglais sur un pied d'égalité[2].
L'immigration massive de Britanniques et d'Ontariens anglophones entre 1870 et 1885 relègue les franco-manitobains au rang de minorité, ces derniers ne comptant plus que pour 10 % de la population[2]. En 1890, une loi abolit la dualité confessionnelle[2], et l'Assemblée législative du Manitoba déclare la province officiellement anglophone[2]. Cette décision est portée en appel par les Métis et les Canadiens français jusqu'au Conseil privé de Londres, qui est alors la plus haute instance judiciaire du pays, la Cour suprême n'ayant pas encore été instituée. En 1892, le Comité judiciaire juge la loi de 1890 inconstitutionnelle, car l'article 23 de la loi constitutive du Manitoba donne un statut officiel aux deux langues[3]. L'enseignement dans une langue autre que l'anglais est toutefois toléré après de nombreuses démarches, jusqu'à son abolition en 1916 par la Loi Thornton[2]. Elle devient la Société franco-manitobaine en 1968[2].
La loi de 1890 abolissant le français comme langue officielle est jugée anticonstitutionnelle par la Cour suprême du Canada en 1978[4]. Le drapeau franco-manitobain est adopté en 1980[4]. Le gouvernement provincial crée le Secrétariat des services en langue française en 1981[4]. Toutes les lois de la province sont déclarées inconstitutionnelles par la Cour suprême du Canada en 1985 car elles ont été adoptées en anglais uniquement[4]. L'Association des juristes d'expression française est créée en 1988[4]. Le Centre de ressources éducatives à l'enfance (CREE) est fondé en 1990[4]. Envol 91 FM, la première radio communautaire francophone de l'Ouest canadien, entre en ondes en 1991[4]. En 1992, la partie III de la Loi sur la ville de Winnipeg y instaure les services en français, alors que la Chambre des communes du Canada reconnaît Louis Riel comme fondateur de la province du Manitoba[4]. Le droit des franco-manitobains à la gestion scolaire, en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, est reconnu par la Cour suprême en 1994[4]. La division scolaire numéro 49, comptant vingt écoles, est mise sur pied l'année même[4]. Le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM) est créé en 1996[4]. Le Centre des services bilingues est fondé en 2002[4]. La Franco-manitobaine Maria Chaput est nommée au Sénat du Canada la même année[4]. L'Accueil francophone de la Société franco-manitobaine est fondé en 2003[4]. Le Directorat de l'activité sportive du Manitoba voit le jour en 2006[4]. L'Agence nationale et internationale du Manitoba est fondée en 2007[4].
Population et société
Lorsque les villes ou villages possèdent un établissement scolaire francophone, la vitalité de la langue française sort renforcée dans ces communautés urbaines. C'est le cas pour les villes suivantes[5] :
Commune | Part des francophones en 1991 | Part des francophones en 1996 |
---|---|---|
Notre-Dame-de-Lourdes | 75 % | 96 % |
Saint-Pierre-Jolys | 76 % | 83 % |
Saint-Lazare | 75 % | 78 % |
Ste. Anne | 58 % | 62 % |
Somerset | 58 % | 77 % |
Par contre, si une communauté francophone ne possède pas d'école francophone, la langue française aura tendance à diminuer, comme à Saint-Claude (78 % de francophones en 1991 et 69 % en 1996).
Liste des municipalités bilingues du Manitoba
- la municipalité rurale de Alexander (Saint-Georges)
- la municipalité rurale de Saint-Laurent
- la municipalité rurale de DeSalaberry
- le village de Saint-Lazare
- la municipalité rurale de Ellice
- le village de Saint-Léon
- la municipalité rurale de La Broquerie
- le village de St-Pierre-Jolys
- la municipalité rurale de Montcalm
- le village de Somerset
- le village de Notre-Dame-de-Lourdes
- La ville de Sainte-Anne
- la municipalité rurale de Ritchot
- la ville de Winnipeg
- le village de Saint-Claude
Culture
Culture franco-manitobaine
- Bois-Brûlés
- CBWFT-DT
- Cercle Molière
- CKSB
- Festival du Voyageur
- La Liberté (Manitoba)
- Métchif
- Rébellion de la rivière Rouge
- Société franco-manitobaine
- Union nationale métisse de Saint-Joseph du Manitoba
- Université de Saint-Boniface
Patrimoine historique franco-manitobain
La langue française manitobaine
Les Franco-Manitobains ont (à l’image de leurs cousins des provinces de l’Ouest), pour la plupart, leurs racines au Québec. Mais les origines de l’autre partie des locuteurs francophones ont deux souches : les Européens francophones, ce qui rend cette situation sociolinguistique unique au Canada.
