Françoise-Marie de Bourbon
Françoise-Marie de Bourbon, dite « la Seconde Mademoiselle de Blois »[Note 1], née le , au château de Maintenon et morte le , à Saint-Cloud, fille légitimée que Louis XIV eut secrètement avec la marquise de Montespan, elle fut duchesse de Chartres et duchesse d’Orléans par son mariage avec Philippe d’Orléans, futur régent.
Titulature |
Fille de France (légitimée) Duchesse de Chartres Duchesse d’Orléans |
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Dynastie | Maison de Bourbon |
Nom de naissance | Françoise-Marie de Bourbon |
Naissance |
Château de Maintenon (France) |
Décès |
Paris (France) |
Sépulture | Église de la Madeleine |
Père | Louis XIV |
Mère | Madame de Montespan |
Conjoint | Philippe d’Orléans |
Enfants |
Marie-Louise-Élisabeth d'Orléans Adélaïde d’Orléans Charlotte-Aglaé d'Orléans Louis d'Orléans Louise-Élisabeth d'Orléans Philippine-Élisabeth d'Orléans Louise d'Orléans |
Religion | Catholicisme romain |
Signature
Naissance
Elle fut légitimée en 1681, comme fille du seul roi Louis XIV ; sa mère étant une femme mariée, son nom ne fut pas mentionné. Elle ne fut pas aimée par sa mère qui, célèbre pour sa beauté, lui en voulait d’être laide[1]. La marquise de Montespan connaissait d’ailleurs la disgrâce. Après une première séparation obtenue par l’aumônier de la cour (1675), puis une réconciliation dont Françoise-Marie et son frère, le comte de Toulouse, furent les fruits, la disgrâce fut consommée après l’Affaire des poisons. La légitimation des deux enfants peut être présentée comme le cadeau de rupture du roi.
D’ailleurs, la marquise de Maintenon qui avait élevé les précédents enfants naturels de la favorite refusa d’élever ces deux enfants issus non seulement du double adultère mais aussi du parjure. Ayant remplacé la marquise de Montespan dans le lit du roi, elle s’ingénia à réconcilier le souverain avec la reine. Elle remplaça bientôt la reine quand, après la mort de celle-ci, le roi l’épousa secrètement.
Mariage
Néanmoins, tout à sa volonté d’abaisser les grands du royaume, Louis XIV donna pour époux à Françoise-Marie, le [2], son neveu Philippe d’Orléans, duc de Chartres, futur Régent. Il lui attribua une dot énorme de deux millions de livres, qui ne suffit pas à vaincre les prétentions des Orléans, et particulièrement de la princesse palatine, scandalisée par cette mésalliance. Pour convaincre son frère, Monsieur, d'accepter le mariage de son fils et héritier avec une fille légitimée, Louis XIV chargea un des mignons de Monsieur, le marquis d'Effiat, d'user de son influence sur celui-ci.
Le mariage ne fut d’ailleurs pas heureux. Parlant de son futur époux, la jeune fille de 14 ans disait avec cynisme : « Peu m'importe qu’il m'aime, pourvu qu'il m’épouse ! ». Quant au promis, il surnomma bientôt sa femme Madame Lucifer.
Ils eurent néanmoins huit enfants :
- N... d’Orléans, Mademoiselle de Valois ( – ) ;
- Marie-Louise-Élisabeth d'Orléans ( – ), épouse (1710) Charles, duc de Berry ;
- Adélaïde d’Orléans ( – ), Mademoiselle d’Orléans, abbesse de Chelles en 1719;
- Charlotte-Aglaé d’Orléans ( – ), Mademoiselle de Valois, épouse (1720) François III de Modène, duc de Modène ;
- Louis d’Orléans, duc de Chartres, puis duc d’Orléans (1723), surnommé « le Pieux » ( – ) ;
- Louise-Élisabeth d’Orléans ( – ), Mademoiselle de Montpensier, épouse (1723) Louis Ier, roi d’Espagne ;
- Philippine-Élisabeth d’Orléans ( – ), Mademoiselle de Beaujolais ;
- Louise d’Orléans ( – ), Mademoiselle de Chartres, épouse (1732) Louis-François de Bourbon-Conti, prince de Conti.
