Agnès Varda

Agnès Varda, née Arlette Varda le à Ixelles (Belgique) et morte le à Paris 14e, est une cinéaste, photographe et plasticienne française.

Pour les articles homonymes, voir Varda (homonymie).

Agnès Varda
Agnès Varda en février 2019.
Biographie
Naissance
Décès
(à 90 ans)
Paris (France)
Sépulture
Nom de naissance
Arlette Varda
Nationalité
Formation
Activité
Période d'activité
Conjoint
Enfants
Parentèle
Jean Varda (en) (cousin)
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Mouvement
Taille
1,5 m
Influencée par
Site web
Distinctions
Films notables
Archives conservées par
Prononciation

Proche du mouvement dit de la Rive Gauche, contemporain de la Nouvelle Vague, Agnès Varda a notamment réalisé La Pointe courte (1955), Cléo de 5 à 7 (1962), Ulysse (1984, César du meilleur court métrage documentaire), Sans toit ni loi (1985, Lion d'or à la Mostra de Venise), Jacquot de Nantes (1991), Les Glaneurs et la Glaneuse (2000), Deux ans après (2002), Les Plages d'Agnès (2008, César du meilleur film documentaire) et Visages, villages (2017).

L'ensemble de son œuvre cinématographique est récompensé par un César d'honneur en 2001, par le prix René-Clair de l'Académie française en 2002, par une Palme d'honneur au Festival de Cannes 2015, par un Oscar d'honneur reçu en 2017[1] et par la Caméra de la Berlinale en 2019.

Biographie

Enfance et adolescence

Agnès Varda, naît Arlette Varda[2] le à Ixelles (Belgique) d'un père grec, Eugène Varda, et d'une mère française[3], Christiane Pasquet. Elle grandit à Ixelles, rue de l'Aurore, avec ses quatre frères et sœurs (Lucien et Hélène ses aînés, Jean et Sylvie ses cadets). À cause de la guerre, sa famille fuit la Belgique le pour s'installer à Sète, où elle vit son adolescence, sur un bateau amarré à quai, qu'elle reconstituera le temps de quelques plans dans Les Plages d'Agnès.

Dans ce film autobiographique, elle affirme également avoir été prénommée Arlette en hommage à la ville d'Arles, où elle aurait été conçue. Elle a fait changer son prénom pour Agnès auprès d'un greffier à l'âge de 18 ans[4], en hommage aux origines grecques de son père.

Elle fut éclaireuse à la FFE de Sète, où des cheftaines ont fait passer en Suisse plusieurs petites filles juives[4].

En 1943, après l'arrivée des Allemands en zone libre, sa famille fuit Sète pour Paris, où elle passe son baccalauréat.

En 1947, à l'âge de 19 ans, elle fugue pendant trois mois par volonté d'indépendance. Préparant longuement et méticuleusement son coup, elle affirme avoir fui en train jusqu'à Marseille, puis par bateau en Corse, et avoir travaillé sur des bateaux de pêche[4].

Études et travail de photographe

Après cette fugue, elle étudie la photographie à l'École technique de photographie et de cinématographie (École Vaugirard) et l'histoire de l'art à l'École du Louvre. Après l'obtention de son CAP de photographe, en 1949, elle devient photographe indépendante. En 1951, elle achète deux boutiques délabrées au 86 rue Daguerre dans le 14e arrondissement de Paris, que son père qualifie d'écurie[4]. Elle s'y installe avec sa compagne, l'artiste Valentine Schlegel, et construit un studio et un laboratoire de photographie. Agnès Varda collabore entre autres avec les Galeries Lafayette, photographiant jusqu'à 400 enfants par jour, et la Société nationale des chemins de fer français pour des photographies promotionnelles[4].

Jean Vilar – dont elle connaît l'épouse, Andrée, depuis son adolescence sétoise – lui offre un emploi de photographe au Festival d'Avignon (à partir de 1948), puis au Théâtre national populaire, qu'il dirige à partir de 1951[5]. Elle y rencontre le comédien Antoine Bourseiller, avec qui elle entretiendra une relation éphémère. Le , Agnès Varda donne naissance à leur fille, Rosalie Varda, devenue costumière de cinéma. Souhaitant élever son enfant seule, Agnès Varda profite d'un déplacement professionnel du géniteur de sa fille pour faire enregistrer son enfant "né de père inconnu" dans les registres d'état civil de la Mairie du 14e. Agnès Varda éleva d'abord sa fille seule, puis avec Jacques Demy[4]. Elle a pour voisins et modèles les artistes Calder, Brassaï, Hantaï, etc.

