Alphonse-Charles de Bourbon

Alphonse Charles Ferdinand Joseph Jean Pie de Bourbon, né à Londres le et mort à Vienne le , est un prince capétien de la branche espagnole de la maison de Bourbon. Il est, de 1931 à 1936, le dernier prétendant carliste en ligne directe à la Couronne d’Espagne et le prétendant légitimiste au trône de France.

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Alphonse-Charles de Bourbon
Alphonse-Charles, duc de San Jaime.

Titres

Prétendant au trône d’Espagne


(4 ans, 11 mois et 27 jours)

Nom revendiqué Alphonse-Charles Ier
Prédécesseur Jacques de Bourbon, duc d'Anjou et de Madrid
Successeur Alphonse de Bourbon, duc de Tolède

Prétendant légitimiste aux trônes de France et de Navarre


(4 ans, 11 mois et 27 jours)

Nom revendiqué Charles XII
Prédécesseur Jacques de Bourbon, duc d'Anjou et de Madrid
Successeur Alphonse de Bourbon, duc de Tolède
Biographie
Titulature Duc de San Jaime
Duc d’Anjou
Dynastie Maison de Bourbon-Anjou
Nom de naissance Alfonso Carlos Fernando José Juan Pío de Borbón y de Austria-Este
Naissance
Londres (Royaume-Uni)
Décès
Vienne (Autriche)
Père Jean de Bourbon, comte de Montizón
Mère Marie-Béatrice de Modène,
comtesse de Montizón
Conjoint Marie-des-Neiges de Bragance,
duchesse de San Jaime

Biographie

Second fils de l'infant déchu Jean de Bourbon (1822-1887), futur prétendant aux trônes espagnol puis français, et de son épouse Marie-Béatrice d'Autriche-Este (1824-1906), princesse de Modène, fille de François IV, duc de Modène (dynastie Habsbourg-Este), Alphonse épouse le au château de Kleinheubach (Bavière), Marie-des-Neiges de Bragance (1852-1941), fille aînée du roi Michel Ier de Portugal (1802-1866) et d’Adélaïde de Löwenstein-Wertheim-Rosenberg (1831-1909). Ils n’eurent pas d’enfant.

Il participe avec sa femme à la troisième guerre carliste (1872-1876).

Au décès de son neveu le duc d'Anjou et de Madrid, Jacques de Bourbon (1870-1931), à Paris le , Alphonse de Bourbon devient l’aîné des descendants d’Hugues Capet et de Louis XIV, et donc de la maison royale de France. Il prend le titre de courtoisie de duc de San Jaime (parfois francisé en duc de Saint-Jacques par certains auteurs[Note 1]), et ses partisans français le proclament duc d’Anjou. Il ne semble pas avoir fait lui-même usage de ce titre, mais les carlistes espagnols le lui ont eux aussi donné[3].

En tant qu’aîné des Bourbons, il est considéré par les légitimistes français (alors surnommés les Blancs d’Espagne par les orléanistes, eux-mêmes surnommés les Blancs d'Eu), comme le successeur légitime des rois de France. Les légitimistes (devenus minoritaires parmi les monarchistes français depuis la mort du comte de Chambord) le reconnaissent comme roi de France et de Navarre sous le nom de Charles XII (ou d'Alphonse Ier[Note 2]) et duc d’Anjou, et les carlistes espagnols le proclament de leur côté roi des Espagnes et des Indes sous le nom d’Alphonse-Charles Ier (en espagnol, Alfonso Carlos I).

Il décide à Vienne le (jour de la Saint-Charles) de se prénommer désormais Alphonse-Charles, pour ne pas gêner son cousin et héritier, Alphonse XIII (le roi détrôné de la branche cadette et rivale, désormais déchue depuis le mois d'avril de cette même année), avec lequel il s’était réconcilié. Alphonse-Charles de Bourbon prend à cette même date le titre de courtoisie de duc de San Jaime (duc de Saint-Jacques), en l’honneur de saint Jacques le Majeur, patron de l’Espagne.

Les deux Alphonse se rencontrent une première fois à Vienne le . Ce fut une entrevue chaleureuse, au cours de laquelle les deux prétendants convinrent « de travailler de concert pour sauver l'Espagne et la religion » (él y yo fijamos de trabajar juntos para salvar España y la Religión).

