Fouga CM.8.R.13 Sylphe

Le Fouga CM.8.R.13 Cyclone (renommé Sylphe en 1950) est un planeur à réaction conçu par le département aviation des Établissements Fouga & C^ie en association avec Turboméca. C'est le premier avion à réaction 100% français (cellule et réacteur).

Motorisation
CM.8.R.13 Cyclone/Sylphe

Constructeur aéronautique	Fouga
Type	planeur à réaction
Premier vol	14 juillet 1949
Nombre construit	6
Moteur	Turbomeca Piméné
Dimensions
Envergure	13 m
Longueur	6,6 m
Hauteur	7,78 m
Surface alaire	13 m²
Nombre de places	1
Performances
Décollage	250/300[1] m

Le Sylphe inaugure une période de collaboration fructueuse entre les bureaux d'études Fouga (Mauboussin, Castello, Henrat) et Turboméca (Szydlowski)[2] qui aboutit au Fouga Magister en 1952.

Historique

Contexte

Après-guerre, le secteur aéronautique exploration les possibilités des turboréacteurs. Alors que les motoristes se lance dans une course à la puissance, Joseph Szydlowski, président de Turboméca, à Bordes, se spécialise dans les turbines de faible puissance.

Du côté des E^ts Fouga, après la résiliation de la commande du planeur cargo CM.10, le département aviation (dirigé par Pierre Mauboussin) se consacre à des planeurs d'acrobatie CM.8.13 et de performance CM.8.15.

Conception et développement

Le Cyclone naît de la rencontre entre Pierre Mauboussin et Joseph Szydlowki vers 1948[3]^,[N 1]. Le premier recherche un réacteur pour affranchir ses planeurs des servitudes du treuil ou du remorquage[4]. Le deuxième a créé un turbopropulseur[N 2] TT782 « Orédon ». Szydlowki propose dans un premier temps le TT782 avant de se laisser convaincre par Mauboussin de la pertinence du turboréacteur[4].

D'un côté Szydlowski se lance dans l'adaptation de la turbine TT782 en un turboréacteur pour donner le TT-011. De l'autre côté, les ingénieurs Mauboussin, Castello et Henrat décident de reprendre la cellule du CM.8.13 et positionnent le réacteur au dessus du fuselage[2]. Pour dégager la zone de souffle du réacteur, l'empennage cruciforme du CM.8.13 est abandonné au profit de l'empennage en V du CM.8.15[4].

Essais en vol

Le 14 juillet 1949, Léon Bourrieau, chef pilote des Établissements Fouga & C^ie prend en main progressivement l'appareil en commençant par tester ses qualités de planeur, réacteur éteint : le premier vol est un lancer au treuil, Le deuxième est un largage à 1 000 m[5]. Le troisième vol en fin de journée, d'une durée de 10 minutes, permet confirmer les qualités de la cellule et du réacteur. Il s'agit du premier vol d'un appareil léger à réaction du monde[6], et premier avion à réaction 100% français[N 3].

Exploitation

Le prototype a été exposé au salon de juin 1949 où il suscite une grande curiosité[8].

Du 13 au 15 janvier 1950[9], Fred Nicole rencontre un grand succès en présentant le Cyclone au meeting All American Air Maneuvers à Miami accompagné de Marcel Doret[10]. La même année, le Cyclone est renommé en Sylphe à la demande de Curtiss-Wright qui produisaient un moteur du même nom[11].

« 13 janvier, première journée : gros succès — 14 janvier, deuxième journée : mieux encore. — 15 janvier, meeting terminé, Nicolle et Fouga-Cyclone : gros succès — Marcel Doret »[9]

— Télégramme cité par Les Ailes

En décembre 1951, Marcel Doret présente le Sylphe à Mexico dans le cadre d'une exposition technique française[12].

Ne correspondant pas aux canons établis, le Sylphe est proposé comme motoplaneur, planeur pour le vol d'ondes, entrainement à l'aviation à réaction ou encore aviation de tourisme à réaction[13]. Seuls quatre exemplaires du Sylphe III ont été commandés par le service de l'aviation légère et sportive (SALS)[14]).

