Château d'Aguilar
Le château d'Aguilar (Aguilar en occitan) est un château dit « cathare », situé à environ deux kilomètres à l'est du village de Tuchan, dans le département de l'Aude. C'est un château datant probablement du XIIe siècle dont la construction continue durant les XIIIe et XIVe siècles. Château féodal aux mains de la famille de Termes, il devient au XIIIe siècle une forteresse royale.
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Château d'Aguilar | |
Vue du sud. | |
Période ou style | Médiéval |
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Type | Château fort |
Début construction | XIIe siècle |
Protection | Classé MH (1949) |
Coordonnées | 42° 53′ 26″ nord, 2° 44′ 49″ est |
Pays | France |
Région | Occitanie |
Département | Aude |
Commune | Tuchan |
Historique
Possession de la famille des comtes de Carcassonne en 1004, le site d'Aguilar est cédé vers 1010 avec le Peyrepertusès au comte de Besalù. Dans son testament daté de 1021, le comte de Besalù, Bernat Taillefer, qualifie Aguilar de « pech » (montagne) à la limite des comtés de Narbonne et Roussillon. On ignore si à cette date Aguilar était un lieu habité et si une fortification y existait car la première mention du château remonte à 1240.
À une date inconnue, peut-être vers la fin du XIe siècle, Aguilar entre dans le patrimoine des seigneurs de Termes. Olivier de Termes, dépossédé par le roi de son château de Termes en 1228, fait d'Aguilar sa résidence principale. C’est probablement à lui que l’on doit la construction de la partie centrale du château et le développement du village fortifié qui flanquait le château au sud.
Pendant l’été 1240, le château d’Aguilar sert de point de rassemblement aux chevaliers qui se rallient à la révolte du vicomte Trencavel avant de faire le siège de Carcassonne. Après l’échec de cette révolte, Olivier de Termes se soumet au roi. En , il remet son second château, celui d’Aguilar, et le Termenès à Louis IX. Le château devient une forteresse royale, dirigée par un châtelain dont le premier est cité en 1246. Cependant dix ans plus tard, saint Louis rend Aguilar (et la plus grande partie du Termenès) à Olivier, en raison de son bon comportement en Terre Sainte. Soucieux de concourir à la défense du royaume de Franc, Olivier projette, dans son testament de 1257, de léguer le château au roi. Mais il finit par le vendre à saint Louis, lors d’un séjour à Paris en . En 1258, le château est défendu par douze gardes[1].
Six mois après, le châtelain royal Peire de Mirepoix prend possession de la forteresse. Aguilar constitue, à partir de cette date et jusqu’au traité des Pyrénées (1659), l’une des forteresses frontières défendant la France face aux royaumes hispaniques. Pour cette raison, le château est alors renforcé entre le milieu du XIIIe et le début du XIVe siècle par une seconde enceinte munie de tous les perfectionnements techniques de l’époque. Cette seconde enceinte est en partie construite sur le village fortifié qui disparaît dans le courant du XIVe siècle. En 1272, des textes nous apprennent que le château est pourvu de six arbalètes et de trois cent carreaux[2].
Malgré des défenses améliorées, la faiblesse de la garnison rend le château particulièrement vulnérable. En 1387, une compagnie de trois cents routiers s’en empare de nuit avec leurs échelles. De là, les routiers rançonnent les marchands catalans. Mais ils sont battus par une armée envoyée par le roi d’Aragon. En 1525, le château est conquis par Charles Quint. En 1542, après l’échec du siège de Perpignan, le château, dans lequel s’est retirée une partie de l’armée française, est attaqué par les Espagnols. L’année suivante, une garnison d’Allemands à la solde de Charles Quint s’en empare. Le château est restitué au roi de France l’année suivante, en 1544, après la signature de la paix entre François Ier et Charles Quint. Une garnison royale occupe les lieux jusqu'à la signature du traité des Pyrénées. Ensuite, le château tombe peu à peu en ruines jusqu'à son classement comme monument historique le [3]. En 1999, il sert de décor à la série télévisée Tramontane.
