Français québécois

Le français québécois, aussi appelé français du Québec, est la variété de la langue française parlée essentiellement par les francophones du Québec[3].

Ne pas confondre avec le français canadien, terme général qui regroupe les diverses variétés du français parlées au Canada.

Français québécois
Pays Canada, États-Unis
Région Canada
Nombre de locuteurs 7 303 740 (2016)[1]
Typologie SVO, flexionnelle, accusative, syllabique, à accent d'intensité
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Québec
Régi par Office québécois de la langue française
Codes de langue
IETF fr-ca[2]
Linguasphere 51-AAA-iib
Glottolog queb1247

Le français écrit du Québec est syntaxiquement identique au français européen et international, et ne s'en distingue que marginalement sur le plan lexical. Au contraire, le français oral du Québec comporte des écarts syntaxiques, phonétiques et lexicaux parfois prononcés par rapport à la norme écrite. Le français québécois connaît des variétés régionales, dont le joual, parler populaire de Montréal, et le magoua, parler populaire de la région de Trois-Rivières (voir Variations régionales). Les Québécois utilisent des mots français (arrêt, magasinage, stationnement, fin de semaine, etc.) là où les Français, Belges et Suisses francophones ont adopté des mots anglais (stop, shopping, parking, week-end, etc.), mais l'inverse est également vrai, plongeant plus profondément dans la syntaxe.

L'Office québécois de la langue française travaille au développement de la langue française et appuie certaines particularités qui peuvent diverger parfois de l'usage européen mais sans écarter ce dernier.

Distinction entre français québécois et français canadien

Il ne faut pas confondre français québécois et français canadien. En effet, à strictement parler, le français canadien constitue un ensemble qui comprend le français québécois et les français de diverses autres régions et origines. Ainsi, le français acadien et le français terre-neuvien ont des origines différentes du français québécois. Quant au français ontarien et au français du Manitoba[4], ils ont les mêmes origines que le français québécois (la population francophone de ces provinces étant historiquement issue d'une colonisation en provenance du Québec) mais celui-ci s'est différencié avec le temps, notamment à la suite de la Révolution tranquille[5]. Il en va de même du français des petites communautés francophones du New Hampshire et du Vermont, aux États-Unis, également issu du français québécois mais aujourd'hui moribond et fortement teinté de l'anglais. Dans certaines régions limitrophes orientales du Québec (baie des Chaleurs, Basse-Côte-Nord, îles de la Madeleine), c'est le français acadien plutôt que le français québécois qui constitue le parler ancestral, quoique la jeune génération s'aligne de plus en plus sur le parler du reste du Québec[6],[7]. Quant au français parlé au Madawaska, une région séparée entre le Nouveau-Brunswick et le Maine, il serait foncièrement québécois selon certains auteurs, mais selon d'autres, il serait un mélange de français acadien et de français québécois[8].

Par ailleurs, 13,8 % des francophones du Canada ne vivent pas au Québec[9].

Histoire

Les habitants de la Nouvelle-France (1604–1763) parlent un français identique à celui de Paris[10], et ce, même si la plupart des colons viennent de différentes régions (essentiellement de l'ouest et du nord-ouest de la France). Il apparaît en effet que la diversité des langues régionales s'est rapidement uniformisée autour de la koinè urbaine[11], phénomène favorisé par le fait que 71,5 % des colons ont une origine urbaine ou semi-urbaine[12]. Cette uniformisation autour de l'usage parisien est également renforcée par l'arrivée des filles du Roi, immigrantes recrutées pour épouser les colons dans une perspective de peuplement[13] (1663–1673). Il s'agit essentiellement d'un français populaire qui comporte ses différences par rapport à celui de la Cour, sans en être très éloigné[10],[14]. L'hypothèse selon laquelle on n'aurait jamais parlé les langues régionales en Nouvelle-France est proposée par Mougeon et Béniak en 1994 alors que la théorie du « choc des patois » provient de Barbaud (1984).

Il reste que 28,5 % des premiers colons sont d'origine rurale[15], ce qui favorisera la diffusion de mots fréquents dans diverses langues du Centre et de l'Ouest (par ex. : garnotte au sens de « petite pierre »).

Ainsi, bien qu'il ait indéniablement conservé des éléments issus des langues d’oïl régionales comme le normand, le poitevin, le gallo ou encore le saintongeais[16], le français québécois tient essentiellement son origine de la langue parisienne du XVIIIe siècle. Toutefois, il serait faux de prétendre que le français québécois actuel est une forme parfaitement préservée de la langue de l'Ancien Régime. Le français du Québec, comme celui de France, a évolué et trouvé ses inflexions propres en fonction de ses réalités spécifiques et, notamment, de son interaction avec la langue anglo-saxonne. L'évolution du français québécois à partir de la langue parisienne d'autrefois (avant la nouvelle norme française datant de la Révolution) connaît ses premières impulsions sous l'action de Thomas Maguire dans les années 1840, s'intensifie avec les nouveaux moyens de communication du milieu du XXe siècle et s'accélère avec l'instruction élargie et l'émancipation sociale et intellectuelle des Québécois de la Révolution tranquille[17].

Enclavé dans un environnement anglophone, le français québécois a toujours été une langue sous influence théoriquement menacée d’extinction. Cependant, les pressions et les revendications des francophones, dans les années 1960, ont amené le gouvernement fédéral du Canada à adopter des politiques de bilinguisme pour l'administration publique et les services de l’État ainsi que pour l’étiquetage et l’emballage. Quant au gouvernement du Québec, il se donne en 1977 une Charte de la langue française (souvent appelée « Loi 101 ») qui déclare le français seule langue officielle du Québec, au travail, dans l’affichage commercial et dans l’éducation des immigrants.

Norme et politique linguistique

Norme

Deux lignes de force traversent les discours et les attitudes concernant la norme du français québécois. La première, dite « exogéniste », cherche essentiellement à aligner le français du Québec sur le français de France ou d'Europe, ce qui implique le rejet des régionalismes. La seconde, dite « endogéniste » prône l'utilisation et le développement d'un français spécifique au Québec, basé sur l'usage historique et actuel et sur les réalités québécoises. Ces deux pôles sont rarement purs, attendu d'une part qu'il est concrètement impossible de pratiquer au Québec un français en tous points semblable au français de France, et d'autre part qu'il est nécessaire de préserver des points communs avec le reste de la francophonie, ne serait-ce que pour favoriser la communication.

Ces antagonismes portent principalement sur le lexique et sur la prononciation[18],[19],[20]. La syntaxe et la grammaire du français québécois écrit ne diffèrent pas vraiment de celles du reste de la francophonie.

Sur le plan lexical, le problème que pose la position endogéniste n'est pas tant la néologie québécoise (ex. : création de mots comme cégep ou courriel) que les usages québécois considérés comme non standards, soit en raison de l'influence de l'anglais (anglicismes), soit en raison de la présence d'archaïsmes. En fait, la question est de savoir si les nombreux anglicismes dont est imprégnée la langue québécoise constituent une évolution naturelle et légitime de cette dernière ou des éléments exogènes à proscrire parce que contraires à une certaine conception de la qualité de la langue. La dichotomie entre la langue écrite et la langue parlée, beaucoup plus prononcée au Québec qu'en Europe, pose aussi le problème de savoir dans quelle mesure la langue écrite peut ou non reproduire des usages de la langue parlée.

De nombreux anglicismes courants dans la langue courante comme dans la langue juridique, administrative et technique sont disparus de l'usage dans les années 1960 et 1970 sous l'influence d'une volonté collective de correction et notamment grâce aux travaux linguistiques et promotionnels de l'Office de la langue française.

Paradoxalement, la position exogéniste préconise jusqu'à l'utilisation des emprunts à l'anglais courants en France et traditionnellement non utilisés au Québec, comme le mot week-end pour fin de semaine (et de fait, le mot week-end connaît une diffusion accrue depuis les années 1980).

Accusés de vouloir s'aligner sur la France, les exogénistes se retranchent souvent derrière la notion de « français international », norme théorique censée pouvoir être comprise par les francophones du monde entier.

Bureaux de l'Office québécois de la langue française, à Montréal.

L'Office québécois de la langue française cherche à concilier ces deux pôles. Ses deux principales publications sont la Banque de dépannage linguistique (BDL) et le Grand dictionnaire terminologique (GDT), qui guident l'Administration et le grand public quant à la norme à adopter au Québec sur les questions lexicales, grammaticales, typographiques et phonétiques entre autres. L'OQLF joue aussi un rôle important en néologie.

Le français enseigné dans les écoles suit cette norme parfois fuyante qui cherche à la fois à l'aligner sur le français « international » tout en intégrant lexicalement les réalités et les concepts propres à sa culture et à son monde de référence nord-américain. Les enseignants québécois parlent généralement avec un accent québécois standard qui, pareillement, cherche à éliminer les traits phonétiques non standards, ils prononcent des diphtongues légères et lexicaux associés à une langue trop populaire, sans pour autant s'aligner sur le français européen ou autre.

Contrairement à la langue orale, la langue écrite utilise les mêmes normes que le français commun des autres États francophones sur les plans syntaxique et grammatical. Il diffère cependant sur le plan lexical (quoique dans une moins grande mesure que la langue orale, voire dans une mesure presque marginale) et sur certains aspects de la typographie (par exemple l'emploi plus policé et plus restrictif de la majuscule dans les appellations, et l'absence d'espace avant les points d'exclamation et d'interrogation). L'Office québécois de la langue française (OQLF) travaille de concert avec l’Académie française et les organismes gouvernementaux des autres pays de la Francophonie. L’Office promeut d'abord un usage français dans le respect des particularités québécoises. Les termes normalisés par l'Office sont obligatoires dans les documents officiels et scolaires.

L’OQLF recommande la féminisation des noms de fonction (comme « professeure », « auteure », « mairesse », etc.). La Belgique, la Suisse et finalement la France ont suivi le Québec dans cette voie après des années et l'usage n'est pas encore établi partout, l'Académie française s'étant montrée sans doute la plus conservatrice en cette matière[21].

Variations sociolinguistiques

Le français québécois oral comporte divers registres, depuis le français qu'on pourrait qualifier d'« officiel », « normatif » ou « standard », jusqu'aux usages populaires (ex. : joual) et régionaux, souvent considérés comme très archaïques en regard de la norme française.

Le français « normatif » est en principe utilisé dans la parole publique et par les locuteurs instruits, mais dans tous les cas, il reste parfaitement distinct du français de France.

Médias et arts de la parole

Logo de Radio-Canada.

Dès sa création (radio 1936, télévision 1952), Radio-Canada s'est donné pour mission d'établir une norme de français correct, axé sur le français de France mais teinté des spécificités canadiennes : c'est ce qu'on a appelé le français radio-canadien. Ce français a été conservé à un haut niveau et considéré comme un exemple jusqu'à la fin des années 1970 environ, où l'on s'est mis graduellement à se rapprocher de la langue québécoise de tous les jours. Le français entendu à Radio-Canada demeure toutefois, encore aujourd'hui, souvent plus proche d'une norme internationale que celui qu'on entend sur les autres chaînes.