En effet, lorsqu’on examine le répertoire linguistique de cette communauté, on remarque un contraste entre l’utilisation d’une langue plus formelle apprise à l’école et le maintien de trois variétés de français (le français des Métis (et le mitchif[6]), le québécois et les dialectes francophones d’Europe) encore parlées dans les zones rurales et dans des situations informelles, dans le but d’exprimer différents sentiments d’identité. Lors d'une enquête sur le terrain, en 1994, il a été noté que la minorité franco-manitobaine n’est regroupée qu’au niveau politique pour la sauvegarde de ses droits. Sur le plan sociolinguistique, en revanche, elle forme une mosaïque linguistique et identitaire, véritable microcosme de la situation nationale, ce qui nous autorise d’emblée à « mettre la francophonie manitobaine au pluriel », distincte d’autres parlers français canadiens (comme le français québécois).
Personnalités franco-manitobaines
- Louis Allain, directeur de l’école communautaire Aurèle-Lemoine ;
- Pauline Boutal, comédienne, directrice de théâtre illustratrice de mode et peintre ;
- Tyler Brûlé, journaliste, entrepreneur et éditeur de magazines ;
- Mud Bruneteau, joueur de hockey ;
- Maria Chaput, sénatrice ;
- Pierre Chevrier, ancien animateur de Manitoba ce soir ;
- Jean-François Chevrier, animateur et journaliste à Radio-Canada ;
- Faouzia, auteure-compositrice-interprète et musicienne canado-marocaine;
- Étienne Gaboury, architecte ;
- Rolland Gaudet, universitaire qui a enseigné les mathématiques et la recherche opérationnelle à l'Université de Saint-Boniface.
- Marc-Amable Girard, premier franco-manitobain à être premier ministre du Manitoba ;
- Daniel Lavoie, auteur-compositeur-interprète et pianiste ;
- Ron Lemieux, homme politique, député et ancien joueur professionnel de hockey sur glace ;
- Ambroise-Dydime Lépine, homme politique ;
- Gisele MacKenzie, actrice
- Micheline Marchildon, actrice et humoriste ;
- Gildas Molgat, homme politique fédéral ;
- Cécile Mulaire, créatrice du Club Bicolo et auteure jeunesse.
- Joseph Norbert Provencher, évêque ;
- Maurice Paquin, comédien et chanteur ;
- Louis Riel, avocat, homme politique, et chef de la Nation métis des Bois-Brûlés ;
- Gabrielle Roy, écrivaine ;
- Martin Bruyère, humoriste, auteur
- Denise Savoie, femme politique ;
- Raymond Simard, homme politique ;
- Alexandre-Antonin Taché, évêque ;
- Jonathan Toews, joueur de hockey des Blackhawks de Chicago ;
- Alpha Toshineza, artiste en arts visuels, producteur et auteur-compositeur-interprète ;
- Patrick Sharp, joueur de hockey des Blackhawks de Chicago ;
- Albert Vielfaure, député ;
- Jean-Pierre Vigier, joueur de hockey ;
Notes et références
- Données statistiques de 1991
- Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada 2009, p. 1
- Serge Dupuis, Deux poids deux langues, Québec, Septentrion, 2019, pp. 43-44.
- Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada 2009, p. 20
- Données du gouvernement canadien
- Le mitchif est cette autre langue unique aux Métis de l’Ouest. C’est une langue mixte (ou « entrelacée ») constituée en partie de cri (verbes) et en partie de français (noms, adjectifs, déterminatifs).
Voir aussi
Bibliographie
- Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, Profil de la communauté francophone du Manitoba, Ottawa, , 17 p. (ISBN 978-2-922742-35-0, lire en ligne)
- Giraud, Marcel (1945), Le Métis canadien : son rôle dans l’histoire des provinces de l’Ouest, Paris, Institut d’Ethnologie, 1 245 p.
- Raymond-M. Hébert, La révolution tranquille au Manitoba français, essai, Saint-Boniface, Éditions du Blé, 2012, 384 pages,
- Papen, Robert A. (1998), « French : Canadian varieties », dans J. EDWARDS (dir.), Languages in Canada, Cambridge University Press, p. 160-176.
- Marchand, Anne-Sophie (1998), « La survivance du français au Manitoba (Canada) : facteurs de maintien et facteurs de régression linguistiques », thèse de doctorat, Université de Franche-Comté, 462 p.
- Marchand, Anne-Sophie (1993), « Identité culturelle et conscience linguistique des francophones d'Amérique du Nord : la survivance du français au Manitoba (Canada) », mémoire de D.E.A., Université de Franche-Comté, 90 p.
- Louis Riel bande dessinée historique.
Liens externes
- Francophonies canadiennes : Ouest et Nord-Ouest
- [PDF] Profil des francophones de Manitoba, document pdf de l'association des francophones et acadiens du Canada
- ,Glossaire bilingue des noms géographiques du Manitoba
- Polémique sur le calcul du nombre de Francophones au Canada et notamment au Manitoba
- Langue française et francophonie
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