Certes, Philippe trompait son épouse, mais celle-ci, imbue de sa naissance « royale » ne s’en souciait pas plus que de ses enfants. Elle cherchait à compenser le « vice » de sa naissance en traitant son entourage avec hauteur, y compris sa jeune belle-sœur Élisabeth-Charlotte, future duchesse de Lorraine qu’elle voulait traiter « en servante ».
La cour
En 1701, la mort de Monsieur la hissa au rang de seconde dame de la Cour, juste après la duchesse de Bourgogne. La duchesse d’Orléans était une femme orgueilleuse, dolente, paresseuse, qui passait son temps étendue sur son canapé, entourée de ses dames de compagnie, toutes laides et dociles qui ne pouvaient lui faire ombrage ni être des maîtresses potentielles de son mari.
En 1703, après quatre filles, elle donna enfin le jour à un fils.
Sa sœur aînée, la duchesse de Bourbon, et elle se jalousaient. En 1710, elles se querellèrent à propos du mariage du duc de Berry, dernier fils du Grand Dauphin. Les deux duchesses avaient des filles à marier, mais la duchesse d’Orléans sut mettre dans son jeu la duchesse de Bourgogne et surtout Madame de Maintenon, épouse secrète du roi, de sorte que le duc de Berry épousa Marie-Louise-Élisabeth d'Orléans laquelle en profita pour mener une vie de débauche n’épargnant aucune humiliation publique ou privée à sa mère.
Veuve à 19 ans, la duchesse de Berry affirme ses prétentions à être la première dame du royaume dès l'avènement de la Régence (1715-1723). Elle se fait attribuer le palais du Luxembourg où elle tient sa cour et se livre à de scandaleuses orgies. La santé délabrée par ses excès de bouche, ses coucheries et une série de grossesses clandestines, elle meurt le , des conséquences de sa vie dissolue. L'autopsie la révèle derechef enceinte, alors que trois mois auparavant elle a manqué périr en accouchant d'une fille mort-née, fruit de ses amours avec le capitaine de sa garde, le comte de Riom. Certains ragots faisaient de la duchesse de Berry la maîtresse de son propre père et ce dès avant son mariage. L'historien Jules Michelet attribue au Régent la paternité de l'enfant dont la duchesse de Berry accouche au palais du Luxembourg début .
D’ailleurs, les autres filles de la duchesse d’Orléans n’avaient pas non plus d’affection pour cette mère qui les avait toujours traitées avec indifférence. Mademoiselle de Valois devint la maîtresse du duc de Richelieu et, pour éviter le scandale, on la maria rapidement au duc de Modène. Il en était de même avec les autres filles, mal élevées et désagréables.
La Régence
En 1715, à la mort de Louis XIV, Philippe devint Régent de France pendant la minorité de Louis XV et Françoise-Marie devint la première dame du royaume, l’équivalent d’une reine. Elle n’en bougea pas plus de son canapé, sauf pour quelques parties de campagne en son château de Bagnolet.
En 1721, elle eut la joie de marier ses filles au prince des Asturies et à son frère, l’infant d’Espagne. En 1723, à la mort de son époux, elle se retira à Saint-Cloud. Elle mourut le au Palais-Royal[3].
Notes et références
Notes
- La première Mademoiselle de Blois est Marie-Anne de Bourbon (1666-1739).
Références
- Mémoires de Mme de Caylus.
- Archives des Yvelines, registres paroissiaux de Versailles (1080399 - BMS 1691-1692, page 125).
- Journal de Barbier, Quatrième série (1743-1750), conforme au manuscrit autographe de l'auteur, Charpentier Libraire-Éditeur, 28 Quai de l'École, Paris, 1858.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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