Débuts au cinéma

Durant l'été 1954, en s'inspirant de la structure des Palmiers sauvages de William Faulkner[6] et avec l'aide d'une société créée pour l'occasion, Tamaris Film, et un financement coopératif, elle tourne à Sète (Hérault) son premier long métrage de fiction, La Pointe Courte joué par Philippe Noiret et Silvia Monfort et monté par Alain Resnais. Ce film fera date. C'est un film « libre et pur »[7], « miraculeux »[8], écrira André Bazin. « Le premier son de cloche d'un immense carillon », prophétisera Jean de Baroncelli dans Le Monde[9].

Le film apporte un souffle de liberté dans le cinéma français, comme l'écrit la Revue belge du cinéma[10] : « Tout le nouveau cinéma est en germe dans La Pointe courte — film d'amateur, tourné en 35 mm, avec des moyens de fortune, hors du circuit économique traditionnel. […] Chronique néo-réaliste d'un village de pêcheurs et dialogue d'un couple qui fait le point. Toutes les caractéristiques de la jeune école du cinéma se trouvent réunies dans La Pointe courte et Alain Resnais, qui en fut le monteur, n'a jamais caché l'influence que ce film a eue sur lui. »

Elle rencontre le réalisateur Jacques Demy, son futur époux, au Festival de Tours en 1958. L'année suivante, Demy s'installe chez elle, rue Daguerre. Ils seront les parents de Mathieu Demy, né le . Par ailleurs, Jacques Demy adoptera légalement Rosalie Varda[11]. Dans Les plages d'Agnès (2008), la réalisatrice révèle qu'elle a quatre petits-fils : Valentin, Augustin, Corentin (enfants de Rosalie) et Constantin, fils de Mathieu, qui aura plus tard une fille, Alice, de son union avec Joséphine Wister Faure.

Révélation

En 1962, elle réalise Cléo de 5 à 7, un film reconstituant deux heures de la vie de Cléo, une chanteuse jouée par Corinne Marchand. Le , Cléo erre dans Paris entre 17h et 18h30. Se croyant mortellement malade, elle cherche le soutien de son entourage, en attendant ses résultats médicaux. Le film fut sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes et à la Mostra de Venise. Il gagna le prix Méliès et le prix Fipresci en 1963[12]. Il marqua aussi l'entrée d'Agnès Varda dans le courant de la Nouvelle Vague qu'elle avait initié avec La Pointe courte.

Elle réalise ensuite Les Créatures, puis Le Bonheur, son premier film en couleurs. Ses réalisations font d'elle, dans les années 1960, l'une des premières représentantes du jeune cinéma français. Aux côtés de la Nouvelle Vague, on parle plutôt, à son sujet, comme de Jacques Demy, de Chris Marker ou d'Alain Resnais, de cinéma de la « Rive gauche », afin de marquer une différence sociologique (ces cinéastes habitant "rive gauche" de la Seine) et surtout politique.

Les États-Unis

Agnès Varda séjournera deux fois aux États-Unis. Entre 1968 et 1970, elle suit Jacques Demy à Los Angeles et y réalise un film hippie-hollywoodien, Lions Love, ainsi que plusieurs courts documentaires dont Black Panthers (documentaire) en 1968. Durant ce premier voyage, elle fait connaissance de Jim Morrison, chanteur du groupe The Doors ; ce dernier avait par ailleurs obtenu un diplôme en cinématographie à l'UCLA en 1965. Elle fut l'une des rares personnes à l'avoir vu mort chez lui et à avoir assisté à son enterrement au cimetière du Père-Lachaise[13]. Elle rencontre également Harrison Ford, repéré par Jacques Demy pour jouer dans Model Shop mais refusé par des producteurs qui estimaient que le futur interprète d'Han Solo et d'Indiana Jones n'avait aucun avenir dans la profession[4].

Après sa séparation avec Jacques Demy, elle retourne à Los Angeles entre 1979 et 1981. Elle y tourne un documentaire très remarqué sur les peintures murales des habitants Chicanos, Mur murs, et une fiction inspirée de sa vie à Venice, Documenteur, dans lequel elle fait jouer son fils Mathieu Demy.

