François-Auguste Fauveau de Frénilly
François-Auguste, baron Fauveau de Frénilly, né à Paris le et mort à Gratz (Autriche) le , est un poète, mémorialiste et pair de France.
Pour les articles homonymes, voir Fauveau.
Pair de France | |
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Député de la Loire-Atlantique | |
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Conseiller d'État |
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(à 79 ans) Graz |
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Biographie
Révolution et Empire
Fils du Frédéric-Auguste Fauveau de Frénilly[N 1] et de Charlotte-Pauline-Victoire Chastelain, sa famille, de vieille noblesse, est liée avec tous « les beaux esprits » du temps, et, à l'âge de neuf ans, il est présenté à Voltaire. Il fait des études de droit à Reims, où il soutient sa thèse avec succès[2].
Il ne quitte pas la France pendant la Révolution française, défend les Tuileries, le , dans le bataillon royaliste de la garde nationale des Filles-Saint-Thomas[N 2],[N 3], se retire en province pendant la Terreur, et revient à Paris après le 9 thermidor an II (), pour recueillir les débris d'une fortune considérable.
Il se marie en 1800 avec Alexandrine Mullon de Saint Preux, veuve d'Eugène Claude Préaudeau de Chemilly, avec laquelle il réside à Paris, où il tient salon[4] :
« Quelle était cette société dont nous prenions possession, ou qui prenait possession de nous d’une manière si aimable ? Elle était quasi tout intime ; les familles qui la composaient étaient parentes, alliées, amies entre elles, et toutes devenaient facilement solidaires de l’amitié contractée avec une d’elles. C’était le colombier du faubourg Saint-Honoré où les nids se touchaient, et certainement alors la plus agréable ville de province qu’on pût imaginer »
— François-Auguste de Frénilly[4].
Il retrouve bientôt les survivants de la société littéraire, un moment dispersée, et se lie particulièrement avec la célèbre comtesse d'Houdetot, qui essaie de reformer « un salon ». En même temps, Frénilly s'occupe d'agriculture dans le château et domaine de Bourneville (commune de Marolles, Oise), qu'il tient de son épouse[5] ; il y développe l'un des trois premiers troupeaux de moutons mérinos[N 4] importés d’Espagne sous l'intendance de Daniel-Charles Trudaine : un autre de ces troupeaux est donné à Daubenton, à Montbard, et le troisième au comte de Barbançois, en Berry ; Frénilly vit ainsi pendant la durée de l'Empire (auquel il s'oppose), et, aux Cent-Jours, se rend en Angleterre, où il publie en 1815 une brochure qui a du retentissement : Considérations sur une année de l'histoire de France[6].
Restauration française
À la seconde Restauration, des souvenirs de famille et une certaine communauté de vues valent à Frénilly l'intimité du comte d'Artois. Au lendemain des Cent-Jours, et de concert avec le docteur John Stoddart (en), directeur du Times, Frénilly fonde Le Correspondant[N 5], revue anglo-française peu après remplacée par la revue exclusivement française Le Conservateur (1818-1820, remplacé par Le Défenseur qui ne connaît cependant pas le même succès), qu'il crée avec Montmorency, Vitrolles, Chateaubriand, de Bonald et Lamennais[N 6]. Sur l'initiative de Chateaubriand, à la suite de l’assassinat du duc de Berry et de la menace du rétablissement de la censure, le Conservateur — qui réunit Bonald, Lamennais et Frénilly[7] — disparaît en plein succès lors de la chute du ministère Decazes ().
Le , après avoir tenté sa chance dans l’Oise[8], Frénilly est choisi comme candidat à la députation par les royalistes du 4e arrondissement électoral de la Loire-Inférieure[N 7] (Savenay), et est élu député contre Huet de Coëtlisan[N 8]. Réélu[N 9], le . Il siége à droite, et est un des fermes soutiens du ministère Villèle. Membre de la commission de l'adresse en 1822, il est chargé, avec de Bonald, de sa rédaction ; rapporteur du budget en 1824, il lutte pour faire reconnaître à la Chambre des députés le droit d'initiative dans le vote des crédits. Nommé conseiller d'État en , il est encore membre de la commission du budget en 1825[9], et, en 1826, membre de la commission de l'adresse qu'il rédige avec le comte de Vaublanc. Cette même année, un discours sur les affaires de Saint-Domingue lui vaut les félicitations personnelles de Charles X.
À la Chambre, Frénilly et Humbert de Sesmaisons font partie d’une Bannière, cellule de la société secrète des Chevaliers de la Foi, créée afin de hâter la chute de Napoléon Ier[10].
Appelé à la Chambre des pairs le [9], Frénilly se range dans l'opposition royaliste contre le ministère Martignac, et attaque le cabinet, dans la séance du , lors de la discussion de la nouvelle loi électorale.
