Conseil mondial de la paix
Le Conseil mondial de la paix est une organisation internationale qui a pour objectif la lutte pour la paix, le désarmement général et la promotion des droits fondamentaux contre toute forme d'impérialisme. Le Conseil, qui fut longtemps sous obédience communiste, est l'émanation des directions nationales des mouvements de la paix de tous les pays.
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Historique
L'entre-deux-guerres
Après la Première Guerre mondiale, diverses initiatives avaient donné lieu à des réunions internationale en faveur de la paix comme le Congrès démocratique international pour la Paix, notamment le sixième congrès organisé à Bierville en sur le thème « La Paix par la jeunesse »[1] et qui réunit 5 410 participants (majoritairement des jeunes) de 33 pays dont 59 % sont allemands et 31 % français, venant souvent d'organisations chrétiennes-sociales.
Le Congrès mondial des intellectuels pour la paix de Wroclaw (25 au 28 août 1948)
Dans le contexte de la guerre froide, une première initiative pacifiste prend son essor en France dans le giron du Parti communiste, suivie par quelques intellectuels « compagnons de route » et chrétiens de gauche[2]. L’initiative française est relayée par celles d'intellectuels d'Europe centrale, qui organisent après avoir reçu l'accord d'Andreï Jdanov, un Congrès des peuples pour la paix en Pologne à Wroclaw du 25 au [2].
Commandé par la peur grandissante de l’arme atomique et par la radicalisation du contexte de guerre froide entre les deux ex-alliés, ce rassemblement avait officiellement pour ambition de réunir les intellectuels des deux blocs dans « la lutte contre les forces bellicistes ».
L’initiative semble un succès quand se présente près de 500 délégués représentant une cinquantaine de pays, des personnalités et d’intellectuels de tous horizons[réf. nécessaire]. Cependant, la virulence et l’intransigeance des communistes soviétiques imposent un recentrage vers les thèses de Moscou. Les attaques de l’écrivain Alexandre Fadeïev, chef de la délégation soviétique, contre ses confrères occidentaux sont violentes ; Jean-Paul Sartre est traité de « hyène dactylographe »[3],[4]. Un manifeste est adopté en fin de congrès qui dénonce la responsabilité belliciste des puissances occidentales.
À l’été 1948, se trouve donc désormais en place le Bureau international de liaison des intellectuels pour la paix, issu du congrès de Wrocław, avec une orientation internationale et résultant déjà directement de l’action du Kominform[2].
Le Congrès mondial des partisans de la paix de Paris (1949)
Début 1949, le bureau politique du Parti communiste de l'Union soviétique adopte une directive prévoyant l’organisation d’un congrès[réf. nécessaire], afin de mobiliser les opinions sur la lutte pour la paix. Cet événement se tint à Paris et à Prague (problèmes de visas pour des membres soviétiques)[réf. nécessaire] du 20 au 25 avril 1949 et marque en quelque sorte la véritable naissance du Conseil mondial de la paix (CMP).
Popularisé par la « colombe de Picasso », le Conseil désigne le physicien communiste français Frédéric Joliot-Curie pour en exercer la présidence. Le CMP est soutenu par de nombreuses autres organisations d’obédience communiste, comme la Fédération syndicale mondiale, la Fédération démocratique internationale des femmes (d’Eugénie Cotton) ou la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique.
L'appel de Stockholm
Le , le Conseil mondial de la paix lance l'appel de Stockholm qui exige notamment « l'interdiction absolue de l’arme atomique ». Cette initiative est commandée par la peur de la guerre atomique, dans un contexte de guerre froide. La campagne remporte un franc succès populaire, recueillant, selon ses promoteurs, une dizaine de millions de signatures en France (dont celle du jeune Jacques Chirac), tandis que le Kominform annonce le chiffre (rocambolesque) de 560 millions de signatures en Europe. Le nombre disproportionné de signataires venait de pays socialistes. Pour l'historien Pierre Milza, ces chiffres sont « totalement incontrôlables et de toute évidence hautement fantaisistes »[2].
