Famille Chouan

La descendance de Pierre Cottereau dit Chouan et de Jeanne Moyné, son épouse, habitant la Closerie des Poiriers à Saint-Ouën-des-Toits en Mayenne, donna son surnom à la Chouannerie :

Pour les articles homonymes, voir Cottereau et Chouan (homonymie).

La famille appartenait à un milieu de marchands, de notaires et de prêtres, donc de notables. Le père savait d'ailleurs parfaitement écrire. Les enfants, petits fils de notaires ou de marchands, violents, querelleurs, sans instruction, rompus à toutes les fatigues ne sont guère disposés au travail régulier. Dans les actes de baptême de ses enfants, Pierre Cottereau (le père de Jean Cottereau) est désigné d'abord comme homme honorable. Sous la Monarchie, ce terme désignait un Bourgeois ou un Notable, propriétaire d'une terre. L'adjectif stipulait que le la personne était de "bonne naissance, honorable, considérable" . Sa mère est assimilée au Clergé.

Avertissement

Une grande partie des biographies sur Jean Chouan repose sur l'ouvrage de Jacques Duchemin des Cepeaux, œuvre rédigée en 1825, à la demande de Charles X, œuvre partisane et comportant de nombreuses affirmations, parfois non-fondées. L'histoire de Jean Chouan comporte donc une grande part de légende. Néanmoins, le rôle de Jean Chouan est incontestable et ne peut être sous-estimé.

Généalogie

Pierre Cottereau (1696 - Olivet 4/2/1768 x (Olivet - 12 janvier 1725) Jeanne Chauvin (13/8/1698 - après 1768)
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└──> Pierre Cottereau (Olivet 9/1/1732 - Saint-Ouen-des-Toits 16/9/1778 ) x (Olivet 3/8/1754) Jeanne Moiné (Saint-Ouen-des-Toits 28/11/1735 - Le Mans 13/12/1793) 
     │
     ├──> Pierre Cottereau (Brains-sur-les-Marches 30/9/1755 - Laval 11 juin 1794)
     ├──> Jean Cottereau (Saint-Berthevin-lès-Laval 30/10/1757 - Saint-Ouen-des-Toits 24 juillet 1794)
     ├──> François Cottereau (1760 - Olivet 3 janvier 1794)
     ├──> René Cottereau (Saint-Ouen-des-Toits 26/3/1764 - Saint-Ouen-des-Toits 18/4/1846)
     │    ├──> René Cottereau (1793-1857)
     │    ├──> Jeanne Cottereau (1795-1833)
     │    ├──> Louis Cottereau (1795-1796)
     │    ├──> Marie Cottereau (1798-1844)
     │    ├──> Pierre Cottereau (1800-1826)
     │    ├──> Jean Cottereau (1807-?)
     │    ├──> Dominique Cottereau (1808-1816)
     │    ├──> Julien Cottereau (1810-1865)
     │    ├──> Renée Cottereau (1811-1884)
     │    ├──> Lucie Cottereau (1813-1893)
     │    ├──> Angélique Cottereau (1814-1816)
     │    ├──> Étienne Cottereau (1815-1892)
     │    ├──> Jean Cottereau (1819-?)
     │    └──> Dominique Cottereau (1824-1879)
     ├──> Perrine Cottereau (17/10/1769-1794)
     ├──> Renée Cottereau (11/11/1776-1794)
     ├──> Marguerite Cottereau (1778-1778)
     └──> Marie Cottereau (1778-1794)

Marchand de sabots

Son aïeul[1], ainsi que son père Pierre Cottereau[2], étaient marchands de sabots, parcourant les forêts de la région, de celle du Pertre à la forêt de Concise. C'est ainsi que ses deux premiers fils naquirent, au cours d'un de ces voyages[3]. Pierre Cottereau avait épousé Jeanne Moyné, fille de Pierre Moyné, qui avait été licité, en 1751, par les enfants de Jean Anjuère, le lieu des Poiriers, savoir : maison et chambre, un closeau, la Noë du Four, la lande du Chemin. La moitié échut à Jeanne Moyné, qui, veuve en 1778, acheta l'autre moitié de Jean Lamy, tisserand à Olivet.