Le Cyclone/Sylphe est en revanche une réussite exceptionnelle en tant que démonstrateur des nouvelles possibilités offertes par l'aviation légère à réaction[13] et pour les turbines Turboméca[15].

Versions

Caractéristiques
Nom	Cyclone (Sylphe I)[16]	Sylphe II[13]	Sylphe III[16]
1er vol	14 juillet 1949		2 janvier 1952[17]
Réacteur	TR-011	Piméné	Piméné
Puissance	90 kgp[5]	110 kgp	120 kgp
Masse à vide	324 kg		385 kg
Masse totale	485 kg	525 kg	545 kg
Vitesse	260 km/h	260 km/h	260 km/h
Plafond	10.000 m	8.300 m	11.200 m
Rayon d'action	175 km	230 km	400 km

Notes et références

Notes

Selon les sources tantôt c'est Mauboussin qui démarche Szydlowski pour obtenir un réacteur de faible puissance ; tantôt c'est Szydlowski qui démarche Mauboussin pour mettre au point son turbopropulseur TT782 « Orédon »
donc à hélice
Le SO.6000 Triton (1^er avion à réaction français en 1946) était équipé d'un réacteur allemand ; l'Ouragan de Dassault (1^er vol en février 1949) d'un réacteur Rolls-Royce Nene construit sous licence par Hispano-Suiza[7].

Références

« Le Turboméca Piméné », Les Ailes,‎ 26 août 1950 (lire en ligne)
Frachet 1949
Roland de Narbonne, « Le Département "Aviation" des établissements Fouga : I. Son Histoire, ses réalisations », Les Ailes, n^o 1572,‎ du 17 mars 1956 (lire en ligne)
Jacques Nœtinger, Histoire de l'aéronautique française : L'épopée 1940-1960, Éditions France-Empire, 1979, 342 p., p. 97 (récit n°11)
Marie 1949
Jacques Nœtinger, « Pierre Mauboussin : innovateur à l'influence prédominante, trop modeste et oublié », Pionniers : Revue aéronautique,‎ janvier 1985, p. 3-12
Luc Berger, « Dassault et les débuts de l'aviation à réaction Ouragan et Mystère », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 238, n^o 2,‎ 2010, p. 97 (ISSN 0984-2292 et 2101-0137, DOI 10.3917/gmcc.238.0097, lire en ligne, consulté le 18 août 2021)
« Visite au XVIIIe salon : Chez Fouga », Les Ailes,‎ 14 mai 1949, p. 13-14 (lire en ligne)
« Le Fouga-"Cyclone" au meeting de Miami », Les Ailes,‎ 21 janvier (lire en ligne)
Guy Michelet, « En rase motte : deux bons ambassadeurs », Les Ailes,‎ 11 mars 1950 (lire en ligne)
« Notules techniques », Les Ailes,‎ 27 mai 1950 (lire en ligne)
« À Mexico, Marcel Doret présente le "Sylphe" », Les Ailes,‎ 15 décembre 1951 (lire en ligne)
Frachet 1950
« Notules techniques », Les Ailes,‎ 27 mars 1954 (lire en ligne)
Guy Decôme, Comité pour l'histoire de l'aéronautique, « Appendice 5 - Sur la société Turboméca », dans Un demi-siècle d'aéronautique en France : Les Moteurs, Centre des hautes études de l’armement Histoire de l’armement, 2005 (lire en ligne), p. 119-120.
Jacques Gambu, « Fouga "Magister" : Description de Jacques Gambu », Aviation Magazine,‎ 15 octobre 1953 (lire en ligne)
« Techniques nouvelles », Aviation magazine,‎ 15 février 1952 (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

