Fdesouche
Fdesouche est un site web d'extrême droite créé en 2005. Il se présente comme une revue de presse identitaire de langue française. Le site est lancé sous la forme d'un blog sous le nom de François Desouche et devient, en 2006, Fdesouche, un site agrégateur d'actualités.
Cet article possède un paronyme, voir Français de souche.
Fdesouche | |
Adresse | fdesouche.com |
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Publicité | Avec |
Type de site | Blog d'actualité jusqu'en 2006 puis Revue de presse |
Langue | Français |
Inscription | Facultative |
Directeur de la publication | Pierre Sautarel |
Lancement | 2005 |
Revenus | Publicités et dons |
État actuel | En activité |
Le site est critiqué, notamment par le journal Le Monde, pour publier de fausses informations et se livrer à de la désinformation. Il fait une sélection partiale des articles qu'il relaie, qui appuient des thèses de l'extrême droite (xénophobie, islamophobie), en misant sur une apparente objectivité et un effet de masse. Fdesouche est qualifié de « très influent » et considéré comme l'un des sites d'extrême droite les plus fréquentés.
Le site
Historique
En 2005, avant l’émergence des réseaux sociaux, le site est lancé sous la forme d'un blog individuel sur la plate-forme Hautetfort racontant la vie d'un « Français de souche » à Paris[1].
En 2006, le site, devenu Fdesouche.com, se tourne vers une vision plus large de l'actualité politique. Ainsi, il constitue depuis cette date, et avec l'aide de ses lecteurs, une revue de presse du Web et d'émissions télévisées consacrée aux questions d'« identité, [d']immigration et [d']idéologie multiculturelle »[2]. Il a fait de la vidéo l'une de ses formes majeures de diffusion de l'information, en s'appuyant sur des sites comme YouTube, Dailymotion et Rutube.
Il fait partie des sites Internet ayant hébergé la vidéo de l'agression (happy slapping) d'un professeur à Porcheville en [3]. Il s'est également fait connaître en diffusant la bande vidéo d'un vol, accompagné de violences et d'insultes francophobes, survenu en dans un bus de nuit[4],[5]. En outre, Pierre Sautarel est l'un des premiers à diffuser les vidéos des violentes émeutes de Dijon en [6].
Le site est principalement une sélection d'articles, d'extraits de reportages ou de documentaires empruntés à des médias généralistes[2]. L'immigration et l'islam font partie des thèmes majeurs du blog[2].
Interrogée par Rue89, Marine Le Pen déclare être une lectrice régulière du site Fdesouche[7], ainsi qu'Élisabeth Lévy[5].
Positionnement politique
Le blog Fdesouche s'inscrit dans la mouvance identitaire. Pour l'émission de critique des médias Arrêt sur images, « ce blog est en ce moment l’un des principaux fournisseurs d’argumentaires d’extrême droite qui essaiment dans les forums les plus variés du Net »[8].
En 2010, il est qualifié de « très influent et très fréquenté site d'extrême droite » par Arrêt sur images[9], de « premier blog politique en France » en 2012 par Le Figaro[10] et de « navire amiral de la réacosphère » par Les Inrockuptibles[11].
Le site se livre régulièrement à la désinformation[12],[13],[14],[15]. Il fait une sélection partiale des articles qu'il relaie, qui appuient des thèses de l'extrême droite (xénophobie, islamophobie), en misant sur une apparente objectivité et un effet de masse[16],[1],[17].
En 2015, Le Figaro estime que Fdesouche est l'un des « centres de gravité de la fachosphère»[18]. En 2016, selon L'Express, Fdesouche est l'un des sites d'extrême droite les plus influents de la « fachosphère »[19].
Responsables du site
François Desouche affirme être détenu par un Indien dénommé Tilak Raj[20]. Le directeur de publication présumé, ou l'un de ses principaux collaborateurs, est Pierre Joris Sautarel[21].
Le créateur du blog a choisi de garder l'anonymat et de faire héberger alternativement au Canada[12], aux États-Unis et en Suède[21]. Le site Web d'actualité Le Post, dans une enquête d', affirme l'existence de liens entre le site et des personnalités d'extrême droite[22]. Il est supposé que le créateur du site est Joris (ou Pierre) Sautarel[22],[23].
