Edi Rama

Edi Rama, né le à Tirana, est un homme politique albanais, Premier ministre depuis le .

Ne doit pas être confondu avec Edi Rada.

Edi Rama

Edi Rama en septembre 2018.
Fonctions
Premier ministre d'Albanie
En fonction depuis le
(8 ans, 11 mois et 20 jours)
Président Bujar Nishani
Ilir Meta
Bajram Begaj
Gouvernement Rama I, II et III
Législature 7e, 8e et 9e
Coalition PSSh-LSI (2013-2017)
PSSh (depuis 2017)
Prédécesseur Sali Berisha
Président du Parti socialiste d'Albanie
En fonction depuis le
(16 ans, 10 mois et 25 jours)
Prédécesseur Fatos Nano
Ministre des Affaires étrangères

(1 an, 11 mois et 10 jours)
Premier ministre Lui-même
Gouvernement Rama II
Prédécesseur Ditmir Bushati
Successeur Olta Xhaçka
Maire de Tirana

(10 ans, 9 mois et 14 jours)
Prédécesseur Albert Brojka
Successeur Lulzim Basha
Ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports

(1 an, 11 mois et 25 jours)
Premier ministre Fatos Nano
Pandeli Majko
Ilir Meta
Gouvernement Nano III
Majko I
Meta
Prédécesseur Arta Dade
Successeur Esmeralda Uruçi
Biographie
Nom de naissance Edvin Rama
Date de naissance
Lieu de naissance Tirana (Albanie)
Nationalité Albanaise
Parti politique PSSh


Premiers ministres d'Albanie

Biographie

Edi Rama est le fils de Kristaq Rama (en), sculpteur, et d'Aneta Koleka, diplômée de médecine et sœur de Spiro Koleka (en), ancien dirigeant communiste.

Il a vécu à Paris (où il a étudié aux Beaux-Arts[1]) et parle le français[2].

Ministre

Après une carrière de basketteur, engagé dans le Parti socialiste d'Albanie, Edi Rama entame une carrière politique à son retour de Paris en 1998, ville où il avait émigré.

Entre 1998 et 2000, il est ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports du gouvernement de Fatos Nano.

Maire

Il est élu en 2000 maire de Tirana et réélu en 2004.

Edi Rama entreprend à ce poste une politique très dynamique mais controversée de rénovation de l'espace urbain[réf. nécessaire]. Les immeubles sont repeints de couleurs vives[3], les bords de la rivière Lana font l'objet d'un réaménagement. Les résultats sont très visibles, certains[Qui ?] accusent le maire de faire une politique de « poudre aux yeux ». Mais il est important de signaler que Tirana, sous l'ère Rama, ne dispose pas de plan urbanistique[réf. nécessaire].

Il est élu maire de l'année en 2004 par la Communauté Internet City Mayors[4].

Avec la défaite du Parti socialiste aux élections législatives de , Edi Rama en prend la direction, succédant à Fatos Nano.

Lors des élections locales de juillet 2011, il se proclame vainqueur, alors que la comptabilisation de tous les votes n'est pas terminée. Après quelques péripéties procédurales, il est finalement déclaré battu. Son adversaire, Lulzim Basha, du Parti démocrate, est élu pour quatre ans nouveau maire de Tirana.

Premier ministre

En , Edi Rama est candidat au poste de Premier ministre lors des élections législatives où il conduit la liste de l'Alliance pour une Albanie européenne qui remporte la majorité des sièges. Le 10 septembre, le président de la République, Bujar Nishani, le charge de former un gouvernement, investi le 15 devant le Parlement par 82 voix sur 140[5]. Son gouvernement se compose de dix-huit ministres, dont cinq issus du LSI.

Politique intérieure

Il adopte une politique économique néolibérale, considérée comme plus à droite que celle des gouvernements issus du Parti démocrate d'Albanie. Il réduit les dépenses publiques et favorise les partenariats public-privé, source d'enrichissement rapide pour un cercle d'entrepreneurs proches du pouvoir, dans la plupart des secteurs (tourisme, enseignement supérieur, santé, travaux publics, culture...)[6]. Le Fonds monétaire international (FMI), traditionnellement favorable à ces politiques, a cependant estimé que le gouvernement albanais engageait trop rapidement des privatisations et exposait le pays à des « risques budgétaires importants »[7].

Alors que le pays est en récession à son arrivée, le taux de croissance approche les 4 % en 2017 et en 2018, tandis que le taux de chômage passe de 17,5 % en 2014 à 11,5 % en 2020. L’amélioration de la situation économique s'expliquerait selon lui par la stabilité politique du pays : « Nous sommes un pays sans Sénat, sans syndicat, sans gauche radicale et sans comique qui font de la politique. » Néanmoins, les salaires restent bas et l’émigration s'est accéléré depuis 2014[7].

Le trafic de drogue s'est considérablement développé, représentant près d'un tiers du PIB en 2017[8]. Selon des estimations de la douane italienne, 753 000 plants de cannabis ont été détruits en 2016, contre 46 000 en 2014. Ces destructions n’auraient touchées que 10 % des surfaces cultivées. Le ministre de l'Intérieur, Saimir Tahiri (en fonction de 2013 à 2017), a été lui-même été mis en cause pour son implication dans ce trafic[7].

