Serge Gainsbourg

Lucien Ginsburg, dit Serge Gainsbourg, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un auteur-compositeur-interprète français, également artiste peintre, scénariste, metteur en scène, écrivain, acteur et cinéaste.

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Cet article possède un paronyme, voir Gainsborough.

Serge Gainsbourg
Serge Gainsbourg en 1981.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Lucien Ginsburg
Surnoms
Gainsbarre, Julien Gris, Julien Grix, L'homme à tête de chou
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Père
Joseph Ginsburg (d)
Mère
Olia Ginsburg (d)
Fratrie
Liliane Gainsbourg (d)
Conjoints
Enfants
Autres informations
Instruments
Labels
Genres artistiques
Site web
Discographie
Prononciation
Vue de la sépulture.

Il accède à la notoriété en tant qu'auteur-compositeur-interprète, abordant de nombreux styles musicaux. Il s'essaie également au cinéma et à la littérature, réalise plusieurs films et vidéo-clips et compose plus de quarante musiques de films. Au milieu des années 1950, il utilise les pseudonymes Julien Gris puis Julien Grix avant de choisir Serge Gainsbourg comme nom d'artiste. Dans les années 1980, il s'invente aussi un alter ego appelé Gainsbarre.

Ses débuts sur scène sont difficiles en raison de son physique. Toute sa vie, Serge Gainsbourg souffre de la peur d'être rejeté et de sa conviction qu'il est laid. Au fil des années, il se crée une image de poète maudit et provocateur, mais pas pour autant en marge du système. Les textes de ses chansons jouent souvent sur le double sens, et illustrent son goût pour la provocation (Nazi Rock, Aux armes et cætera, Lemon Incest) et l'érotisme (Les Sucettes, Je t'aime… moi non plus, Love on the Beat), voire la scatologie[1] (Vu de l'extérieur, La poupée qui fait, Des vents des pets des poums, Evguénie Sokolov), ce qui lui vaut nombre de polémiques. Serge Gainsbourg aime également jouer avec les références littéraires, comme Verlaine (Je suis venu te dire que je m'en vais), et recycler des thèmes de musique classique (Initials B.B., Lemon Incest). Cependant, il considère la chanson, et en particulier les paroles de chanson, comme un « art mineur », puisque ne nécessitant, contrairement à la peinture par exemple, aucune initiation pour être apprécié. Il travaille cependant, parfois jusqu'à l'obsession, la forme poétique de ses textes, les parsemant de rimes sophistiquées, de jeux de mots, d'allitérations et autres figures de style peu communes dans la musique populaire à son époque.

Auteur prolifique de chansons pour d'autres artistes, en particulier des femmes, Gainsbourg traverse la vie de chanteuses et actrices renommées, dont Brigitte Bardot, avec qui il a une brève liaison, et Jane Birkin, qui est sa compagne pendant plus de douze ans (et reste sa principale muse même après leur séparation) et avec qui il a son troisième enfant, Charlotte Gainsbourg.

Il influence considérablement certains artistes français, comme le groupe Taxi Girl, Renaud ou encore Étienne Daho, mais aussi des artistes non francophones tels que Beck Hansen, Mike Patton, le groupe Portishead ou le compositeur David Holmes.

Si sa notoriété à l'extérieur du monde francophone se limite aux professionnels de la musique, il réussit à classer deux de ses albums dans les meilleures ventes de disques aux États-Unis : Bonnie and Clyde (avec Brigitte Bardot) se classe 12e au Billboard 200 au cours de l'année 1968, et Jane Birkin - Serge Gainsbourg se classe 196e au cours de l'année 1970. Sa chanson Je t'aime… moi non plus se classe 58e au Billboard Hot 100, malgré des diffusions à la radio limitées en raison de la censure[2], mais rencontre un plus grand succès encore au Royaume-Uni où elle se classe numéro 1 des ventes. Avec celles de la chanteuse belge Sœur Sourire et les albums francophones de Céline Dion, ces performances sont inégalées pour des chansons en langue française aux États-Unis.

Biographie

Jeunesse

Trois Parisiennes regardant l’éclipse de soleil, sur la cour du Havre, à côté de la gare Saint-Lazare le , année d’arrivée à Paris des époux Ginsburg exilés d’Ukraine.

Les années 1930 : l'enfance

Lucien Ginsburg[3], nait le à Paris. Il est le fils d'immigrants juifs ashkénazes d’origine russe[4],[5],[6], il veut d'abord être artiste peintre, mais il accède finalement à la notoriété en tant qu'auteur-compositeur-interprète, abordant de nombreux styles musicaux. Il s'essaie également au cinéma et à la littérature. Son père, Joseph Ginsburg, né à Constantinople (Turquie) le (décédé le )[Note 1], lui aussi d'abord intéressé par la peinture, entre au conservatoire de Petrograd, puis à celui de Moscou pour étudier la musique - il choisit le piano - puis encore, en Crimée. Il y rencontre Brucha Goda Besman (née à Théodosie (Crimée) le et décédée à Paris le [Note 2]), surnommée Olia ou Olga, chanteuse mezzo-soprano qui devient son épouse le [7]. C'est en 1919 que Joseph et Olga, fuyant la guerre et la dictature bolchévique, quittent Odessa (Ukraine), s'exilent en Géorgie, puis à Istanbul, avant de débarquer le à Marseille puis de s'installer à Paris, où ils retrouvent le frère d'Olga, qui travaille pour la banque Louis-Dreyfus[8](p11). Joseph devient alors pianiste de bar et de cabaret, tandis qu'Olga chante au conservatoire russe. Ils vivent au 35 rue de la Chine dans le 20e arrondissement. Ils ont en 1922 un premier fils, Marcel, qui meurt à seize mois d'une pneumonie ; puis, en 1926, une fille, Jacqueline ; et en 1928, deux faux jumeaux, Liliane et Lucien (dont Olga voulut avorter sans y parvenir[9]), nés à la maternité de l'Hôtel-Dieu de Paris dans l'île de la Cité. La famille Ginsburg obtient la nationalité française le [10].

Juste après le no 9 qui fut l’hôtel particulier d’un marchand d'art Adolphe Goupil, on aperçoit le no 11 de la rue Chaptal où a vécu le petit Lucien Ginsburg et dont le rez-de-chaussée est occupé en 2019 par une plomberie.

Dans son enfance, Lucien vit dans les quartiers populaires de Paris : d'abord le 20e arrondissement, puis au 11 bis, rue Chaptal dans le 9e arrondissement. Son père lui enseigne le piano classique puis le pousse vers la peinture. Le garçon le suit dans les concerts où il joue, dans des stations balnéaires huppées comme Arcachon, Deauville, Cabourg et Le Touquet[11],[9].

Sous l'Occupation nazie

En 1940, Serge Gainsbourg est inscrit à l'École normale de musique de Paris, boulevard Malesherbes[12]. Il doit porter l'étoile jaune Une étoile de shérif », dira-t-il plus tard par dérision, ou « Je suis né sous une bonne étoile… jaune »)[13]. Au début de l'été 1941, sa famille se réfugie temporairement dans la Sarthe à Courgenard, au lieu-dit « La Bassetière », chez Baptiste et Irma Dumur[14].

Les métiers artistiques étant interdits aux Juifs, plus personne ne voulant l'engager comme pianiste, son père passe en zone libre en 1942 pour trouver du travail et échapper à la misère. Les contrôles de police devenant de plus en plus nombreux, toute la famille le rejoint en janvier 1944 dans la région de Limoges avec de faux papiers. Ils se réfugient au hameau du Grand Vedeix dans la commune de Saint-Cyr en Haute-Vienne sous le nom de Guimbard. Les filles sont cachées chez les religieuses de l'école du Sacré-Cœur à Limoges[15] et Lucien dans un collège public, à Saint-Léonard-de-Noblat. Il y est pensionnaire sous sa fausse identité. Un soir, la Gestapo fait une descente dans l'établissement pour vérifier qu'aucun enfant juif ne s'y cache. Les responsables du pensionnat l'envoient se cacher seul dans la forêt, où il passe la nuit entière avec la peur d'être pris et tué. Il vivra par la suite avec le sentiment d'être un rescapé[16].

Durant ces années de guerre, la famille Ginsburg se voit retirer entièrement la nationalité française par une commission spéciale mise en place par Vichy qui les considère comme des « israélites sans intérêt national »[17]. Sur l'un des rapports de la commission, retrouvé en 2010[18], on peut lire, à propos de Joseph, le père de Serge : « Exerçant la profession de pianiste, le nommé Ginsburg qui se déplace fréquemment réside actuellement à Lyon. […] Son fils Lucien est inscrit au collège Du Guesclin. […] Il ressort néanmoins que l’intéressé a quitté la capitale en 1941 pour la zone libre pour s’éviter des ennuis en raison de sa confession. » La commission tranche : « retrait général ». Serge Gainsbourg n'a jamais rien su de cette dénaturalisation.