Consécration et œuvres plus personnelles

En 1972, elle a pour ambition de réaliser un film sur les conditions des femmes intitulé Mon corps est à moi, avec Delphine Seyrig dans le rôle principal. Ces féministes engagées ont toutes les deux signé le manifeste des 343 en 1971. Le film ne voit pas le jour mais son idée se concrétise dans L'une chante, l'autre pas, film féministe et optimiste, sorti en 1977. Elle y aborde la lutte pour le droit à l'avortement[14] en relatant le combat de plusieurs femmes pour avoir des enfants désirés. Enceinte de son fils Mathieu, elle manifeste pour le droit à l'IVG en 1972, un an après avoir signé le manifeste des 343[15], et confie dans Les Plages d'Agnès qu'elle a prêté par deux fois sa maison pour des avortements clandestins.

En 1983, elle est membre du jury des longs métrages du 40e Festival de Venise.

En 1985, Sans toit ni loi, mettant en vedette Sandrine Bonnaire, lui vaut le Lion d'or à la Mostra de Venise 1985. C'est également son plus grand succès en salle.

En 1987, elle filme les états d'âme de Jane Birkin, qui, venant de franchir la barre des 40 ans, vit de douloureux moments professionnels ; Varda en fait deux films de fiction : Jane B. par Agnès V. et Kung-Fu Master[16].

Les années 1990 et la trilogie Jacques Demy

À la fin des années 1980, se sachant malade du sida, Jacques Demy rédige ses souvenirs d'enfance, Une enfance heureuse (inédit). Agnès Varda lui suggère d'en faire un film, ce à quoi Demy lui répond de s'en occuper elle-même[4]. Elle écrit alors Jacquot de Nantes, une docu-fiction retraçant l'enfance de son époux, qui se déroule en trois temps simultanés : une reconstitution en noir et blanc de l'enfance de Jacquot, la réutilisation de scènes des films de Demy et plusieurs plans sur Jacques Demy, alors en fin de vie.

Le tournage s'est organisé de façon à permettre la présence de Jacques Demy, dont la santé s'affaiblit. Plusieurs membres de sa famille, dont son frère et sa mère, viennent également assister à certaines prises[4]. Le dernier plan est tourné le , dix jours avant le décès de Jacques Demy à son domicile, le 27 octobre 1990.

Après la mort de Jacques Demy, Agnès Varda lui rend hommage avec deux autres films, documentaires : Les Demoiselles ont eu 25 ans et L’Univers de Jacques Demy. Avec sa société de productions Ciné-Tamaris, elle se lance également dans le rachat des droits producteurs et la restauration de l'intégralité des films de Jacques Demy puis fait classer ses archives[17]. Une décennie plus tard, elle supervise leur sortie en DVD et coffrets sous le titre Demy tout entier.

En 1994, pour célébrer le 40e anniversaire du tournage de son premier film, La Pointe Courte, elle publie son autobiographie en forme de kaléidoscope, sous le titre Varda par Agnès (Éditions Cahiers du cinéma), accompagnée d'une filmographie détaillée de Bernard Bastide.

En 1995, pour le centième anniversaire du cinéma, avec l'appui de l'Association Premier Siècle du cinéma et l'aide de nombreuses vedettes (parmi lesquels Michel Piccoli, Robert De Niro, Marcello Mastroianni, Julie Gayet, Catherine Deneuve ou encore Alain Delon), elle réalise Les Cent et Une Nuits de Simon Cinéma, une fantaisie faite de clins d'œil et de références au cinéma, mais qui est un échec commercial. Du propre aveu de la cinéaste, « le film a fait plouf »[4]. Elle s'éloigne alors du cinéma pendant quelques années.

Retour en force dans les années 2000

Agnès Varda au Harvard Film Archive en .

Après avoir mis de côté le cinéma pendant quelques années, Agnès Varda revient en salle avec Les Glaneurs et la Glaneuse (2000), inspirée par un homme mangeant du persil qu'il a glané dans les restes d'un marché[18]. Elle y raconte l'histoire du glanage, des peintures de Jean-François Millet à ce qu'elle appelle « glanage de rue », revenant notamment sur la législation française à ce sujet.

C'est également, pour elle, l'occasion de capter les premières strates de sa vieillesse. Elle filme notamment ses cheveux grisonnants, qu'elle coiffe face caméra, et ses mains tachées, essayant de capturer les camions qui roulent sur l'autoroute.