Pierre Sautarel
Le , les journalistes Ariane Chemin et François Krug, du Monde, publient un portrait de Pierre Sautarel. Fils d'un « couple bohème », une documentaliste travaillant dans des laboratoires de recherche et sympathisante de gauche (elle est chargée de presse du secrétaire d'État PS René Souchon entre 1984 et 1985) et un photographe, il apprend les rudiments d'Internet dans les années 1990 et arrête les études d'histoire qu'il avait commencées après avoir obtenu son baccalauréat, se consacrant au militantisme Web, créant par exemple le site Internet de la fédération FN des Yvelines. Pierre Sautarel affirme avoir grandi entre le quartier des Buttes-Chaumont (Paris) et Les Mureaux (Yvelines). Après avoir subi plusieurs agressions et avoir mentionné l'ethnie, selon lui, à chaque fois arabe des agresseurs, il est envoyé en consultation chez une amie de sa mère, la spécialiste du FN Nonna Mayer[16].
Au début des années 2000, il tient un blog sur sa vie de Parisien, y critiquant notamment l'immigration. Depuis devenu animateur principal du site François Desouche (passant du « journal intime » à une « revue de presse en temps réel des polémiques liées à l'immigration »), il affirme qu'une vingtaine de personnes alimentent la plate-forme. Il côtoie notamment Jean-Yves Le Gallou (en 2010, il mène une formation à Internet lors de ses Journées d'études de la réinformation), milite au Front national sous la présidence de Jean-Marie Le Pen et réalise le site de Bruno Mégret, qu'il avait rejoint après le schisme de 1998. Ancien webmestre du site du Front national[24], il est le suppléant de Marie d'Herbais, candidate de ce même parti aux élections législatives de 2007 dans la deuxième circonscription de Seine-et-Marne. Il est critiqué par certains cadres du FN mais Pierre Sautarel estime qu'« ils nous utilisent vachement », en reprenant les informations qui y sont diffusées. Vivant dans le village de Ternant, dans la Nièvre, il gagne sa vie en faisant de la veille Internet pour des entreprises et en vendant, via le site de commerce en ligne « Esprit de clocher », des tee-shirts de la marque « Bonne dégaine », imprimés de symboles (un coq gaulois, Vercingétorix ou encore Pepe la grenouille). Par ailleurs, il est mis en examen pour diffamation à la suite de plaintes de Pierre Bergé et du département de la Seine-Saint-Denis[16].
Audience
En 2009, le site revendique environ 35 000 à 45 000 visiteurs uniques par jour[25]. En , d'après les estimations du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), le site serait plus fréquenté que ceux du Parti socialiste (PS) et de l'Union pour un mouvement populaire (UMP)[26].
En , selon la société Médiamétrie, organisme de contrôle des audiences Internet, Fdesouche réunit 315 000 visiteurs, avec une augmentation de 53 % de lecteurs en un an[27]. Libération indique en 2021 que le site atteint une audience de 8,3 millions de pages vues par mois[28].
Critiques et controverses
Publications et relai de fausses informations
Selon une étude du Monde, le site relaie un nombre significatif de fausses informations, se plaçant dans une liste des 16 sites « qui font circuler le plus de fausses infos »[15]. L'outil Décodex du Monde note que « si la plupart des sources utilisées sont fiables, la présentation des faits par le site est souvent trompeuse. Il relaie également parfois des rumeurs non vérifiées, sur un ton interrogatif »[29]. Plusieurs exemples sont donnés, notamment la reprise d'une fausse information sur Emmanuel Macron[30] ou une fausse information du journal d'extrême droite Minute affirmant que 40 000 migrants dormiraient toutes les nuits à l'hôtel[31]. Selon Rue89, ils seraient environ 16 000[31].
Pour L'Humanité, Fdesouche fait partie des sites d'extrême droite surnommés « fachosphère » qui sont à « l’origine de – presque – toutes les fausses informations circulant sur la Toile »[32]. Fdesouche, de même que d'autres sites d'extrême droite, relaie par exemple une fausse information vérifiée par AFP factuel en [33],[34].
Pour le CIDJ, « un journal ou site d’information digne de ce nom est alimenté par des journalistes, à l’inverse de supports comme Fdesouche qui est en réalité un blog alimenté par des contributeurs anonymes », qui délivre des informations trompeuses[35].