En juin 1932, une réunion de quatre cents carlistes se tient en France en présence d’Alphonse-Charles, à Mondonville (Haute-Garonne), dans la propriété du légitimiste Joseph du Bourg (1842-1936), un ancien serviteur du comte de Chambord qu’Alphonse-Charles affectionnait beaucoup.

Le au château de Puchheim (de)Attnang-Puchheim, à une soixantaine de kilomètres de Salzbourg), propriété du chef de la maison de Bourbon (qui l'avait hérité de la comtesse de Chambord), les deux cousins se rencontrent une nouvelle fois ; mais pour le duc de San Jaime (qui est dans une posture beaucoup plus idéologique que dynastique, contrairement à son neveu et prédécesseur en ), cette visite ne revêt qu'un caractère familial et non politique, comme il le souligne dans la lettre qu'il écrit à Alphonse XIII deux jours après (me permito decirte, con toda franqueza, que esta visita deberá ser tan sólo de carácter familiar, y por lo tanto no tener nada que ver con la política ni con la cuestión sucesoria), en faisant allusion à une prochaine rencontre prévue un mois plus tard (mais qui n'eut pas lieu).

Victime d'un accident de la circulation[Note 3] survenu à Vienne le , Alphonse-Charles de Bourbon meurt quelques heures plus tard (à minuit et demi, à l'orée de la fête de saint Michel, patron de la France) dans la capitale autrichienne. Il est inhumé dans la chapelle Saint-Georges de son château de Puchheim. Sa tombe porte l’inscription en espagnol Alfonso Carlos de Borbón y Austria Este, nació el 12 de septiembre 1849, murió el 29 de septiembre 1936.

Il était le dernier prétendant carliste en ligne directe à la Couronne d’Espagne. Sa mort ouvrit une discussion chez les carlistes, et dans une bien moindre mesure[Note 4] chez les légitimistes.

La plupart des carlistes suivirent les dernières volontés du défunt, qui désigna le un neveu de sa femme, Xavier de Parme (1889-1977), comme régent (mais non comme successeur) pour la revendication carliste. Les autres carlistes, ainsi que la plupart des légitimistes, considérèrent le roi Alphonse XIII (appelé jusque-là prince Alphonse ou simplement Alphonse de Bourbon, par les carlistes), désormais devenu l’aîné selon l’ordre traditionnel de primogéniture, comme successeur pour les droits d’aînés des Bourbons de France et d'Espagne.

Lutte contre le duel

Alphonse-Charles de Bourbon s'est consacré à l'abolition du duel. Pour gagner le soutien du public, il a écrit un livre sur le sujet en français (traduit en allemand)[10] et plusieurs articles de revues en anglais[11],[12]. Il a utilisé ses contacts sociaux pour encourager l'établissement de ligues anti-duel dans l'Empire allemand (avec l'oncle de son épouse Charles, 6e prince de Löwenstein-Wertheim-Rosenberg, en tant que président), France, Autriche, Italie (sous le patronage du roi Victor Emmanuel II), la Hongrie, la Belgique et l'Espagne (avec le roi Alphonse XIII comme président d'honneur).

Décorations

Ordres dynastiques français et espagnols

En qualité de chef de la maison de Bourbon et prétendant légitimiste au trône de France, et comme prétendant carliste au trône d’Espagne, Alphonse-Charles de Bourbon revendiquait la grande maîtrise des ordres dynastiques traditionnels.

Ordres dynastiques français

Comme prétendant légitimiste au trône de France, il revendiquait la grande maîtrise des ordres suivants[13] :

Ordres dynastiques espagnols

Comme pretendant carliste au trône d'Espagne, il revendiquait la grande maîtrise des ordres suivants :

Ordres sous la protection du roi d'Espagne

Alphonse-Charles en tenue de protecteur des ordres de chevalerie espagnols traditionnels