La Closerie des Poiriers

En 1760, Jeanne Moyné se sédentarise à la closerie des Poiriers, fermette située à mi-chemin entre le Bourgneuf-la-Forêt et Saint-Ouën-des-Toits, qu'elle a hérité de ses parents[4], ainsi que d'autres pièces de terre[5].

Contexte familial

Jean, le second de ses garçons, avait en outre deux sœurs, et leur mère resta chargée de ces six enfants. Il semble que Pierre Cottereau ait poursuivi ses activités de marchand car il ne manquait pas de signer les actes de baptême de ses enfants lorsqu'il était présent. Or, tous ne sont pas signés de sa main.

Dans les actes de baptême de ses enfants, Pierre Cottereau est désigné d'abord comme homme honorable, puis marchand sabottier[6], puis comme sabotier, puis comme closier, sans doute après qu'il est arrivé à la Closerie des Poiriers.

Situation

À cette époque, la lecture des registres paroissiaux, en particulier ceux de la paroisse d'Olivet, commune voisine de Saint-Ouën-des-Toits où se trouve la closerie des Poiriers[7], nous montre une région de grande misère. Dans de nombreux actes de naissance, on lit né sur la lande de parents journaliers[8] La misère des ouvriers des forges du Port-Brillet, possession du prince de Talmont, duc de la Trémoille, était telle qu'ils prirent le parti de la Révolution française, armèrent une Garde Nationale et devinrent d'ardents patriotes, tout comme ceux de La Brûlatte.

La famille

La famille appartenait à un milieu de marchands, de notaires et de prêtres, donc de notables. Le père savait d'ailleurs parfaitement écrire. Les enfants, petits fils de notaires ou de marchands[9], violents, querelleurs, sans instruction, rompus à toutes les fatigues ne sont guère disposés au travail régulier[10].

Sans doute les absences prolongées du père, privèrent-elles les enfants Cottereau d'autorité et d'instruction: leur mère ne savait pas écrire, fait commun à l'époque.

Le père décède en 1778 lorsque Jean Chouan était encore bien jeune. Pierre, l'aîné, se dit sabotier. Pour survivre, celui-ci ainsi que ses trois frères et même ses sœurs se livrèrent à la contrebande du sel, sur lequel pesait un lourd impôt dans ce pays de grande gabelle[11]. René, le plus jeune, est couvreur de maisons.

Le faux-saunage

La famille Cottereau travaillait souvent dans le bois de Misedon, voisin de sa demeure. Bien avant 1780, Jean Chouan est surpris, avec son frère René et d'autres, à boire de l'alcool en fraude de droits à Olivet. Ils excèdent de coups deux employés aux aides, Pierre Bériteau et Jean Guitton. Un chirurgien venu de Laval déclare que l'un d'eux est intransportable. Les frères Chouans et leurs complices sont condamnés à payer les médicaments et les aliments nécessaires au blessé qui a été transporté dans une auberge de Saint-Ouën-des-Toits.

D'une rare brutalité, les enfants Cottereau auront soin d'estropier à peu près tous leurs voisins, pour des motifs les plus futiles, et d'occasionner des procédures et des demandes de dédommagements ruineuses pour la famille.

Jean Chouan se livre au faux-saunage avec ses frères François et René. C'est ainsi qu'ils connaissent les recoins des forêts de la région, ce qui ne leur évita pas d'être arrêtés à plusieurs reprises.