Détournement d'information à des fins politiques
Selon Acrimed, « la recette éditoriale de Fdesouche repose en grande partie sur un détournement de faits divers qui scandent l’actualité dans les grands médias, et occulte toute information qui ne permet pas d’illustrer ses options idéologiques, ou servir d’appui à sa propagande politique »[17]. Selon la chercheuse Stéphanie Lukasik, Fdesouche « en découpant l'information, n'en montrant qu'une partie (…) confisque au lecteur son esprit critique » et n'informe que dans un seul but : « appuyer son opinion et la diffuser »[36].
Financement
En 2019, Guérilla, de Laurent Obertone, est mis en avant dans des publicités Amazon sur le site. Laurent Obertone est décrit par France Soir comme « adepte de la théorie du grand remplacement, publié aux controversées éditions Ring ». Une position qui, selon France Soir, « semble mal se marier avec la politique d'Amazon pour son programme “Partenaires” qui stipule que « les sites qui incitent à la discrimination basée sur la race, le sexe, la religion, l'origine nationale, l'invalidité physique, l'orientation sexuelle ou l'âge » ne peuvent pas jouir de ce partenariat ».
Autres controverses
Le , François Desouche est interviewé par le site d'informations Le Post selon lequel le blog est à l'origine de la polémique sur le livre de Frédéric Mitterrand La Mauvaise Vie[37] au sujet de propos pédophiles tenus par Frédéric Mitterrand[38].
À l'automne 2021, la CNIL s'autosaisit après la découverte d’une liste intitulée « islamo-gauchistes » , contenant des centaines de personnes, téléchargeable sur le site Fdesouche[39],[40]. Des dizaines de personnes citées portent plainte[41].
Affaires judiciaires
Mise en examen du directeur de la publication pour diffamations publiques
Le site fait l'objet de deux plaintes : l'une de l'association France terre d'asile via son président Pierre Henry, et l'autre d'Arezki Dahmani, ancien président de l'université de Toulon et de l'association France plus[21].
Suspecté d'en être le directeur de publication, Pierre Sautarel est mis en examen le pour diffamation publique envers Pierre Henry[21]. En , il passe sous statut de témoin assisté dans l'affaire Dahmani.
Plainte pour diffamation de Pierre Bergé
En , Pierre Sautarel est convoqué au commissariat et fait l'objet d'une perquisition pour avoir placé un lien vers un article critique à l'égard de Pierre Bergé. Emmanuel Pierrat, l’avocat de Pierre Bergé, précise que la simple présence d'un lien hypertexte « nous permet tout de même de le poursuivre comme s’il avait publié l’intégralité du texte »[42]. Plusieurs élus du Front national expriment leur soutien sur les réseaux sociaux[18].
Notes et références
- Daoud Boughezala, « Pierre Sautarel : « Si j’ouvrais Fdesouche aujourd’hui, je lui donnerais un autre nom » », Causeur, (lire en ligne)
- David Doucet et Vincent Glad, « Sortons Fdesouche du ghetto », sur Slate, .
- AFP, « «Happy slapping» à Porcheville : le vidéaste condamné à un an de prison », Libération, .
- AFP, « Vidéo de l'agression dans un bus: la victime dénonce une instrumentalisation », 20 Minutes, .
- Élisabeth Lévy, « Cachez-nous donc ce bus que nous ne saurions voir », Causeur, .
- « Violences à Dijon : l’extrême droite à l’écoute des faits divers », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
- Peggy Corlin et Augustin Scalbert, « Un verre avec les extrémistes de la “réacosphère” », sur Rue89, .
- « La fachosphère à l’assaut du Net », Arrêt sur images, octobre 2008.
- Sébastien Rochat, « Qui en veut à F. Desouche ? Mystérieuse suspension du site d'extrême-droite mercredi », sur Arrêt sur images, .
- Fabrice Amedeo, « Présidentielle : ce qui a fait le buzz sur la Toile », Le Figaro, .
- David Doucet, « L’extrême droite développe sa critique des médias », Les Inrockuptibles, .
- Adrien Sénécat, « Les mille et une ruses de l’industrie de la désinformation », Les Décodeurs, Le Monde, (consulté le ).
- Anne-Sophie Faivre Le Cadre, « Tirs de Beaune : comment une rumeur a accusé à tort les gens du voyage », Les Décodeurs, Le Monde, .