Les animateurs des autres chaînes ont instinctivement adopté une norme similaire jusqu'à la fin des années 1970, après quoi un certain esprit anti-élitiste a amené les animateurs à parler exactement devant le micro comme dans la vie de tous les jours, en en faisant parfois explicitement une question de principe.

Les pièces de théâtre québécoises étaient écrites essentiellement en français de France (norme du français écrit au Québec) jusqu'en 1968. Cette année-là, la pièce Les Belles-sœurs de Michel Tremblay s’avéra être un tournant : en écrivant sa pièce en joual, Michel Tremblay ouvrait la porte aux autres auteurs dramatiques, qui ne se firent pas prier malgré la polémique engendrée sur le moment.

Dans les fictions télévisées, la langue des personnages a toujours été alignée sur la réalité (dans la mesure de l'habileté des auteurs et des acteurs).

En Europe, le français québécois est perçu comme parfois difficile à comprendre, d'où la présence de sous-titres dans certains films québécois présentés en Europe francophone. La présence de ces sous-titres est souvent mal perçue par les Québécois, qui ont du mal à croire que leur langue soit si différente de celle des francophones européens.

Lexicographie

La lexicographie québécoise est animée par le souci de répertorier, voire d'enrichir le vocabulaire français propre au Québec.

La Société du parler français au Canada, sous la houlette d'Adjutor Rivard, lance au début du XXe siècle les premières études sur la langue française au Canada français.

Dans les années 1965-1980, une équipe de l'Université Laval, sous la direction de Gaston Dulong appuyé de Gaston Bergeron, entreprend dans tout le Québec des enquêtes linguistiques qui mèneront à la publication de l'Atlas linguistique de l'Est du Canada (1980). Cet ouvrage descriptif demeure à ce jour, avec plus de 650 000 notations de réponses et ses 10 volumes totalisant 5 000 pages, le plus imposant ouvrage voué à la description du français populaire parlé en Amérique.

Par ailleurs, l’équipe du Trésor de la langue française au Québec (TLFQ) de l’Université Laval a été constituée dans les années 1970 par les professeurs Marcel Juneau et Claude Poirier dans le but de créer une infrastructure scientifique en linguistique, d'établir un programme de recherche historique sur le français québécois, de contribuer à la création d'un milieu de recherche en lexicographie historique au Québec et de publier des études spécialisées sur l'histoire du français au Québec[22].

Le groupe de recherche Franqus Français québécois : usage standard ») de l’Université de Sherbrooke, en collaboration avec le TLFQ et l’Office québécois de la langue française (OQLF), met en ligne le dictionnaire Usito en 2009. Ce dictionnaire aménagiste est, dans sa version originale, le premier du genre de la langue française. Il est conçu, dans sa totalité, par des groupes de recherche de l’extérieur de la ville de Paris (France) et constitue le premier dictionnaire original, entièrement québécois. Usito veut répondre au besoin constaté du fait que « les dictionnaires usuels en usage au Québec ne sont pas adaptés au contexte québécois et nord-américain »[23].

Niveau provincial

La Charte de la langue française, adoptée en 1977, est une des lois-phares du premier gouvernement Lévesque (1976-1981). Elle fait suite à deux principales lois linguistiques adoptées par des gouvernements précédents, soit la Loi sur la langue officielle (Loi 22) du gouvernement libéral de Bourassa en 1974, et la Loi pour promouvoir la langue française au Québec (Loi 63), du gouvernement unioniste de Jean-Jacques Bertrand en 1969. La Charte de la langue française est la plus ambitieuse des trois. Elle établit le français comme seule langue officielle du travail, de l'administration, du commerce et de l'affichage. Sans interdire l'anglais, elle en restreint l'usage. La Loi sur la protection du consommateur est une autre des lois qui font du français la langue d'usage au Québec.

L'Assemblée nationale a créé trois grandes institutions responsables de l'aménagement linguistique et du rayonnement du français au Québec : l'Office québécois de la langue française (OQLF), créé sous le nom d’Office de la langue française du Québec en 1961, la Commission de toponymie, créée par la Charte pour succéder à la Commission de géographie en 1977, et le Conseil supérieur de la langue française, également créé par la Charte en 1977 sous le nom de Conseil de la langue française.

D'autres ministères du gouvernement du Québec assurent le rayonnement du français en Amérique du Nord, dont le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes et le ministère des Relations internationales et de la Francophonie, lesquels pourvoient à la promotion du français auprès des organismes québécois et étrangers, notamment grâce à des ententes de réciprocité.

Le français n'a été déclaré langue officielle que par deux provinces au Canada : le Québec, où elle est la seule langue officielle, et le Nouveau-Brunswick, où elle est langue officielle avec l'anglais. Plusieurs autres provinces[24] ont une politique linguistique accordant une place plus ou moins importante au français selon le cas, mais sans lui conférer un statut officiel. Au niveau fédéral, cependant, le français est, avec l'anglais, une des deux langues officielles de l'Administration.

Niveau fédéral

La Constitution du Canada ne précise pas spécifiquement si la langue est une compétence fédérale ou provinciale. Ainsi, outre les lois provinciales citées ci-dessus, le gouvernement fédéral a lui aussi adopté des lois linguistiques, la principale étant la Loi sur les langues officielles de 1969, qui régit essentiellement la langue des institutions fédérales, met les deux langues sur le même pied et consacre le droit des fonctionnaires de travailler dans la langue de leur choix et des citoyens d'être servis (par les institutions fédérales) dans la langue de leur choix. La Loi sur les langues officielles a suscité dans les années 1970 une transformation majeure de la fonction publique caractérisée notamment par un essor de la traduction (principalement de l'anglais au français) et une augmentation du nombre de fonctionnaires francophones (les francophones étant plus souvent bilingues que les anglophones). Cette loi ne fait pas l'unanimité dans les deux communautés linguistiques, les anglophones jugeant qu'elle a suscité l'émergence d'un « French Power », et les francophones estimant que le bilinguisme ainsi instauré ne reste essentiellement qu'un bilinguisme de façade. La politique multiculturaliste prônée par le premier ministre Pierre Elliott Trudeau dans les années 1970 et 1980 – et encore bien vivante à ce jour – est perçue par les nationalistes québécois comme un moyen détourné de faire diminuer l'importance relative du français au pays.

La Charte canadienne des droits et libertés, qui fait partie de la Constitution canadienne, comporte plusieurs articles traitant de la langue (principalement les articles 16 à 23). On peut y lire entre autres que : « Le français et l’anglais sont les langues officielles du Canada ; ils ont un statut et des droits et privilèges égaux quant à leur usage dans les institutions du Parlement et du gouvernement du Canada. »

Les lois linguistiques du Québec ont souvent été contestées en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés. La Cour suprême du Canada a en effet jugé à quelques reprises que la Charte de la langue française contrevenait aux droits constitutionnellement garantis à la minorité linguistique anglophone de la province, notamment en ce qui concerne l'affichage. La Charte de la langue française a dû être modifiée en conséquence (voir entre autres Loi 178).

Caractéristiques lexicales

On trouvera dans le Wiktionnaire une nomenclature exhaustive compilant des mots et des expressions typiques du Québec. Voici cependant quelques considérations générales.

Anglicismes

Les anglicismes constituent une des principales particularités du français québécois par rapport aux autres variantes du français. Leur forte présence est due à l'intime proximité de l'anglais depuis 1760, date de la Conquête.

Jusqu'à la Révolution tranquille, les commerces, et donc les employeurs, étaient principalement de langue anglaise, ce qui fait que lorsque les Canadiens français, vivant essentiellement à l'origine en milieu agricole, ont quitté les campagnes pour les villes lors de l'industrialisation, ils ont appris leur métier avec des mots anglais (sans être eux-mêmes bilingues), ce qui a contribué à la diffusion d'anglicismes (souvent les mots anglais déformés) dans leur vocabulaire technique ou pour nommer les réalités du travail (ex. : foreman pour contremaître). Dans le même ordre d'idées, les contrats de travail et conventions collectives étaient rédigés en anglais, et lorsqu'ils étaient traduits, ils l'étaient par des traducteurs improvisés qui calquaient les formes de l'anglais (ex. : bénéfices marginaux au lieu d’avantages sociaux pour traduire fringe benefits).

C'est ainsi que les anglicismes sont présents dans la langue parlée comme dans la langue écrite. Toutefois, les efforts de l'Office québécois de la langue française et une volonté collective en ont fait disparaître un grand nombre dans les années 1970, que ce soit dans les domaines techniques ou dans le vocabulaire administratif.

Les Québécois reprochent souvent aux Français leur utilisation fréquente d'anglicismes. Il est vrai que la France aime emprunter des mots anglais, surtout dans les domaines de la mercatique, du commerce, de la finance et du monde des affaires. Les anglicismes québécois ne sont pas les mêmes, et sont surtout d'un autre ordre. D'une part, les mots empruntés tels quels sont plus proches de la langue de tous les jours (ex. : « donner un lift » pour « conduire quelqu'un quelque part en voiture », « raccompagner », « reconduire », « passer chercher », etc.). D'autre part, il ne s'agit pas uniquement d'emprunter le mot tel quel, mais souvent d'en faire une traduction littérale, avec pour résultat une expression qui dit les choses à la façon anglaise avec des mots français. (Par exemple, un Québécois dira souvent « à l'année longue » (de l'anglais all year long) là où un francophone d'un autre pays dira « à longueur d'année » ou plus simplement « toute l'année ».)

On distingue divers types d'anglicismes : intégraux, hybrides, sémantiques, syntaxiques, morphologiques et phraséologiques[25].

Les anglicismes intégraux sont le résultat d'un emprunt direct (ex. : wiper pour « essuie-glace »).

Les anglicismes hybrides consistent à ajouter au mot anglais un élément morphologique français (ex. : checker pour « vérifier » ou spotter pour « repérer »).

Les anglicismes sémantiques sont constitués par des mots qui sont français mais qui prennent le sens d'un mot anglais qui leur ressemble et qui a un sens différent (ex. : définitivement au sens de « certainement » plutôt qu'au sens de « pour toujours » ou ça prend au sens de « il faut »).

Les anglicismes syntaxiques sont des agencements de mots français reproduisant une structure anglaise (ex. : siéger sur un comité, calquant to sit on a committee au lieu de faire partie d'un comité ou siéger à/dans un comité) (ex. : tomber en amour avec et non tomber amoureux de qui vient de l’anglais to fall in love with) ou encore "faire application", reprenant job application pour poser sa candidature à un travail).

Les anglicismes morphologiques sont des traductions littérales d'une expression anglaise donnant naissance à une expression équivalente en français qui n'existerait pas sous cette forme autrement, parce que son sens est déjà couvert par un autre vocable. Par exemple, un Québécois peut dire qu'il fera « un [appel] longue distance » (traduction littérale de long distance [call]) plutôt qu'un « interurbain ».