Ce film est également motivé par la volonté de tester son dernier achat, une caméra numérique, qui lui permet de réaliser seule ce documentaire, à moindre frais, et d'être ainsi au plus près de ceux qu'elle filme. Elle adopte définitivement cette technique, et s'intéresse au montage de ses propres films (alors confié à des techniciens professionnels, comme Alain Resnais ou Sabine Mamou).

Le film est bien accueilli par les critiques et le public. Agnès Varda lui donne une suite deux ans plus tard, sous le titre Deux ans après, où elle retrouve plusieurs protagonistes des Glaneurs. Ceux-ci donnent alors de leurs nouvelles, ainsi que leur avis sur le film.

En 2004, elle réalise Ydessa, les ours et etc., un court-métrage documentaire. En 2005, elle tourne La rue Daguerre en 2005, suite de Daguerréotypes 30 ans plus tard.

À l'approche de ses 80 ans, Agnès Varda ressent le besoin de réaliser quelque chose pour passer ce cap. Elle réalise donc Les Plages d'Agnès, son autobiographie filmée, où elle retrace sa propre vie, personnelle et artistique, à travers notamment celle des autres. Le titre est issu d'un constat, qu'elle fait dès l'ouverture du film : « Si on ouvrait les gens, on trouverait des paysages. Moi, si on m'ouvrait, on trouverait des plages ».

Le film est un grand succès, et sera récompensé du César du meilleur film documentaire en 2009.

En 2011, reprenant la lignée des Plages d'Agnès, elle réalise une série en six épisodes, Agnès de ci de là Varda, diffusée sur Arte. Elle y décrit ses voyages à travers le monde pour présenter ses films, et revient sur ses amis artistes (dont Chris Marker et Manoel de Oliveira).

En parallèle, elle réalise les multiples suppléments pour la sortie du DVD de collection Cléo de 5 à 7 et Daguerréotypes, et orchestre la restauration de ses films, qui sortent progressivement en DVD et coffrets.

Carrière de Visual Artist

En 2003, sur l'invitation de la Biennale de Venise, elle organise une installation autour de la pomme de terre : trois écrans géants diffusent des films de patates germées, et 700 kg de vraies pommes de terre sont disposés à leurs pieds. Pour attirer les visiteurs vers son travail, Agnès Varda se promène dans les allées, déguisée en « patate sonore » (un costume de pommes de terre où ont été installés plusieurs haut-parleurs, diffusant les différentes sortes de pomme de terre existantes). L'installation est saluée par la critique[19].

Ayant fait son entrée dans le domaine de l'art plastique à 75 ans, elle se définissait comme une « vieille cinéaste, jeune plasticienne ».

En 2006, elle est invitée à investir la Fondation Cartier pour l'art contemporain dans une exposition qu'elle intitule L'Île et Elle, autour de l'île de Noirmoutier. L'exposition se compose du Passage du Gois (qui comprend notamment une barrière qui ne s'ouvre qu'aux heures de la marée, et d'un rideau de plastique que le visiteur traverse), de La Grande Carte Postale, de Souvenirs de Noirmoutier, du Tombeau de Zgougou (un film projeté au sol, sur du sable, qui présente la tombe de sa chatte Zgougou, recouverte de coquillages) et de Ping Pong Tong et Camping (qui rend hommage aux objets en plastique que l'on utilise sur une plage, et à leurs couleurs). Elle y installe également sa première Cabane, à partir du film Les Créatures. Le film ayant été un échec commercial, elle surnomme cette cabane Ma cabane de l'échec. L'installation Les Veuves de Noirmoutier est également exposée, pour la seconde fois (la première étant en 2005)[20].

En 2007, en hommage à Jean Vilar, elle expose ses photos du festival d'Avignon à la Chapelle Saint-Charles, dont certaines en très grand format.

En 2014, le LACMA lui laisse carte blanche pour une installation, intitulée Agnès Varda in Californialand[21].

En 2018, elle installe sa troisième cabane, La Serre du Bonheur, à la galerie Galerie Nathalie Obadia. La cabane est cette fois constituée de la pellicule complète de son film Le Bonheur, de planches de bois et de faux tournesols. Sont également exposés un agrandissement de 27 photogrammes du film, la maquette de la cabane (faite en pellicule Super-8) et une arche, composée de boîtes de fer ayant servi pour entreposer les films d'Agnès Varda et de Jacques Demy.

Sa dernière exposition a lieu au domaine Chaumont, où elle expose trois œuvres : la Serre du Bonheur (2018), Trois pièces sur cour et L'arbre de Nini (2019). Le vernissage a lieu le , soit quelques heures après l'annonce de sa mort.