Après la guerre : de la peinture à la musique

Le Martyre de saint Sébastien d'Andrea Mantegna au Musée du Louvre. Serge Gainsbourg découvre cette toile à l'âge de quatorze ans environ, et tombe alors en admiration devant cette figure de supplicié extatique.

De retour à Paris après la Libération, la famille s'installe au 55 avenue Bugeaud dans le 16e arrondissement. Lucien est en échec scolaire et abandonne peu avant le bac au lycée Condorcet (il avait quitté l'établissement à l'été 1941, pour n'y revenir qu'à l’automne 1944[19]). Il s'inscrit alors aux Beaux-Arts, et fréquente l'Académie de Montmartre, où ses professeurs de peinture sont André Lhote[20] et Fernand Léger[21], sans poursuivre jusqu'au bout cette première vocation trop peu rémunératrice[22]. Le à l'Académie de Montmartre, il rencontre sa future première femme, Élisabeth Levitsky, fille d'aristocrates russes qui a des accointances avec les surréalistes, en particulier Georges Hugnet dont elle était la secrétaire. Il l'épouse le [23].

L'année 1948 est une année importante pour Lucien. Il fait son service militaire à Courbevoie au sein du 93e régiment d'infanterie, où il est envoyé régulièrement "au trou" pour insoumission. Privé de permission, il s'enivre au vin avec ses camarades de régiment – débutant ainsi sa longue « idylle » avec la consolation éthylique. C'est également durant cette période qu'il apprend à jouer de la guitare.

Jusqu'à trente ans, Serge Gainsbourg vit de petits métiers. Il est, entre autres, professeur de dessin, de chant, surveillant, mais son activité principale est la peinture. Il aurait aimé être un génie de la peinture comme Francis Bacon ou Fernand Léger, dont il fut l'élève[24]. Il est particulièrement inspiré par le dadaïsme et notamment par Francis Picabia dont il citera régulièrement l’œuvre Jésus-Christ Rastaquouère[25]. En 1952, il emménage avec Élisabeth Levitsky dans une chambre à la Schola Cantorum de Paris, meublée d'un piano en piteux état, que Serge répare pour pouvoir en jouer. Un jour, en rangeant leurs vêtements, Serge et Elizabeth découvrent au fond d'un placard une porte donnant sur la salle de concert, où des groupes de jazz américains viennent enregistrer leurs disques. De ce point de vue providentiel, Serge observe, fasciné, prend des notes et délaisse petit à petit, la peinture[réf. nécessaire]. En 1954, il abandonne la bohème pour devenir crooner de piano-bar dans les casinos de villes côtières comme Le Touquet Paris-Plage (où il joue au Club de la Forêt du restaurant Flavio), ou Deauville, ou encore dans des cabarets parisiens comme chez Madame Arthur, un cabaret transformiste pour lequel il compose des musiques de revues[8] ainsi que des chansons restées inédites de son vivant, et où il remplace parfois le pianiste qui n'est autre que son père Joseph Ginsburg[26]. Dès 1954, Lucien Ginsburg dépose ses titres à la SACEM, d'abord sous son nom[8], puis sous le pseudonyme de Julien Gris[Note 3], évoluant en Julien Grix[8], puis, à partir d', sous son pseudonyme définitif de Serge Gainsbourg. Il expliquera que le prénom de Serge évoque la Russie et que les voyelles « A » et « O » ajoutées à son nom sont une réponse aux enseignants qui écorchaient son patronyme pour lui rappeler ses origines judéo-russes[8]. Selon Jane Birkin, il a plus spécifiquement choisi ce nom en référence au peintre anglais Gainsborough, qu'il admirait[27].

Premières années en musique

Jacques Canetti à son bureau en 1960.

Le déclic en voyant Boris Vian

Il a une révélation en voyant, au cabaret Milord l'Arsouille, Boris Vian qui écrit et interprète des textes provocateurs, drôles, cyniques, loin du répertoire des vedettes du moment comme Dario Moreno ou Annie Cordy. Bientôt, en 1955, engagé comme pianiste d'ambiance par Francis Claude, directeur artistique du cabaret, Serge Gainsbourg accompagne à la guitare la chanteuse Michèle Arnaud[12]. En 1957, par hasard, Michèle et Francis découvrent avec stupéfaction les compositions de Gainsbourg en allant chez lui voir ses toiles. Le lendemain, Francis Claude pousse Serge sur scène. Mort de trac, il interprète son propre répertoire, dont Le Poinçonneur des Lilas[28]. Claude le présente dans son émission sur les ondes de Paris-Inter, le  ; puis il le présente à Jacques Canetti, alors directeur du théâtre des Trois Baudets et directeur artistique des Disques Philips. Pour Canetti, la ressemblance entre Boris Vian et Serge Gainsbourg est troublante : le même trac, la même élégance, une vision cynique de l'époque. Jacques Canetti prend en main la carrière naissante de Serge Gainsbourg, lui proposant de chanter aux Trois Baudets et dans les tournées qu’il organise avec Jacques Brel, Guy Béart ou Raymond Devos. C’est Denis Bourgeois, l’adjoint de Canetti chez Philips, qui déploie une patience d’araignée pour l’aider à percer dans le disque. Michèle Arnaud est la première interprète de Serge (et sera suivie plus tard, en 1966, par son fils Dominique Walter). Elle enregistre, dès 1958, les titres La recette de l'amour fou, Douze belles dans la peau, Jeunes femmes et vieux messieurs et La femme des uns sous le corps des autres[Note 4]. C'est là que Gainsbourg fait ses premières armes, composant de nombreuses chansons et même une revue musicale. Il décide alors d'abandonner la peinture pour se consacrer à la composition musicale et détruit la quasi-totalité de ses toiles, au grand dam de son épouse qui ne lui pardonnera jamais cet « autodafé ». Il se lance aussi dans une cour effrénée auprès des femmes, qu'il séduit en grand nombre, ce qui l'éloigne d'Élisabeth ; ils divorcent en , six ans après leur mariage[23].

Premiers albums avec Alain Goraguer

En studio, Serge Gainsbourg commence sa fructueuse collaboration avec Alain Goraguer, déjà arrangeur musical de Boris Vian. Son premier album Du chant à la une !…, sorti en 1958, qui contient Le Poinçonneur des Lilas, son premier succès d’estime (tout de suite repris par les Frères Jacques), impressionne mais est un échec commercial. En effet, s’il est vendu à quelques centaines d’exemplaires[29] et est boudé par le public[30], il est cependant remarqué par Marcel Aymé, qui dit que ses chansons « ont la dureté d'un constat ». Aussi, Boris Vian écrit, en 1958, soit un an avant sa mort, un éloge à l’endroit de Gainsbourg dans un article du Canard Enchaîné[31], et le compare aussi à Cole Porter. Enfin, cet album est récompensé par le Grand Prix de l'Académie Charles Cros l'année suivante[32].

Les albums suivants (No 2 en 1959, L'étonnant Serge Gainsbourg en 1961 et No 4 en 1962), toujours réalisés avec Alain Goraguer, rencontrent le même destin que son premier album. Toutefois, Gainsbourg rencontre son premier succès commercial en 1960, avec le simple L'eau à la bouche (chanson-titre du film du même nom), vendu à 100 000 exemplaires[33].

Lorsque l'époque des yéyés arrive, il a trente-deux ans et n'est pas très à l'aise : passant en première partie de Jacques Brel ou de Juliette Gréco, il est la risée du public et des critiques, qui se moquent de ses grandes oreilles et de son nez proéminent. Débute, avec Gréco, une collaboration qui dure toute cette période « Rive gauche », dont le point d'orgue sera La Javanaise à l'automne 1962[34]. Pour Philippe Clay, auquel il ressemble de façon troublante, il écrit en 1962 Chanson pour tézigue et en 1965 Lily taches de rousseur[35]. En 1964, ils apparaissent dans l'émission télévisée Demandez le programme pour deux duos (L'Accordéon[36] et L'Assassinat de Franz Lehár[37])[35].