Peu après il est placé dans la non-activité du conseil d'État, et y est inutilement rappelé à l'activité, deux ans plus tard, dans les fameuses ordonnances de . Il est inquiété un moment à cette occasion ; puis il se retire en Autriche près du roi exilé, et y reprend avec ardeur les études historiques et littéraires dont la politique active l'a un peu détourné ; il assemble alors des matériaux considérables pour une Histoire parlementaire d'Angleterre, restée inachevée.
De son mariage avec Alexandrine de Saint-Preulx, il laisse un fils, marié en Autriche et mort sans postérité, et une fille qui épouse Camille de Rarécourt de La Vallée, marquis de Pimodan, gentilhomme de la chambre de Charles X.
Il serait l'inventeur du mot « individualisme ». Élu député de Loire-Inférieure de 1823 à 1827, il s'exprime sur les questions de finances et de liberté de la presse. Il publie également des poésies et une traduction de L'Arioste.
Le roi Louis XVIII le surnomme « Monsieur de Frénésie », en réponse à son trait d’esprit grinçant : « le roi n’a tiré de l’Ancien Régime que les quatre compagnies de mousquetaires[5] ».
Œuvres
Outre divers opuscules politiques, on a de lui des poésies et une traduction en vers de L'Arioste (Paris, 1833).
Ses mémoires ont été publiées : Mémoires, 1768-1828 : souvenirs d'un ultra-royaliste / Baron de Frénilly ; introd. et notes de Frédéric d'Agay (L'Histoire en mémoires, Paris : Perrin, 1987, 486 p.).
Liste établie d'après le Catalogue collectif des bibliothèques de France
- Poésies. Paris Paris, Nicolle, Le Normant et Desenne, 1807, 230 pp., in-8° ;
- Fin du poème de la Révolution Française, Paris : Delaunay , 1814 ;
- Considérations sur une année de l'histoire de France. Par M. de F., À Londres, A. B. Dulau, 1815 In-8°, VIII-168 pp. Réédité en 1815 à Paris, chez Chaumerot jeune ;
- Des Assemblées Représentatives, Par l'auteur des Considérations sur une année de l'histoire de France. À Paris, L. G. Michaud, 1816. In-8°, 272 pp. ;
- Mémoire historique sur Fouché de Nantes, maintenant duc d'Otrante. Par un anglais. P., Delaunay, A. Égron, . In-8°, 64 pp. ;
- Chambre des députés. Opinion de M. de Frémilly, député de la Loire-Inférieure sur l'impôt du sel... Séance du . [Paris] : Hacquart , 1822 ;
- Chambre des députés. Session de 1823. Opinion de M. de Frenilly, député de la Loire-Inférieure, sur le budget de l'exercice de 1824. Séance du . [Paris] : Hacquart, 1823 ;
- Rapport fait au nom de la Commission des Finances par M. de Frénilly, député du département de la Loire-Inférieure sur le projet de loi contenant le budget de l'exercice 1825 (dépenses). [Paris] : Hacquart, 1824 ;
- Chambre des députés. Session de 1824. Discours de M. de Frénilly... en réponse à M. Leclerc de Beaulieu sur le chapitre V du budget du Ministère des finances... Séance du . [Paris] : Hacquart, 1824 ;
- Chambre des députés. Session de 1824. Discours de M. de Frénilly... sur l'amendement proposé par M. Hay.... Séance du . [Paris] : Hacquart, 1824 ;
- Chambre des députés. Session de 1824. Discours de M. de Frénilly, sur le chapitre XVII du ministère de la Guerre... Séance du . [Paris] : Hacquart, 1824 ;
- Développements de l'amendement présenté par M. de Frénilly,... sur l'article 4 du projet de loi relatif aux indemnités à accorder aux émigrés. [.]. Paris : impr. de A. Boucher (s. d.). In-8°, 14 p. ;
- Développements de l'amendement présenté par M. De Frénilly, député de la Loire-Inférieure, sur l'article 4 du projet de loi relatif aux indemnités à accorder aux émigrés. (). (Paris) imp. de A. Boucher (s. d.) in-8°, 39 p. ;
- Chambre des Députés. Session de 1825. Opinion de M. de Frénilly, sur la dette publique et l'amortissement... Séance du . (Paris) : Impr. royale, 1825 ;
- Chambre des Députés. Session de 1826. Changements dans l'amendement de M. de Frénilly, (Paris,) : Impr. royale, 1826, in-8°, 2 p. ;
- Chambre des Députés. Session de 1826. Opinions prononcées par M. le Mis de Frénilly, député de la Loire-Inférieure, dans la discussion sur le projet de loi relatif à l'indemnité des colons de St-Domingue. Séance du . (Paris,) : Impr. de A. Boucher (s. d.), in-8° ;