Reconnaissance de la profession

En 2005, elle est membre du jury des longs métrages au festival de Cannes 2005 et la Cinémathèque québécoise lui rend hommage avec une rétrospective filmographique et une exposition photographique.

Le , elle reçoit un prix Henri-Langlois d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, à l'occasion des Rencontres internationales du cinéma de patrimoine et de films restaurés de Vincennes.

Lors du Festival de Cannes 2013, elle est présidente du jury de la Caméra d'or.

Elle a reçu le Léopard d'honneur lors du 67e Festival international du film de Locarno[22].

En 2015, la palme d'honneur du festival de Cannes lui est décernée[23]. Elle le reçoit comme un prix de « résistance et d'endurance », dit-elle dans son discours[24].

En 2016, le musée d'Ixelles (commune de sa naissance) organise une exposition en son honneur[25].

En , elle obtient un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, remis par Angelina Jolie[26].

Dernières œuvres

Juste après Cannes, un projet avec le photographe JR soulève la polémique. Leur projet au titre évocateur AV et JR deux artistes en goguette engendre incompréhension et critiques acerbes. Le projet, porté par des artistes reconnus, fait appel à la générosité publique par le biais de la plateforme de financement participatif KissKissBankBank — type de financement habituellement réservé au lancement de nouveaux artistes. Les médias qualifient le projet et sa démarche, au mieux de candides et maladroits, au pire de condescendants et démagogiques[27],[28]. Le projet débouche finalement sur le long-métrage documentaire Visages, villages, qui reçoit L'Œil d'or (prix du documentaire) au festival de Cannes 2017 puis rencontre un accueil favorable à la fois critique et public lors de sa sortie au début de l'été de la même année. Le film est également nommé pour le César du meilleur film documentaire, ainsi que l'Oscar du meilleur documentaire, en 2018.

Tombe d'Agnès Varda et de Jacques Demy au cimetière du Montparnasse (division 9).

Le , Arte diffuse son dernier long-métrage, Varda par Agnès, divisé en deux films d'une heure chacun. À partir des masterclass (qu'elle préfère appeler « causeries ») qu'elle a données ces dernières années, notamment au festival Premiers Plans à Angers, la cinéaste revient en détail sur sa filmographie et apporte un témoignage sur chacun de ses films.

Maladie et mort

Elle meurt chez elle, rue Daguerre à Paris, à l'âge de 90 ans, dans la nuit du 28 au , des suites d'un cancer[29]. De nombreuses personnalités, françaises et internationales, réagissent à son décès en saluant son travail, comme Ava Duvernay ou Martin Scorsese. Le , à 11 heures, un hommage public lui est rendu à la Cinémathèque française (qui avait organisé une rétrospective complète de ses films en sa présence deux mois auparavant), en présence de sa famille et de ses proches, parmi lesquels de nombreuses personnalités dont Catherine Deneuve, Sandrine Bonnaire (qui incarnait Mona dans Sans toit ni loi), Dany Boon (qui a participé à la production de Varda par Agnès), JR (avec qui elle avait co-réalisé Visages, villages). Près de 650 personnes y assistent[30].

Elle est inhumée le même jour dans la 9e division du cimetière du Montparnasse (14e arrondissement de Paris), auprès de son époux Jacques Demy.

Filmographie

Longs métrages de fiction

Documentaires

Agnès Varda au festival de Cannes 2011.

Courts métrages

Télévision

Autres

  • 1965 : Christmas Carol : « Dix minutes ont été tournées avec Gérard Depardieu débutant… Ça aurait été un film sur la jeunesse d'avant 68, mais je n'ai pas eu l'avance et le distributeur a renoncé » (propos d'Agnès Varda dans Positif no 253, )
  •  : installation au Panthéon de Paris pour la cérémonie de la pose d'une plaque à la mémoire des Justes parmi les nations de France ; deux films inédits sur quatre écrans et quelque trois cents portraits de Justes.

Photographie

En 1955, Agnès Varda participe au réaménagement intérieur de l'église Saint-Nicolas de Fossé, dans les Ardennes, en réalisant les photographies du chemin de croix et en photographiant l'avancement des travaux conduits par Pierre Székely, Vera Székely et André Borderie. Le chemin de croix a été détruit par des paroissiens rendus furieux par les représentations des artistes[32],[33].

