Mouvement de la paix
Le Mouvement de la paix est une organisation pacifiste française qui s'inscrit dans la promotion de la culture de Paix lancée par l'ONU[réf. nécessaire]. Elle a été créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par de grands courants de la Résistance, notamment ceux d'inspiration communiste, chrétienne ou de libres-penseurs, elle est directement liée au Mouvement mondial des partisans de la paix, dont le but est la lutte pour la paix.
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Durant les années 1950 et 1960, le Mouvement de la paix est un mouvement de masse transnational dont la plus grande partie des participants est formée par des militants et des sympathisants communistes et dont les Partis communistes locaux détiennent les leviers de commande. Il bénéficie alors de la caution morale et de l'étiquette d'indépendance que lui ont apporté les personnalités non adhérentes au PC.
Historique
Origine
L’origine du Mouvement de la paix est à chercher à Paris dans la création des « Combattants de la Liberté » au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C’est Charles Tillon, l'un des cadres dirigeants du Parti communiste français qui, fin 1947, lance un appel à créer une organisation destinée à « soutenir le régime républicain et interdire le retour du fascisme et de la dictature »[1]. Dès lors, le , une soixantaine de personnalités issues de la Résistance fondent à l'Hôtel des Deux Mondes à Paris « les Combattants de la Liberté », sous la direction d’Yves Farge, nommé préfet de la région Rhône-Alpes par le général de Gaulle à la Libération. Les statuts de ce tout jeune mouvement qui veut préserver l'esprit unitaire de la Résistance sont déposés notamment par Raymond Aubrac.
La création de ces mouvements pacifistes se produit dans un contexte de tension internationale nourrie notamment par le coup de Prague et le début du « schisme » yougoslave[2].
Dès la fin 1948, le Mouvement est récupéré par les communistes[2]. « Les Combattants de la liberté » deviennent « les Combattants de la paix et de la liberté ». Lors des 1res Assises du peuple français pour la paix et la liberté, qui se tiennent à Paris les 27 et à leur initiative, les thèmes du réarmement allemand, de l'usage de l'arme atomique et du désarmement général reflètent l'adéquation avec les positions communistes[3]. Ces derniers en profitent d'ailleurs pour installer plusieurs responsables à la direction du Mouvement, comme Laurent Casanova[4].
L’initiative française est relayée par celles d'intellectuels d'Europe centrale, qui organisent après avoir reçu l'accord d'Andreï Jdanov[2], un Congrès des peuples pour la paix en Pologne à Wroclaw du 25 au . Parmi les 500 délégués représentant une cinquantaine de pays, tous n'appartiennent pas au Parti communiste, mais peu d'entre eux protestent quand le délégué soviétique dénonce à la tribune « les hyènes dactylographes de la culture bourgeoise » : Miller, Eliot, Malraux et Sartre[2].
Du congrès de Wroclaw naît un Bureau international de liaison des intellectuels pour la paix, qui est « clairement aligné sur les positions du Kominform »[2]. C'est de cet organisme auquel se sont joints la Fédération démocratique internationale des femmes également proche du mouvement communiste, et 75 personnalités « de renommée mondiale » qu'émane la décision de réunir le Congrès mondial des partisans de la paix en février 1949[2]. Au cours du congrès de Wroclaw, un « Mouvement mondial des partisans de la paix » se constitue, avec pour vice-président Laurent Casanova[5] et incite à la création de comités nationaux. En France, « les Combattants de la paix et de la liberté » deviennent en 1951 « le Conseil national français du Mouvement de la paix », appelé communément « Le Mouvement de la paix ».
Les années de guerre froide
Cette période est la plus riche en actions, en influence et en effectif. Le Mouvement participe au Congrès mondial des partisans de la paix à Paris en 1949 qui crée le Conseil mondial de la paix. La direction en est confiée au grand intellectuel scientifique Frédéric Joliot-Curie. Soutenant l'appel de Stockholm contre la prolifération nucléaire, le Mouvement de la paix organise en France une vaste campagne de soutien, qui recueillera des millions de signatures, dont celle du jeune Jacques Chirac. Cette campagne marquera l'apogée de la popularité du Mouvement de la Paix en France.
Le Mouvement de la paix tient son second congrès à Varsovie en novembre 1950 et élit à cette occasion un Conseil mondial de la paix qui sera présidé jusqu'à son décès en 1958 par Frédéric Joliot-Curie. Comme le mouvement communiste international qui lui a donné naissance, c'est alors un mouvement de masse transnational fortement structuré sur le modèle de l'organisation communiste[2]. Si la grande partie des participants est formée par des militants et des sympathisants communistes et si les Partis communistes locaux détiennent les leviers de commande du mouvement, celui-ci est ouvert à tous et bénéficie de la caution morale et de l'étiquette d'indépendance que lui ont apporté les personnalités non adhérentes au PC[2].
