Façade (magazine)

Façade est un magazine français, publié à Paris et diffusé à l’international. Créé en 1976, par Alain Benoist et Hervé Pinard, 13 numéros (de 1 à 14) paraissent, sans date ni périodicité, jusqu’en 1983. 30 ans après, Façade sort le n° 15. Et en 2017, soit 4 ans après, Façade n° 16 voit le jour.   

Pour les articles homonymes, voir Façade (homonymie).

Au milieu des années 1970, Laurent Laclos, Tokyo Kumagaï et Alain Benoist discutent d'un projet de journal qu'ont en commun Laurent et Alain[1]. Le trois premières éditions sont réalisées chez Alain Benoist puis rue du Renard après ; il est possible d'y voir des images de Pierre Commoy qui travaille alors seul. À partir du quatrième numéro, Façade mettra une star mondialement connue en couverture (en commençant par Warhol sur le no 4, avec Edwige Belmore en 4e de couverture) et parfois une personnalité locale en quatrième ; ainsi Djemila Khelfa, Jacno ou Eva Ionesco se retrouvent en toute fin de magazine[1]. Hervé Pinard, puis Thierry Ardisson plus tard[2], s'occupent de la conception tandis que Laurent Laclos prend en charge les images, le tout sous la responsabilité artistique de Jean-Luc Maître. S'inspirant de la maquette de journaux comme France-Dimanche, on y trouve entre autres des interviews de personnalités réalisées par Maud Molyneux, des articles d'Yves Adrien, des chroniques d'Alain Pacadis et dans chaque numéro une « fausse » publicité créée par Karl Lagerfeld[1].

Historique

Alors qu’en France, Actuel de Jean-François Bizot diffusait de l’underground, ils décidèrent de prendre le contre-pied et de se positionner comme magazine upperground. En ce qui concerne les dimensions et la typographie, ils souhaitaient être uniques. Ainsi, Façade a un format original de 29cm x 34,5cm fermé, 58cm x 34,5cm en panoramique, et une typographie originale dessinée par Alain Benoist.  

Après avoir toutes leurs bases, vient le temps de créer le contenu du premier Façade. Alain Benoist accompagné de Junko Shimada saisit l’opportunité de rencontrer John Waters, à New-York, en mars 1976. Il sait que l’occasion ne se reproduira pas et décide de l’interviewer, au détour de cette rencontre, dans la cuisine de la journaliste correspondante du Elle français : Mitty Gain.

Ainsi, le Façade n° 1 paraît au mois de , édité chez Alain Benoist à 5 000 exemplaires. Ce dernier, sera disponible, sous forme de dépôt-vente, dans des librairies telles et quelques kiosques parisiens. Pour assurer la communication, ils faisaient de l’affichage sauvage dans Paris en placardant la couverture n° 1 sur les murs, plus précisément celui du Club 7 rue Saint-Anne, pour y vendre le magazine la nuit à la criée.  

Rapidement, un problème émerge : en plein mois de juin à Paris, beaucoup sont déjà en vacances. Alain Benoist décide donc d’aller retrouver sa cible à St-Tropez, accompagné du photographe Pierre Commoy, qui a photographié la couverture du premier magazine, et François Wimille un vieil ami. Sur un coup de tête, ils embarquent dans l’Austin d’Alain avec plus de 500 magazines dans le coffre.

Quelques jours après leur arrivé et par hasard, au café des arts, place des Lys, les baroudeurs rencontrent Lady B amie de toute la gotta Tropézienne.

En se liant d’amitié avec elle, elle réussit à leur décrocher un article et une photo dans la Gazette de St Tropez, lecture phare des Tropéziens. Coup de communication parfait : les 500 exemplaires sont vendus. À partir de là, tout va très vite avec cette clientèle people artistique qui permet de bien installer Façade, comme étant dès sa première parution un magazine conceptuel original, ce qui les poussera à réaliser d’autres numéros.

Façade n°2 : 1977

Après avoir vu dans les rues de Paris la nuit, sur un tuyau de gouttière, une publicité d’un club culturiste représentant un bodybuilder sur papier fluo, Alain Benoist trouva son inspiration pour le deuxième magazine. Ainsi, Façade n° 2 est le premier magazine à la cover fluorescente éditée en 4 covers aux choix : bleu, jaune, rouge et rose.

Façade n°3 : 1977

Cette année-là, Marlboro placarde des affiches d’un cow-boy fumant seul, sur son cheval, dans un paysage de l’ouest américain, partout dans Paris en 4x3. Ce qui inspire Alain Benoist, pour l’utiliser comme cover panoramique. Ainsi, il contacte l’agence américaine qui détient le budget de la marque pour obtenir les autorisations, qui lui sauront accordées et qu’ils payent en tant que pub. Cette cover sera réalisée bien avant les séries de Richard Prince.  