Arts plastiques

« Jeune plasticienne » selon ses propres termes, Agnès Varda propose des cabanes sous forme d'installations.

Distinctions

Honneurs

Récompenses

Empreintes d'Agnès Varda à Cannes.

L'Internet Movie Database recense plus de 80 récompenses remises à Agnès Varda[43]. Parmi celles-ci, figurent :

Nominations

Sélection

Festival de Cannes 2019 : l'affiche de la 72e édition rend hommage à la témérité d'Agnès Varda (au sens propre comme au figuré) qu'on voit juchée sur le dos d'un technicien lors d'une prise de vue de son premier long métrage La Pointe courte (graphisme de Flore Maquin)[45].

Divers

Traverse Agnès-Varda à Sète-La Pointe courte.

Vincent Delerm rend hommage à Agnès Varda dans la chanson Vie Varda de son album Panorama (2019).

Plusieurs lieux portent son nom en France :

Vidéographie

  • Tout(e) Varda de Agnès Varda, Arte Vidéo/Ciné-Tamaris, 21 novembre 2012, 22 DVD PAL, toutes zones, mono et stéréo, audio anglais et français, sous-titres sourds et malentendants (durée environ 50 heures) + album 132 pages + 3 surprises (2 DVD et 1 pochette) [présentation en ligne]Intégrale de ses courts et longs métrages[53].

Publications

  • La Côte d'Azur, d'azur, d'azur, d'azur, collection Lieu-dit, Les Éditions du Temps, 1961.
  • Varda par Agnès, Éditions des Cahiers du Cinéma, Paris, 1994 (ISBN 978-2-86642-440-4).
  • Les Plages d'Agnès, texte illustré du film d'Agnès Varda, collection Mémoires de César, Éditions de l'Œil, 2010 (ISBN 978-2351370872)
  • Détours, de Oaxaca à Tannay, co-écrit avec Luce Vigo et Véronique Godard, Filigranes Editions, 2010. (ISBN 978-2350461786)