Il rencontre le guitariste Elek Bacsik et le contrebassiste Michel Gaudry et leur propose de collaborer avec lui, d’abord pour des représentations au Théâtre des Capucines de Paris dans le cadre des « mardis de la chanson », en octobre 1963, puis un mois après, pour L’enregistrement de Gainsbourg Confidentiel. C’est un album empreint du jazz d'avant-garde qui plaît tant à Gainsbourg, mais qui, il le sait, ne lui permettra jamais d'accéder au succès. Ce disque ne se vend qu'à 1 500 exemplaires. Dès la sortie du studio, il déclare : « Je vais me lancer dans l'alimentaire et m'acheter une Rolls ». Son album suivant, Gainsbourg Percussions, inspiré (parfois directement – et sans se soucier des droits d'auteur[38]) des rythmes et des mélodies de Miriam Makeba et de Babatunde Olatunji, se démarque pourtant à nouveau de la vague yéyé. Mais là aussi, l'artiste rencontre un nouvel échec (plus important que Confidentiel). Cet album est la dernière collaboration de l'artiste avec Alain Goraguer avant de se diriger vers de nouveaux horizons musicaux plus pop.

En février 1965, la chanteuse Barbara propose à Gainsbourg de faire une série de concerts avec elle, mais devant l'hostilité du public, ce dernier décide de cesser cette collaboration. Il ne remontera pas sur scène avant 1979[39].

Grand prix de l'Eurovision, pour la chanson composée pour France Gall, et virage « yéyé »

Serge Gainsbourg et France Gall recevant le Grand Prix du Concours eurovision de la chanson 1965 gagné avec Poupée de cire, poupée de son.

En écrivant pour Juliette Gréco (Accordéon, La Javanaise) et Petula Clark (La Gadoue), il rencontre ses premiers succès, mais c'est avec Françoise Hardy (Comment te dire adieu) et surtout avec France Gall qu'il va réussir à séduire un public jeune. Après avoir chanté quelques titres à succès (N'écoute pas les idoles, Laisse tomber les filles), France Gall remporte, le , le grand Prix du Concours Eurovision de la chanson, avec le titre Poupée de cire, poupée de son, écrit par Serge Gainsbourg à la demande de Maritie et Gilbert Carpentier[12]. La chanson lauréate devient un tube international que France Gall enregistre même en japonais[40],[41]. Serge Gainsbourg écrit aussi pour France Gall, en 1966, Baby Pop et Les Sucettes – dont le double sens évoquant la fellation provoque un premier scandale.

En tant qu'interprète, il entre à part entière chez les « yéyés » avec les 45 tours Qui est "in" qui est "out", paru en janvier 1966, et Comic Strip, paru en juillet 1967, enregistrés à Londres et qui ont tous deux rencontré le succès (le premier étant souvent passée dans l'émission Salut les copains). Serge Gainsbourg figure ainsi en sur la « photo du siècle » regroupant quarante-six vedettes françaises du mouvement yéyé (dont France Gall). Cette photo est prise par Jean-Marie Périer au Studio Mac Mahon pour le magazine Salut les copains.

Hymne pour Tsahal durant la guerre des Six Jours

Officiers israéliens près d'un Mikoyan-Gourevitch MiG-21 égyptien détruit à l'aérodrome Bir Gifgafa (en)(juin 1967).

En 1967, l'artiste écrit Le Sable et le Soldat en soutien à Tsahal pendant la guerre des Six Jours. Ce travail est réalisé à la demande de l’attaché culturel de l’ambassade d'Israël, qui souhaite envoyer une marche militaire nouvelle pour remonter le moral des troupes israéliennes[42] à la veille pressentie de violents combats. La maquette du texte est écrite en français : elle est enregistrée en direct en moins de deux minutes, avec un accompagnement mélodique d'orgue électrique le 6 juin 1967[42]. La traduction en hébreu ne sera pas enregistrée. Confiée à la navette diplomatique de l'ambassade, la bande magnétique du morceau prend l'avion pour Tel-Aviv. Après ce conflit armé éclair, l'enregistrement reste dans les archives de la radio Kol Israël[42]. Vingt-cinq années plus tard, le collectionneur Jean-Gabriel Le Nouvel, qui en connait l'existence, effectue des recherches très approfondies pour localiser la précieuse bande et l'exhume des archives. La version initiale restaurée a fait l'objet d'une radiodiffusion en exclusivité par les studios de la RCJ en 2002[43],[44]. Puis, le label Kol Record se charge d'assurer la production et l'enregistrement de l'adaptation inédite du titre en hébreu, titrée Al Holot Israel, et interprétée par la chorale de Tsahal[43],[45].

Les paroles de cette chanson étonneront beaucoup de monde lors de sa diffusion et le magazine Tribune juive, écrira dans son article : « […] Et pourtant, Gainsbourg n'était pas attaché à Israël. D'ailleurs, il n'y a jamais mis les pieds. Et lorsqu'il parlait de ses racines, il préférait évoquer la Russie de ses parents. Peut-être avoue-t-il dans cette chanson ce qu'il n'a jamais osé dire ? […] Personne ne se doutait que Gainsbourg, même s'il ne s'est jamais caché d'être juif « Je suis né sous une bonne étoile... jaune », disait-il, aurait écrit une chanson si engagée pour le jeune État d'Israël à l'issue de la guerre des 6 jours et de la libération de Jérusalem… »[42]

De son vivant, Gainsbourg a très peu parlé d’Israël, et parfois de façon contradictoire. Le 3 novembre 1982, lorsque Noël Simsolo invita Gainsbourg sur France Culture dans “Une journée avec Serge Gainsbourg” diffusée le même jour, ce dernier dit : « Me battre pour mes origines juives ? Pourquoi pas, mais je ne vois pas où… moi, je suis un ashkénaze, je ne suis pas un mec d’Israël. »[43] Pourtant, interviewé par Patrick Bouchitey en 1981 sur Carbone 14, il avait déclaré, à propos de cette chanson, avoir failli aller en Israël pour se faire tuer : « Tu serais vraiment aller te battre ? — Oui, si ça tournait mal... Non, pas me battre, me faire tuer ! Oui, d'instinct, de par mes racines. »[46]

Muses et nouvelles passions amoureuses

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À la fin de 1967, il vit une passion, courte mais intense, avec Brigitte Bardot[47], à qui il dédie la chanson Initials B.B., après lui avoir écrit plusieurs titres emblématiques : Harley Davidson, Bonnie and Clyde, Je t'aime... moi non plus. L'enregistrement de ce dernier titre avec elle en décembre 1967, gardé secret par Serge Gainsbourg à la demande de Brigitte Bardot (qui était alors mariée à Gunter Sachs), ne sortira qu'en 1986, mais la chanson est rendue célèbre l'année suivante, réenregistrée en duo avec Jane Birkin[47].

Le 2 janvier 1968, Serge publie le disque Bonnie & Clyde, réalisé en duo avec elle. Il contient quatre chansons issues du répertoire de Bardot, sept issues du répertoire de Serge, et un inédit chanté en duo qui est la chanson titre de l’album. Après la séparation, Serge publie l'album Initials B.B., qui comporte, en plus de quatre inédits (dont la chanson homonyme), le titre Bonnie & Clyde, et le contenu des 45 tours Qui est "in" qui est "out" et Comic Strip. Cet album aux sonorités pop résume parfaitement la période de l'artiste entre 1966 et 1968 et remplace Bonnie & Clyde, qui ne comportait qu’un seul inédit.

Street Art in Paris 18e représentant Jane Birkin vers la fin des années 1960.

Sur le tournage du film Slogan, de Pierre Grimblat, en 1968, il rencontre Jane Birkin, récemment séparée du compositeur John Barry dont elle vient d'avoir une fille, Kate Barry. Il lui fait chanter Je t'aime... moi non plus et 69 année érotique, devenus d'immenses succès[48]. Ils deviendront pendant dix ans un couple très médiatique, régulièrement à la une des médias, chacun enchaînant disques et tournages, concerts et apparitions photographiques[49]. C'est dans ce contexte qu'est publié en 1969 l'album Jane Birkin - Serge Gainsbourg réalisé en duo, où le couple se partage les chansons. L'album comprend en plus les musiques de film Manon et Elisa qui avaient rencontré toutes deux le succès à leur sortie en 1968.

Gainsbourg dédie également à sa nouvelle compagne le titre Jane B, au thème musical largement inspiré par le prélude en mi mineur Opus 28 no 4, de Frédéric Chopin[50]. Il a, d'ailleurs, fait tout au long de sa carrière de nombreux emprunts à la musique classique, généralement non crédités – voir ci-dessous à la section « Emprunts et plagiats » – et il sera à son tour fréquemment échantillonné sur des morceaux de rap, par exemple par MC Solaar pour Nouveau Western[51].

Le temps des albums-concepts

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Serge Gainsbourg, Jacques Dutronc (allongé) et le réalisateur Maxime Schmitt aux studios Ferber (13 mai 1975).