Le cas de week-end est particulièrement intéressant. Jusqu'aux années 1980, les Québécois parlaient uniquement de fin de semaine pour désigner les deux jours de congé que sont le samedi et le dimanche. Parallèlement, le week-end étant une réalité britannique avant d'être française, les Français ont jugé préférable et légitime de faire un emprunt direct (autour des années 1920). Dans les années 1980, les Québécois, constatant que le mot week-end était dans les dictionnaires français et non le mot fin de semaine, se sont mis à répandre l'idée selon laquelle fin de semaine était un calque erroné, et qu'il fallait lui préférer l'emprunt francisé week-end. Depuis, le mot week-end est en concurrence avec fin de semaine au Québec. L'OQLF recommande fin de semaine[26].

Les anglicismes phraséologiques sont des expressions calquées directement de l'anglais, comme « au meilleur de ma connaissance » (to the best of my knowledge) plutôt que « pour autant que je me souvienne » ou simplement « à ma connaissance ».

Comme il a été mentionné sous la rubrique Norme, la dénonciation des anglicismes ne se fait pas sans débat. La question est de savoir si un terme français issu de l'anglais mais utilisé depuis longtemps peut accéder à un statut légitime en vertu du principe universel de l'évolution des langues – l'emprunt constituant un mode d'enrichissement de la langue – ou si la multiplicité des anglicismes « pollue » et dénature la langue française au Québec. L'OQLF tente d'arbitrer ces litiges en combinant une optique pragmatique et le souci de préserver une communauté d'usage avec le reste de la francophonie et d'éviter les emprunts et calques inutiles.

Il faut dire aussi que le fait que l'anglais lui-même comporte d'innombrables mots issus du français (en raison de la conquête normande de 1066 ayant instauré le français comme langue administrative et juridique en Angleterre pendant environ trois siècles), il n'est pas toujours facile de déterminer si un anglicisme potentiel utilisé au Québec a effectivement été emprunté de l'anglais ou ne constitue pas plutôt un archaïsme préservé depuis l'époque de la Nouvelle-France ou importé des régions dont provenaient les colons français.

Archaïsmes

Plusieurs mots et expressions d'usage courant aux XVIIe et XVIIIe siècles en France sont devenus désuets en France tout en restant courants dans la langue orale au Québec :

  • À cause que (parce que)
  • Barrer une porte (verrouiller une porte, terme encore utilisé dans le Poitou et dans une partie de la Normandie et du Nord de la France[27])
  • Présentement (en ce moment)
  • Souliers (chaussures)
  • Noirceur (obscurité)

L'idée d'archaïsmes dans le français québécois reste toutefois problématique puisque ces archaïsmes ne se définissent qu'en comparaison à la norme française. Ces mots et expressions dits « archaïques » ne le sont pas à proprement parler pour les locuteurs du français québécois. De plus, des archaïsmes sont encore utilisés dans certaines régions françaises (par exemple, « Barrer une porte » peut être entendu en Normandie).

Un vocabulaire de marins

Étant donné que les ancêtres des Québécois étaient souvent des marins – ou provenaient de milieux peuplés de marins comme la Normandie, la Bretagne ou l'Ouest de la France – beaucoup de leurs expressions sont des termes marins transposés à la vie de tous les jours. Certains de ces usages trouvent leur source dans les parlers régionaux de l'ouest de la France, d'autres sont originaux.

On peut citer :

  • Embarquer dans la voiture ou dans l'autobus ; débarquer de la voiture ou de l'autobus (respectivement pour « monter » et « descendre » ; en français standard ne se dit que pour les navires ou les aéronefs).
  • Prendre une débarque (tomber brutalement).
  • Manquer le bateau (rater une occasion).
  • Bordée de neige (chute de neige ; la/une bordée était à l'origine une rangée de canons situés du même bord d'un navire, puis une décharge de canons ainsi disposés)
  • Couler un examen (échouer à un examen).
  • Virer de bord (faire demi-tour, s'en retourner, y compris en voiture ou à pied)
  • Dévirer (désuet)
  • Se gréyer, être mal/bien gréyé (s'équiper, être mal/bien équipé ; variante du verbe gréer)
  • Gréyer les enfants avant de partir (les habiller, les préparer) (désuet)
  • Prélart (linoléum ; le prélart était à l'origine une toile épaisse servant à protéger les marchandises d'un navire et qu'on utilisait parfois pour recouvrir le sol).
  • Balise (indication des limites à ne pas franchir et des règles à respecter, dans la langue administrative)
  • Poêle à deux ponts (poêle à bois comportant un deuxième compartiment fermé servant de four, par analogie avec les ponts d'un navire) (désuet)
  • Vadrouille (balai à franges pour nettoyer le sol)

Ajoutons à cela l'injonction Envoye! (ou, au pluriel, Envoyez!) (prononcés respectivement « enwèye » et « enwèyez »), pour inciter les gens à se dépêcher, et qui vient du vocabulaire marin dans des échanges comme «– Paré à virer? – Paré. – Envoyez! »

Selon certaines sources, le mot tuque, qui désigne le bonnet de laine, serait nommé d'après l'appellation identique donnée à une tente ou un abri qu'on élevait à l'arrière d'un vaisseau.

Dans la même veine, la direction du courant du Saint-Laurent sert de référence globale en orientation à l'intérieur des limites de son bassin hydrographique. Ainsi, comme le fleuve coule d'ouest en est, il est d'usage de dire qu'une personne « descend » vers une ville lorsque celle-ci se trouve plus à l'est, donc en aval, du lieu où se trouve la personne (ex. : « Je vais descendre à Québec » pour une personne qui part de Montréal ou « Je vais monter à Québec » pour une personne qui part de Sept-Îles).

Hors de la vallée du Saint-Laurent, l'expression choisie dépendra du point de rencontre entre le Saint-Laurent et l'affluent qu'il faut d'abord emprunter. Par exemple, une personne se trouvant à Saguenay « montera » à Québec puisque, autrefois, elle devait descendre la rivière Saguenay jusqu'au fleuve et de là, monter le fleuve jusqu'à Québec. Une personne se trouvant à Rouyn-Noranda « descendra » pour sa part à Québec, car elle devait suivre la rivière des Outaouais jusqu'au lac des Deux-Montagnes et de là, descendre le fleuve jusqu'à Québec.

Il faut dire que ces façons de parler se perdent, ou subsistent mais dans une certaine confusion. Ainsi, certaines personnes utilisent « monter » dans le sens de « aller » et « descendre » dans le sens de « revenir », peu importe la direction. On dira aussi « monter dans le Nord », à partir de Montréal, pour aller dans les Laurentides ou « descendre dans le Sud » pour parler d'aller dans les Antilles, au Mexique ou en Floride (destinations populaires de vacances hivernales), simplement d'après l'orientation sur la carte géographique.

Parlers régionaux de France

Comme les ancêtres des Québécois venaient principalement de Normandie et de l'Ouest de la France, le parler populaire québécois comporte beaucoup d'usages disparus ou encore actuels originaires de ces régions. On peut citer entre autres[28] :

Mot Sens Origine
astheure (à cette heure, multiples orthographes)MaintenantNormandie, Bretagne, Poitou, Anjou, Vendée
barrer/débarrer une porteVerrouiller, fermer à clé / Déverrouiller, ouvrirNormandie, Poitou, Vendée
itouAussiNormandie, Poitou, Bretagne, Picardie
marier quelqu'unÉpouserNormandie, Vendée
prendre son souffleRetenir sa respiration, Inspirer dans le but de garder sa respiration un certain tempsNormandie, Vendée
de mêmeAinsi, comme ça : « Elle était grosse de même. »Poitou, Vendée
souventes foisSouventPoitou
chaudIvreAnjou
avoir du troubleAvoir des problèmesNormandie
Vivacité du suffixe -euxNormandie
Utilisation du partitif
 payer de l'impôt », « acheter de l'assurance », « avoir de la visite »)
Normandie, Vendée (avoir de la visite)

Sacres

Le français québécois se distingue aussi par les « sacres », jurons tirés du vocabulaire ecclésiastique. On attribue généralement cette particularité au fait que le peuple québécois a très longtemps vécu sous l'emprise très serrée de l'Église catholique, et ce, depuis la colonie (XVIIe siècle) mais en particulier dans la première moitié du XXe siècle, jusqu'à la Révolution tranquille (1960-1970). Le blasphème serait une réaction à cette mainmise qui s'exerçait aussi bien sur l'État que sur la vie privée. Le fait que le clergé ait encouragé la population à se soumettre aux conquérants en 1760 et 1837 n'a fait qu'amplifier cette forme de protestation[29].

Les sacres les plus courants sont « crisse » (déformation de christ), « câlisse » (déformation de calice), « ostie » (déformation de hostie), « sacrament » (déformation de sacrement) et « tabarnak » (déformation de tabernacle), mais on en compte une quinzaine, outre des dizaines de variantes.

Les sacres sont encore couramment utilisés, mais bien que la société québécoise se soit sécularisée, ils constituent encore des « gros mots » qu'on évitera dans un discours standard. En revanche, il en existe depuis toujours des dizaines de variantes atténuées qui, elles, peuvent être utilisées sans problème. Par exemple, crisse, câlisse, hostie et tabarnak peuvent devenir respectivement christophe, câline, ostination et tabarnouche ou tabarouette, formes tout à fait inoffensives, qui peuvent même dans certains cas être perçues comme faiblardes.

Le sacre peut servir à exprimer aussi bien la colère que la surprise, le plaisir ou la joie. Il existe à la base sous forme exclamative (« Tabarnak! T'es encore là? »), mais il peut aussi entre autres prendre une forme verbalisée (« câlisser quelqu'un dehors »), adverbialisée (« je me suis fait crissement mal ») ou substantivée (« le petit crisse m'a encore mordu »). Les sacres sont aussi souvent agglutinés (« ostie de tabarnak », etc.) pour plus d'intensité.

Première personne du singulier « je »

Comme dans presque toutes les régions de la francophonie, le « e » du « je » est souvent muet.

« Je suis » se prononce « chus » lorsque suivi d'un autre verbe même lorsque séparé, mais « chui » dans les autres cas. Voir Verbe être.

« Je vais » se prononce « j'vas » ou « m'as » lorsque suivi d'un autre verbe même lorsque séparé par un adverbe, mais « j'vais » dans les autres cas. . Voir Verbe aller.

Troisième personne du singulier « il »

Le pronom il est généralement prononcé [i].

Dans ce cas, il est généralement transcrit y plutôt que i, qui serait plus logique, peut-être parce que la forme simple du i (majuscule ou minuscule) est jugée difficile à identifier lorsqu'elle est isolée, peut-être aussi parce qu'on est plus habitué de voir un y qu'un i isolé (à cause du pronom y).

