Esclavage à Bourbon

L'esclavage est mis en œuvre sur l'île de La Réunion dès son peuplement au milieu du XVIIe siècle. Les esclaves servent d'abord à la culture du café, puis à celle de la canne à sucre à compter du début du XIXe siècle. L'esclavage n'est définitivement aboli que sur une proclamation du commissaire de la République Joseph Napoléon Sébastien Sarda Garriga le , date devenue une fête et un jour férié sur l'île appelée communément « fét caf » (« la fête des cafres », cafre étant le terme créole pour désigner la population noire).

Avant l'arrivée des Européens

Au Moyen Âge, les îles Mascareignes sont découvertes par les navigateurs arabes qui quadrillent la mer de Zanj.

Arrivée des Européens

D'un point de vue européen, l'archipel aurait été découvert, ou du moins abordé, par le navigateur portugais Pedro de Mascarenhas le . L'archipel est baptisé en son honneur en 1528 par son confrère Diogo Rodrigues, lequel a donné son nom à Rodrigues.

D'après l'article Histoire ancienne de La Réunion, en 1642, à la prise de possession par la France, l'île est inhabitée. Elle n'est habitée durablement qu'à partir de 1663, peut-être à la Grotte des Premiers Français. La Compagnie française des Indes orientales (1664-1769) en obtient la concession et le premier gouverneur est nommé en 1665, Étienne Regnault, pour diriger une colonie de 35 personnes. En 1715, la décision est prise à Paris de tenter la plantation de caféiers, avec colons et esclaves (Afrique, Inde, Madagascar) : Histoire de La Réunion.

Pratiques

Esclaves

  • Esclaves à Bourbon

Chasseurs d'esclaves

Révoltes d'esclaves

La révolte d'esclaves de Saint-Leu se déroule en 1811, alors que l'île est sous domination britannique.

En 1793, il y a 35 000 esclaves pour 10 000 libres. En 1825, c'est-à-dire 14 ans après la révolte, il y en a désormais respectivement 71 000 pour 25 000[1]. On peut donc estimer qu'il y a environ 50 000 esclaves sur l'île en 1811, dont 5 000 dans les environs de Saint-Leu, capitale du café Bourbon où demeuraient seulement 500 personnes libres[2].

Abolition de l'esclavage : 1849

Chargé de mettre en application à La Réunion le décret du gouvernement provisoire de février 1848 qui abolissait l'esclavage dans les colonies françaises, Joseph Napoléon Sébastien Sarda Garriga, avec le soutien du gouvernement issu des élections françaises d'avril 1848, évite que la violence ne se retourne contre les maîtres d'hier tout en préservant leurs intérêts économiques et la supériorité de leur statut social.

« La République a voulu faire votre bonheur en vous donnant la liberté (…). Propriétaires et travailleurs (autrement dit, anciens maîtres et anciens esclaves) ne forment désormais qu'une seule famille dont tous les membres doivent s'entre aider »

 Sarda, « Aux travailleurs », 20 décembre 1848

En octobre 1848, le Commissaire de la République, obligeait les « nouveaux affranchis » devenus citoyens, de second ordre (au point que le mot "sitoyen" deviendra un mot péjoratif en créole), à signer un contrat de travail chez leur ancien maître devenu leur patron, faute de quoi ils seraient réputés vagabonds et jetés en prison. Et ce tout en leur demandant d'être patients si leur patron ne pouvait leur verser le salaire dû.

Les anciens esclaves quittent en foule, au risque de la prison, les « habitations » (plantations) où leurs anciens maîtres continuent pour la plupart à les traiter aussi mal après qu'avant le 20 décembre. Entre octobre et décembre 1848, Sarda Garriga rencontre affranchis et maîtres pour rassurer la population et expliquer les changements liés à l'abolition de l'esclavage permettant une abolition de l'esclavage définitive le 20 décembre sans heurts.

Les hommages à Sarda Garriga ne manquent pas à La Réunion : un lycée et de nombreuses rues portent son nom.

Une abolition devenue historiquement inéluctable, puisque la plupart des pays d'Amérique latine avaient — à la notable exception du Brésil — aboli l'esclavage entre 1811 et 1831, et que deux ans plus tard c'était le tour des colonies britanniques.

C’est la mémoire des esclaves réunionnais, si imparfaitement libérés par Sarda Garriga en 1848, que défend le poète-chanteur-maloyer réunionnais Danyèl Waro dans un de ses plus beaux poèmes, Foutan fonnker poème caustique ») dans lequel il dénonce les ravages de l’esclavagisme que la société réunionnaise continue de charrier : « vin désanm la pokor », le 20 décembre reste à faire.

Suites

C'est le début de l'engagisme à La Réunion.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Notes et références

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