Les années 1970 sont marquées par l'écriture et la composition de quatre albums importants[48] : Histoire de Melody Nelson en 1971, Vu de l'extérieur en 1973 (avec son tube Je suis venu te dire que je m'en vais, titre emprunté à Verlaine), Rock around the bunker en 1975, et L'Homme à tête de chou en 1976 (avec ses sulfureuses Variations sur Marilou).

Serge Gainsbourg le 1er mai 1971

Si ces albums rencontrent peu de succès commercial, les radios étant réticentes à diffuser ce chanteur réputé « difficile » car en porte-à-faux avec l'air du temps, ils le hissent à l'avant-garde de la chanson française[52]. Histoire de Melody Nelson est accueilli par la presse comme « le premier vrai poème symphonique de l'âge pop[53] » ; produit et arrangé par Jean-Claude Vannier, et influencé par la scène rock anglaise (plus particulièrement la mouvance progressive rock alors en plein essor), cet album-concept, avec ses subtiles orchestrations de guitares, de cordes et de chœurs, raconte l'histoire tragique d’une idylle entre un homme mûr et une nymphette, en écho au roman Lolita de Vladimir Nabokov, dont Gainsbourg est un admirateur inconditionnel et qu'il évoquera souvent par la suite (notamment à travers le personnage de Samantha sur You're Under Arrest). Cet album aura une influence considérable sur des artistes comme le groupe Air, David Holmes, Jarvis Cocker, Beck et Dan the Automator.

En , Serge Gainsbourg, victime d’une crise cardiaque, la transforme en coup promotionnel provocateur : il annonce à la presse, depuis son lit d’hôpital, qu'il va réagir « en augmentant sa consommation d'alcool et de cigarettes ». Il continue de fait à boire et à fumer, fidèle au personnage décadent qu’il est en train de se façonner avec complaisance. Durant la même année parait l'album Vu de l'extérieur, qui met en avant l'intimité tant du son que du texte qui évoque également la scatologie. L'album est un échec commercial, tout comme le nouveau duo La décadanse avec Jane Birkin sorti en single qui s'inspire du tube Je t'aime... moi non plus.

En 1975 sort Rock Around the Bunker, album enregistré à Londres, dont plusieurs titres (Nazi rock, SS si bon, Tata teutonne) paraissent une provocation excessive aux yeux des programmateurs, mais dont il dira « pour moi cet album était évidemment un exorcisme »[54][source insuffisante].

Il compose également des tubes plus légers comme L'Ami Caouette. L'année suivante, sort son nouvel album-concept L'homme à tête de chou, où il raconte à nouveau une histoire d'amour tragique, cette fois entre un homme travaillant dans un journal et une coiffeuse. Après un nouvel échec commercial avec le single My Lady Héroïne en 1977, Gainsbourg fait une incursion dans le disco alors en vogue en 1978 avec le single Sea, Sex and Sun, enregistré pour le film Les Bronzés, qui rencontre un grand succès. En 1979, il rejoint le groupe rock Bijou sur scène et paraît ému quand le jeune public rock lui fait une ovation.

Mikey "Mao" Chung en tournée ici avec Peter Tosh (1978), il assure le piano et les guitares sur l’album jamaïcain Aux armes et cætera.

La Marseillaise en reggae

Il cultive son aura d'artiste culte en participant à de nombreux films dits d'auteur. Mais, s'il est considéré par la critique comme un acteur de talent, il ne tourne pratiquement que dans des films au succès confidentiel, et n'accède pas dans ce domaine à la reconnaissance du grand public[Note 5]. En 1976, il se lance pour la première fois dans la réalisation cinématographique. Son film Je t'aime moi non plus obtient très vite une réputation sulfureuse, avec un scénario audacieux touchant aux tabous de l'homosexualité et de la sodomie. Il réalise trois autres films qui obtiennent peu de succès, les sujets abordés étant souvent provocateurs, que ce soit l'inceste (Charlotte for Ever en 1986) ou l'exhibitionnisme (Stan the Flasher en 1990).

Page originale extraite du manuscrit La Marseillaise acheté par Serge Gainsbourg.

En 1979, son nouvel album Aux armes et cætera, enregistré à Kingston avec Sly and Robbie et les I Threes (choristes de Bob Marley), devient disque de platine en quelques mois. La Marseillaise (reggae) choque[48] Michel Droit, qui écrit dans le Figaro Magazine un article virulent dénonçant les juifs qui, par leurs provocations, peuvent déclencher des réactions d'antisémitisme ; Serge Gainsbourg répondra par voie de presse et par le calembour « On n'a pas le con d'être aussi Droit »[55].

Pour répondre aux polémiques dont il devient peu à peu l'objet et qui le touchent profondément dans son estime, le , Gainsbourg riposte en achetant le manuscrit original de La Marseillaise (135 000 F, soit 50 000 euros de 2021), vendu aux enchères à Versailles[48]. Peu de temps après, lors d'un concert, cet évènement médiatisé par les journaux télévisés permettra cette fois à Serge Gainsbourg d'avoir les parachutistes de son côté[56], faisant ainsi définitivement taire les rumeurs malveillantes au sujet de son manque de patriotisme[48].

La Marseillaise, partition du XIXe siècle.

La salle de concert de Strasbourg où il doit se produire est investie par des membres d'une association d'anciens parachutistes militaires, qui désapprouvent sa version de La Marseillaise, mais Gainsbourg garde tout son sang-froid. Il prend les paras au dépourvu en chantant a cappella, et le poing tendu, la version originale de l'hymne français : après un moment de flottement, les paras se sentent de ce fait obligés de se mettre au garde à vous, comme en témoignent les bandes d'actualités de l'événement. « J'ai mis les paras au pas ! », s'amusera-t-il dans l'émission Droit de réponse de Michel Polac ; et de fait, les paras, estimant avoir obtenu réparation, se retirent. Gainsbourg poursuit une tournée triomphale, de nouveau accompagné de Sly and Robbie et des I Threes[55]. Un double CD, Gainsbourg et cætera réunissant de nouveaux mixages de l'intégrale d'un concert au théâtre le Palace de Paris, restitue ce qui reste parfois considéré son meilleur enregistrement en public avec les concerts au Casino de Paris qui suivront quelques années plus tard.[réf. nécessaire]

La naissance de Gainsbarre

Maison de Serge Gainsbourg au 5bis de la rue de Verneuil à Saint-Germain-des-Prés conservée en l'état par Charlotte Gainsbourg après le décès de son père.

Offensé par les propos calomnieux à son encontre dans les articles de presse, notamment au sujet de La Marseillaise, et se sentant artiste incompris, il se réfugie dans la vie des milieux noctambules et interlopes, consommant encore plus d'alcool et de tabac et délaissant la vie de famille.

C'est le temps des boîtes de nuit, des beuveries, du noctambulisme, de la décrépitude physique... De plus en plus, « Gainsbarre » succède à Gainsbourg, avec une multitude d'apparitions télévisées plus ou moins alcoolisées[48]. Le « personnage de Gainsbarre », Serge Gainsbourg l'évoque pour la première fois en 1981 avec la chanson Ecce Homo (titre phare de l'album Mauvaises nouvelles des étoiles)[57]. Avec ce double créé de toutes pièces, qui désormais va lui « coller à la peau » et dont il jouera en multipliant les provocations, il fortifie sa légende de poète maudit, mal rasé et ivre[58], apparaissant souvent en jean élimé, le visage bouffi caché par des lunettes noires et une Gitane à la bouche, ce qui lui vaut tantôt l'admiration, tantôt le dégoût. En , après plus de dix ans de vie commune, Jane Birkin n'en peut plus et le quitte. Elle admet lors d'une émission télévisée réalisée après sa mort : « J'avais beaucoup aimé Gainsbourg, mais j'avais peur de Gainsbarre ». À partir de cette période, il devient un phénomène de télévision de par son comportement provocateur qui déclenchera plusieurs scandales. Renaud s'inspirera plus de vingt années plus tard de l'ambivalence « Gainsbourg / Gainsbarre » pour sa chanson Docteur Renaud, Mister Renard, de l'album Boucan d'enfer, qui évoque une « descente aux enfers », présentant bien des similitudes[59].

En 1980, Serge rencontre une nouvelle égérie, Bambou, pour laquelle, une fois de plus, il ne peut s'empêcher de composer. Il lui fait chanter quelques titres qui ne rencontrent pas les faveurs du public (Made in China, paru en 1989). Il continue cependant d'écrire pour Jane Birkin, en particulier les albums Baby alone in Babylone et Amour des feintes.