  • Y va venir demain.
  • « Le bon Dieu y est comme n'importe quel homme. Ça lui arrive de pas avoir de cœur. « Ferme ta gueule, répondait Edna. En se faisant homme, Jésus a hérité des défauts humains. Y a fait souffrir du monde lui aussi, comme nous autres. S'il avait été parfait, y serait resté au ciel. – (Denise Bombardier, Edna, Irma et Gloria, Albin Michel, 2007, p. 18.)

En cas régime, le pronom « lui » est également prononcé [i].

Troisième personne du singulier « elle »

Le pronom elle est généralement prononcé [a], ou [al] avant une voyelle. Voir à et a dans le Wiktionnaire.

  • A va venir demain.
  • Alle aime beaucoup son frère. (qu'on peut aussi écrire A l'aime beaucoup son frère.)

Cette prononciation est celle du Paris des XVIIe et XVIIIe siècles. Elle subsiste dans la langue populaire parisienne, comme en témoigne la chanson « Rue Saint-Vincent » d'Aristide Bruant :

  • Alle avait pas connu son père,
    Alle avait p'us d'mère,
    Et depuis 1900,
    A d'meurait chez sa vieille aïeule
    Où qu'a s'élevait comme ça, toute seule,
    Rue Saint-Vincent.

Devant le verbe être, en raison du hiatus, le pronom s'efface presque complètement. Il en résulte un [ɛ] subtilement rallongé.

  • C'est la mère qui veut ça. A l'aime dire qu'est le boss dans sa maison. – (Denise Bombardier, Edna, Irma et Gloria, Albin Michel, 2007, p. 160.)
  • – Elle est comment, ta maman? [...]
    – Je sais pas trop quoi te répondre.
    Est-tu genre : intellectuelle?
    – (Thomas O. St-Pierre, Même ceux qui s'appellent Marcel, Leméac, 2014, page 115.)

Troisième personne du pluriel « ils » et « elles »

Comme le pronom il, le pronom ils est généralement prononcé [i] et noté « y »; il en va souvent de même du pronom elles.

  • Y vont venir demain.
  • Y étaient pas contentes, les filles.
  • « Ah! le sexe! De nos jours, les gens parlent que de ça. Mais y savent pas de quoi y parlent. » – (Denise Bombardier, Edna, Irma et Gloria, Albin Michel, 2007, p. 38.)

Première personne du pluriel « nous »

  • Comme ailleurs dans la francophonie, à la première personne du pluriel, le pronom « nous » n’est utilisé comme sujet qu’à l’écrit ; c’est « on » qui est utilisé à l’oral.
    • Tu viendras nous voir plus tard ; pour l’instant, on est en train de souper.
    • Qu’est-ce qu’on fait à soir ?

Pronoms pluriels aux trois personnes

  • Les pronoms pluriels, à l'oral, sont souvent suivis du mot autres.
    • Je parle juste de nous autres, pas de vous autres.
    • On y va avec vous autres.
    • Qu'est-ce qu'y font là, eux autres?
    • « Le bon Dieu y est comme n'importe quel homme. Ça lui arrive de pas avoir de cœur. — Ferme ta gueule, répondait Edna. En se faisant homme, Jésus a hérité des défauts humains. Y a fait souffrir du monde lui aussi, comme nous autres. S'il avait été parfait, y serait resté au ciel. » – (Denise Bombardier, Edna, Irma et Gloria, Albin Michel, 2007, p. 18.)

Redoublement des pronoms

  • Les pronoms font aussi fréquemment l'objet d'un redoublement pour expliciter ou mettre de l'emphase ou véhiculer un message sous-entendu[30] :
    • Moé, j'm'en vas. (Signifie à la fois le désir de quitter le lieu physique et de prendre congé de certaines ou toutes les personnes qui s'y trouve.)
    • Qu'est-ce que tu fais là, toé? (Question rhétorique mettant l'emphase que l'individu agi de manière insolite ou se trouve quelque part où il ne devrait pas être.)
    • Lui, y connaît son affaire. Lui, y connait ça (slogan célèbre d'une annonce de bière, sous-entend que les autres ne le connaissent pas.)
    • « Nous autres, on est peppés [...] » (Implique que les autres ne sont pas peppés, ce qui est d’ailleurs la phrase suivante dans la chanson.)
    • Quand est-ce que vous êtes arrivés, vous autres?
    • Eux autres, y viendront pas.
  • Dans certains cas, notamment dans les questions formulées avec un adverbe de temps ou de lieu, le redoublement est presque systématique à la troisième personne :
    • Y est où, ton frère? ou Où-ce qu'i est, ton frère? ou Où-ce qu'il est, ton frère? ou Ton frère, y est où? mais non Où est ton frère? ni Ton frère est où?
    • Quand est-ce qu'alle arrive, ta sœur? ou Alle arrive quand, ta sœur? mais non Quand ta sœur arrive-t-elle?

Voir aussi la section Verbes.

Le mot pis au sens de « et »

Dans la langue parlée, le « pis » (dérivé de « puis ») remplace généralement le « et » ou « et puis ».

  • J'm'en vas à Montréal avec Martin pis Julie.
  • On est allé faire un tour pis boire un verre.
  • Pis, ça s'est-tu bin passé à’ job?
  • Pis, comment ça se passe entre toi pis elle?
  • […] passe quand tu veux, pis on regardera ça. Pis amène de la vraie argent, là, OK? — (Patrick Roy, L'homme qui a vu l'ours, 2015).

Pis après? (souvent prononcé « pi apra? ») est très courant dans le sens de « et alors? », autant au sens temporel que pour exprimer l'indifférence.

  • T'es entrée, pis après, y s'est passé quoi?
  • O.K., t'as perdu ta job, pis après, qu'est-ce tu veux que ça me fasse?

Démonstratifs

Dans la langue parlée, les démonstratifs ce, cette et ces sont presque systématiquement suivis de -là après le nom désigné. De plus, ce et cet sont souvent prononcés « c'te » [stə], et ces est souvent prononcé «  » [se], en ajoutant évidemment la liaison du s devant une voyelle.

  • As-tu vu c'te fille-?
  • C'est c'te char- qui est le mien. (ou) C'est c'char-...
  • Ces enfants-, y sont toujours énervés.
  • Me semble qu'on est déjà passés dans c'te rue-.

Caractéristiques structurelles

Phonologie et phonétique

  • Sources[31] : Dumas (1987), Ostiguy & Toussignant (1993), Labelle (2004).

Historique

Dans son ouvrage D'où vient l'accent des Québécois? Et celui des Parisiens?, Jean-Denis Gendron explique qu'il y avait en France, aux XVIIe et XVIIIe siècles, deux modèles de prononciation en concurrence : le « bel usage », langue de la conversation de tous les jours, langue du peuple et aussi langue de la Cour (contrairement à ce qu'on pourrait croire, la langue de la Cour était très semblable à celle du peuple), et le « grand usage », langue de déclamation utilisée au théâtre, au Parlement, en chaire et dans les tribunaux pour les plaidoiries. Tous les voyageurs français venus en Nouvelle-France pendant le Régime français jugent que la langue qui y est parlée est exactement la même que celle de Paris[32].

C'est au cours du XVIIIe siècle que le « grand usage » commencera graduellement à prendre le pas sur le « bel usage » en France, mais c'est pendant et après la Révolution (1789) qu'il le détrônera. Or, depuis 1763, le Canada francophone est coupé de la France, celle-ci ayant cédé ce territoire aux Britanniques à l'issue de la guerre de Sept Ans. C'est ainsi que l'usage typique de l'Ancien Régime y perdure, et ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle que les « Canadiens français » se rendent compte que leur accent a « vieilli » selon la norme parisienne. Dès lors se mettra en branle tout un mouvement visant à rectifier cet accent autant que possible[17].

Ce mouvement sera animé d'abord par le Séminaire de Québec et par le réseau des écoles normales. Il vise d'abord à inculquer à une élite francophone embryonnaire (sur un territoire devenu britannique) un accent aligné sur celui de Paris. Avec l'avènement de la radio (1922) et surtout de Radio-Canada (1936), cet accent pourra connaître une plus grande diffusion. Aujourd'hui, toujours selon Jean-Denis Gendron[17], l'accent québécois s'est modernisé depuis la Révolution tranquille[33]. Il reste que s'il n'est plus le même que celui de l'époque de la colonie, il demeure très distinct de l'accent français actuel, souvent perçu comme snob par les Québécois.

Variations régionales

Sur le plan phonétique, les variations régionales sont beaucoup moins prononcées qu'en France, par exemple, mais on peut souvent reconnaître l'origine d'un Québécois par son accent. Par exemple :

  • Dans l'ouest du Québec, on entend plus de mots avec des voyelles longues (diphtonguées en syllabe fermée) qu’à Québec. Ainsi :
    • « poteau » se prononce [pɔto] dans l'est, mais [poːto] dans l'ouest ;
    • « arrête » se prononce [aʁɛt] dans l'est, mais [aʁaɪ̯t] ~ [aʁæɪ̯t] dans l'ouest ;
    • « baleine » sera prononcé [balɛn] dans l'est, mais [balẽĩ̯n] ou [balaɪ̯n] dans l'ouest ;
    • « lacet » sera [lasɛ] à Québec et [lɑsɛ] ~ [lɒsɛ] à Montréal.
  • Dans la région de Trois-Rivières, la diphtongaison des voyelles longues ou interprétées comme longues par le locuteur est encore plus répandue qu'à Montréal ou à Québec, comme dans [vinaɪ̯ɡ] pour « vinaigre ».
  • Dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, [ɛ] peut être prononcé [æ].[réf. souhaitée]

