François Lesné

François Lesné, abbé de Sainte-Catherine de Laval, religieux français.

Origine

Sur sa famille, deux parents, Jean et David Lesné, faisaient partie, comme lui, du prieuré-cure et conventuel d'Olivet. L'abbé Angot, grâce à deux documents du chartrier de Maineuf, obtient des données un peu plus précises sur son origine[1],[2]. Pour l'abbé Angot, il paraît d'origine bretonne, de la Guerche peut-être ou des environs[3],[4].

Biographie

Famille de Laval

François Lesné fut un serviteur zélé et intelligent de Guy XV de Laval, il avait été attaché à la personne de Nicolas de Laval, son neveu, et qui devait être son successeur.

Il existe une lettre de François Lesné, tuteur de Nicolas de Laval, adressée à Jeanne de Laval, tante de son pupille, reine de Sicile et de Jérusalem, dans laquelle il le lui recommande et prie cette généreuse dame de venir en aide au jeune écuyer qui voulait, en juin 1493, suivre le roi dans une campagne et n'avait pas « ung blanc » pour s'équiper et pas d'espoir du côté de la cour[5].

Abbaye de Sainte-Catherine

À l'époque où il écrivait cette lettre, François Lesné venait d'être pourvu du prieuré de Sainte-Catherine de Laval. Grâce à son influence, il trouva moyen de faire ériger en abbaye son prieuré, simple dépendance de l'abbaye de la Réal en Poitou, et de lui faire annexer les prieurés du Port-Ringeard et d'Olivet. Cet établissement, il est vrai, ne dura pas. L'abbé de la Réal, qui l'avait approuvé d'abord, se rétracta ; mais enfin, pendant sa vie, François Lesné jouit de son titre.

On a plusieurs actes de ce prieur. En 1493, il termine avec le prieur de l'abbaye de Marmoutier, pour le prieuré de Louvigné, un procès concernant la métairie des Roches dans la même paroisse. L'acte est du dernier jour de juin de l'année 1496.

Sceau

Il eut un sceau où il est qualifié abbé, sceau que Louis-Julien Morin de la Beauluère[6] avait lu très inexactement, mais qu'Ernest Laurain a reproduit correctement dans le premier volume du Cartulaire Manceau de Marmoutier[7],[8].

Décès

L'abbé Lesné était licencié en droit. L'œuvre qu'accomplit l'abbé Lesné fut la reconstruction de son monastère, dont on peut voir encore une tourelle hexagonale et un corps de bâtiments. C'est ce dont Guillaume le Doyen le loue dans la note nécrologique qu'il lui consacre[9].