Gainsbourg enregistre son nouvel album reggae à Nassau aux Bahamas, avec le même groupe que le précédent. On peut y entendre les paroles très personnelles de Ecce homo :

Eh ouais c'est moi Gainsbarre
On me trouve au hasard
Des night-clubs et des bars
Américains c'est bonnard
(...) Il est reggae hilare
Le cœur percé de part en part.

Au lieu de mettre en scène la naissance de « Gainsbarre », la version alternative de ce morceau évoque la mort de Gainsbourg. Intitulée Ecce Homo et cætera, elle n'a été publiée qu'en 2003 sur un double CD réunissant nouveaux mixages, enregistrements inédits, versions dub et d'artistes jamaïcains. Selon Bambou, présente à Nassau, le fait que ce morceau ne fit surface qu'après sa mort était « intentionnel ».

L’apogée de la provocation

La marque Zippo a utilisé l’image de Gainsbourg sur ses briquets.

Le , en direct dans l'émission très suivie 7 sur 7 présentée par Jean-Louis Burgat sur TF1, Gainsbourg brûle avec son briquet les trois-quarts d'un billet de 500 francs[60], filmé en gros plan, tandis qu'il commente son geste, sans se soucier de son caractère illégal rappelé par le présentateur. Il prétend ainsi dénoncer le « racket fiscal » qui le taxe à 74 %, argent « dépensé non pas pour les pauvres mais pour le nucléaire et toutes les… » (il ne termine pas sa phrase). Selon Emmanuel Tibloux, directeur de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, si cet acte peut effectivement être perçu prima facie comme une dénonciation de la politique fiscale menée par le gouvernement socialiste, il s'agit également de « prendre à rebours » la conception capitaliste selon laquelle l'argent ne peut être détruit[61]. Cette séquence restera culte dans l'histoire de l'émission et plus généralement dans l'histoire de la télévision française. Le lendemain, lundi , tous les médias nationaux commenteront ce geste, qui choque particulièrement le public français en ces années de crise économique, de précarité et chômage. Cette provocation symboliquement forte ne fera que renforcer, dans les mois et les années suivantes, la présence dans les médias, notamment dans les émissions de télévision, de « Gainsbarre » au détriment de Gainsbourg.

Il part ensuite à New York où il enregistre ses deux derniers albums, Love on the Beat en 1984 et You're Under Arrest en 1987. Après le reggae, il se frotte au hip-hop et au funk.

Quelques mois plus tard parait l'album Love on the Beat. Pour cet album enregistré à New York, Serge abandonne le reggae pour le funk américain. C'est une nouvelle provocation de "Gainsbarre" en proposant des paroles hautement sexuelles tout du long de l'album, en particulier la chanson Lemon Incest en duo avec sa fille Charlotte évoquant implicitement l'inceste. En 1985 il se produit pendant plusieurs semaines en concert au Casino de Paris[62]. Un album live en est tiré.

En , dans l'émission du samedi soir Champs-Élysées présentée par Michel Drucker sur Antenne 2, également très suivie et à destination d'un public familial, où la chanteuse américaine Whitney Houston, âgée de 22 ans, est présente, Gainsbourg n'hésite pas à dire, en anglais et le micro ouvert : « I want to fuck her » (« je veux la baiser »)[63]. La diva est outrée et stupéfiée[63] par de tels propos. Elle lui répond par des « What ?! » suraigus et hoquetés, et demande s'il est ivre (« He must be drunk »[63]) ; à quoi Michel Drucker répond, très embarrassé (il a dans un premier temps tenté d'édulcorer les propos émis d'abord en français : « He says you are great... ») : « Non c'est son état normal, alors vous imaginez quand il est ivre ! »[64].

Durant sa période « Gainsbarre », malgré sa volonté de donner une image de lui provocante, sa sensibilité à fleur de peau s'est manifestée à plusieurs reprises dans d'autres passages télévisés. Notamment, lors de l'émission Sébastien, c'est fou !, en 1988, quand Patrick Sébastien a organisé avec la chorale d'enfants des Petits chanteurs d'Asnières, déguisés en petits « Gainsbarres » pour l'occasion, une reprise de sa chanson Je suis venu te dire que je m'en vais, On est venus te dire, l'incitant à ne pas se laisser aller ; ou lors de l'émission Sacrée Soirée qui lui était consacrée en , quand le présentateur Jean-Pierre Foucault lui remet un double disque d'or, puis encore, lorsqu'il lui montre des images de la ville où ses parents se sont rencontrés en ex-URSS, Théodosie, qu'il n'avait jamais vues. Ces passages télévisés, aux yeux du grand public, alors plus habitué à ses excès et à ses frasques, ont contribué à fissurer le masque de provocateur qu'il voulait montrer, en dévoilant sa vraie nature.

Les dernières années

Entretemps, Serge Gainsbourg retourne à New York enregistrer son dernier album intitulé You're Under Arrest en 1987. Comme pour Love on the Beat, c'est une nouvelle provocation avec des paroles hautement sexuelles. Cependant, il propose en termes de contenu un nouvel album concept qui évoque une nouvelle relation malsaine (après Histoire de Melody Nelson et L'homme à tête de chou) et introduit des influences hip-hop au son funk qu'il utilisait déjà sur l'album précédent.

En 1989, son œuvre quasi-intégrale sort en coffret de neuf CD sous le titre De Gainsbourg à Gainsbarre. Celui-ci contient de nombreux titres introuvables que les collectionneurs s'arrachaient jusque là à prix d'or ; toutefois, les chansons écrites pour ses interprètes ne sont pas incluses, ni un certain nombre d'inédits, ni les concerts (d'autres coffrets plus complets sortiront à titre posthume).

Serge Gainsbourg écrit pour Joëlle Ursull la chanson White and Black Blues, représentant la France à l'Eurovision 1990 ; celle-ci se classe en deuxième position[65].

En 1990, Serge Gainsbourg écrit les paroles du deuxième album de Vanessa Paradis, Variations sur le même t'aime, sur des musiques de Franck Langolff, dont les tubes Tandem et Dis lui toi que je t'aime. Sorti le , l'opus s'écoule à 400 000 exemplaires et sera le dernier témoignage artistique de Serge Gainsbourg, qui disparaîtra neuf mois après la sortie du disque.

Il passe les six derniers mois de sa vie à Saint-Père-sous-Vézelay dans le département de l'Yonne, appréciant le gîte et la table du chef étoilé Marc Meneau[66].

Mort et obsèques

Plaque du jardin Serge-Gainsbourg rendant hommage à l’artiste qu’il fut.
Tombe d'Olga et Joseph Ginsburg ainsi que de Serge Gainsbourg.

Serge Gainsbourg meurt le au 5 bis rue de Verneuil dans le 7e arrondissement[48] à la suite de sa cinquième crise cardiaque, survenue dans sa chambre, où il est retrouvé gisant sur le sol, nu[67]. Il avait composé un album de blues avant sa mort et avait prévu de partir l'enregistrer à La Nouvelle-Orléans quelques jours plus tard[68].

Il est enterré avec ses parents au cimetière du Montparnasse (1re section) à Paris, où sa tombe est l'une des plus visitées avec celle de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir ainsi que celle de Charles Baudelaire qu'il mit en musique (Le Serpent qui danse pour le morceau Baudelaire, album Serge Gainsbourg no 4, 1962) et celle de Jacques Chirac. La tombe porte le nom de Serge Gainsbourg et de ses parents, Olga (1894-1985) et Joseph (1896-1971) Ginsburg.

Lors de son enterrement, le , vinrent notamment parmi la foule, outre sa famille, Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, Françoise Hardy, Patrice Chéreau, Eddy Mitchell, Renaud, Johnny Hallyday, les ministres Jack Lang et Catherine Tasca, et les brigades de cuisiniers et serveurs du restaurant « l'Espérance » où il avait passé ses derniers jours. Catherine Deneuve lut devant la tombe le texte de la chanson Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve[69].

Vie privée

En 1951, Serge Gainsbourg se marie à Élisabeth Levitsky[70], fille d'aristocrates russes émigrés, d'avec qui il divorce en 1957[71].

Il rencontre ensuite Françoise-Antoinette-Michèle Pancrazi, née à Bône en Algérie, le , dite Béatrice (appelée princesse Galitzine, depuis son premier mariage avec le prince Georges Galitzine). Il l'épouse le . Leur fille Natacha est baptisée le . En , après avoir divorcé d'elle, il s'installe à la Cité internationale des Arts, dans une chambre d'étudiant. Il se réconcilie avec Béatrice en 1967, et ils ont un fils, Paul, dit Vania, qui n'a jamais réellement connu son père[23],[70].