Révolution française

Arrêté du 6 floréal an II : « La commission militaire révolutionnaire établie dans le département de la Mayenne a rendu le jugement suivant: « Vu les interrogatoires subis ce jour par Perrine Cottereau, âgée de dix-huit ans, et Renée Cottereau, sa sœur, de la commune de Saint-Ouen, prévenues d'avoir retiré des brigands, entretenu une correspondance qui ne respirait que le fanatisme et tendait au rétablissement des prêtres et de la royauté, et d'avoir servi les brigands dans leurs projets perfides: la commission militaire et révolutionnaire déclare Perrine Cottereau et Renée, sœurs des Cottereau dits Chouans, chefs de rassemblements de brigands, convaincues de leur avoir servi d'espions, de les avoir alimentés et approvisionnés, et enfin d'avoir endossé la cuirasse et participé à leurs massacres. Vu les procès-verbaux d'arrestation et les actes d'accusation, l'auditoire invité à parler pour ou contre les accusées; vu les conclusions de l'accusateur militaire; vu la loi du 4 décembre 1794 et la loi du 10 mars dernier: condamne Perrine Cottereau et Renée Cottereau à mort; ordonne qu'elles seront livrées au vengeur du peuple pour être mises à mort dans les vingt-quatre heures. » ».

La famille connaît un sort tragique pendant la Révolution française : François meurt après s'être blessé avec son fusil, à moins qu'il n'ait été tué par les forgerons de Port-Brillet.

Les deux sœurs Renée et Perrine, puis Pierre sont arrêtés, jugés par la Commission militaire révolutionnaire du département de la Mayenne et guillotinés. Seul survécut René, qui mourut en 1846.

Notes et références

  1. Pierre Cottereau, à son mariage, ne sait pas signer. En 1726, il est parrain à Olivet de ses nièces Perrine Lemercier et Marie Chauvin. Il ne signe toujours pas. Le 23 mai 1730 à Olivet, il est au mariage de Pierre Thébault et de Renée Lévesque et signe p... Cottereau. Les 3 points étant disposés en triangle. De même à la naissance de son fils Pierre le 19 janvier 1732. Le 30 mai 1738 il est parrain de Jean Fourmond et exerce le métier de sabottier dans le bois d'Olivet.
  2. lequel dans sa signeury de fraudeur est nommé Chouen, dit-on en 1781.
  3. Son fils aîné, Pierre Jean François Cottereau est d'ailleurs né très loin des Poiriers, à Brains-sur-les-Marches, en bordure de la forêt du Pertre
  4. décédés tous les deux en 1754
  5. Elle avait une sœur, Françoise, mariée avec Martin Duchemin et qui mourra en couches le .
  6. Voir : Acte de naissance de François Cottereau.
  7. En fait une humble masure au milieu de quelques arpents de terre qui permet au mieux d'élever une vache.
  8. Ce qui veut dire que les parents habitaient sur la lande dans des loges et qu'ils travaillaient à la journée, soit dans les domaines environnants, soit le plus souvent aux Forges de Port-Brillet qui à cette époque faisaient partie de la paroisse d'Olivet.
  9. Marie Le Bourdais, fille de notaire, était la femme de Alexis Ollivier, aussi fils de notaire. Elle achetait à peu près tout ce qui était à vendre dans sa paroisse. Son fils, l'abbé Alexis Ollivier, protecteur de Jean Chouan était propriétaire de plusieurs métairies sur Olivet et le Genest. Son frère, Jean Le Bourdais, parrain de Pierre Cottereau était marchand tissier. Du côté de la mère de Jean Chouan (Jeanne Moyné), on trouve un Pierre Anjuère, prêtre curé de Saint-Pierre-la-Cour, ainsi qu'un Nicolas Moyné, prêtre curé de La Croixille, lequel avait de nombreuses terres sur sa paroisse et celle de Bourgon, dont certaines étaient louées à Julien Pinçon et Pierre Huet, chouans notoires.
  10. Ernest Laurain, Chouans et contre-chouans, p. 30
  11. En Bretagne, pays de franchise, le sel se vendait 2 à 3 livres le minot (un peu moins de 50 kg) ; le Bas-Maine, limitrophe de la Bretagne, mais pays de grande gabelle, devait le payer 60 livres, soit 20 fois plus cher.

Source

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