Le Mouvement se radicalise ensuite et perd de son influence dans les masses. Plusieurs campagnes se succèdent, contre la guerre de Corée en 1950 (manifestation contre Ridgway), ou contre le réarmement allemand au sein de la CED, à partir de 1952.
Les autres campagnes
L'année 1956 marque le début de la déstalinisation et bouleverse le paysage communiste en Europe. Avec la mort de Staline, le Mouvement de la paix entre en demi-sommeil[2].
Il fait des efforts d'ouverture pour attirer des militants. Concernant la guerre d'Algérie, il prend position contre les hostilités et pour l'indépendance. Il est directement visé par un attentat à Issy-les-Moulineaux en 1962. Il continue à perdre de sa vitalité, notamment après la campagne contre la guerre d'Algérie.
La flamme se ravive au moment de la guerre du Viêt Nam, puis avec la crise des euromissiles dans les années 1980. En 1995, il participe à la vaste campagne internationale contre les derniers essais nucléaires menés au centre d'expérimentation nucléaire du Pacifique à Mururoa, qui sont réalisés en 1995-1996 par la France et permettront de valider les données nécessaires aux futurs essais par simulation numériques réalisés à l'aide du Laser Mégajoule au laboratoire CESTA-CEA[6]. Les campagnes organisées contre les armes nucléaires visent essentiellement celles de la France, le site de l'organisation ne référence ainsi aucune campagne[7] contre les nouvelles armes chinoises (déploiement de cinquante missiles DF-31A de 2010 à 2015) ou russes (déploiement de 40 missiles en 2015[8] et Satan 2 en 2016 pouvant atteindre des cibles à courte portée en violation du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire[réf. souhaitée] et capable de détruire la France ou le Texas avec un seul missile[9]). Les essais nucléaires nord-coréens et la non-signature du Traité de Non-prolifération nucléaire par l'Inde, la Chine, le Pakistan, la Corée du Nord, les États-Unis, Israël, l'Iran et la République démocratique de Corée sont condamnés[10].
Depuis les années 2000 le Mouvement de la Paix anime en France les larges réseaux d'opposition aux guerres (Afghanistan, Irak, Proche-Orient…).
Très actifs dans le mouvement alter-mondialiste et les partenariats internationaux, il soutient en France « Mayors for Peace » et le PNND « Parlementaires pour la non-prolifération et le désarmement nucléaire ».
Le Mouvement de la Paix est membre du Conseil mondial de la Paix, du Bureau international de la Paix, d'Abolition 2000 et de l'Association internationale des Éducateurs à la paix. En 2007, il a également rejoint la nouvelle Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN).
Vie du mouvement
Le siège national du Mouvement de la Paix se situe à la Maison de la Paix, 9 rue Dulcie September à Saint Ouen (93400)[11].
Actions
Le Mouvement de la Paix est aujourd'hui la plus importante ONG pacifiste[réf. nécessaire] avec près de 150 comités locaux. Il coordonne fréquemment les coalitions anti-guerre et s'investit fortement auprès des jeunes. La journée internationale de la Paix du 21 septembre marque un de ses temps forts annuels.
L'association semble connaître un regain de mobilisation depuis la guerre en Irak de 2003 et le développement des mobilisations altermondialistes. Elle joue un rôle important dans l'organisation des Forums sociaux européens, et elle s'est mobilisée contre la guerre en Irak, contre la situation en Tchétchénie et en Israël, et contre l'utilisation des armes nucléaires, avec une campagne autour du traité de non-prolifération nucléaire. Elle demande une réduction du budget de la Défense. Depuis quelques années, à l'occasion des violences urbaines, elle promeut l'idée de « comités pour une culture de la paix » dans les quartiers.
Depuis l'année 2000, année internationale de la Culture de la Paix, le Mouvement de la Paix a fait de l'engagement des jeunes, un axe fort et identitaire de l'association. En , ce sont 128 jeunes qui portent à l'ONU les signatures recueillies sur le Manifeste 2000 des Prix Nobel de la Paix. En , 125 jeunes se rendent à Hiroshima et Nagasaki pour les 60 ans des bombardements atomiques. En , ce sont 230 citoyens de France qui se rendent à l'ONU à New-York pour la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire. Elle organise des rencontres internationales de jeunes pour la culture de la paix (2002 - 2003 - 2005 - 2010 - 2011).
Le Mouvement de la Paix est aussi attentif à la situation des droits de l'homme dans le monde comme au Tibet[12] (2008), en Russie[13] (2009) ou en Tunisie[14] (2013).
En 2016, l'ONG a lancé le mouvement "En marche pour la Paix" avec 110 associations[15], puis un "Livre Blanc pour la Paix" censé proposer des objectifs politiques s'appuyant sur les résolutions de l'ONU.
Organe de presse
Après plus de cinquante années d'existence (premier numéro en ) et de 500 numéros, la revue Combat pour la Paix change de nom et devient Planète Paix à partir de .