- Chambre des Députés. Session de 1827. Opinion de M. le Mis de Frénilly,... relative à la loi réglant la police de la presse... Séance du ;
- Chambre des Députés. Session de 1827. Discours de M. de Frénilly, sur l'article 16 du projet de loi sur la presse, prononcé dans la séance du . (Paris,) : impr. de A. Boucher (s. d.). In-8°, 7 p. Paris : impr. de A. Boucher (s. d.). In-8°, 23 p. ;
- Chambre des Pairs. Séance du . Opinion de M. de Frénilly sur le projet de loi relatif aux listes électorales. (Paris : Impr. royale, 1828). In-8°, 12 p. ;
- Chambre des Pairs. Séance du . Opinion de M. de Frénilly sur le projet de loi relatif à l'interprétation des lois. (Paris : Impr. royale, 1828) In-8°, 16 p. ;
- Chambre des Pairs. Séance du . Opinion de M. de Frénilly sur la résolution de la Chambre des Députés, relative à la réélection de ses membres qui auraient accepté des fonctions rétribuées. (Paris : Impr. royale, 1828). In-8°, 12 p. ;
- Lettre de M. de Frénilly à M. de**, pair de France, sur le livre de M. l'abbé de La Mennais, intitulé : Des progrès de la Révolution et de la guerre contre l’Église. Paris : J.-J. Blaise , 1829. 62 p., 8° ;
- Arioste L' / L'Arioste. Roland furieux, traduit en vers français par M. le baron de Frénilly (précédé d'un Aperçu. Paris, L.-G. Michaud, 1834.
Attribués à Fauveau de Frénilly
- Questions à l'ordre du jour, ou Quelques vérités à l'adresse des électeurs [Texte imprimé]. Par un électeur impartial (L.-G.-J.-M. Bénaben), Paris : impr. de Pillet aîné, 1827 ;
Notes et références
Notes
- Frédéric-Auguste Fauveau de Frénilly est receveur général de l’apanage du comte d’Artois en Poitou et Angoumois. Ceci explique l'attachement avec le futur roi Charles X[1].
- Il fait partie de la compagnie de chasseurs qui escorte la famille royale depuis le palais des Tuileries jusqu’à l’Assemblée législative[3].
- Selon son analyse, tout pouvait encore être sauvé ce jour du : « le sentiment qui nous remplissait tous était une pleine confiance, une impatience extrême d’en finir avec la canaille d’un coup décisif, un vif désir qu’elle le provoquât et une entière certitude de la victoire. Le roi avait ce qu’il fallait pour triompher sans peine… Hélas ! nous ne pensions pas qu’à lui seul il suffirait à se perdre. Et c’est ce que nos ennemis avaient mieux calculé que nous[3] ».
- Il évoque dans ses mémoires cet élevage de deux troupeaux de 500 têtes débuté par Preaudeau de Chemilly, trésorier général de la maréchaussée, précédent propriétaire du château et premier époux de la femme du baron. Il y évoque les loups venant rôder autour du château et dévorant les mérinos à la suite de la raréfaction du gibier abattu par les révolutionnaires et aussi ses garde-chasses dont Lefort, octogénaire, qui a vu se succéder quatre propriétaires et a été dans sa jeunesse caporal des armées royales au siège de Berg-op-Zoom lors des guerres de Hollande.
- Le Correspondant présente simultanément une édition en anglais et une autre en français, diffusées respectivement depuis Londres et depuis Paris[7].
- Chateaubriand note dans ses Mémoires d'outre-tombe (3L25, chapitre 9) : « la révolution opérée par ce journal fut inouïe : en France, il changea la majorité dans les Chambres ; à l’étranger, il transforma l’esprit des cabinets[7] ».
- (Loire-Atlantique depuis 1957).
- Par 76 voix sur 116 votants et 180 inscrits, contre 13 voix à Huet de Coëtlisan.
- Par 121 voix sur 129 votants et 150 inscrits.
Références
- de La Condamine 1984, p. 12.
- de La Condamine 1984, p. 13.
- de La Condamine 1984, p. 14.
- de La Condamine 1984, p. 15.
- de La Condamine 1984, p. 16.
- Considérations sur une année de l'histoire de France, Chaumerot jeune, 1815.
- de La Condamine 1984, p. 17.
- de La Condamine 1984, p. 18.
- de La Condamine 1984, p. 24.
- de La Condamine 1984, p. 19.
Voir aussi
Bibliographie
- « Fauveau de Frénilly (François-Auguste) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] [texte sur Sycomore]
- Pierre de La Condamine, Voyageurs pour Guérande à l'heure du romantisme, Guérande, Le Bateau qui vire, , 90 p. (BNF 34752877)
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