Il adopte en 2018 une loi, saluée par l'Union européenne, qui prévoit la mise en concurrence des universités et leur ouverture au marché. L'augmentation des frais de scolarité provoque le mécontentement des étudiants[6].

Politique extérieure

Sur les questions de politique extérieure, il se montre proche du dirigeant turc Recep Tayyip Erdoğan, qu'il décrit comme un « frère et allié stratégique ». Il fait fermer à sa demande des établissements scolaires liés au mouvement Gülen, l'une des bêtes noires de son allié, qu'il va jusqu'à qualifier d'« organisation terroriste »[9].

L'Albanie défend depuis 2014 une candidature d'adhésion à l'Union européenne[7].

Le Parlement albanais officialise en l'adoption par le pays de la définition de l'antisémitisme de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA), reconnaissant la critique d’Israël comme de l’antisémitisme[10].

Élections et rapports avec l'opposition

En 2017, Edi Rama remporte de nouveau les élections législatives, à l'issue desquelles il forme un deuxième gouvernement[11].

Pour dénoncer la concentration des pouvoirs entre les mains du Parti socialiste et la domination exercée par ce parti sur les médias et le judiciaire, le Parti démocrate se retire en des travaux parlementaires et boycotte en juin de la même année les élections municipales. Le déroulement de celles-ci a été critiqué par les observateurs électoraux de l'OSCE, lesquels ont relevé que le parti au pouvoir était seul à présenter une candidature dans la majorité des communes, et que de très nombreuses irrégularités et pressions sur les électeurs ont été enregistrées[7].

À partir de , Rama est de plus en plus décrié par l’opposition, qui réclame sa démission et organise des manifestations dans le pays[12],[13]. Face aux plus importantes manifestations depuis des décennies, il renvoie la moitié de son gouvernement et consent à certaines concessions vis-à-vis du mouvement étudiant[6].

Un site d'investigation révèle en 2021 que le pouvoir s'est livré à un fichage politique de la population. Des employés étaient chargés d'espionner un groupe de personnes d’un même voisinage afin d'identifier leurs opinions politiques[14].

En conflit avec le président Ilir Meta (Mouvement socialiste pour l'intégration), il fait voter sa destitution par le Parlement en juin 2021[15].

Vie privée

Né dans une famille catholique dans laquelle il a été baptisé, puis a été un temps catholique[16], Edi Rama se dit actuellement agnostique. Il a deux fils, Gregor (de son premier mariage, avec l'actrice Matilda Makoçi (d) et Zaho (de son troisième mariage, avec l'économiste Linda Basha (d)). Sa belle-fille est l'une des victimes du tremblement de terre en Albanie qui fait 51 morts et plus de 2 000 blessés en .

Monographie

  • Anri Sala (éd.), Michael Fried, Hans Ulrich Obrist, Philippe Parreno, Edi Rama, Aleksandr Rodchenko, Anri Sala, Marcus Steinweg, Erion Veliaj (textes), Edi Rama, Zürich, Suisse, JRP|Ringier Kunstverlag, 2013, 384 p. (ISBN 978-3-03764-322-8)

Notes et références

  1. Thierry Portes, « En Albanie, le règne d'Edi Rama menacé dans les urnes », Le Figaro, 24-25 avril 2021, p. 4 (lire en ligne).
  2. « Albanie : les grands chantiers du nouveau gouvernement », sur Le Monde, (consulté le )
  3. Sébastien Colson, Albanie : Forteresse malgré elle, Bruxelles, Editions Nevicata, coll. « L'Âme des peuples », , 83 p. (ISBN 978-2-87523-115-4), p. 83
  4. Edi Rama, Mayor of Tiranaelected World Mayor 2004, site Internet City Mayors.
  5. Rulers
  6. Jean-Arnault Dérens et Simon Rico, « Vent de révolte des Balkans à la Hongrie », sur Le Monde diplomatique,
  7. Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin, « L’Albanie, « bon élève » à la dérive », sur Le Monde diplomatique,
  8. « Albanie: pouvoir, police et armée sont gangrénés par le trafic de drogue », sur Mediapart,
  9. « Albanie : Edi Rama ferme trois écoles « gülenistes » », sur Le Courrier des Balkans,
  10. « L'Albanie devient le premier pays musulman à adopter la définition de l'antisémitisme de l'IHRA », sur www.i24news.tv,
  11. « Albanie : Le gouvernement Rama 2, une équipe resserrée et monocolore », sur Le Courrier des Balkans,
  12. (en) Llazar Semini, « Albanian opposition set to continue anti-govt protests », The Washington Post, (lire en ligne)
  13. « Violente manifestation samedi soir en Albanie », sur RTBF Info, (consulté le )
  14. « En Albanie, une fuite géante de données à la veille des élections législatives », Le Monde.fr, (lire en ligne)
  15. « Le Parlement albanais vote la destitution du président Ilir Meta », Le Monde.fr, (lire en ligne)
  16. (sq) « Rama:Jam Katolik i pagëzuar » Rama:I am baptized Catholic »] [archive du ] [Virtual], sur Dielli.al,  : « "Për hir të së vërtetës unë nuk jam ortodoks, unë jam katolik nëse i referohesh pagëzimit". (En: For the sake of truth I'm not Orthodox, I'm Catholic referring to baptism) »

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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