Notes et références

  1. « Agnès Varda reçoit un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  2. Dans Les Plages d'Agnès, elle explique qu'elle a été prénommée Arlette parce que ses parents l'ont « conçue dans la ville d'Arles » puis elle s'est choisi le prénom Agnès à l'âge de 18 ans et l'a « fait enregistrer au greffe du tribunal ». « Agnès Varda » est ainsi devenu son nom officiel, et non un simple nom d'artiste.
  3. « Varda, Agnès », sur ledelarge.fr (consulté le ).
  4. Varda, Agnès, 1928-2019., Les plages d'Agnès, Œil, (ISBN 9782351370872 et 2351370872, OCLC 642213101, lire en ligne).
  5. « Agnès Varda expose la mémoire d'un théâtre devenu mythique », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Édito n°745 – juin 2018 Viva Varda ! », Cahiers du Cinéma, (consulté le ).
  7. André Bazin, « Chronique d'André Bazin », Le Parisien libéré, (lire en ligne).
  8. « La Pointe courte - Manifestations », sur www.institut-lumiere.org (consulté le ).
  9. « Agnès Varda | Festival International du Film de la Rochelle », sur archives.festival-larochelle.org (consulté le ).
  10. Extraits du no 20 de juillet 1987 comprenant, entre autres, la réédition de l'article de l'écrivain Bernard Pingaud paru dans le no 1 du magazine Artsept créé par l'essayiste Raymond Bellour en 1963.
  11. Mathilde Blottière, « Les films de Jacques Demy enfin édités en DVD », Télérama no 3070, 15 novembre 2008.
  12. « Cléo de 5 à 7 – Ciné-Tamaris » (consulté le ).
  13. Stephen Davis, Jim Morrison, éditions Flammarion, page 453.
  14. « Le féminisme au cinéma », sur rts.ch, (consulté le ).
  15. Elle signera de même le 12 janvier 1999 l'appel à la désobéissance civile de 132 personnalités favorables à l'euthanasie publié dans France Soir.
  16. Voir la fiche chez Ciné tamaris.
  17. Agnès Varda, Agnès de ci de là Varda, "Épisode 2", 2011 (série, 6 épisodes).
  18. « Leçon de cinéma avec Agnès Varda », sur ARTE (consulté le ).
  19. « Hommage au Festival du Film de la Rochelle – Ciné-Tamaris » (consulté le ).
  20. (en) « Agnès Varda, L’île et elle », sur Fondation Cartier pour l'art contemporain, (consulté le ).
  21. « Los Angeles célèbre l'oeuvre d'Agnès Varda », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  22. « Le Pardo d’onore Swisscom 2014 à Agnès Varda », sur http://www.pardolive.ch/, (consulté le ).
  23. (en) Rebecca J. DeRoo, Agnès Varda between Film, Photography, and Art, Oakland., University of California Press, (ISBN 9780520279414), p. 1-5.
  24. Article sur le site officiel du festival.
  25. « Expositions 2016 — fr », sur www.museedixelles.irisnet.be (consulté le ).
  26. « Quand Agnès Varda fêtait son Oscar d'honneur en dansant avec Angelina Jolie », sur premiere.fr, (consulté le ).
  27. Emmanuelle Jardonnet, « De JR à Francis Lalanne, quand le recours au crowdfunding passe mal », Le Monde, (consulté le ).
  28. Mathieu Deslandes, « Les grandes vacances (à vos frais) de JR et Varda », Rue89, (consulté le ).
  29. « La cinéaste Agnès Varda est décédée à l'âge de 90 ans », sur AFP.com, Agence France-Presse (consulté le ).
  30. « A la Cinémathèque française, la “famille” dit Adieu à Agnès Varda », sur telerama.fr (consulté le ).
  31. Pour écouter en ligne consultez ce site et sélectionnez le film dans la liste.
  32. « Fossé : la "guerre des statues" », (consulté le ).
  33. Marasi Julien, « Eglise paroissiale Saint-Nicolas », Région Grand-Est, (consulté le ).
  34. « » AGNÈS VARDA – 3+3+15=3 INSTALLATIONS », sur www.martineaboucaya.com (consulté le ).
  35. « Exposition : Agnès Varda : Patatutopia - Festival International du Film de la Rochelle », sur archives.festival-larochelle.org (consulté le ).
  36. L'Île et Elle, Paris et Arles, Fondation Cartier pour l'art contemporain et Actes Sud, , 92 p. (ISBN 978-2742764242 et 978-2742762088).
  37. Collectif (dir.), Le spectacle du quotidien, the spectacle of the everyday, Dijon, France, Les Presses du réel, , 423 p. (ISBN 978-2-84066-352-2).
  38. Isabelle Labarre, « Nantes. L'autre chambre en ville d'Agnès Varda », Presse-Océan, .
  39. Galerie d'Art du Conseil général des Bouches-du-Rhône, renseignements pratiques.
  40. (ro) « Galerie Nathalie Obadia: Current Show », sur www.nathalieobadia.com (consulté le ).
  41. Décret du 14 avril 2017 portant élévation et nomination aux dignités de grand'croix et de grand officier.
  42. Décret du 14 mai 2013 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier.
  43. Agnès Varda Awards sur l'IMDb.
  44. Fiafnet.org.
  45. Tribune de Genève du 26 avril 2019.
  46. allocine.fr.
  47. Beauvais.fr.
  48. Elsa Mongheal, « L'ouverture du nouveau cinéma de nouveau repoussée », L'Yonne républicaine, (consulté le ).
  49. « Annuaire : présentation des écoles, collèges, lycées, etc. », sur education.gouv.fr (consulté le ).
  50. ecoledephoto.be.
  51. « Soirée Agnès Varda | Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand », sur www.univ-bpclermont.fr (consulté le ).
  52. Nantes Métropole, Ville de Nantes, « L’espace Agnès Varda, un nouveau lieu solidaire sur l’île de Nantes », sur metropole.nantes.fr (consulté le ).
  53. À l'occasion de la sortie de son intégrale, Agnès Varda est l'invitée de deux émissions de radio de France Culture : par Laurent Goumarre dans Le Rendez-Vous, diffusée le (durée 50 min), écoute en ligne, et par Michel Ciment dans Projection privée, diffusée le (durée 61 min), écoute en ligne.