Pierre Marie, « Le premier Vol du Fouga-Cyclone », Les Ailes,‎ 30 juillet 1949 (lire en ligne)
André Frachet, « Le Fouga C.M.-8.R "Cyclone" », Les Ailes,‎ 12 novembre 1949 (lire en ligne)
André Frachet, « Du Fouga-"Sylphe" au "Cyclope" », Les Ailes,‎ 5 novembre 1950 (lire en ligne)
Jacques Nœtinger, « J'ai essayé le Fouga Cyclone », Aviation magazine,‎ 15 mai 1950 (lire en ligne)

Liens externes

« Galerie photo », sur Planeurs et avions : du Dewoitine D.520 au Fouga Magister CM.170, mai 2000
« FOUGA CM8 R13 - Cyclone (puis Sylphe) », sur minijets.org
« Fouga CM8 R13 - Sylphe II », sur minijets.org
« Fouga CM8 R13 - Sylphe III », sur minijets.org
[vidéo] minijets.org, Fouga CM 8 R13 Sylphe III sur YouTube

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[4] Selon les sources tantôt c'est Mauboussin qui démarche Szydlowski pour obtenir un réacteur de faible puissance ; tantôt c'est Szydlowski qui démarche Mauboussin pour mettre au point son turbopropulseur TT782 « Orédon »

[6] à hélice

[10] Le SO.6000 Triton (1^er avion à réaction français en 1946) était équipé d'un réacteur allemand ; l'Ouragan de Dassault (1^er vol en février 1949) d'un réacteur Rolls-Royce Nene construit sous licence par Hispano-Suiza[7].

[1] « Le Turboméca Piméné », Les Ailes,‎ 26 août 1950 (lire en ligne)

[:5-2] Frachet 1949

[3] Roland de Narbonne, « Le Département "Aviation" des établissements Fouga : I. Son Histoire, ses réalisations », Les Ailes, n^o 1572,‎ du 17 mars 1956 (lire en ligne)

[:1-5] Jacques Nœtinger, Histoire de l'aéronautique française : L'épopée 1940-1960, Éditions France-Empire, 1979, 342 p., p. 97 (récit n°11)

[:0-7] Marie 1949

[:12-8] Jacques Nœtinger, « Pierre Mauboussin : innovateur à l'influence prédominante, trop modeste et oublié », Pionniers : Revue aéronautique,‎ janvier 1985, p. 3-12

[9] Luc Berger, « Dassault et les débuts de l'aviation à réaction Ouragan et Mystère », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 238, n^o 2,‎ 2010, p. 97 (ISSN 0984-2292 et 2101-0137, DOI 10.3917/gmcc.238.0097, lire en ligne, consulté le 18 août 2021)

[11] « Visite au XVIIIe salon : Chez Fouga », Les Ailes,‎ 14 mai 1949, p. 13-14 (lire en ligne)

[:3-12] « Le Fouga-"Cyclone" au meeting de Miami », Les Ailes,‎ 21 janvier (lire en ligne)

[13] Guy Michelet, « En rase motte : deux bons ambassadeurs », Les Ailes,‎ 11 mars 1950 (lire en ligne)

[14] « Notules techniques », Les Ailes,‎ 27 mai 1950 (lire en ligne)

[15] « À Mexico, Marcel Doret présente le "Sylphe" », Les Ailes,‎ 15 décembre 1951 (lire en ligne)

[:4-16] Frachet 1950

[17] « Notules techniques », Les Ailes,‎ 27 mars 1954 (lire en ligne)

[18] Guy Decôme, Comité pour l'histoire de l'aéronautique, « Appendice 5 - Sur la société Turboméca », dans Un demi-siècle d'aéronautique en France : Les Moteurs, Centre des hautes études de l’armement Histoire de l’armement, 2005 (lire en ligne), p. 119-120.

[:2-19] Jacques Gambu, « Fouga "Magister" : Description de Jacques Gambu », Aviation Magazine,‎ 15 octobre 1953 (lire en ligne)

[20] « Techniques nouvelles », Aviation magazine,‎ 15 février 1952 (lire en ligne)