Fin 1967, il vit une idylle passionnée avec Brigitte Bardot, qui ne dure que trois mois (quatre-vingt-six jours très précisément, faisait-il remarquer). Cette liaison attise l'intérêt des médias, français et internationaux, et devient très relayée par la presse, la radio et la télévision. Bardot est au faîte de sa gloire mondiale, Gainsbourg est un phénomène de la chanson en France, jouissant déjà d'une bonne renommée médiatique, même si dans l'ensemble ses ventes de disques sont encore assez faibles. Le fait que Gainsbourg compose pour son égérie (Harley Davidson notamment) renforce encore le sentiment que cette liaison est d'importance, d'autant que les chansons en question sont de gros succès. L'actrice participe également à des chansons interprétées par Gainsbourg (comme sur la version anglaise de Comic Strip) ou enregistrées en duo (comme Bonnie and Clyde), et leur lien artistique, couronné de succès, se confond avec leur liaison, dont beaucoup sont surpris d'apprendre qu'elle fut finalement si brève. Leur enregistrement de Je t'aime moi non plus, qui précède la version avec Birkin, laquelle a été commercialisée en 1969 et a connu un immense succès, reste dans les tiroirs jusqu'en 1986, et beaucoup de gens en ignoraient l'existence. Gainsbourg gardera une affiche de Bardot sur ses murs toute sa vie.[réf. nécessaire]

Charlotte Gainsbourg et Jane Birkin à l’inauguration du jardin Serge-Gainsbourg à Paris (6 avril 2011).

En 1968, il rencontre l'actrice britannique Jane Birkin[50], sur le tournage du film Slogan. Elle aussi va participer à de nombreux enregistrements en tant que chanteuse, et Gainsbourg va lui composer plusieurs albums, dont de nombreuses chansons seront des succès commerciaux majeurs, que ce soit sur un mode léger (Ex-fan des sixties, Di doo dah) ou plus profond et mélancolique (Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve, Baby alone in Babylone, Les dessous chics, Quoi), et sont généralement des réussites artistiques saluées par la critique. Leurs duos sur disque sont souvent provocants (69, année érotique, ou La Décadanse, sorte de prolongation de Je t'aime moi non plus). Le couple, très affiché dans les médias, coutumier de rumeurs et de provocations sulfureuses, devient emblématique, et Birkin est considérée comme la muse essentielle de Gainsbourg. Leur fille Charlotte Gainsbourg[50] naît le à Londres. Ils se séparent en septembre 1980, mais Gainsbourg continuera de composer pour elle. Après sa mort, Jane Birkin reprend régulièrement ses chansons composées pour elle, de même que les chansons de son répertoire originellement interprétées par Gainsbourg lui-même, en tournées et sur disque.

Yul Brynner, parrain de Charlotte et ami de famille, ici en costume pour la série Anna et le Roi (1972).

Le couple vient fréquemment se reposer dans leur presbytère de Cresseveuille (Calvados), près de la maison de l'acteur Yul Brynner qui devient leur ami. Celui-ci est d'ailleurs le parrain de Charlotte Gainsbourg. Serge, quant à lui, est le parrain de Melody, l'une des petites asiatiques adoptées par l'acteur américain[72],[73].

À partir de 1981, il vit avec une jeune mannequin, Bambou, pour qui il compose en 1989 l'album Made in China, lequel sera un échec commercial. Bambou a enregistré les chœurs, ou plutôt les cris orgasmiques paroxystiques du titre Love on the Beat, pour son compagnon, dont elle a un fils[74], Lucien, dit Lulu Gainsbourg, né le . Lui aussi se lancera dans une carrière musicale[74].

En 1985, il rencontre une jeune fille de seize ans, Constance Meyer, qui lui avait écrit une longue lettre glissée sous la porte de son domicile. Le soir même, il l'invite à dîner et trois mois plus tard, ils auraient été amants. Elle aurait entretenu une relation avec Serge durant cinq ans[75] (il l'aurait fréquentée en semaine, tandis qu'il retrouvait Bambou le week-end[76]). La nature de cette relation est révélée et décrite dans un récit autobiographique publié en par celle-ci[77].

En 1986, parallèlement à sa relation avec Constance Meyer, il rencontre Aude Turpault, âgée de treize ans[78], avec laquelle il entretiendra une relation « platonique, filiale »[76].

La même année, il fait la connaissance de celle qu'il surnomme « la p'tite Marie », une étudiante en lettres de dix-neuf ans. Cette liaison durera trois années selon une autofiction publiée par l'intéressée en [79].

Œuvre musicale

De multiples références

“Trench Town Rock” à Kingston en Jamaïque.

Serge Gainsbourg marque fortement la musique française par l'audace et l'éclectisme de ses créations. Il n'hésite pas à métisser ses compositions avec des influences musicales très variées, contribuant à en populariser certaines en France :

Serge Gainsbourg imprime en outre durablement sa marque pour ce qui est de l'écriture des textes. Dans un style poétique très maîtrisé, il prend plaisir à produire des rimes complexes (Comment te dire adieu ?), des allitérations (la Javanaise). Friand de jeux de mots, il s'appuie fréquemment sur le double sens. Les allusions érotiques sont de plus en plus fréquentes tout au long de sa carrière. Certaines de ses chansons marquent les mémoires par leur caractère provocateur – ainsi les allusions à la fellation dans les Sucettes, que France Gall a chantée à dix-huit ans à peine ; elle dira n'avoir compris le double sens du texte que des années plus tard[81]. Puis c'est Jane Birkin feignant l'orgasme dans Je t'aime… moi non plus, tube planétaire. Gainsbourg flirte avec le tabou de l'inceste en compagnie de sa fille, la frêle Charlotte Gainsbourg : dans les années 1980, elle accompagne son père dans le duo Lemon Incest, titre évocateur qui suscitera une levée de boucliers. Gainsbarre atteindra les sommets de la provocation érotique avec le tube Love on the Beat, véritable poème pornographique, dit par lui-même d'une voix monocorde et cassée ; le fond sonore est constitué des cris orgasmiques de Bambou (lesquels auraient été enregistrés lors de leurs ébats authentiques) ; l'orchestration baigne dans un funk froid et syncopé, tandis que des chœurs lancinants scandent le titre de la chanson de leurs voix androgynes et mouvantes.

Il choisit des sources d'inspiration inattendues et les développe à sa manière : textes de Franc-Nohain pour l'Ami Caouette[82], de Verlaine pour Je suis venu te dire que je m'en vais ; musiques de Chopin pour Lemon Incest et bien entendu de Rouget de Lisle pour Aux armes et cætera. En dépit de cela, il ne cessera de répéter au fil des entretiens qu'il considère la chanson comme « un art mineur, puisque ne demandant pas d'initiation, à la différence de la peinture », irritant Guy Béart à ce sujet dans l'émission télévisée Apostrophes du [83].

Emprunts et plagiats

Serge Gainsbourg a régulièrement et largement puisé son inspiration dans les thèmes littéraires et musicaux, notamment dans la musique classique[84],[85]. Pour tous ses emprunts, Gainsbourg n'a à son actif que deux affaires de réels plagiats (reprise non autorisée de titres protégés), et pour lesquelles il a été condamné :

  • Une première fois pour son album de 1964 (Gainsbourg Percussions). Il emprunte très ostensiblement, sans en citer la source, les thèmes des chansons Kiyakiya, Akiwowo et Jin-go-lo-ba (en) à l'album Drums of Passion (en) (1959) de l'artiste africain Babatunde Olatunji[86], pour des titres respectivement intitulés Joanna, New York U.S.A. et Marabout. Olatunji remportera un procès contre lui pour avoir copié les musiques de ces trois morceaux[35]. Sur le même album, le titre Pauvre Lola emprunte clairement l'air de Umqokozo de Miriam Makeba sur son album The Many Voices of Miriam Makeba (1962).
  • Serge Gainsbourg sera poursuivi une seconde fois à la fin de sa carrière par les ayants droit d'Aram Khatchatourian, pour sa chanson Charlotte for ever de 1986. Elle reprenait en effet l'Andantino pour piano, toujours protégé puisque le compositeur est décédé en 1978.

Par ailleurs, Serge Gainsbourg a repris, réarrangé à sa manière la chanson Mon légionnaire initialement chantée par Marie Dubas puis Édith Piaf et d'autres chanteuses.

Pour ce qui est des reprises des œuvres du domaine public, Serge Gainsbourg s'est souvent inspiré de la musique classique, dont on retrouve des trames dans les morceaux suivants[87] :

Il a également puisé dans le répertoire littéraire pour écrire certaines paroles :

Quand on l'interrogea pour savoir s'il fallait y voir hommage, simple citation ou provocation, il répondit[90] :

« On pourrait aller jusqu’à la profanation (rires). Hugo disait : “Il est interdit de déposer de la musique le long de mes vers.” Brahms n’aurait pas aimé que je dépose des paroles le long de sa musique. Mais je ne fais qu’emprunter. Mes essais — qui ne sont que des essais — s’effaceront d’eux-mêmes et Brahms sera restitué. Je l’ai à peine effleuré. »

Récompenses

France Gall, gagnante du Concours Eurovision de la chanson 1965 lors de la retransmission télévisée.