Voir aussi

Travaux universitaires

  • Bernard Bastide, sous la direction de Michel Marie, Genèse et réception de "Cléo de 5 à 7" d'Agnès Varda. Thèse de doctorat en Études cinématographiques et audiovisuelles, Paris 3 Sorbonne Nouvelle, 2006, 387 p.
  • Cécilia Beceyro, sous la direction de Dominique Bluher, Les écritures du moi dans "Les Glaneurs et la Glaneuse" d'Agnès Varda. Mémoire de maîtrise en Arts, Rennes 2, 2002, ... p.
  • Jeanne Delafosse, sous la direction de François Niney, "Le Point de riz" : fiction et documentaire dans le cinéma d'Agnès Varda. Mémoire de maîtrise en Études cinématographiques et audiovisuelles, Paris 3 Sorbonne Nouvelle, 2002, 161 p.
  • Cécilia Girard, sous la direction de Murielle Gagnebin, Représentations cinématographiques du féminin chez Agnès Varda. Mémoire de master I en études cinématographiques et audiovisuelles, Paris 3 Sorbonne Nouvelle, 2008, 140 p.
  • Kawthar Grar, sous la direction de Vincent Lavoie, Le médium photographique : un modèle processuel dans l'écriture cinématographique d'Agnès Varda dans le film "Salut les Cubains". Mémoire de maîtrise en étude des arts, Université du Québec à Montréal, 2010, 145 p.
  • Guillot-Lefeuvre Alice, sous la direction de Nathalie Mauffrey et Roger-Yves Roche, Le style visuel d'Agnès Varda, étude d'une esthétique colorée. Mémoire de maîtrise en études cinématographiques et audiovisuelles, Université Lumière Lyon 2, 2022, 66 p.
  • Natacha Leitao, sous la direction de Michel Marie, Les personnages féminins dans les fictions d'Agnès Varda, 1958-1965. Mémoire de maîtrise en études cinématographiques et audiovisuelles, Paris 3 Sorbonne Nouvelle, 2002, 75 p.
  • Masuda Mamiko, sous la direction de Pierre Bayard et de Nadia Setti, Le regard des femmes cinéastes sur la femme dans la société française contemporaine : fonction du discours cinématographique féminin dans les films d'Agnès Varda, Chantal Akerman et Catherine Corsini. Thèse de doctorat en Langues et littératures françaises, Paris 8, 2017, 506 p. Texte intégral en ligne.
  • Nathalie Mauffrey, sous la direction de Claude Viot-Murcia, La cinécriture d'Agnès Varda : pictura et poesis. Thèse de doctorat en histoire de l’art et archéologie - Histoire et sémiologie du texte et de l'image, Sorbonne Paris Cité, 2017. Document en pdf et accessible en ligne aux seuls étudiants de Paris 7 – Paris Diderot.
  • Shana McGuire, sous la direction de Michael Bishop, Deux perspectives sur le cinéma d'Agnès Varda : les approches cinématographiques et la femme vardienne. Mémoire de maitrise en Arts, Dalhousie University, Halifax, Nova Scotia, 2000, 122 p., texte intégral en ligne.

Autres

  • (it) Sara Cortellazzo et Michele Marangi, Agnès Varda, Edizioni di Torino, 1990
  • Rebecca J. DeRoo, Agnès Varda between Film, Photography, and Art, University of California Press, 2018. (ISBN 9780520279414)
  • Michel Estève et al., Agnès Varda, Paris, Lettres modernes Minard, coll. « Etudes cinématographiques » (no 179-186), (ISBN 978-2-256-90894-1, OCLC 988546281)
  • Bernard Bastide, Agnès Varda (préf.), Les Cent et une nuits, chronique d'un tournage, Pierre Bordas et fils, 1995, 155 p. (ISBN 978-2863-112656)
  • (en) Sandy Flitterman-Lewis, To desire differently: feminism and the French cinema, Columbia University Press, , 379 p.
  • (en) Alison Smith, Agnès Varda, Manchester University Press, 1998
  • Agnès Varda, revue 303, N°92, 3e trimestre 2006
  • Antony Fiant, Roxane Hamery et Eric Thouvenel (dir.), Agnès Varda : le cinéma et au-delà, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, présentation en ligne
  • Danièle Parra, « Varda, la rock star. Alors que la popularité d'Agnès Varda est au zénith, Arte l'honore par une belle soirée avec deux films et un documentaire inédit sous forme d'autoportrait », Télécâble Sat Hebdo no 1506, SETC, Saint-Cloud, , p. 26, (ISSN 1630-6511)
  • Cosima Lutz, « Agnès Varda, une plage se tourne. La cinéaste française, pionnière de la bien nommée nouvelle vague, est décédée le . Le quotidien allemand Die Welt rend hommage à une femme engagée et espiègle », Courrier international N°1483, Courrier international S.A., Paris, , p.21, (ISSN 1154-516X) (article original paru dans Die Welt du ).

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Liens externes

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