Décorations étrangères

Notes et références

Notes

  1. Comme H. C. Zeininger[1] et Hugues Trousset[2].
  2. Nommé Alphonse Ier par le légitimiste Paul Watrin dans sa revue La Science historique, qui était l'organe officieux[4] du légitimisme pendant l'entre-deux-guerres (1921-1940). D'autres légitimistes, plus proches du service d'honneur de l'aîné des Bourbons (comme Jean de Mayol de Lupé et Sixte de Bourbon-Parme) optèrent[5] pour le nom de Charles XII, et c'est celui qui fut retenu par le légitimisme d'après-guerre (notamment quand il s'agit de nommer le duc d'Anjou et de Cadix en 1975 : ce prétendant choisit de prendre le nom d'Alphonse II au lieu d'Alphonse III, Alphonse Ier étant pour lui son grand-père Alphonse XIII).
  3. Renversé par un camion militaire alors qu'il traversait une rue de Vienne (la Prinz-Eugen-Straße (de), ou rue du Prince-Eugène), non loin de son domicile (situé au no 17 de la Theresianumgasse (de))[6].
  4. Ce qu'Hervé Pinoteau a appelé la « dérive xaviériste »[7],[8] ou « dérive parmiste »[9] de certains légitimistes après 1936.

Références

  1. Comte H. C. Zeininger, « Le décès de Don Alphonse-Charles de Bourbon et ses conséquences », Rivista araldica, vol. 34, , p. 435-436 (ISSN 0035-5771, BNF 34470522).
  2. Hugues Trousset, La légitimité dynastique en France, Grenoble, Éditions Roissard, 1987, 132 p.  (BNF 34934971), p. 123, lire en ligne).
  3. Les carlistes espagnols le nomment Su Majestad Católica el Rey Don Alfonso Carlos I de España, Duque de San Jaime y de Anjou, ou Don Alfonso Carlos de Borbón y Austria-Este, abanderado de la Tradición española, duque de San Jaime y de Anjou.
  4. François-Marin Fleutot et Patrick Louis, Les royalistes : enquête sur les amis du roi aujourd'hui, Paris, Albin Michel, 1988 (BNF 34998883), p. 71, lire en ligne.
  5. Hervé Pinoteau, État de l’ordre du Saint-Esprit en 1830 et la survivance des ordres du roi, Paris, Nouvelles Éditions Latines, coll. « Autour des dynasties françaises » (no II), , 165 p. (ISBN 2-7233-0213-X, BNF 36270574, lire en ligne), p. 154.
  6. Francisco de las Heras y Borrero, Un pretendiente desconocido : Carlos de Habsburgo, el otro candidato de Franco, Madrid, 2004 (BNF 39931827), p.25.
  7. Hervé Pinoteau, Le chaos français et ses signes : Étude sur la symbolique de l’État français depuis la révolution de 1789, éditions PSR, 1998 (ISBN 2-908571-17-X), p. 276.
  8. Hervé Pinoteau, Nouvelles précisions dynastiques, Sicre Éditions, 2001 (ISBN 2914352387), p. 58.
  9. Hervé Pinoteau, Le chaos français et ses signes, op. cit., p. 274.
  10. Alphonse-Charles de Bourbon, Resumé de l'histoire de la création et du développement des ligues contre le duel et pour la protection de l'honneur dans les différents pays de l'Europe de fin novembre 1900 à fin octobre 1908 (Vienna: Jasper, 1908). German translation: Kurzgefasste Geschichte der Bildung und Entwicklung der Ligen wider den Zweikampf und zum Schutze der Ehre in den verschiedenen Ländern Europas von Ende November 1900 bis 7. Februar 1908, Vienne, éd. J. Roller, 1909
  11. "The Effort to Abolish the Duel", The North American Review 175 (August 1902): 194–200
  12. "The Fight Against Duelling in Europe", The Fortnightly Review 90 (1 August 1908): 169–184
  13. Patrick van Kerrebrouck, La maison de Bourbon (1256-1987), Villeneuve d'Ascq, Patrick van Kerrebrouck, coll. « Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France », , p.309.
  14. Hervé Pinoteau, État de l’ordre du Saint-Esprit en 1830 et la survivance des ordres du roi, Paris, Nouvelles Éditions Latines, coll. « Autour des dynasties françaises », , 165 p. (ISBN 2-7233-0213-X, lire en ligne), p. 138 et 140. Jacques de Bourbon créa des chevalier de l'Ordre du Lys, cette décoration n'était pas un ordre lors de sa création en 1814, mais le prétendant la considérait manifestement comme telle.

Bibliographie

Voir aussi

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