Interprètes féminines

Anna Karina en 1968.

Serge Gainsbourg a écrit pour de nombreuses interprètes féminines, notamment :

Elles ont interprété ses chansons seules ou le temps d'un duo à ses côtés.

Interprètes masculins

Chansons et autres œuvres musicales

Discographie

Serge Gainsbourg sous l’œil du photographe Jean-François Bauret (1991).

La carrière discographique de Serge Gainsbourg s'est étalée sur 33 années, comprenant 17 albums studios, 4 albums live et plus d'une cinquantaine de 45 tours ou CD simples, sortis en grande partie par Philips, qui est resté le label du chanteur jusqu'à sa mort. Au cours de sa carrière, il a obtenu 12 disques d'or, 5 doubles disques d'or et 6 disques de platine[disco 24], et a vendu plus de 6 millions de disques[93].

Filmographie

Cinéma

Télévision

Réalisateur

Courts métrages et clips

Musiques de film

Ouvrages écrits par Gainsbourg ou en collaboration avec lui

  • 1968 : Chansons cruelles
  • 1971 : Melody Nelson
  • 1980 : Evguénie Sokolov (nouvelle ou court roman)
  • 1980 : Au pays des malices
  • 1980 : Des corps naturels, album de photos de nus féminins par Jacques Bourboulon, avec Trois variations pour un sonnet (Variation 1Variation 2Variation 3), trois poèmes érotiques de Serge Gainsbourg, Éditions Filipacchi / Union des Éditions Modernes, Paris, première édition 1980 (ISBN 2850181846)
  • 1981 : Bambou et les poupées
  • 1983 : Black out, avec Jacques Armand - Bande dessinée
  • 1986, 1992 : Gainsbourg, avec Alain Coelho et Franck Lhomeau
  • 1987, 1991 : Mon propre rôle 1 - Folio (ISBN 2070384454) - paroles de ses chansons
  • 1987, 1991 : Mon propre rôle 2 - Folio (ISBN 2070384462) - paroles de ses chansons
  • 1987 : Où es-tu Melody ?, avec Iusse - Bande dessinée (ISBN 2869670354)

Posthume

  • 1991 et 1994 : Mauvaises nouvelles des étoiles - Éditions Points (ISBN 202022688X) - paroles de ses chansons
  • 1994 : Dernières nouvelles des étoiles - Librairie Plon/Pocket (ISBN 2266067923) - paroles de ses chansons
  • 2006 : Pensées, provocs et autres volutes - Éditions de poche LGF (ISBN 2749104971) - recueil d'extraits d'interviews ou de paroles de chansons

Ventes aux enchères

En 2011

Le , une vente aux enchères de manuscrits et d'objets ayant appartenu à Serge Gainsbourg est organisée à Paris. Le manuscrit définitif de Sorry Angel (Love on the Beat) est vendu à 51 150 . Le brouillon de Love on the Beat trouve acheteur à 39 150 . Moins disputés mais vendus à des prix considérables : You're Under Arrest part pour 21 150 , No Comment à 24 750  et enfin, un billet de banque de 500 francs déchiré et signé par Serge Gainsbourg est vendu à 24 750 . Le montant total s'élève à plus de 260 000 [96].

D'autres lots comme des photos, cartes postales, textes, poèmes, sont mis aux enchères. Par ailleurs, une photo est vendue 800  à un enfant de treize ans[97].

En 2012

Le , une nouvelle vente aux enchères de manuscrits préparatoires, photos et documents ayant appartenu à Serge Gainsbourg s'est déroulée à l'Hôtel des ventes Talma à Nantes. Suscitant toute la ferveur des inconditionnels de « l'homme à la tête de chou », c'est justement un manuscrit préparatoire pour la chanson du même nom qui s'envole à 18 500 .

D'autres objets plus anecdotiques mais ô combien intimes de la vie de l'artiste ont été présentés. Il s'agit notamment de certaines notes de courses à Elisa, sa femme de chambre, où Gainsbourg lui demande « d'acheter des Guinness, de l'huile d'olive » ou encore « tous les journaux sauf L'Aurore ». Ces petites fugacités de la vie quotidienne de l'artiste ont été adjugées à 8 600 .

Pour une dizaine d’objets mis en vente, le montant des adjudications s'est élevé à 62 350 [98].

Hommages et postérité

Projet de musée

Après l'obtention d'un permis de construire en fin d'année , Charlotte Gainsbourg indique que la maison de son père, située au 5bis de la rue de Verneuil à Saint-Germain-des-Prés, devrait devenir un musée en . Jane Birkin précise que les lieux ont été conservés dans leur état depuis la mort de Serge Gainsbourg ; en particulier, les objets n'ont pas bougé[99].

Jeux vidéo

Dans The Witcher 3 (l'extension Blood and Wine, précisément), il est possible de trouver une tombe dans le cimetière de « la mère-Lachaise » rendant hommage à Gainsbourg sous le nom de Sergio Ginsburg[réf. nécessaire].

Influences musicales

Gainsbourg demeure une présence influente et importante de la chanson française. Sa musique sera par la suite fréquemment échantillonnée et réutilisée par des artistes aussi bien français (ex : MC Solaar pour Nouveau Western) qu'internationaux (par exemple, Massive Attack dans Karmacoma (Portishead experience), Jennifer Charles d’Elysian Fields, qui reprend Les amours perdues, sur un album de reprises de Gainsbourg par des groupes de l'avant-garde new-yorkaise, sous l'égide du jazzman John Zorn, ou encore Beck dont le titre Paper Tiger sur l'album Sea Change revendique l'influence de Melody dans Histoire de Melody Nelson). Mick Harvey, le guitariste de Nick Cave, a enregistré deux albums de reprise, Intoxicated Man (1995) et Pink Elephants (1997). L'album Monsieur Gainsbourg Revisited, sorti en , regroupe quatorze adaptations anglaises réalisées par Boris Bergman et interprétées notamment par Franz Ferdinand, Portishead, Placebo, Jarvis Cocker, Kid Loco, Gonzales, Feist, Tricky...

Albums de reprises ou remix

Un film biographique

Le scénariste et dessinateur Joann Sfar a réalisé un film biographique sur Serge Gainsbourg, dont le rôle est interprété par Éric Elmosnino. Gainsbourg, vie héroïque est sorti en salle le [100].

Lieux et bâtiments

Peinture au pochoir représentant Serge Gainsbourg à Marseille.

Plusieurs villes possèdent une rue Serge-Gainsbourg : Toulouse, Clermont-Ferrand, Blagnac, Saint-Cyprien, Châteaubriant… La rue Serge-Gainsbourg de Clermont-Ferrand est inaugurée le [101],[23] en présence de Jane Birkin[102], à l'occasion des trois ans d'existence de la Coopérative de Mai, la grande salle de musique de la ville, que jouxte cette rue.

À la porte des Lilas, rendue célèbre par Le Poinçonneur des Lilas, un parc de 15 000 m2, construit au-dessus du boulevard périphérique, est inauguré sous le nom de jardin Serge-Gainsbourg, en , en présence de Jane Birkin et Charlotte Gainsbourg. Une future station du métro parisien, la station Serge Gainsbourg de la ligne 11, pourrait aussi porter son nom.

Dans le film Le Plus Beau Métier du monde en 1996, avec Gérard Depardieu dans le rôle principal, l'établissement scolaire au centre de l'intrigue s'appelle le « Collège Serge-Gainsbourg ».

Un buste en glaise de Serge Gainsbourg a été réalisé par le sculpteur Daniel Druet[réf. nécessaire].

En , l'astéroïde de la ceinture principale (14600) Gainsbourg est nommé d'après lui.

En 2001, La poste française émet un timbre de 0,46  à l'effigie de Serge Gainsbourg[103].

