Michel Piccoli

Jacques Daniel Michel Piccoli, dit Michel Piccoli, est un acteur français, né le dans le 13e arrondissement de Paris (Seine)[1] et mort le [2],[3] à Saint-Philbert-sur-Risle (Eure)[4].

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Michel Piccoli
Michel Piccoli au festival de Cannes 1993
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Michel Jacques Daniel Piccoli
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Famille
Charles Expert-Bezançon (grand-père maternel)
Conjoints
Éléonore Hirt (de à )
Juliette Gréco (de à )
Ludivine Clerc (d) (de à )
Autres informations
Parti politique
Membre de
Taille
1,84 m
Masse
80 kg
Distinctions
Films notables
Signature

Biographie

Enfance et formation

Michel Piccoli est le fils d'Henri Piccoli, violoniste de lointaine origine tessinoise[5] et de Marcelle Expert-Bezançon (1892-1990)[6], pianiste et fille de l'industriel et homme politique français Charles Expert-Bezançon.

Il a « une enfance assez compliquée. C'est un enfant de remplacement, qui est venu remplacer son frère aîné décédé[7]. » Il est placé dans un établissement pour enfants à problèmes où il se retrouve « dans une situation de liberté totale »[7].

Les engagements du jeune Piccoli, notamment politiques et « contre le monde de l'argent », se comprennent par l'opposition à la personnalité de son grand-père maternel, sénateur de la IIIe République, financier du Parti radical, et important industriel de la peinture, accusé par la gauche syndicale et par Georges Clemenceau, d'avoir intoxiqué ses ouvriers à travers le blanc de plomb qui cause le saturnisme[7].

Michel Piccoli suit une formation de comédien d'abord auprès d'Andrée Bauer-Théraud puis au cours Simon[8].

Carrière

Michel Piccoli en 1945, photographié par le studio Harcourt.

Après une apparition en tant que figurant dans Sortilèges de Christian-Jaque en 1945[8], Michel Piccoli débute au cinéma dans Le Point du jour de Louis Daquin[9].

Cependant, c'est surtout au théâtre qu'il s'illustre au début de sa carrière, avec les compagnies Renaud-Barrault et Grenier-Hussot ainsi qu'au Théâtre de Babylone (géré par une coopérative ouvrière et qui met en scène les pièces d'avant-garde d'Eugène Ionesco ou Samuel Beckett)[8]. Bien que remarqué dans le film French Cancan en 1954, il poursuit sur les planches et travaille avec les metteurs en scène Jacques Audiberti, Jean Vilar, Jean-Marie Serreau, Peter Brook, Luc Bondy, Patrice Chéreau ou encore André Engel[8].

Durant la même période, il se fait connaître dans des téléfilms populaires tels que Sylvie et le fantôme, Tu ne m’échapperas jamais ou encore L’Affaire Lacenaire de Jean Prat[8].

Devenu athée après un deuil familial, il rencontre en 1956 Luis Buñuel, réalisateur connu pour son anticléricalisme, et prend ironiquement le rôle d'un prêtre dans La Mort en ce jardin[8].

En 1959, il tourne Le Rendez-vous de Noël, court métrage d’André Michel d’après la nouvelle de Malek Ouary, Le Noël du petit cireur, qui se passe à Alger[10].

Les années 1960 marquent le début de sa consécration, remarqué dans Le Doulos de Jean-Pierre Melville, il est révélé au grand public avec Le Mépris de Jean-Luc Godard aux côtés de Brigitte Bardot[8].

Dès lors, il tourne avec beaucoup des plus grands cinéastes français (Jean Renoir, René Clair, René Clément, Alain Resnais, Agnès Varda, Jacques Demy, Alain Cavalier, Michel Deville, Claude Sautet, Claude Chabrol, Louis Malle, Jacques Doillon, Jacques Rivette, Leos Carax, Bertrand Blier), européens (Luis Buñuel, Costa-Gavras, Marco Ferreri, Alfred Hitchcock, Jerzy Skolimowski, Marco Bellocchio, Ettore Scola, Manoel de Oliveira, Otar Iosseliani, Theo Angelopoulos, Nanni Moretti) et venus d'autres horizons (Youssef Chahine, Raoul Ruiz, Hiner Saleem).

Dans Le Coup de grâce (1965).

Il devient l'un des acteurs fétiches de Marco Ferreri, avec sept films, de Dillinger est mort à Y'a bon les blancs en passant par Touche pas à la femme blanche !  avec pour point d'orgue La Grande Bouffe[8] , de Luis Buñuel avec six films : Le Journal d’une femme de chambre (1964), Belle de jour (1967), La Voie lactée (1969), Le Charme discret de la bourgeoisie (1972), Le Fantôme de la liberté (1974) et Cet obscur objet du désir (1977)[8] ainsi que de Claude Sautet, avec Les Choses de la vie, Max et les Ferrailleurs, Mado et Vincent, François, Paul… et les autres[8]. Il joue également dans le singulier Themroc[8].

Il entame la décennie 1980 par le prix d'interprétation au festival de Cannes en 1980, avec Le Saut dans le vide de Marco Bellocchio, et celui du festival de Berlin en 1982, avec Une étrange affaire de Pierre Granier-Deferre[8]. Il travaille avec le jeune cinéma français, comme Jacques Doillon (La Fille prodigue en 1985), Leos Carax (Mauvais sang en 1986), n'hésitant pas à casser son image bienveillante avec des rôles provocateurs ou antipathiques, avant de s'essayer lui-même à la réalisation[8].