Voyelles

  • Contrairement à l'usage parisien actuel, sont maintenues dans le système phonologique québécois :
    • La distinction entre le a antérieur [a] et le a postérieur [ɑː] ~ [ɑʊ̯] : « patte » et « pâte » ;
    • La distinction entre le è bref [ɛ] et le è long [ɛː] ~ [aɪ̯] : « mettre » et « maître » ;
    • La distinction entre /ø/ et /ə/ : « jeu » [ʒø] et « je » [ʒœ̈] ; par contre, le /ə/ de « je » par exemple, est élidé partout où le contexte phonétique le permet : j'parle, j'mange, chu « je suis » (phénomène de la chute du schwa).
  • Les voyelles hautes /i, y, u/ sont relâchées en syllabe fermée et se réalisent [ɪ], [ʏ] et [ʊ]: /sis/ « six » [sɪs], /lyn/ « lune » [lʏn], /pul/ « poule » [pʊl] ;
  • Les voyelles nasales /ɑ̃/, /ɛ̃/, /ɔ̃/ et /œ̃/ du français scolaire de référence sont traitées de façon suivante :
    • /ɑ̃/ se réalise en [ã] ou en [æ̃] (basilecte) en syllabe ouverte, mais [ãː] ou [ãũ̯] (basilecte) en syllabe finale fermée ;
    • /ɛ̃/ et /ɔ̃/ se ferment et se diphtonguent en [ẽĩ̯] et [õũ̯] dans toutes les syllabes ;
    • La distinction entre le <in> et le <un> dans « brin » et « brun » est présente : [ẽĩ̯] et [œ̃ỹ̯] dans l'acrolecte, mais [ẽĩ̯] et [œ̃˞] dans le basilecte. La distinction a tendance à disparaître dans le basilecte au profit de [ẽĩ̯] dans le dialecte de Trois-Rivières.
  • Les voyelles longues (marquées /ː/) sont diphtonguées en syllabe finale fermée : [pɑɔ̯t] « pâte », [faɪ̯t] « fête », [ou̯tʁ̥] « autre », [sãẽ̯k] « cinq », [ɡɑʊ̯z] « gaz », [nøy̯tʁ] « neutre », [kaœ̯ʁ] « cœur », etc. L'application de la règle est bloquée sous l'effet de deux contraintes, l'une phonologique, l'autre sociolinguistique. La règle est contrainte :
    • phonologiquement, quand l'allongement n'est pas intrinsèque mais dû à l'action d'une consonne allongeante ou quand la voyelle allongée est [a][34]
    • sociolinguistiquement, lorsque le locuteur cherche à neutraliser son accent[35].
  • En syllabe finale ouverte, la voyelle /a/ se réalise [ɑ] (acrolecte) ~ [ɔ] (basilecte) : /kanada/ « Canada » se réalise phonétiquement [kanadɑ] ~ [kanadɔ], /sa/ « ça » se réalise [sɑ] ~ [sɔ] ; et la voyelle /ɛ/ est prononcée [a] (joual) : /taʁlɛ/ « tarlais » se réalise [taʁla] ; dans certaines régions et chez les anciennes générations, l'imparfait //-ait// se réalise [a] (ou [æ] dans Charlevoix et au Saguenay–Lac-Saint-Jean).
  • Dans le langage populaire, certains mots en -oi sont prononcés « -oé » ou « -oué » comme sous l'Ancien Régime.
    • « Regardez-moé passer, songeait-il sans doute, j'ai avec moé la plus jolie fille du village[36]. » (voir moé, toé)
  • Également, la terminaison en -oir ou -oire est parfois prononcée « -ouère ».
    • « Ah s'que c'est bon bon/d'prendre un verre de bière/avec la cuisinière/dans un p'tit coin nouère. » (chanson traditionnelle La Cuisinière)

Consonnes

Par contre, les /t/ et les /d/ se prononcent comme en français standard lorsqu'ils sont suivis d'une autre voyelle que les deux précédentes
  • Réduction des groupes de consonnes finales[37] :
Cas Exemples
voyelle occlusive liquidepossible > possib'
vinaigre > vinaig'
plâtre > plât'
voyelle occlusive occlusiveaccepte > accep'
affecte > affec'
correct > correc'
voyelle occlusive nasaleénigme > énig'
rythme > ryth'
voyelle fricative liquidepauvre > pauv'
livre > liv'
pantoufle > pantouf'
trèfle > trèf'
voyelle fricative occlusivenationaliste > nationalis'
reste > res'
casque > cas'
voyelle fricative nasalenationalisme > nationalis'
spasme > spas'
voyelle nasale nasaleindemne > indem'
hymne > hym'
voyelle liquide occlusive liquidearbre > arb'
mordre > mord'
couvercle > couverc'
voyelle fricative occlusive liquidepiastre > pias'
ministre > minis'
muscle > mus' ou musc'
voyelle occlusive fricative occlusivetexte > tex'
mixte > mix'
Ces particularités seront plus ou moins présentes selon le degré d'instruction du locuteur et le contexte d'élocution.
À noter que :
  1. La réduction est maintenue en cas de liaison :
    • d'autres amis > [dou̯t̬zaˈmi]
    • pauvres amis > [pou̯vzaˈmi]
  2. La réduction peut donner lieu à une affrication :
    • un cadre immense > [œ̃˞ˈkɑːd͡ziˈmãːs]
  3. La consonne tronquée est conservée dans la morphologie sous-jacente :
    • minis' mais ministère
    • pauv' mais pauvreté
    • indem' mais indemnité
  • Élision de l'article la
    • Rentrer dans' maison rentrer dans la maison »)
    • Aller à' gare aller à la gare »)

Le Québécois, sans prononcer l'article, n'en sent pas moins l'existence en rallongeant légèrement la voyelle. D'ailleurs, l'article est conservé devant une voyelle :

  • Chute du /l/ dans le pronom la
    • J'a connais pas je la connais pas »)
  • Le R est traditionnellement roulé [r] dans l’ouest du Québec et grasseyé [ʀ] dans l’est (quoique de nos jours, le [ʁ] domine partout).
  • Finales en « t ». Les t muets à la fin de certains mots sont prononcés. Parfois, on prononce un t final alors qu'il n'y en a même pas dans le mot.
Français standard Prononciation en français québécois
Un lit Un lite
Viens ici Viens icitte
C'est fait C'est faite (on prononce le t même au masculin)
Il est prêt Y'est prête (on prononce le t même au masculin)
La nuit La nuite
De la boue De la bouette
C'est laid C'est laite (on prononce un t même au masculin)
Il fait froid Y fait frette
J'ai tout vu J'ai toute vu (on prononce le t même au masculin)
Un bout Un boute
Pas du tout Pas pantoute
  • Résolution des hiatus. Outre les cas de liaison communs à toutes les variétés du français, notamment celles dérivées du français populaire de Paris historique, le français québécois connaît des règles de résolution des hiatus particulières par insertion de diverses consonnes éphelcystiques non étymologiques[38] :
Prononciation Français standard Registre
On gu'y vaOn y vaPopulaire
On d’y vaOn y vaPopulaire
On gue-d’y vaOn y vaPlaisant
Ch’t’assez contenteJ'suis assez contenteFamilier
T’es t’en formeT’es en formeFamilier
Donne-moi-z’enDonne-m’enFamilier
Ça l’a marchéÇa a marchéFamilier
Sur les hiatus, voir aussi la section sur le verbe être.

Vivacité des suffixes -eux et -age

Certains suffixes se retrouvent plus fréquemment au Québec qu’en France.

Cette caractéristique est issue du français parisien des XVIIe et XVIIIe siècles[39] et se retrouve encore dans certaines régions de France.
  • Il en va de même pour le suffixe -age action de… ») :

Genre

  • Les emprunts à l'anglais prennent souvent au Québec un genre différent de celui qu'ils ont en France. Au Québec, les emprunts sont féminins par défaut, tandis qu'en France ils seront normalement masculin. Par exemple, au Québec, on dit « une job » et « une business », alors que ces mots sont masculins en France. Le Wiktionnaire comporte un répertoire de ces cas.
  • Chez les locuteurs peu instruits, à l'oral, les noms masculins commençant par une voyelle sont souvent traités comme féminins[40]. Ce phénomène s'explique probablement par une confusion causée par la proximité phonétique entre l'article féminin « une » (prononcé [ʏn] en français québécois) et l'article masculin « un » prononcé avec une liaison lorsque le mot suivant commence par une voyelle, donnant un résultat à peu près identique (comme l'article défini est « l' », la distinction entre le masculin et le féminin est également perdue en l'occurrence). On entendra donc « de la bonne argent »[41], « une grande escalier », « une autobus » (et de là, « prendre la bus »)[42], etc. Ces usages sont cependant dénoncés comme des erreurs de langue.
Être

Le verbe « être » présente de nombreuses contractions et une tendance générale d'agglutination des pronoms au verbe, tendance commune à toutes les variétés du français d'Amérique, sauf l'acadien traditionnel[43] :

Personne Français oral québécois Français standard Attestations
Première du singulier(suivi d'une consonne)
Chus content
(suivi d'une voyelle)
Ch't'assez content
Ch't'en colère; J't'en colère

Je suis content

Je suis assez content
Je suis en colère
Pourtant, j't'encore convaincu qu'un eldorado se cache tout près[44].
Deuxième du singulier(suivi d'une consonne)
T'es content
(suivi d'une voyelle)
T'es-t'un gars patient

Tu es content

Tu es un gars patient
Troisième du singulierY'é content
’est contente
C't'assez beau
Il est content
Elle est contente
C'est assez beau
Première du plurielOn est contents
[õũ̯‿n‿ekõũ̯ˈtã] ou [õũ̯‿ekõũ̯ˈtã]

Nous sommes contents
Deuxième du plurielVous êtes contents
Z'êtes contents [z‿ɛt kõũ̯ˈtã]
Vous êtes contents
Troisième du plurielY sont contents
’sont contents
Y sont contentes
’sont contentes
Ils sont contents
Ils sont contents
Elles sont contentes
Elles sont contentes
  • Dans ce tableau, l'apostrophe en début de mot (troisième personne du õũ̯‿õũ̯‿singulier au féminin et troisième personne du pluriel) indique un léger rallongement de la voyelle. Le québécois a en effet plus l'impression de faire une élision qu'une ellipse.
  • Ce que l'orthographe rend comme es (2e personne) et est (3e personne) se prononce é [e] dans le langage familier, sauf dans la contraction de elle est, qui se prononce è [ɛ].
  • On retrouve quelquefois encore dans le langage parlé « sontaient » pour « étaient »[45].
  • Ces prononciations sont les prononciations populaires et familières. En langage soigné ou chez les sujets plus instruits, on entendra souvent « chuis », voire « je suis » au lieu de « chus », etc. Certains considèrent la prononciation « chuis » comme de l'hypercorrection. Un hiatus suivant « Chuis » n'est jamais résolu avec le phonème [t].
  • Voir aussi la section Pronoms.
  • Pour les hiatus, voir la section Consonnes.
Aller
  • À la première personne du singulier, on dit je vas ou j'vas au lieu de je vais.
Cette prononciation se trouve aussi dans certaines campagnes françaises, notamment en Bretagne.
  • Nostre Mintié, s’écriait-elle, j’vas vous fricasser de bonnes coquilles de Saint-Jacques, pour votre souper… — (Octave Mirbeau, Le Calvaire, 1886, IX)
  • Lorsque le verbe aller est utilisé avec un infinitif pour exprimer un futur, il est prononcé m'as (peut-être une contraction de moé, j'vas) :
    • M’as t’tuer (Je vais te tuer)
    • M'as t'attraper (Je vais t'attraper)
    • Quand m'as être un bon gars,
      Pas d'alcool, pas d'tabac,
      M'as rester tranquille,
      M'as payer mes bills,
      M'en vas apprendre l'anglais,
      M'as l'apprendre pour de vrai.
      — (Richard Desjardins, chanson Le bon gars, 1990)

Voir aussi Futur.

S'asseoir

Pour le verbe « s’asseoir », la conjugaison en « oi » est bien plus fréquente au Québec que « ie » ou « ey » (« je m’assois » au lieu de « je m’assieds », « assoyez-vous » au lieu de « asseyez-vous »). On entend aussi « s’assir », conjugué comme un verbe du deuxième groupe.