Façade n°4 : 1977

Pour Alain Benoist, pouvoir rencontrer Andy Warhol lors d’une exposition parisienne est synonyme de consécration.  Il lui offrira d’ailleurs les trois numéros de Façade, qu’Andy Warhol dédicacera. Il saisit alors son opportunité et lui propose un shooting photo pour faire la cover du Façade n°4. C’est Edwige Belmore qui accompagne Andy Warhol, photographiée par Pierre Commoy.

Façade n°5 : 1978

Au détour d’une rencontre avec Jerry Hall, mannequin alors en flirt avec Mick Jagger, un rendez-vous est pris pour rencontrer la star du rock’n’roll au restaurant japonais du Novotel Montparnasse. Il accepte de faire la cover n°5 de Façade. Le shooting a lieu à Miromesnil, dans l’appartement d’Edith Cottrell, amie de Michael Delmar et d’Alain Benoist, loué à  Mick Jagger. Pour le duo de la couverture, Sayoko Yamaguchi est parfaite avec sa notoriété grandissante d’égérie japonaise défilant à Paris. Ils posent tous les deux, avec des blousons en cuir noir signés Junko Shimada, sur un fond rose.

Façade n°6 : 1978

Étant abonné à la Newsletter « Celebrity Service » de Maggie Nolan, Alain Benoist apprend que Salvador Dalí se trouve au Crillon à Paris. Accompagné de Michael Delmar, ils attendent alors dans le hall de cet hôtel, en espérant le croiser. Cela arrivera, Dalí finira par descendre paré de sa cape et sa canne pour se rendre à la réception. Ils n’hésitent pas à l’accoster, en essayant de le convaincre en lui montrant les deux dernières covers du magazine. Il dira en pointant la cover d’Andy Warhol du doigt : « Je veux faire la couverture. ». Shooté par Pierre Commoy, Dali pose donc pour Façade n°6, et sera rejoint par Eva Ionesco. C’est la première cover dans laquelle il y a eu montage, car les deux célébrités n’ont pas été shootées ensemble. Aussi, c’est l’un des premiers ouvrages du duo Pierre et Gilles.

Façade n°7 : 1979

Ce numéro est orienté uniquement sur la déclinaison du chiffre 7. Après avoir essayé de contacter, Roger Moore, James bond de l’époque à l’Inter Continental, Alain Benoist, avec l’aide d’Edith Cotrell, rejoins Jack Nicholson à Londres pour l’avoir en cover. En tournage pour Shining, il devait absolument être mal rasé, la cover met donc en scène pour la première fois un James Bond pas imberbe. Pour l’accompagner ce sera la James Bond Girl de la cover. Pour représenter chaque type de femmes, après la japonaise Sayoko Yamaguchi, la punk Edwige et l’infante Eva Ionesco, Djémila semblait contraster parfaitement pour raconter une nouvelle histoire. Nos deux agents, seront donc pris en photo à Londres, dans l’appartement d’Anjelica Huston.  

Façade n°8 : 1979

Pour ce numéro, après avoir mis que des hommes en cover (sauf le n°1), ils décident de mettre, cette fois, une femme. De rencontre en rencontre, Michael Delmar devient proche de Loris Azzaro qui aimait Façade, il habillait les plus grandes actrices italiennes, dont Sophia Loren. Elle était à Paris, ils décidèrent donc de la shooter pour la cover n°8, habillée en Azzaro. Pour jouer avec cette star mondiale, Bryan Ferry semblait correspondre parfaitement. Cet élégant avec une attitude rock’n’roll  crée un duo improbable et séducteur avec Sophia Loren.

Façade n°9 : 1980

À cette époque, le Palace était le lieu phare pour rencontrer des célébrités. Via leur bande du palace, ils y rencontrent Catherine Deneuve, qui acceptera de poser pour Façade. Après la beauté chaude de Sophia Loren, la beauté froide de Catherine Deneuve était une suite inévitable. Cette femme sexy et célèbre, a été shooté par Olivier Poivre, alors assistant de Guy Bourdin, dans le studio de ce dernier, dans le marais.  Pour l’accompagner, cela s’est fait d’une manière improbable, Elodie Lauten apprend que James Brown va faire une visite surprise lors d’un concert à New-York sans prévenir la presse, le soir même. Trop tard pour y aller de Paris, Alain Benoist lui demande de le prendre en photo dans sa loge, sur fond blanc, et de lui envoyer les ektas. Ce sont ces images qui ont servi à faire la cover de Façade.