Personnalités membres
- Yves Farge, président jusqu'à sa mort en 1953
- Ilya Ehrenbourg
- Charles Tillon, Laurent Casanova, Maurice Kriegel-Valrimont, Raymond Guyot et André Souquière, responsables communistes ; Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Robert Chambeiron, Pierre Cot et Pierre Villon, parlementaires progressistes ; Ernest Petit, Yvonne Dumont, Henri Caillavet, André Armengaud, parlementaires ; Benoît Frachon et Louis Saillant, responsables syndicalistes CGT
- Frédéric Joliot-Curie et Eugénie Cotton, scientifiques ; Pablo Picasso, Serge Fiorio et Jean Effel, artistes
- Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Louis Aragon, Elsa Triolet, Hervé Bazin, Bernard Clavel, Vercors, Pierre Seghers, Maurice Druon, André Stil, Jean-Marie Domenach, Jean Cassou (tous deux seront exclus pour avoir refusé de dénoncer en Tito un « agent de l'impérialisme américain »[2]) et Michel Leiris, écrivains
- Yves Montand, Simone Signoret, Michel Piccoli, Pierre Mondy, Claude Piéplu, Bernard Blier, acteurs ; Francis Lemarque, Juliette Gréco, Jean Ferrat chanteurs
- Lucie Aubrac, Albert Lacaze, Jean Pierre-Bloch et Marie-Claude Vaillant-Couturier, résistants
- Abbé Jean Boulier, Pierre Debray
- Jacques Denis
- Pierre-Luc Séguillon
- Mathilde Filloz
- Daniel Cirera ; Jacques Le Dauphin ; Michel Langignon
- Daniel Durand, secrétaire national de 1994 à 2002
- Arielle Denis et Pierre Villard, coprésidents de 2002 à fin 2011.
- Pierre Villard président de à .
- Depuis 2012 la présidence est assurée par une coprésidence composée de Aurélien Amsellem, Elise Bourdier, Michel Dolot, Guillaume Du Souich, Pierre Flament, Nathalie Gauchet, Régine Minetti, Aurélie Royon, et Roland Nivet comme porte-parole.
Notes et références
- in. Un procès de Moscou à Paris, Seuil, Paris, 1971.
- Pierre Milza, Les mouvements pacifistes et les guerres froides depuis 1947, Publications de l'École Française de Rome, Année 1987, 95, p. 265-283.
- Laurent Piron, Le Mouvement de la Paix français, pacifisme militant et propagande communiste (1952-1975), Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Bobigny, 2007.
- Olivier Le Cour Grandmaison, « Le Mouvement de la paix pendant la guerre froide : le cas français (1948-1952) », Communisme, no 18-19, 1988, p. 120-138.
- Le Monde du 22 mars 1972 (lire en ligne).
- « Le Laser Mégajoule », sur www-lmj.cea.fr (consulté le )
- « Pétitions et soutiens », (consulté le )
- « Sous-marin et missiles nucléaires : Poutine face aux États-Unis et à l'Otan » (consulté le )
- « Satan 2, le missile nucléaire russe capable de détruire un pays de la taille de la France », sur directmatin.fr (consulté le )
- « Le Mouvement de la Paix condamne l’essai nucléaire nord-coréen et appelle à l’action pour un traité d’interdiction des armes nucléaires », sur mvtpaix.org (consulté le )
- « Site officiel, page « Contact » », sur mvtpaix.org (consulté le )
- « Tibet : Respect des droits de l’homme et négociations avec l’ensemble des parties », sur mvtpaix.org (consulté le )
- « Russie : Arrêtez les assassinats politiques », sur mvtpaix.org (consulté le )
- « Tunisie : à travers les assassinats politiques et l’exacerbation des violences c’est au caractère démocratique, citoyen et non violent de la révolution tunisienne qu’on s’attaque », sur mvtpaix.org (consulté le )
- « En Marche pour la Paix », sur mvtpaix.org,
Voir aussi
Bibliographie
- Olivier Le Cour Grandmaison, « Le Mouvement de la paix pendant la guerre froide : le cas français (1948-1952) », in. Revue Communisme, no 18-19, 1988, p. 120-138.
- Stéphane Courtois, « Le Mouvement de la paix », in. Jean François Sirinelli (dir.), Dictionnaire de la vie politique française au XXe siècle, PUF, Paris, 2005 (1re éd. 1995).
- Yves Santamaria, Le parti de l'ennemi ? : Le Parti communiste français dans la lutte pour la paix (1947-1958), Armand Colin, Paris, 2006, 373 p.
- Pierre Villard, Pour en finir avec l'arme nucléaire, La Dispute, Paris, 2011, 250 p.
- Henry A. Kissinger, « Les armes nucléaires et le mouvement de la paix », Commentaire, Commentaire SA, no 20, , p. 545-554 (DOI 10.3917/comm.020.0545)
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux organisations :
- Site officiel du Mouvement de la Paix
- Assises nationales pour la liberté et la paix, Paris, 27 et 28 novembre 1948
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