Haïr

Le verbe « haïr » est généralement conjugué en « j’haïs » /ʒai/ (le verbe a deux syllabes) plutôt que « je hais » /ʒəɛ/ (avec une seule syllabe). On entend aussi /ʒagi/ (pron. « j'haguis »), et ainsi de suite pour les autres personnes[46].

Savoir
  • À la première personne, se prononce typiquement « j'ché » [ʃe] ou « ch'sé » [ʃse].
    • Y va-tu venir demain? – J'ché pas.
Cette prononciation est souvent transcrite « ché », mais le son [ʃ] est généralement redoublé, de telle sorte que la transcription « j'ché » serait souvent plus fidèle.
  • À la deuxième personne, se prononce typiquement « t'sé » [tse].
    • T'sé ben qu'y viendra pas.
  • La locution typique « t'sé veux dire » est un tic de langage apparu dans les années 1970 et signifiant à peu près « tu vois ce que je veux dire ». On s'en moque souvent pour dénoncer l'incapacité de s'exprimer de son locuteur.

Les prononciations standard « je sais » et « tu sais » s'entendent aussi, selon le degré d'instruction du locuteur et le contexte d'élocution.

Croire
  • Les prononciations de l'ancien et du moyen français /krer/ et /krɛr/ sont encore vivantes dans certaines régions.
    • J'cré ben qui s'est pas faite de découvertes d'importance depuis celle du ruisseau Miller [...]. — (Renée Laroche et Cécile Girard, Un jardin sur le toit, Association franco-yukonnaise, Whitehorse (Yukon), 1991, p. 95)
Futur

Le futur simple en « -rai, -ras, -ra… » est absent de la langue parlée, étant remplacé par le futur proche, c’est-à-dire « aller + infinitif » :

  • I va s'en aller demain.

Il y a toutefois deux exceptions.

  1. À la voix négative, le futur simple est utilisé. Ainsi, on ne dira pas « Demain, il viendra » (on dira plutôt « Demain, il va venir »), mais on dira spontanément « Demain, il viendra pas. » (On peut aussi entendre « Demain, il va pas venir » ou « M'as pas manger ta soupe à ta place ». — voir le verbe « aller ».)
  2. Le futur simple sert aussi pour exprimer un genre de défi ou de résignation : « All'a dit qu'a viendrait. – Ben a viendra, qu'est-ce que tu veux que j'y fasse! »

Voir aussi Aller.

Lorsqu'il s'agit d'indiquer une action dans le futur, la locution désuète « mais que » est utilisée, suivie du subjonctif :

  • Mais que j'aille faire l'épicerie (quand j'irai faire les courses).
  • Mais que tu partes de chez vous (quand tu partiras de chez toi).
  • Appelle-moi mais que tu sois prêt à partir (appelle-moi quand tu seras prêt à partir).
Impératif
  • « Donne-moé-lé » pour « Donne-le-moi ».
  • « Fais-toi z’en pas » pour « (Ne) t’en fais pas ».
Subordonnées conditionnelles

Le Québécois peut remplacer une subordonnée conditionnelle par une construction à l’infinitif :

  • « Avoir de l’argent, je te ferais des beaux cadeaux » pour « si j’avais de l’argent, je te ferais des beaux cadeaux ».
  • « Avoir su, je serais pas venu » (ou, plaisant, « Avoir su, j'aurais pas venu »).
Parenté avec le picard

Les pronoms ainsi que certaines conjugaisons rappellent le picard. En exemple, les verbes être et avoir.[réf. nécessaire] :

  • Être :
    • Français standard : Je suis, tu es, il est, elle est, nous sommes, vous êtes, ils sont.
    • Québécois oral : Chu, t'es, i'é, al'est ou 'est (prononcé [ɛ]), on est, vous êtes, i sont.
    • Picard : Ej su, t'es, i'est, al'est, in'est, vos êtes, i sont.
  • Avoir :
    • Français standard : J'ai, tu as, il a, elle a, nous avons, vous avez, ils ont.
    • Québécois oral : J'ai, t'as, i'a, al'a, on a, vous avez, i'ont[47].
    • Picard : J'ai, t'as, i'a, al'a, in'a, vos avez, i'ont ou iz'ont.
  • Outre ces parentés dans la conjugaison, remarquons aussi que le français québécois privilégie la liaison à la première personne du singulier en -t à la liaison en -s (prononcé -z-) du français classique, tout comme le picard. Ainsi, là où le québécois dira ch't un homme (ou chu-t un homme), le picard dira j'su-t un honme tandis que le français classique dira je suis un homme prononcé j'suiz-un homme. Une certaine parenté est également discernable dans la prononciation qui tend à réaliser les phonèmes an et en en /ẽ/, quand un Québécois dit grand, le son qui en ressort est proche de la manière dont un picardophone pourrait le prononcer, et qui pour un oreille parisienne peut être entendu graind.

Particule interrogative « -tu »

La particule « -tu » [t͡sy] est utilisée quand on pose une question directe (dont la réponse ne peut être que oui ou non) à quelqu’un[48]. Le « -tu » tient alors le rôle d’un adverbe d’interrogation ou d’exclamation. Ce « -tu » est dérivé du « -ti », particule interrogative du langage populaire en France[49] tirée du « (-)t » de la 3e personne verbale accolé au pronom « il » comme dans « Y en a-t-il d’autres? » ou « Faut-il être fou? », perdant graduellement le « l » comme dans « C’est-y pas possible? » et se mettant dans des phrases qui ne nécessitent pas de pronom indirect « il y a ». Par conséquent, cette particule « -tu » (considérée comme particule à part entière et non comme pronom personnel dans ce contexte) transforme en interrogation ou exclamation une phrase qui sans elle serait simplement une affirmation.

  • « C'est loin, ça. » → « C’est-tu pas assez loin, ça? »
  • « Est-ce que j'ai l'air fatigué? » → « J’ai-tu l’air fatigué? »
    • « Quand je suis arrivée au comptoir, la fille m'a souri pis m'a dit “Hi”. Franchement! J'ai-tu l'air d'une Anglaise? » – (Montréal, ville dépressionniste, Moult Éditions, Montréal, 2017, p. 228)
  • « Y en a-t-il d'autres? » → « Y’en a-tu d’autres? »
  • « Faut être imbécile pas à peu près! » → « Faut-tu pas être cave pis pas à peu près! »
  • « C'est pas possible, ce qui arrive là! » → « C’est-tu pas possible, ce qui arrive là! »
  • « Tu vas bien? » → « Tu vas-tu bien? »
  • « Ça va? » → « Ça va-tu? »
  • « Cela n'a pas d'allure! » → « Ç'a-tu pas d'allure! »
  • « Wo-ho, j'y vas-tu ou ben si j'y vas pas? » – (chanson « Un beau grand slow » de Richard Desjardins)
  • « Ce que je dis, ç'a-tu du bon sens ou ben si c'en n'a pas? » – (Le Devoir, 13 avril 2010)

En ce sens, le québécois parlé se rapproche parfois, de façon typologique, des langues qui comblent le paramètre interrogatif par l'insertion d'une particule :

  • « On a gagné. » (indicatif) → « On a-tu gagné? » (interrogatif)
  • « Mamie est morte. » (indicatif) → « Est-tu morte, mamie? » (interrogatif)

ou l'intonation croissante sur la dernière syllabe de la phrase affirmative, sans pour autant anticiper la réponse par l'ajout des adverbes « oui » ou « non » à la fin de la phrase :

  • « C'est fini. » → « C'est-tu fini? » au lieu de « C'est fini, oui? »
  • « Tu ne manges pas. » → « Tu manges pas? » au lieu de « Tu ne manges pas, non? »

L'usage de la particule -tu dans une phrase conjuguée avec le « vous » n'est généralement pas utilisé, mais on peut parfois rencontrer cet usage, habituellement condamné, dans les variétés régionales. Par exemple :

  • « Vous y allez. » (indicatif) → « Vous y allez-tu? »
  • « Vous voulez manger ? » → « Vous voulez-tu manger? »

Mais l'usage de la particule -tu dans des phrases où le « vous » n'est pas le pronom qui conjugue le verbe est souvent utilisé en français oral et son utilisation est généralement acceptée. Par exemple :

  • « Est-ce que la poutine est à votre goût ? » → « La poutine est-tu à votre goût? »
  • « Ça vous tente vraiment d'y aller. » → « Ça vous tente-tu vraiment d’y aller? »

Envers une personne que l'on ne connaît pas, on utilise plutôt la forme générale afin d'éviter de paraître familier. Exemples :

  • « Est-ce que vous y allez ? » ou « Y allez-vous ? »[50]

Particule démonstrative «  »

Comme en français métropolitain, l'utilisation du «  » ponctue très souvent la fin de phrase ou s'ajoute après un mot dans la langue parlée, voire les deux à la fois. De plus, le «  » peut parfois être doublé dans le langage populaire.

  • « J'l'adore cette place-là, moé. »
  • « Moé, à ta place, je l'aurais pas acheté, c'te char-là. »
  • « Est bin cute c'te fille-là! »
  • « C'est quoi c't'affaire-là? »
  • « Heille! Là là! Arrête ! »
  • « […] passe quand tu veux, pis on regardera ça. Pis amène de la vraie argent, , OK? » — (Patrick Roy, L'homme qui a vu l'ours, 2015).

Prépositions

La préposition « à » est généralement utilisée dans des contextes possessifs, comme en français de France : « la voiture à Pierre » au lieu de « la voiture de Pierre ».

Dans de nombreux cas, les locuteurs québécois préfèrent utiliser la préposition « à » au lieu d’utiliser une expression non prépositionnelle avec « ce » : par exemple, à matin ou à soir au lieu de ce matin et ce soir. Notez aussi à cette heure, prononcé et parfois écrit à c’t’heure, asteure ou astheure pour maintenant, qu’on peut trouver dans les écrits de Queneau ou Montaigne (et dans les différents patois de l'ouest, ex. : cauchois asteu, angevin asteur, etc.).

Cet usage est absent du langage écrit.

La combinaison de la préposition sur se contracte lorsqu’elle est suivie d’un article défini : sur + lesu’l ; sur + lasu’a ou s’a (le a est allongé) ; sur + lessés (le é est allongé). La préposition dans est aussi sujette à contraction : dans + lesdins, dans + ledans l’, dans + ladans (la voyelle nasale est allongée), parfois dans + undun. Dès que se voit aussi contracté en Dèqu’ ou Mèqu’ : Ch’teul dis mèqu’j’arrive che-nous.

Il est courant de dire chez nous, chez vous et chez eux au lieu de chez moi, chez toi ou chez lui/elle, même si la personne concernée vit seule.

Réponse à une interrogation négative

Le « si » hexagonal réfutant une question formulée à la négative est inexistant au Québec.