- Adrien Sénécat, « Entre fachosphère et sites douteux, les activités troubles de @fandetv », Les Décodeurs, Le Monde, .
- Adrien Sénécat, « Sushis, vaccins et viande humaine : le « palmarès » des fausses infos », Les Décodeurs - Le Blog du Décodex, Le Monde, .
- Ariane Chemin et François Krug, « Pierre Sautarel, l’identitaire monomaniaque derrière « Fdesouche » », Le Monde, , p. 16.
- Antoine Sari, « « Réinformation » et désinformation : l'extrême droite des médias en ligne », sur Acrimed | Action Critique Médias (consulté le )
- « «Je suis Charlie» détourné au FN pour soutenir le site FdeSouche », sur lefigaro.fr, (consulté le )
- « Plongée dans la fachosphère », sur LExpress.fr, (consulté le )
- « Mentions légales » sur fdesouche.com
- David Doucet, « Le responsable présumé de Fdesouche mis en examen », Les Inrockuptibles, (consulté le ).
- « Le blogueur François Desouche roule-t-il pour le Front national? - Alexandre sur LePost.fr », sur web.archive.org (lepost.fr), (consulté le )
- Gilles Klein, « Le blogueur d'extrême droite François Desouche identifié ? », 31 octobre 2009, sur arretsurimages.net.
- François Vignal, « Quand la webcampagne chamboule la com’ politique », Marianne, .
- « Souscription pour F.Desouche ? Pas gagné ! », arretsurimages.net, 23 décembre 2009
- « Les “cyberactivistes” d'extrême droite ont fait d'Internet leur nouveau terrain de jeu », Le Monde, 9 mars 2010.
- Audrey Kucinskas, Boulevard Voltaire, Breizh-Info… dans la tête des "réinformateurs", lexpress.fr, 8 avril 2017
- Maxime Macé et Pierre Plottu, « «Désinfosphère» : Internet dans le facho business », sur Libération, (consulté le )
- « Fdesouche est-il une source d'information fiable? | Le Monde.fr », sur Le Monde.fr (consulté le )
- Adrien Sénécat, « Macron « financé par l’Arabie saoudite » : une intox massivement relayée par l’extrême droite », Le Monde, (consulté le ).
- « Non, 40 000 migrants ne dorment pas à l'hôtel toutes les nuits en France », sur rue89lyon.fr, (consulté le ).
- « Première pourvoyeuse de « fake news », l’extrême droite pas spécialement visée », sur L'Humanité, (consulté le )
- « Un média français fait dans la désinformation: il est contrôlé par un groupe d'extrême droite… polonais », sur RTL.be, (consulté le )
- « Non, la Bulgarie n'a pas ouvert un barrage pour aider la Grèce à stopper les migrants », sur afp.com, (consulté le )
- « Fake news, infox, canulars : comment les identifier ? », sur CIDJ.com (consulté le )
- Stéphanie Lukasik, « A la frontière des fake-news, entre « réinformation » et désinformation. Le cas du blog Fdesouche », sur scanr.enseignementsup-recherche.gouv.fr (consulté le )
- « Fachosphère: comment le blog Fdesouche catalyse les buzz - LePost.fr », sur web.archive.org (lepost.fr), (consulté le )
- « La fachosphère accuse Frédéric Mitterrand de pédophilie », sur LExpress.fr, (consulté le )
- David Perrotin et Jérôme Hourdeaux, « Une cinquantaine de plaintes annoncées contre un fichier diffusé par l’extrême droite », sur Mediapart, (consulté le )
- Fabien Leboucq, « Que sait-on de cette liste de personnalités «islamogauchistes» hébergée par Fdesouche ? », sur Libération (consulté le )
- Olivier Tesquet, « Liste d’“islamo-gauchistes” de Fdesouche : les concernés contre-attaquent en justice », sur Télérama, (consulté le )
- Alexandre Hervaud, « Pierre Bergé contre Fdesouche, les liens de la diffamation », sur Libération, (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Dominique Albertini et David Doucet, La Fachosphère : Comment l'extrême droite remporte la bataille du net, Paris, Flammarion, coll. « Flammarion enquête », , 318 p. (ISBN 978-2-08-135490-6, lire en ligne), chap. 1 (« Fdesouche, le lobby des Gaulois »), p. 21–58.
- Éric Dupin, La France identitaire, chapitre 1
Articles connexes
Liens externes
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