Façade n°10 : 1981

Alain Benoist apprend que Gina Lollobrigida était de passage à Paris. Dans une mise en scène casino, sur fond vert, l’Italienne pose couverte de bijoux et de billets pour la cover du n°10 de Façade. Pour l’accompagner, il fallait proposer un duo inattendu. Ainsi, Jacno, chanteur des Stinky Toys, était parfait. Très photogénique, blond, beauté pâle, il complète excellemment la cover. Il joue le gigolo de Gina.  

Façade n°11 : 1982

Michael Delmar rencontre Françoise Hardy lors d’une soirée, au cours de laquelle il lui fait son thème astral. Après cela, Alain et lui, réaliseront plusieurs de ses pochettes de disque. Ils lui proposeront ensuite de faire la cover du numéro 11. Pour le scénario, le succès du film Raging Bull en 1980 avec Robert De Niro, inspire Alain Benoist qui  souhaite donc mettre en cover un boxeur en sang et son infirmière glaciale : Françoise Hardy. Pour cela, il fallait trouver un French De Niro, Gérard Depardieu était parfait. Ganté en Everlast rouge et shooté par Peter Capellmann dans son atelier rue Pigalle. Françoise Hardy ayant mal pris le fait d’être en dos de couverture inspirera la création des double cover disponible dès le n°12.

Façade n°12 : 1982

Après avoir fait « dans les poches de Pacadis & Gainsbourg » en 1977 dans le troisième magazine, Façade recontacte Serge Gainsbourg pour l’avoir en cover. Ça sera la première photo de Gainsbourg menotté inséparable de sa Gitane qui se consume. L’alter-ego de Gainsbourg : Gainsbarre provocateur, avait besoin d’une avocate idéale et inattendue qui sera Dalida.

Michael ayant sympathisé avec le frère de cette dernière, Orlando, pour qui Façade réalisera des pochettes de disques pour sa maison de production qui leur permettra d’entrer en contact avec sa  plus grande chanteuse, pour incarner ce rôle et défendre Gainsbourg.

Façade n°14 : 1983

En pleine tournée mondiale des Rolling Stones, Alain Benoist, apprend avec la newsletter « celebrity service » que les Stones sont à Paris à hôtel Warwick à côté des Champs-Elysées. Sans aucun rendez-vous, Alain Benoist, accompagné de Patrick Swirc, photographe, parvient à retrouver Mick Jagger dans sa suite. Il les emmène voir Keith Richards, et le shooting commence directement après. En 30 minutes, tout le shooting était fait. Pour contrebalancer avec le côté Rock’N’Roll de Keith Richards, il fallait une femme avec une élégance et une beauté froide, pour créer un duo imprévisible. Après un bref casting, Charlotte Rampling nous paraît parfaite pour incarner ce rôle. Michael Delmar contacte donc son agent, pour lui proposer d’être la cover du n°14.

Façade n°15 : 2013

Avec l’arrivée de Lydia Goldberg en 96 chez Façade, l’idée de relancer un magazine surgit. 30 ans après la cover du n°14, le retour du magazine se devait de garder l’esprit et être à la hauteur des précédentes cover. Ainsi, il fallait une star internationalement reconnue qui incarnerait  ce retour d’une manière rock’n’roll,  avec une histoire à raconter. De ce fait, Jane Birkin, incarnait parfaitement cette exigence. Le créateur Gareth Pugh complétait bien Jane Birkin.  Ils entrent donc en contact avec lui via Michelle Lamy, la compagne de Rick Owens.

Fin février 2013 le numéro 15 sort, 30 ans après le numéro 14[3]. À partir de ce numéro, les doubles covers racontent chacune une histoire différente traduite en anglais, pour un poids d’un kilogramme par magazine.

Façade n°16 : 2017

Pour les 40 ans de Façade, le tandem Pierre et Gilles, artistes internationaux et ayant photographié quelques images pour le magazine, étaient le couple parfait pour célébrer cet anniversaire en cover.

Shooté ensemble dans leur atelier kitsch et coloré du Près-Saint-Gervais, par Jean-Baptiste Mondino.  

Notes et références

  1. Paquita Paquin, Vingt ans sans dormir : 1968-1983, Éditions Denoël, , 203 p. (ISBN 978-2207255698), « Façade », p. 113 et suivantes
  2. Technikart, « Ex-fan des eighties », sur Technikart, (consulté le )
  3. Façade, l'intemporelle - France Inter, 11 avril 2013

Annexes

Liens externes

  • Portail de la presse écrite
  • Portail des années 1980
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.