  • « T'as pas faim? – Mais oui, j'ai faim! » au lieu de « T'as pas faim? – Mais si, j'ai faim! »

À noter que parmi les autres langues, l'allemand utilise aussi un adverbe spécial pour répondre par l'affirmative à une question posée à la forme négative, soit « doch ». À l'inverse, l'anglais, comme le français québécois, n'a pas d'adverbe particulier pour cette fonction.

Tutoiement

Le tutoiement est plus fréquent au Québec qu'en France[51]. Il pourrait s'agir d'une influence de l'anglais, langue où la distinction entre le tutoiement et le vouvoiement a disparu depuis longtemps, seul le pronom « you » étant en usage aujourd'hui à la deuxième personne[52]. On pourrait aussi, dans le même ordre d'idées, considérer cet usage comme une manifestation de la mentalité nord-américaine générale, beaucoup moins axée que la mentalité européenne sur les hiérarchies sociales. Ainsi, le « tu » québécois exprime la proximité et l'absence de classes sociales plus qu'un défi à l'autorité[53]. Même sans influence externe, on pourrait aussi poser comme hypothèse que le tutoiement est une forme d'interpellation, qui convient à une société très peu hiérarchisée, comme a toujours été la société canadienne française, déjà en raison du contexte et des contraintes pragmatiques de la colonisation mais encore plus après le départ des élites après la Conquête de 1759-1760.

Il est à noter, toutefois, que si le « tu » est plus utilisé au Québec qu'en France, le « vous » demeure la forme première de communication entre deux adultes inconnus. (Il n'en va pas de même, par exemple, en Acadie, où le « vous » a quasiment disparu[54].)

Historique

Jusque dans les années 1950, il était d'usage que les enfants vouvoient les parents[55].

Contextes sociaux

Dans la plupart des milieux de travail, un employé est rapidement invité à tutoyer ses collègues si la chose ne se fait pas spontanément. La plupart du temps, le tutoiement est également courant dans les rapports patron-employé, sauf éventuellement entre le simple employé et un membre de la haute direction, surtout si la différence d'âge est appréciable.

Dans l’espace commercial, les clients sont généralement vouvoyés. Certains clients ont tendance à tutoyer des commis si la différence d'âge n'est pas appréciable.

Dans la publicité, le tutoiement est souvent signe qu'on s'adresse aux enfants ou aux adolescents.

Vers la fin des années 1970, les élèves des écoles primaires et secondaires ont été invités à tutoyer leurs professeurs et à les appeler par leur prénom, toujours dans un souci de « dé-hiérarchisation ». Cette tendance a été remise en question au début des années 2000, et l'usage est aujourd'hui variable.

En Outaouais, comme en Acadie, le tutoiement est beaucoup plus fréquent, même entre inconnus ou dans un contexte commercial.

Toutefois, l'expression « s'il vous plaît » demeure légèrement plus courante que « s'il te plaît » même lorsque le tutoiement est utilisé.

Variations régionales

Il existe des variations phonétiques et lexicales, voire syntaxiques, entre différentes régions du Québec, mais il reste que dans l'ensemble, le français québécois est plutôt homogène.

Cela dit, les Québécois distingueront généralement sans peine un accent montréalais, un accent québécois (de la ville de Québec), un accent du Saguenay–Lac-Saint-Jean (proche de l'accent de Charlevoix), un accent de la Mauricie et du Centre-du-Québec, un accent beauceron (caractérisé par le Père Gédéon), un accent du Havre-Saint-Pierre et un accent de la Gaspésie (proche de l'acadien), entre autres. Toutefois, les différences tendent à s'amenuiser avec le degré d'instruction du locuteur et à s'accentuer avec l'éloignement des centres urbains et l'âge des locuteurs.

