Fernande Olivier

Fernande Olivier, de son vrai nom Amélie Lang, née le dans le 6e arrondissement de Paris, et morte le à Neuilly-sur-Seine[1], a été la compagne et le modèle de Pablo Picasso entre 1904 et 1909[2] ainsi qu'une artiste peintre, surtout active dans les années 1930.

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Fernande Olivier
Naissance
Décès
Nom de naissance
Amélie Lang
Nationalité
Activité

Biographie

Confiée très jeune à son oncle faible et à sa tante peu tendre qui la terrifie, elle est une bonne élève, intelligente qui aime beaucoup apprendre, écrire et lire. Elle fuit le carcan familial pour épouser très jeune un homme violent qu'elle quitte. Elle se lie à un jeune sculpteur, Laurent Debienne, qui l'héberge au Bateau-lavoir. Elle pose pour lui et d'autres artistes, comme Henner, Ricard Canals, Carolus-Duran, Boldini ou encore Othon Friesz.

Fernande Olivier et Picasso

En 1904 Picasso, vient de s'installer au Bateau-lavoir. Il est dépressif, il a perdu son ami Carlos Casagemas. Fernande est modèle professionnelle au Bateau-Lavoir et y fréquente les artistes de la butte Montmartre dont Picasso[3]. Elle cède finalement, vient habiter chez lui et lui redonne le goût de vivre. Commence alors la période rose de Picasso, Fernande lui inspire de nombreuses œuvres jusqu'à sa période cubiste. Les œuvres les plus remarquables représentant Fernande Olivier sont les sculptures cubistes de Picasso de bustes féminins, réalisées entre 1907 et 1909. Il est admis qu'elle a posé pour l'une des Demoiselles d'Avignon[2]. Début 1907 le maître réalisera la tête primivitisé de Fernande avec le fameux masque fang Vlaminck faisant ainsi d'elle une véritable icône du primitivisme du XXe siècle. Picasso est jaloux, l'enferme dans l'atelier lorsqu'il sort et lui interdit de poser pour d'autres artistes. En 1909, la meilleure situation financière de Picasso lui permet de louer un grand appartement et un atelier au 11 du boulevard de Clichy. Mais leurs relations finissent par se tendre, Picasso a une liaison avec Eva Gouel et Fernande le quitte en 1912.

Petits métiers

Les années qui suivent sa séparation avec Picasso sont difficiles. Elle multiplie les petits emplois, garde le fils de Pierre Hodé lorsque celui-ci est mobilisé en 1917-1918, travaille pour Paul Poiret, récite des vers au Lapin agile, est employée par un antiquaire, puis par un galeriste, etc.[4]. Elle partage un moment la vie du peintre italien Ubaldo Oppi puis celle du comédien, Roger Karl. Par la suite elle vit seule, dans le dénuement, écrit deux livres de souvenirs. Picasso lui vient en aide à la fin des années 1950.

Décès et postérité

Fernande Olivier meurt le . Son filleul et héritier, le peintre charentais Gilbert Krill, fait transférer sa dépouille au cimetière de Cognac, où a été créée, en 2011, l’association « La Belle Fernande » qui gère ses archives et ses œuvres[5].

Mention littéraire

Paul Léautaud évoque Fernande Olivier dans son Journal et Gertrude Stein dans son livre Autobiographie d'Alice Toklas.

Dans son Journal littéraire du , Paul Léautaud évoque sa rencontre avec Fernande Olivier

« Elle m’a parlé de Picasso. Garde un excellent souvenir de lui. Est atteinte quand on dit devant elle du mal de lui, ou qu’on dit qu’il est malade. Il a été très bon pour elle, bien qu’il la trompât. Un vrai père. Même les jours qu’il n’avait pas de quoi manger, il trouvait le moyen de lui apporter une gentillesse, un flacon de parfum, par exemple, de trois francs, c’est entendu, mais enfin une gentillesse. Elle était jeune, pas d’expérience de la vie, elle a pris les choses au tragique, elle est partie, avec onze francs dans sa poche, abandonnant tout, même ce qui lui appartenait. Une folie ! Elle serait aujourd’hui Mme Picasso, riche, tranquille, la vie assurée. »

 Journal littéraire (1931), Paul Léautaud[6].

Publications

  • Neuf ans chez Picasso : I Picasso et ses amis ; II : La naissance du cubisme ; III : L'Atelier du boulevard de Clichy, articles parus les , et dans Le Mercure de France[7].
  • Souvenirs intimes, écrits pour Picasso, édition posthume de son journal, Éditions Calmann-Lévy, 1988

Notes et références

  1. Archives de Paris 6e, acte de naissance no 1405, année 1881 (page 15/31) (avec mention marginale de décès)
  2. Marie-Laure Bernadac et Androula Michael, Picasso. Propos sur l'art, éditions Gallimard, coll. « Art et artistes », 1998, pp. 60-61, (ISBN 2-07-074698-4).
  3. Brigitte Léal, Dictionnaire du cubisme, dl 2018 (ISBN 978-2-221-21991-1 et 2-221-21991-0, OCLC 1057365695), p. 546
  4. Franck 1998, p. 192.
  5. https://assoce.fr/waldec/W162001302/LA-BELLE-FERNANDE
  6. Rapports entre Fernande Olivier et Paul Léautaud, leautaud.com, consulté septembre 2021
  7. « Fernande Olivier (1881-1966) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Picasso et ses amis, préface de Paul Léautaud, première édition chez Stock en 1933
  • Jean Bouret, Sept jours avec la peinture, in Les Lettres françaises no 1118 du 10 au , p. 32
  • Dan Franck, Bohèmes. Les aventuriers de l’Art moderne (1900-1930), Éditions Calmann-Lévy Livre de poche, , 637 p., p. 97-104, 132-145, 193.
  • (en) Jonathan Jones, « Head of a Woman (Fernande), Picasso (1909) », The Guardian, (lire en ligne).
  • Une série de bande dessinée, intitulée Pablo, de Julie Birmant et Clément Oubrerie, retrace la vie de Pablo Picasso à Montmartre. Tome 1 : Max Jacob, Dargaud, (ISBN 978-22-0506-9365) ; tome 2 : Apollinaire, Dargaud, (ISBN 978-22-0507-0170) ; tome 3 : Matisse, Dargaud, (ISBN 978-22-0507-0187) ; tome 4 : Picasso, Dargaud, 2014 (ISBN 978-22-0507-1160). Ces volumes prennent Fernande Olivier pour narratrice.
  • Amy Licence, Bohemian Lives, three extraordinary women, Ida Nettleship, Sophie Brzeska and Fernande Olivier, éditions Amberley Publishing, 2017
  • Picasso amoureux, Frédéric Ferney paru aux Éditions Rabelais.

Liens externes

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