Ernest Fenollosa

Ernest Fenollosa, né le à Salem dans le Massachusetts et décédé le à Londres, est un universitaire, orientaliste, philosophe et japonologue américain qui fut conseiller étranger au Japon pendant l'ère Meiji. Professeur de philosophie et d'économie politique à l'université impériale de Tokyo, Fenollosa fait beaucoup pour préserver l'art japonais traditionnel.

Ernest Fenollosa
Ernest Fenollosa, vers 1890
Fonction
Conseiller étranger
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Américaine
Formation
Activités
Conjoint
Elizabeth Goodhue Millett (1re femme)
Mary McNeill Scott (2e femme)
Autres informations
A travaillé pour
Religion
Maître
Kanō Eitoku (d)
Distinctions
Œuvres principales
Epochs of Chinese and Japanese Art: An Outline History of East Asiatic Design (d)
Page titre de Cathay, poème d'Ezra Pound, 1915, basé sur des traductions de Fenollosa.

Biographie

Fenollosa est le fils d'un pianiste espagnol, Manuel Francisco Ciriaco Fenollosa (né à Málaga en 1818), et de sa femme Mary Silsbee (Fenollosa). Il est éduqué à la Hacker Grammar School à Salem dans le Massachusetts, puis dans le lycée de la ville, et enfin il étudie la philosophie et la sociologie au Harvard College, où il sort diplômé en 1874. Après un an à l'école d'art du musée des Beaux-Arts à Boston, où il se marie avec Elizabeth Goodhue Millett, il se rend au Japon en 1878 sur invitation du zoologiste et orientaliste américain Edward Sylvester Morse pour enseigner l'économie politique et la philosophie à l'université impériale de Tokyo. Il en profite pour étudier le patrimoine historique de ce pays, les anciens temples, sanctuaires et les œuvres d'art avec son assistant Okakura Kakuzō[1]. Dès son arrivée au Japon en 1878, il est initié par le peintre Kanō Eitoku à « l'étude de la peinture ancienne et aux méthodes de l'expertise. »[2].

Durant son séjour au Japon, Fenollosa participe à la création d'un style de la peinture japonaise appelé nihonga avec les peintres Kanō Hōgai (1828-1888) et Hashimoto Gahō (1835-1908). En , il fait une conférence intitulée « Une explication de la vérité de l'art » qui circule largement et est citée à de nombreuses reprises par la suite[3].

Après huit ans passés à l'université, il aide à fonder l'université des Arts de Tokyo et le musée impérial de Tokyo dont il devient le directeur en 1888. Durant cette période, il aide à réaliser le texte de loi sur la préservation des temples, sanctuaires et œuvres d'art[4].

Fenollosa se convertit ensuite au bouddhisme et reçoit le nom de Teishin. Il prend aussi le nom de Kano Eitan Masanobu, le plaçant ainsi dans la lignée de l'école Kanō, institution d'où sont issus les peintres des shoguns Tokugawa. Fenollosa réalise le premier inventaire des trésors nationaux du Japon menant à la découverte d'anciens rouleaux chinois rapportés du continent par des moines itinérants et sauve de la destruction de nombreuses œuvres bouddhistes (à cause du mouvement Haibutsu kishaku). Il semble aussi qu'à cette occasion, le Gouvernement lui accorde une autorisation spéciale pour analyser la statue de Shotoku Taishi en Guze Kannon du temple Hōryū-ji, le plus sacré et le plus mystérieux des Hibutsu (bouddha cachés) du Japon, que les moines avaient conservés caché pendant un millier d'années. Pour ses actes méritoires, l'empereur Meiji le décore de l'ordre du Soleil levant et de l'ordre du Trésor sacré.

Fenollosa accumule beaucoup d'œuvres d'art japonaises pendant son séjour au Japon. En 1886, il vend sa collection au médecin américain Charles Goddard Weld (en) (1857–1911) à la condition qu'elle aille au musée des Beaux-Arts de Boston, et en 1890 il retourne à Boston pour devenir conservateur du département des arts orientaux. Fenollosa réussit à faire en sort que l'art japonais soit exposé à l'exposition universelle de 1893 de Chicago. Il organise aussi la première exposition de peinture chinoise à Boston en 1894. En 1896, il publie Masters of Ukioye, un compte-rendu historique sur les peintures et estampes japonaises exposées au New York Fine Arts Building. Néanmoins, son divorce public et son remariage immédiat en 1895 avec l'écrivain Mary McNeill Scott (1865–1954) scandalisent la société de Boston menant à sa démission du musée en 1896.

Il retourne au Japon en 1897 pour accepter un poste de professeur de littérature anglaise à l'école normale de Tokyo. Lafcadio Hearn est ami avec Fenollosa et vient même un peu trop souvent au domicile du professeur[5].

En 1900, il retourne aux États-Unis pour donner des conférences sur l'Asie. Son ouvrage en deux volumes sur l'art avant 1800 propose des estampes de Hokusai mais l'art japonais est devenu trop moderne pour le goûts de Fenollosa : « Hokusai est un grand dessinateur, comme Kipling et Whitman sont des grands poètes. Il est considéré comme le Dickens du Japon ».

Après sa mort à Londres en 1908, les notes non publiées de Fenollosa sur la poésie chinoise et le théâtre japonais sont confiées par sa veuve au poète Ezra Pound qui, avec William Butler Yeats, les utilise pour renforcer l’intérêt grandissant de l'Extrême-Orient chez les écrivains modernistes. Pound termine ensuite les travaux de Fenollosa avec l'aide d'Arthur Waley, un fameux sinologue britannique.

Le corps de Fenollosa est incinéré à Londres, et ses restes sont retournés au temple Mii-dera (où il s'est converti au Bouddhisme) pour être enterrés. Sa pierre tombale est financée par l'université des Arts de Tokyo.

Bibliographie

Lectures annexes

Notes et références

  1. Marc Bourdier, « Le mythe et l'industrie ou la protection du patrimoine culturel au Japon », dans Robert Salais, Dominique Poulot], Peter Schöttler, Gérard Noiriel, Jean-Louis Fabiani, Marc Bourdier et al., Genèses : patrie, patrimoine, vol. 11, t. 1 (revue), Paris, Calmann-Lévy, , 174 p. (OCLC 754358038, DOI 10.3406/genes.1993.1172, lire en ligne [PDF]), p. 92.
  2. Christophe Marquet, « Le Japon de 1871 vu par Henri Cernuschi et Théodore Duret » [PDF], sur Persee.fr, Tokyo, Maison franco-japonaise, (consulté le ), p. 70.
  3. Marra, Michael F. (2002). Japanese hermeneutics, pp. 97-98. sur Google Livres
  4. "Ernest F. Fenollosa" in Encyclopædia Britannica.
  5. Bisland, pp. 412–414.

Source de la traduction

Liens externes

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