Variétés

Annexe

Bibliographie

  • Gaston Dulong, Dictionnaire des canadianismes, Montréal, Larousse, , 461 p. (ISBN 2-920318-07-1)
  • Denis Dumas, Les prononciations en français québécois, Sillery, Presses de l'Université du Québec, , 156 p. (ISBN 2-7605-0445-X)
  • Claude Poirier (dir.) et al. (rédaction : Steve Canac-Marquis), Dictionnaire historique du français québécois : monographies lexicographiques de québécismes, Sainte-Foy, Presses de l'Université Laval, , 640 p. (ISBN 2-7637-7557-8)
  • Lionel Meney, Dictionnaire québécois-français, Montréal, Guérin, , 1884 p. (ISBN 2-7601-5482-3)
  • Jean-Luc Gouin, « Mots sur Maux. Réflexions sur la langue française par un intellectuel québécois ». Regroupement de textes publiés initialement (pour la plupart) dans différents médias du Québec : Journal Le Devoir, Québec Français, L'Agora, L'Action Nationale et al. Mise à jour : 2018
  • Léandre Bergeron, La "Charte" de la langue québécoise, Montréal, V.L.B. éditeur, 1981, 51 p. (ISBN 2-89005-142-0)
  • Léandre Bergeron, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, V.L.B. éditeur, 1980, 574, [1] p. (Sans ISBN)
  • Société du parler français au Canada, Glossaire du parler français au Canada, Québec, Action social, , 709 p.
  • Luc Ostiguy et Claude Tousignant, Le français québécois : normes et usages, Montréal, Guérin universitaire, , 247 p. (ISBN 2-7601-3330-3)
  • Noël Corbett, Langue et identité. Le français et les francophones d’Amérique du Nord, Québec, Presse de l'Université Laval, , 398 p. (ISBN 2-7637-7238-2)
  • Françoise Labelle, « Les aspects phonétiques les plus répandus du français québécois », sur www.uqac.ca, Université du Québec à Chicoutimi, (consulté le )
  • Jean-Marcel Léard, Grammaire québécoise d'aujourd’hui : comprendre les québécismes, Montréal, Guérin universitaire, , 237 p. (ISBN 2-7601-3930-1)
  • Robert Fournier et Henri Wittmann, Le français des Amériques, Trois-Rivières, Presses universitaires de Trois-Rivières, , 334 p. (ISBN 978-2-7621-2813-0, lire en ligne); aussi accessible comme numéro de revue: Robert Fournier et Henri Wittmann, « Le français des Amériques », Revue québécoise de linguistique théorique et appliquée, vol. 12, , p. 1-334 (ISSN 0835-3581).
  • Conseil supérieur de la langue française, Le français au Québec : 400 ans d'histoire et de vie, Montréal, Nouvelle édition, Fides, , 679 p. (ISBN 978-2-7621-2813-0, lire en ligne)
  • Office québécois de la langue française, Le français au bureau, Québec, Les Publications du Québec, 6e édition, , 754 p. (ISBN 978-2-551-19684-5)
  • Hubert Mansion, 101 mots à sauver du français d'Amérique, Montréal, Michel Brulé, , 181 p. (ISBN 978-2-9802307-2-1)
  • collectif, « Le québécois pour mieux voyager », Montréal, Guides de voyage Ulysse, (ISBN 978-2-89464-926-8), p. 192
  • Julie Auger et Anne-José Villeneuve, « L’épenthèse vocalique et les clitiques en français québécois », Glottopol 9, janvier 2007, p. 49-65.
  • Jean-Denis Gendron, D'où vient l'accent des québécois? Et celui des Parisiens?, Presses de l'université Laval, 2007.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Ce chiffre représente le nombre de locuteurs ayant comme langue maternelle le français au Canada en 2016 selon Statistique Canada. Il comprend donc des locuteurs qui pourraient avoir comme langue maternelle d'autres variations du français comme le français acadien (« Mégatendances canadiennes : L'évolution des populations de langue maternelle au Canada », Statistique Canada, (consulté le )).
  2. code générique.
  3. François Mouchet, « Québec : Le parlé québécois », sur Azurever (consulté le ).
  4. Pierre Martel et Hélène Cajolet-Laganière, « La norme du français québécois », sur UQAC, Université du Québec à Chicoutimi, (consulté le ) : « Par immigration, ce français s'est répandu à l'ouest du pays, notamment en Ontario et au Manitoba. ».
  5. « L’Association des journaux de langue française de l'Ontario », sur Le Centre de recherche en civilisation canadienne-française (consulté le ).
  6. À noter que les spécifications géographiques « Baie des Chaleurs » et « Basse-Côte-Nord » ne couvrent pas toute la Gaspésie ou toute la Côte-Nord.
  7. Au sujet des parlers québécois et acadien, voir Anselme Chiasson, Les Îles de la Madeleine : vie matérielle et sociale de l'en premier, Leméac, 1981, p. 248-250, (ISBN 2760952932).
  8. (en) Collectif, Acadian culture in Maine, Boston, Mass. : National Park Service, North Atlantic Regional Office, 1994. Chapitre (en) « French Language », sur University of Maine at Fort Kent (consulté le ).
  9. « Le Canada: aspects démolinguistiques », sur www.axl.cefan.ulaval.ca (consulté le ).
  10. Jean-Denis Gendron, D'où vient l'accent des Québécois ? Et celui des Parisiens ?, Presses de l'Université Laval, 2007.
  11. Yves-Charles Morin, « Les premiers immigrants et la prononciation du français au Québec », Revue québécoise de linguistique, volume 31, numéro 1, 2002, p. 54 (avec référence à Charbonneau et Guillemette, p. 179) (lire en ligne).
  12. Hubert Charbonneau & André Guillemette, « Provinces et habitats d’origine des pionniers de la vallée laurentienne », dans Claude Poirier et al., Langue, espace, société : les variétés du français en Amérique du Nord, Sainte-Foy : Presses de l’Université Laval, 1994, p. 157–183, citation p. 178–179 (lire en ligne[PDF]).
  13. Henri Wittmann, Le français de Paris dans le français des Amériques[PDF], Proceedings of the International Congress of Linguists 16.0416 (Paris, 20–25 juillet 1997). Oxford : Pergamon (CD edition).
  14. Yves-Charles Morin, « Les premiers immigrants et la prononciation du français au Québec », Revue québécoise de linguistique, volume 31, numéro 1, 2002 ; Henri Wittmann, « Grammaire comparée des variétés coloniales du français populaire de Paris du XVIIe siècle et origines du français québécois. » Le français des Amériques, dir. Robert Fournier & Henri Wittmann, 281–334. Trois-Rivières : Presses universitaires de Trois-Rivières.(lire en ligne[PDF]).
  15. Hubert Charbonneau & André Guillemette, « Provinces et habitats d’origine des pionniers de la vallée laurentienne », dans Claude Poirier et al., Langue, espace, société : les variétés du français en Amérique du Nord, Sainte-Foy : Presses de l’Université Laval, 1994, p. 157–183, citation p. 178–179 ; (lire en ligne[PDF]).
  16. Adjutor Rivard. Études sur les parlers de France au Canada, Québec : Garneau, 1914 ; Yves-Charles Morin, Les premiers immigrants et la prononciation du français au Québec, Revue québécoise de linguistique Volume 31, numéro 1, 2002 (lire en ligne).
  17. Jean-Denis Gendron, La modernisation de l'accent québécois, Presses de l'Université Laval, 2014.
  18. Terry Cox, « Vers une norme pour un cours de phonétique française au Canada », The Canadian Modern Language Review, vol. 54, no 2, , p. 172–197 (ISSN 0008-4506 et 1710-1131, DOI 10.3138/cmlr.54.2.172, lire en ligne, consulté le )
  19. Marc Chalier, « La norme de prononciation québécoise en changement (1970–2008) ? L'affrication de /t, d/ et l'antériorisation de /ɑ̃/ chez les présentateurs des journaux télévisés de Radio-Canada », Canadian Journal of Linguistics/Revue canadienne de linguistique, vol. 64, no 3, , p. 407–443 (ISSN 0008-4131 et 1710-1115, DOI 10.1017/cnj.2018.42, lire en ligne, consulté le )
  20. Marc Chalier, « Quelle norme de prononciation au Québec ? Attitudes, représentations et perceptions », Langage et société, vol. 163, no 1, , p. 121 (ISSN 0181-4095 et 2101-0382, DOI 10.3917/ls.163.0121, lire en ligne, consulté le )
  21. Féminisation des noms de métiers, fonctions, grades et titres — Académie française. Consulté le .
  22. Présentation du Trésor de la langue française au Québec.
  23. « http://franqus.usherbrooke.ca/problematique.php »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  24. Par ordre approximatif d'importance accordée au français dans la législation et les politiques gouvernementales : Ontario, Manitoba, Saskatchewan, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard.
  25. Les anglicismes selon la Banque de dépannage linguistique.
  26. Fiche fin de semaine du Grand dictionnaire terminologique : http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=8361442.
  27. « https://www.lanouvellerepublique.fr/deux-sevres/parlez-vous-les-francais-les-mots-du-poitou-cette-terre-du-milieu », sur lanouvellerepublique.fr (consulté le )
  28. Irène de Buisseret, Deux langues, six idiomes, Ottawa, Carlton Green, 1975, pp. 48-49.
  29. Jean-François Vallée, « Libre-Opinion: La vraie nature des sacres québécois », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le ).
  30. À noter que dans une expression comme « tu viens-tu? », le second « tu » n'est pas un pronom redoublé. Voir la section Particule interrogative « -tu ».
  31. Voir dans la bibliographie.
  32. Jean-Denis Gendron, D'où vient l'accent des Québécois? Et celui des Parisiens?, Québec, Presses de l'Université Laval, 2007.
  33. Par exemple, le québécois moyen dira « une pomme verte » et non pas « une pomme varte », cette dernière prononciation étant caractéristique de l'ancien « bel usage ». Cette dernière prononciation reste cependant vivante dans les milieux populaires et chez les gens peu instruits.
  34. Marie-Hélène Côté, « La longueur vocalique devant consonne allongeante en contexte final et dérivé en français laurentien », In: Carmen LeBlanc, France Martineau & Yves Frenette (éd.), Vues sur les français d’ici, Québec: Presses de l’Université Laval, 2010, p. 49-75 ; (lire en ligne[PDF]) Dumas (1987), p. 123-130. La règle de diphtongaison est bloquée dans les voyelles allongées par l'action d'une des consonnes allongeantes [v, z, ʒ] (incluant le groupe acrolectal [vʁ]) : rénove, innove, neuve, fleuve, veuve, grève, élève, chèvre, trêve, bave, épave; loge, toge, éloge, horloge, Limoges, cage, allège, p'tit dèj ; quiz, taise, plaise, topaze, jazz, Caucase. Par contre, quand l'allongement est intrinsèque à la syllabe, la règle de diphtongaison s'applique : vive, cuve, couve, rêve, fève, orfèvre, Lefebvre, poivre, sauve, cadavre, esclave ; vise, frise, buse, douze, cinq, seize, creuse, cause, gaz, jase; tige, juge, bouge, neige, sauge, nage, âge. Un cas à part est le suffixe « -age » : dans l'Ouest du Québec, la structure sous-jacente du suffixe est /ɑʒ/ (avec longueur intrinsèque, prononcé âge dans le basilecte) et la diphtongaison s'applique ; à l'Est du Québec, la structure sous-jacente du suffixe est /aʒ/ (avec allongement dû à la consonne /ʒ/, prononcé aj comme dans AGE « association générale des étudiants ») et la diphtongaison ne peut s'appliquer.
  35. Les circonstances dans lesquelles un Québécois scolarisé fait usage de la variété acrolectale du français québécois est sujet à controverse.
  36. Rodolphe Girard, Marie Calumet, Montréal, 1904, ch. IX.
  37. Pupier, Paul & Lynn Drapeau, « La réduction des groupes de consonnes finales en français de Montréal », Cahier de linguistique, no 3, 1973, p. 127-145..
  38. Outre Ostiguy & Tousignant (1993), voir Yves-Charles Morin, « La liaison relève-t-elle d'une tendance à éviter les hiatus? Réflexions sur son évolution historique », Langages, no 158, 2005, p. 8-23 ; « De quelques [l] non étymologiques dans le français du Québec », Revue québécoise de linguistique, vol. 11, no 2, 1982, p. 9-47 ; Hélène Dorat, Le statut des règles morphophonologiques en grammaire générative, Mémoire, Université du Québec à Montréal, 2006.
  39. Jean-Denis Gendron, D'où vient l'accent des Québécois? Et celui des Parisiens?, Presses de l'Université Laval, 2007.
  40. Barbaud, Ph., Ch. Ducharme & D. Valois. 1982. « D'un usage particulier du genre en canadien-français: la féminisation des noms à initiale vocalique. » Canadian Journal of Linguistics/Revue canadienne de linguistique 27:2.103-133 (lire en ligne[PDF]).
  41. « […] passe quand tu veux, pis on regardera ça. Pis amène de la vraie argent, là, OK? » — (Patrick Roy, L'homme qui a vu l'ours, 2015).
  42. Benoît Melançon, « Le dilemme de l’autobus », sur L’Oreille tendue, (consulté le )
  43. Georges Dor (1996), Anna braillé ène shot, Montréal: Lanctôt Éditeur ; (lire en ligne[PDF]) Dor (1997), Ta mé tu là? Montréal, Lanctôt Éditeur; Henri Wittmann (1995), « Grammaire comparée des variétés coloniales du français populaire de Paris du 17e siècle et origines du français québécois », Le français des Amériques, Robert Fournier & Henri Wittmann (ed.), Trois-Rivières: Presses universitaires de Trois-Rivières, p. 281-334 ; (lire en ligne[PDF]) Wittmann (1997), « Le français de Paris dans le français des Amériques », Proceedings of the International Congress of Linguists (Paris, 20-25 juillet 1997), Oxford: Pergamon, 16.0416 (lire en ligne[PDF]).
  44. Renée Laroche et Cécile Girard, Un jardin sur le toit, Association franco-yukonnaise, Whitehorse (Yukon), 1991, p. 95.
  45. Lynn Drapeau, « Les paradigmes sontaient-tu régularisé? » La syntaxe comparée du français standard et populaire: approches formelle et fonctionnelle, Claire Lefebvre (ed.), Québec: Office de la langue française, tome 2, p. 127-147.
  46. Société du parler français au Canada, Glossaire du parler français au Canada, Québec: Les Presses de l'Université Laval, p. 390 ; Léandre Bergeron, Dictionnaire de la langue québécoise, Saint-Laurent: VLB Éditeur, p. 265.
  47. Hypercorrectivement, on entend également y z'ont comme francisme emprunté au français populaire parlé en France. Dans tous les cas, z'ont ne fait pas partie du français québécois basilectal.
  48. (en) Picard, Marc (1991). Clitics, affixes, and the evolution of the question marker -tu in Canadian French. Journal of French language studies 1.179-187; (1992). Aspects synchroniques et diachroniques du tu interrogatif en québécois. Revue québécoise de linguistique 21:2.65-75.
  49. La particule postverbale « -ti » a été notée pour la première fois dans Gaston Paris (1887). « Ti, signe d'interrogation. » Romania 6.438-442. Au XIXe siècle, cette particule était encore le moyen le plus répandu pour indiquer l'interrogation dans les dialectes de la langue d'oïl. Par contre, dans les variétés du français populaire dérivées de la koinè de Paris autres que celles parlées en Amérique du Nord, elle a été évincée au profit de la particule esk en position de complémenteur : « On a gagné » (indicatif) → « Esk on a gagné? » (interrogatif), Wittmann, Henri, « Grammaire comparée des variétés coloniales du français populaire de Paris du XVIIe siècle et origines du français québécois. » Le français des Amériques, dir. Robert Fournier & Henri Wittmann, 281-334. Trois-Rivières: Presses universitaires de Trois-Rivières (lire en ligne[PDF]).
  50. http://www.tlfq.ulaval.ca/fichier/resultats.asp?mode=citations&page=1&init=true&affiche_entree=True&no_entree=120478&tri=entree&liste=true.
  51. Bien que ce recul du « vous » ne soit pas accepté par tous les Québécois (voir David Abesdris et Martine Rioux, « J'vous tutoie-tu? », Jobboom, le magazine, s.d.), il est bien documenté dans la recherche scientifique : Lambert, Wallace E. (1967), « The use of tu and vous as forms of address in French Canada. A pilot study », Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior 6.614–617 ; Lambert, Wallace E. & George R. Tucker (1976), Tu, vous, usted: A sociopsychological study of address patterns, Rowley, Newbury House ; Deshaies, Denise (1991). « Contribution à l'analyse du français québécois : étude des pronoms personnels », Revue québécoise de linguistique théorique et appliquée 10:3.11-40 ; Vincent, Diane (2001). « Remarques sur le tutoiement et le vouvoiement en français parlé au Québec », Actes du colloque « La journée du Québec », Institut d'études romanes, Université de Copenhague, 11-22 ; Peeters, Bert (2009). « Tu ou vous? », B. Peeters & N. Ramière (dir.s), « Tu ou vous : l'embarras du choix », Limoges, Lambert-Lucas.
  52. À noter cependant que le you anglais était à l'origine l'équivalent du « vous », le tutoiement ayant correspondu au thou, aujourd'hui désuet et utilisé presque uniquement dans les textes d'évocation religieuse.
  53. « Le tu est donc devenu le pronom de la réciprocité (ou de la non-reconnaissance de différence hiérarchiques et on a restreint le domaine d'utilisation du vous aux relations non réciproques. » (Marty Laforest, États d'âme, états de langue : essai sur le français parlé au Québec, p. 114.
  54. (en) Gillian Sankoff, Miriam Meyerhoff et Naomi Nagy, Social lives in language -- Sociolinguistics and Multilingual Speech, John Benjamins Publishing Company, (ISBN 9027218633 et 9789027218636), p. 29-31.
  55. « Moi, je n'ai jamais osé tutoyer mes parents! » (Benoît Lacroix (1915-2016), Rumeurs à l'aube, Fides, p. 177.
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