Il tourne également plusieurs films avec Manoel de Oliveira, de Party (1996) à Belle toujours (2006) en passant par Je rentre à la maison (2001)[8].

Habitué du festival de Cannes, il fait partie du jury de la compétition officielle du 60e festival en 2007 sous la présidence de Stephen Frears[8].

Amateur de littérature, il a également enregistré la lecture des Fleurs du mal de Charles Baudelaire et de Gargantua de François Rabelais.

En 2011, il joue dans Habemus Papam de Nanni Moretti, présenté en compétition à Cannes[8]. C'est sa dernière apparition au cinéma. Le dernier film où apparait Michel Piccoli est le film Le Goût des myrtilles, de Thomas de Thiers en 2013.

Engagement politique

Michel Piccoli au festival de Cannes 2000.
Michel Piccoli au festival de Cannes 2013.

Engagé politiquement à gauche, membre du Mouvement de la Paix (communiste), Michel Piccoli s'est illustré par ses prises de position contre le Front national[8], et s'est mobilisé pour Amnesty International.

Après avoir soutenu François Mitterrand en 1974[11] puis en 1981, il reste fidèle au camp socialiste. En , il signe avec cent cinquante intellectuels un texte appelant à voter pour Ségolène Royal, « contre une droite d’arrogance », pour « une gauche d’espérance »[12].

En , il cosigne, avec Juliette Gréco, Maxime Le Forestier et Pierre Arditi, une lettre ouverte[13] à l'attention de Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, appelant les parlementaires socialistes à adopter la loi Création et Internet.

Famille et vie privée

En 1954, Michel Piccoli se marie avec l'actrice Éléonore Hirt avec qui il a une fille, Anne-Cordélia Piccoli[14] ; en 1966, il épouse la chanteuse Juliette Gréco, puis en 1978[15] la scénariste Ludivine Clerc[16], avec qui il adopte deux enfants d'origine polonaise, Inord et Missia[17].

Mort

Michel Piccoli meurt le à la suite d’un accident vasculaire cérébral dans son manoir à Saint-Philbert-sur-Risle dans l'Eure[4]. Son décès est révélé par sa famille six jours plus tard () à l’Agence France-Presse[2]. Ses obsèques ont lieu à Évreux le , là où il est incinéré, ses cendres sont dispersées au sein de la propriété familiale[4].

Théâtre

Comédien

Metteur en scène

Discographie

Publications

  • Dialogues égoïstes, écrit avec la collaboration d'Alain Lacombe, Olivier Orban éditeur, 1976
  • J’ai vécu dans mes rêves, écrit avec la collaboration de Gilles Jacob, Éditions Grasset, 2015

Distinctions

Récompenses

Nominations

Notes et références

  1. Michel Piccoli sur Les Gens du cinéma
  2. Sandrine Marques, « Michel Piccoli, légendaire acteur de cinéma et de théâtre, est mort », sur Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  3. Arièle Bonte, « L'acteur Michel Piccoli est décédé à l'âge de 94 ans », sur RTL, (consulté le ).
  4. Guillaume Lejeune, « L’acteur Michel Piccoli est décédé chez lui dans son manoir de Saint-Philbert-sur-Risle, dans l’Eure », sur Paris-Normandie, (consulté le ).
  5. (it) « Il cinema, grande specchio dell'esistenza », swissinfo.ch, 15 août 2007.
  6. « Généalogie de Marcelle Pauline Zoë EXPERT-BEZANÇON », sur Geneanet (consulté le ).
  7. Anne-Sophie Mercier, journaliste, auteure de Piccoli. Derrière l’écran (Allary Editions), dans Les Matins de France Culture du .
  8. Marques 2020.
  9. La Saison cinématographique, vol. 30, UFOLEIS, , publication réalisée sous la direction de François Chevassu et Jacques Zimmer, en collaboration avec la Ligue de l'enseignement, la Ligue française de l'enseignement et de l'éducation permanente, l'Union française des œuvres laïques d'éducation par l'image et le son, recherche iconographique effectuée par Marianne Duvannès (OCLC 15118592, BNF 39772173, lire en ligne), p. 164.
  10. Malek Ouary, Poèmes et chants de Kabylie, Paris, Lib. Saint-Germain-des-Près, , 171 p., présentation par l'éditeur.
  11. Raphaël Proust, « 1974, Giscard peopolise la campagne de la droite », slate.fr, 18 avril 2012.
  12. « Avant qu'il ne soit trop tard », Le Nouvel Observateur, 1er mars 2007.
  13. « Les acteurs et la loi “Création et Internet” » sur lemonde.fr.
  14. Nécrologie d'Éléonore Hirt, lemonde.fr, 30 janvier 2017.
  15. Patrick Bruchet, « Michel Piccoli Marries Ludivine Clerc », Paris Match, (lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) The International Who's Who 2004, Europa Publications, , 67e éd., 1888 p. (ISBN 978-1-85743-217-6, lire en ligne), p. 1322.
  17. « Michel Piccoli : mon frère, ce fantôme », sur lejdd.fr, 1 novembre 2015, modifié le 20 juin 2017 (consulté le ).
  18. « Jane Birkin, Michel Piccoli et Hervé Pierre, 3 voix pour dire Gainsbourg », sur francetvinfo.fr, consulté le 25 mai 2020.

Voir aussi

Bibliographie

Presse

  • Sandrine Marques, « Michel Piccoli, légendaire acteur de cinéma et de théâtre, est mort », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )

Liens externes

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