Expositions

Image rémanente d’une exposition.
  • 2005 (septembre à décembre) : Gainsbourg : Vu(es) de l'extérieur. 1re exposition sur Serge Gainsbourg. Médiathèque José Cabanis. Ville de Toulouse. En Partenariat avec l'Institut national de l'audiovisuel, VMA, la Cinémathèque de Toulouse, la Médiathèque associative « Les Musicophages ». Commissaires de l'exposition : Sylvette Peignon et Nicolas Clément. À travers de nombreuses vitrines thématiques : « Les influences », « Un grand parcours discographique » (période 1958 à 2005, Gainsbourg et interprètes), « Gainsbourg acteur », « Gainsbourg réalisateur », « Gainsbourg et la publicité »... Des conférences, des projections, des lectures, des rencontres musicales, cette exposition a eu pour ambition de soumettre au regard du public la complexité d'un personnage parfois bien éloigné de la figure médiatique « Gainsbarre ».
  • 2008–2009 : Le poinçonneur a 50 ans ! est une exposition très documentée sur les débuts de Serge Gainsbourg. À Lille (Maison folie de Moulins) du au - Commissaire d'exposition Sébastien Merlet avec la collaboration d'Olivier Julien.
  • 2008–2009 : la Cité de la musique a consacré une exposition à Serge Gainsbourg du au dont l'illustrateur sonore Frédéric Sanchez a été le commissaire d'exposition.
  • 2011 : Du 14 mars au , la médiathèque municipale de Bruay-la-Buissière a proposé l'exposition « Gainsbourg, black & white » ; 24 clichés plutôt rares datant d'entre 1958 et 1972, de divers photographes, y sont exposés.

Statues

En , une statue de Gainsbourg est inaugurée au musée Grévin à Paris[104].

Notes et références

Notes

  1. Selon son acte de décès (no 701), Paris 16e arrondissement.
  2. Selon son acte de décès (no 552), Paris 16e arrondissement.
  3. Julien en référence à Julien Sorel, et Gris en référence au peintre Juan Gris.
  4. Et, 15 ans plus tard, Les Papillons noirs seulement repris par le groupe de rock Bijou.
  5. Voir "Filmographie".
  6. Citation :
    « J'ai composé pour elle parce que j'en étais amoureux, très amoureux, cette jeune femme me fascinait, il n'y avait pas un gramme de vulgarité en elle… On pourrait à son propos citer la phrase de Balzac : « En amour, il y en a toujours un qui souffre et l'autre qui s'ennuie ». Elle a été une des chances de ma vie, elle a eu l'intelligence de percevoir en moi un style nouveau. J'ai commencé à souffrir d'être laid vers treize ans. Pendant longtemps, j'ai envié ces beaux gars qui séduisent au premier degré, juste en apparaissant. Moi je plais aussi à certaines femmes, mais quand elles sont déjà un peu intelligentes, ce qui limite le nombre… Ou bien à des… torturées et cela c’est une autre paire de manches. C’est peut-être pourquoi je m'entendais bien avec mon ex-patronne, Michèle Arnaud, qui n’est pas exactement Greta Garbo. Elle me comprenait quand j'avais le cafard. Mais elle c'est un autre cas. Une femme, même laide, se débrouille toujours pour tirer parti de ce qui cloche. »
  7. N.B : Il existe aussi une version chantée en duo avec Serge Gainsbourg et ultérieurement une reprise par le groupe de rock français Bijou.
  8. Titre représentant Monaco au Concours Eurovision de la chanson en 1967 et qui termina en cinquième position

Références

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Références discographiques

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  9. Cf. Pochette single 45 « Il n’y a plus d’abonné au numéro que vous avez demandé » Recto, et titre A1 : (consultation du 10 mars 2010).
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  12. Cf. Pochette single 45 « Rue de la Gaité » Recto, et titres : (consultation du 10 mars 2010).
  13. Cf. La discographie 45 de Mireille Darc. Consulté le 11 mars 2010.
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  19. Cf. Pochette single 45 « Hélicoptère » Recto et titrage : (consultation du 11 mars 2010).
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  21. Cf. Single 45 « Pull marine » sur Discogs.com (consultation du 10 mars 2010).
  22. Cf. Single 45 « Beau Oui Comme Bowie » sur Discogs.com (consultation du 10 mars 2010).
  23. Cf. 1975 : Après sa participation à L'Amour en fuite, film de François Truffaut. Compte tenu de son « absence forcée » l'année précédente, le comité de l'Eurovision lui propose de revenir présenter la France. Gainsbourg lui écrit la chanson Comme un boomerang qui est jugée inappropriée pour le concours. Dani se retire de la compétition par fidélité à Gainsbourg. Dani fait alors les couvertures de Vogue, Elle, Rolling Stone, Lui. Andy Warhol réalise son portrait pour la couverture du magazine Interview. (Source : Universal Music : La bio de Dani consulté le 10 mars 2010).
  24. Certifications sur infodisc.fr

Annexes

Ouvrages de référence

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  • Gilles Verlant, Gainsbourg, Paris, Albin Michel, , 774 p. (ISBN 978-2-226-12060-1, lire en ligne)
  • Yves-Ferdinand Bouvier et Serge Vincendet, Serge Gainsbourg : L'Intégrale et Cætera, Paris, Éditions Bartillat, (réimpr. 2009), 970 p. (ISBN 2-84100-341-8, lire en ligne)
    Réédition augmentée 2009 dans la collection Omnia, 992 p. (ISBN 978-2841004614)
  • Laurent Balandras, Les Manuscrits de Serge Gainsbourg : Chansons, brouillons et inédits, Paris, Éditions Textuel, , 352 p. (ISBN 2-84597-176-1, lire en ligne)
  • Alain-Guy Aknin, Philippe Crocq et Serge Vincendet, Le cinéma de Gainsbourg...affirmatif, Éditions du Rocher, , 252 p. (ISBN 9782268060613)
  • Alain Wodrascka (préf. Brigitte Bardot, avant-propos de Pierre Delanoë et d'Alain Souchon), Serge Gainsbourg : Over the rainbow, Paris, Éditions Didier Carpentier, , 240 p. (ISBN 978-2-84167-444-2, lire en ligne)
  • Aude Turpault, 5 Bis, Éditions Autour du Livre, collection Récits Rock, 2011, 176 p. (ISBN 978-2916560-212)
  • Stephan Streker, Gainsbourg : Portrait d'un artiste en trompe-l'oeil, Bruxelles/Paris, Éditions De Boeck, , 170 p. (ISBN 2-8041-1370-1)
  • Sébastien Merlet & Jérémie Szpirglas, texte de L'Intégrale, Universal, 2011
  • Sébastien Merlet & Jérémie Szpirglas, texte de la réédition de L'Histoire de Mélodie Nelson, Universal, 2012
  • Loïc Picaud, Gainsbourg l'intégrale : L'histoire de ses disques, Vanves, E/P/A, , 432 p. (ISBN 978-2-37671-257-2).
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Biographies

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  • Karin Hann, Passionnément Gainsbourg, 2016 (ISBN 2-26808-203-2)
  • Marie-Dominique Lelièvre, Gainsbourg sans filtre, Flammarion, 1994 (ISBN 2-08-066678-9)
  • Christophe Marchand-Kiss, Gainsbourg, le génie sinon rien, Textuel (collection Passion), 2005 (ISBN 2-84597-167-2)
  • Franck Maubert, Gainsbourg for ever, Scali, 2005 (ISBN 2-35012-030-9)
  • Pierre Mikaïloff, Gainsbourg Confidentiel : les 1001 vies de l’homme à tête de chou, Éditions Prisma, , 312 p. (ISBN 978-2-8104-1674-5, présentation en ligne)
  • Lucien Rioux, Serge Gainsbourg, Seghers, 1986 (ISBN 2-221-04526-2)
  • Yves Salgues, Gainsbourg ou la provocation permanente, Le Livre de poche, 1991
  • Gilles Verlant & Isabelle Salmon, Gainsbourg et cætera (format CD-livre), Vade Retro, 1996 (ISBN 2-909828-18-2)
  • Patrick Chompré, Jean-Luc Leray, Gainsbourg 5 bis, rue de Verneuil, PC, 2001
  • Jean-Pierre Prioul, Charlotte Gainsbourg, Tony Frank (photographe), Gainsbourg 5 bis, rue de Verneuil, EPA, 2017
  • Marie-Christine Natta, Serge Gainsbourg : Making of d'un dandy, Passés Composés, 2022, 384 p. (ISBN 978-2-3793-3036-0)

Articles connexes

Autres documents

  • Archives INA et audiovisuelles :
    • INA : France Gall et Serge Gainsbourg reçoivent leur prix des mains du chanteur italien Mario Del Monaco pour la chanson Poupée de cire poupée de son écrite et composée par Serge Gainsbourg et interprétée par France Gall. Grand prix Eurovision de la chanson du . Production : ORTF.
    • Série de quatre émissions radiophoniques proposées par Noël Simsolo en . Rediffusion dans Les nuits de France Culture () : 3 janvier, 4 janvier, 5 janvier, 6 janvier.

Conférences

Autres sources

Liens externes

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