Aguilar fait partie des « Cinq Fils de Carcassonne » avec les châteaux de Quéribus, Puilaurens, Termes et Peyrepertuse, tous situés au sommet de pitons rocheux réputés « imprenables ».
Les ruines du château d'Aguilar et leurs abords sont inscrits au titre des sites naturels depuis 1946[4].
Description
Le château est situé sur une colline de 96 mètres de hauteur surplombant la plaine de Tuchan. Il est composé de deux enceintes séparées par des lices. Les bâtiments regroupés au centre de la deuxième enceinte sont tous pratiquement détruits. L'enceinte extérieure, construite par les ingénieurs royaux entre 1262 et le début du XIVe siècle, est composée de six tours semi-circulaires. L'enceinte intérieure, correspondant au château féodal des seigneurs de Termes, abrite un corps de logis et une citerne. À une époque tardive cette enceinte a été flanquée par une tour rectangulaire. Sur le versant sud subsistent, en avant de l'entrée principale du château, la chapelle Sainte-Anne, et quelques vestiges de l'enceinte qui protégeait le village. À noter que le château était dépourvu de donjon[5].
- Le Mont Tauch en arrière plan.
- Vue de l'ouest.
- Travaux en janvier 2021.
- Voûte (accès à un sous-sol).
- Meurtrière, voûte en plein cintre.
- Vue à partir du bas de la colline.
- Muraille.
- Reste de tour.
Notes et références
- Mengus 2021, p. 167.
- Mengus 2021, p. 185.
- « Notice n°PA00102913 », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Ruines du château d'Aguilar et leurs abords (Tuchan) ».
- Nicolas Mengus, Châteaux forts au Moyen Âge, Rennes, Éditions Ouest-France, , 283 p. (ISBN 978-2-7373-8461-5), p. 109.
Annexes
Bibliographie
Par ordre chronologique de publication :
- Henri-Paul Eydoux, « Châteaux des pays de l'Aude », dans Congrès archéologique de France. 131e session. Pays de l'Aude. 1973, Société française d'archéologie, Paris, 1973, p. 186-190.
- Sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Le guide du patrimoine Languedoc Roussillon, Hachette, Paris, 1996, p. 113, (ISBN 978-2-01-242333-6).
- Gauthier Langlois, Olivier de Termes : le cathare et le croisé (vers 1200-1274), Toulouse, éditions Privat, , 288 p. (ISBN 2-7089-7520-X).
- Gauthier Langlois, « Tuchan : le château d'Aguilar », dans Francis Poudou et Gauthier Langlois (dir.), Canton de Tuchan et communauté de communes des Hautes-Corbières : Cucugnan, Duilhac-sous-Peyrepertuse, Maisons, Montgaillard, Padern, Palairac, Paziols, Rouffiac-des-Corbières, Tuchan, Narbonne, fédération audoise Léo-Lagrange, coll. « Vilatges al País » (no 9), (ISBN 2-9508178-8-2), p. 327-336.
- Philippe Térès, « Le castrum d’Aguilar à Tuchan (Aude). Une communauté oubliée à l’ombre de la forteresse royale », sur persee.fr, Archéologie du Midi médiéval, juillet-août 2005-2006 (ISSN 1969-1815), p. 395-436.
- Guilhem Baro, Georges-Édouard Pous et Philippe Térès, Le Château d'Aguilar : guide du visiteur, Carcassonne, centre d'archéologie médiévale du Languedoc, , 32 p..
- Gauthier Langlois et Charles Peytavie, « Châteaux en Pays cathare », Archéothéma, no 23, .
- Lucien Bayrou, Languedoc-Roussillon gothique : l’architecture militaire de Carcassonne à Perpignan, Paris, Picard, , 288 p. (ISBN 978-2708409576, présentation en ligne), p. 115-118.
- Lucien Bayrou, « Reconstruction et réaménagements des châteaux devenus royaux dans les Corbières après le traité de Corbeil (XIIIe – XIVe siècles) », dans Patrimoines du Sud, 2019, no 10 (lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative à l'architecture :
- Vidéo du château (3 min 49 s) sur youtube.com.
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