Le Congrès mondial des peuples pour la paix à Vienne (1952)
Organisé du 12 au 19 décembre 1952 par le CMP à Vienne, le IIIe Congrès des peuples pour la paix reflète la réorientation stratégique (voulue par Staline) de la coexistence pacifique, en proposant un congrès plus œcuménique, où sont invitées de nouvelles personnalités comme Sartre[5], Hervé Bazin…
De 1956 à nos jours
1956 marque le début de la déstalinisation et d'une nouvelle ère pour le Conseil mondial de la paix, qui s'efface peu à peu. Devenant plus autonome et moins politisé, le CMP engage ponctuellement des actions selon les événements internationaux : en faveur de la décolonisation, contre la guerre du Viêt Nam, pour le désarmement généralisé…
Liste des Congrès mondiaux de la paix
- Congrès mondial des intellectuels pour la paix, à Wroclaw, en 1948
- Congrès mondial des partisans de la paix, à Paris et Prague, en 1949
- Congrès mondial des partisans de la paix, à Londres et Varsovie, en 1950
- Congrès des peuples pour la paix, à Vienne, en 1952
- Congrès mondial pour le désarmement et la coopération internationale, à Stockholm, en 1958
- Congrès mondial pour le désarmement général et la paix, à Moscou, en 1962
- Congrès mondial pour la paix, l'indépendance nationale et le désarmement général, à Helsinki, en 1965
- Congrès mondial des forces pacifiques, à Moscou, en 1973
- Congrès mondial pour la paix, à Copenhague, en 1986
Présidents
- Frédéric Joliot-Curie (1950-1959) (Jean Laffitte, secrétaire général)
- John Desmond Bernal (1959-1965)
- Isabelle Blume (1965-1969)
- Romesh Chandra (en) (secrétaire général de 1966 à 1977, président de 1977 à 1990, président d'honneur ensuite)
- Evangelos Maheras (de) (1990-1993)
- Albertina Sisulu (1993-2002)
Fonctionnement actuel
Après avoir longtemps siégé à Helsinki, le Conseil mondial de la paix dispose depuis 2000 d'un nouveau siège à Athènes et collabore souvent avec l'ONU. Entre 1996 et 2000 lorsque le Mouvement de la paix français assumait le secrétariat exécutif, le siège a été transféré quelques années à Paris.
Ses actions les plus récentes ont concerné la guerre en Yougoslavie (années 1990) et la guerre d'Irak.
Le CMP a créé des prix internationaux de la paix, décernés depuis 1950 pour les meilleures productions artistiques concourant à consolider la paix entre les peuples.
Notes et références
- « La Paix par la jeunesse » : Marc Sangnier et la réconciliation franco-allemande, 1921-1939 - Olivier Prat, Histoire@Politique.
- Pierre Milza, Les mouvements pacifistes et les guerres froides depuis 1947, Publications de l'École Française de Rome, Année 1987, 95, pp. 265-283.
- Jean-Charles Gateau, Éluard, Picasso et la peinture : 1936-1952, Droz, 1983.
- Gérard Streiff, Jean Kanapa, 1921-1978 : une singulière histoire du PCF, L'Harmattan, 2001.
- Jean-Louis Jeannelle, Jean-Paul Sartre : Les mouches, Éditions Bréal, 1998 (ISBN 978-2-8429-1239-0), p. 14 [lire en ligne].
Voir aussi
Bibliographie
- Michel Pinault, « Le Conseil mondial de la paix dans la guerre froide », in Jean Vigreux et Serge Wolikow (dir.), Cultures communistes au XXe siècle : entre guerre et modernité, La Dispute, Paris, 2003, 316 pages. Voir aussi, du même auteur, la biographie de Frédéric Joliot-Curie, dans laquelle la genèse du Mouvement de la Paix et les premières années du Conseil mondial de la paix sont largement étudiées (Odile Jacob, Paris, 2000, 712 pages).
- Lilly Marcou, Le Kominform, Presses de Sciences Po, Paris, 1977.
Articles connexes
Liens externes
- (en) Site officiel.
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