Notes et références

  1. Le 2 août 1504, il écrit à son receveur d'Olivet : « Jehan Languet, nostre recepveur d'Olivet, nous vous mandons incontinent ces présentes par vous receues, baillez à nostre bien amé nepveu Julien Véron, filz du seigneur de Maineuf, la somme de vingt-cincq livres que avez ou devez avoir receues de Jehan Saillant, nostre fermier des dismes de la Brulate, quelle il devoit pour l'année fynie à la Toussaints passée que l'on disoit mil cinq cent et troys, et dont vous aurez esté chargé. Et rapportant ce présent mandement à vostre prouchain compte, avec ladite somme ou bonne obligation dudit Julien Véron, comment il vous soit obligé vous rendre ladite somme dedans la feste de la Résurection de Nostre-Seigneur, joucques auquel temps nous luy avons presté ladite somme, vous en serez deschargé comme il appartiendra par raison. Fait à Saincte-Catherine, ce second jour d'aoust, l'an mil Vc et quatre. (Signé) : Françoys, abb(é) de S(ainte)-Ka(theri)ne, avec paraphe. »
  2. L'abbé Angot ajoute que pour comprendre ce que ce mandat ajoute à la biographie de François Lesné, il faut savoir que le docte abbé avait deux neveux et deux nièces issus de son frère ou d'un de ses frères : Jean, époux de Renée d'Armaillé (qui eut un fils et une fille : Jean et Renée) ; Gilles, qui fut prêtre, peut-être religieux car on le désigne par le titre de dom Lesné, et dont la succession, occasionna de longs débats ; Jeanne, troisième enfant, eut pour époux Guillaume Gandel ; la dernière enfant, Françoise, fut femme de Julien Lesné. Celui-ci est, par alliance, le neveu auquel l'abbé de Sainte-Catherine fait une avance d'argent en 1504, époque probable de son mariage. Dom Gilles Lesné était peut-être prieur de Gennes ; en tous cas, il y demeurait, en même temps, semble-t-il, que ses frères et sœurs. Il y possédait la terre du Noyer, que réclamait pour ses enfants Renée d'Armaillé, mais que convoitaient aussi — nous sommes en 1561 — les enfants de Julien Verron : Jean et François, le premier, prêtre ; le second, seigneur de Maineuf. Les enfants de Guillaume Gandel et de Jeanne Lesné firent cause commune avec Jean et François Lesné. Les Verron, écuyers, qu'on connaît à Maineuf depuis 1321, semblent avoir été pour l'abbé Angot intrigants et processifs, particulièrement : François, aîné de la famille, qui procéda même contre son père, et Jean, prêtre, qui fut successivement sub-curé de Gennes en 1560 et dans les années suivantes, et vicaire du Genest, 1570, 1574, toujours pour des curés qui ne résidaient pas. Il était en même temps fermier des cures qu'il desservait. Tant par procédures en commun avec son frère que par héritage et acquisition, il finit par jouir de la terre du Noyer dont il portait le titre. C'est son nom dans la lettre suivante qui nous fera connaître le petit-neveu de François Lesné, l'abbé de Sainte-Catherine : « Monsieur du Noyer, humble salut. « Je veu voz lettres ce jourd'huy par lesquelles ay congneu que mestre Thomas n'a accompli mon intention en vostre endroit, car je ne luy ay jamais escript aucunes lettres que ne vous aye par icelles présenté tousjours mes salutations, et mandé mon intention. « Je receu, il y a huit jours, des lettres par lesquelles il me mandoit que vostre toille n'estoit encore faicte et que n'aviez encore receu votre argent. Je vous mandoys par luy que si me vouliez envoyer vostre toille, que la vous ferois valloir aultant qu'ung aultre. Vous la me envoyrez, s'il vous plaist ; et sy avez argent, il sera le bienvenu. « N'eust esté les troubles qui se sont trouvez, je n'eusse failly à vous aller veoir. Sy je peulx vous aller veoir à la feste, je yré ; sinon, je vous prie m'excuser. « Je ne me trouve en bien grande délibération quant à l'homme d'église que l'on vous a baillé. Je n'entends qu'il vous commande en rien, mays seulement qu'il vous obéisse et aide à faire le service, pour vous secourir. Je vous prie vous supporter les ungs les aultres, sans divisions. Quant à moy, je vous retiens des miens tant que je vivré, s'il vous plaist. « Je suis déplaisant de la mort du pauvre Guériteau et de sa maison et des autres tous. Toutesfoys, il faut se conformer à la volonté de Dieu, lequel je prie (après vous avoir présenté mes humbles salutations, à Monsieur et Mesdamoiselles de Maineuf, et toute leur maison, à tous nos amys de par delà), vous donner, Monsieur, en bonne santé et longue vie. « De la Coulture, ce dix-septiesme jour d'octobre 1570. « Vostre amy à jamais, « Dominique QUÉRU ». Suscription : « A Monsieur, Monsieur du Noyer, demeurant au Genest, audit lieu. ». L'abbé Angot indique le mode de fermeture de cette lettre missive était très simple : la feuille double, de 0,25 de hauteur sur 0,15 de largeur, était pliée en quatre doubles dans la longueur en renfermant les deux extrémités en dedans ; puis après avoir détaché du bas de la lettre une languette étroite et plus large d'un bout que de l'autre, on repliait la lettre ou double dans le sens de la largeur, on donnait un coup de canif très net d'un centimètre et demi dans les seize doubles du papier, on insérait dans la fente la bande de papier dont la tête plus large s'arrêtait et on cachetait la queue plus étroite d'un petit cachet de deux centimètres de diamètre.
  3. Il est présent dans une famille dont on connait quelques membres, d'une noblesse d'un rang modeste mais d'assez ancienne date puisque les Verron sont connus depuis le commencement du XIVe siècle, toujours alliés noblement.
  4. La lettre du curé du Genest, Dominique Quéru, donne une idée plutôt désavantageuse de l'administration paroissiale en ces temps de troubles. Le curé est tranquillement retiré à l'abbaye de la Couture ; son vicaire-fermier s'occupe au moins autant du temporel que des âmes de ses paroissiens ; il fait fabriquer de la toile que le titulaire ne dédaigne pas d'écouler au Mans et qui demande la préférence à son fournisseur. Il lui envoie pour aide des auxiliaires qui ne font pas toujours son bonheur, et se borne à lui recommander la patience, quoiqu'il soit leur chef et qu'ils doivent lui obéir et non lui commander. C'est à peine si l'on voit l'évêque intervenir dans ces affaires qui le regardent. Si pourtant, pour déléguer Jean Verron et deux subordonnés une fois. La mort du « pauvre Guériteau et de sa maison et des autres tous » semble pour l'abbé Angot un fait de guerre, un exploit des huguenots.
  5. Lettre de François Lesné à Jeanne de Laval, veuve du roi René, pour lui donner des nouvelles de son neveu, le sire de la Roche-Bernard, énumérer les grandes dépenses qu'il doit faire pour se maintenir à la cour, et chercher à obtenir de la bonne et riche tante l'argent nécessaire à leur paiement, d'autant plus que le roi Charles VIII ne l'a pas encore appointé comme il l'avait promis. Paul Marchegay, Recueil de lettres du XVe siècle, Revue de l'Anjou et de Maine et Loire, 1861, p. 378-380
  6. Louis-Julien Morin de la Beauluère, Etudes sur les communautés et chapitres de Laval, p. 221.
  7. E. Laurain, Cartulaire Manceau de Marmoutier, t. I, p. 511.
  8. Outre la légende : Sigillum Francisci abbatis monasterii S(anc)te Katherine prope Lavallem, et au contresceau : Contrasigillum Francisci abb(a)t(i)s S(anc)te Kathe(rine), le sceau de François Lesné porte les armes fort compliquées qu'il s'attribuait : écartelé, au 1 et au 4 chargé d'un chevron et de 3 croissants ; au 2 et au 3 chargé d'un lion rampant, et sur le tout une grande fleur de lis.
  9. Et de juillet en celluy an
    Vingt-huitiesme, à grant ahan
    Rendit l'âme François Aisné,
    Prior Sanctæ Catherinæ :
    Ung homme lectré, bien savant,
    Et qui avoit mis en avant
    Grands deniers à édifier
    L'église, dortouer et moustier,
    Porte de fer et parement,
    Pupitres, cloaistres et bastiment.

Voir aussi

Source

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