Louis-Alexandre de Bourbon
Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1681), duc de Penthièvre (1697), d’Arc, de Châteauvillain et de Rambouillet (1711), est un prince et officier de marine français, né à Versailles le et mort à Rambouillet le . Dernier fils légitimé de Louis XIV, il est nommé amiral de France, alors qu'il n'a que cinq ans.
Pour les articles homonymes, voir Louis-Alexandre de Bourbon (homonymie).
par Hyacinthe Rigaud en 1708
Titulature |
Fils de France (légitimé) Comte de Toulouse Duc de Penthièvre |
---|---|
Dynastie | Maison de Bourbon |
Distinctions |
Chevalier des Ordres du Roi Chevalier de l'Ordre de la Toison d'or |
Autres fonctions |
Amiral de France Gouverneur de Guyenne Gouverneur de Bretagne Grand veneur de France Chef du Conseil de la Marine |
Naissance |
Château de Versailles |
Décès |
Château de Rambouillet |
Sépulture | Chapelle royale de Dreux |
Père | Louis XIV |
Mère | Madame de Montespan |
Conjoint | Marie-Victoire de Noailles |
Enfants | Louis de Bourbon |
Religion | Catholicisme |
Signature
Biographie
Dernier des enfants naturels que Louis XIV eut de la marquise de Montespan, il fut légitimé et fait comte de Toulouse en 1681. Comme pour ses aînés le nom de sa mère, femme mariée, ne fut pas mentionné dans l'acte de légitimation. Il était officiellement fils du seul roi. C'était la dernière grâce que reçut la marquise déjà en disgrâce et compromise dans l'affaire des poisons. Retirée dans son château de Clagny, près de Versailles, la marquise put élever son fils et lui inculquer ses valeurs.
Nommé duc de Penthièvre en 1697 et duc de Rambouillet en 1711. À la mort de son demi-frère, Louis de Bourbon, comte de Vermandois, en 1683, il reçut, à l’âge de cinq ans, la charge d’amiral de France et fut fait colonel d’un régiment d’infanterie à son nom en , puis mestre de camp d’un régiment de cavalerie en 1693. Nommer ses fils légitimés très jeunes à des postes aussi brillants permettait au roi de conserver la haute main sur les affaires maritimes pendant les longues années de la minorité.
Il obtint le gouvernement de Guyenne en , qu’il échangea contre celui de Bretagne en . Il n'avait alors que 17 ans.
Il fut également nommé chevalier des Ordres du Roi le , maréchal de camp le puis lieutenant général des armées du Roi le .
Lors de la guerre de Succession d'Espagne, il fut chargé de défendre la Sicile. En 1704, devant Malaga, la flotte qu'il commande inflige de très lourdes pertes à la flotte anglo-hollandaise commandée par l’amiral George Rooke. Le roi Philippe V d'Espagne, son neveu, le nomma chevalier de la Toison d'or en 1704.
C’était, dit Saint-Simon, « un homme fort court, avec un accueil aussi gracieux qu’un froid naturel, mais glacial, le pouvait permettre ; de la valeur et de l’envie de faire, mais par les bonnes voies, et en qui le sens droit et juste, pour le très ordinaire, suppléait à l’esprit ; fort appliqué d’ailleurs à savoir sa marine de guerre et de commerce et l’entendant très bien. »
Il commanda à André Danican Philidor « l'Aîné », en 1703, de copier les partitions de Michel-Richard de Lalande[1] dont il aimait la musique.
En 1706, il acheta à Joseph Fleuriau d'Armenonville le château de Rambouillet. Il agrandit considérablement le domaine et fit procéder à d’importants embellissements du château. Par lettres patentes de , le marquisat de Rambouillet fut alors érigé en duché-pairie.
En 1712, il acheta à Louis II Phélypeaux de La Vrillière, l’Hôtel de La Vrillière situé près de la place des Victoires, appelé depuis « Hôtel de Toulouse », où se trouve notamment la Galerie dorée et le fit réaménager par l’architecte Robert de Cotte. L’hôtel abrite aujourd’hui la Banque de France. Il obtint également la charge de grand veneur de France en .
La même année, un édit du Roi de juillet le déclara apte à succéder au trône à la suite des princes légitimes et lui donna le rang de prince du sang.
Cet édit fut cassé par le Parlement de Paris en 1718. Le comte de Toulouse ne fut cependant pas écarté du pouvoir et même, on lui laissa ses charges et sa fortune contrairement à son frère aîné sur qui se cristallisait la jalousie muée en haine des princes du sang et des ducs…
Lors de la polysynodie, il devint chef du Conseil de marine[2], jusqu’en 1722, date à laquelle il fut remplacé par le même Fleuriau d’Armenonville à qui, quelques années auparavant, il avait un peu forcé la main pour lui acheter son domaine de Rambouillet.
Il eut deux enfants naturels de Madeleine Aumont : Louis-Alexandre de Sainte-Foy (né en 1720 et mort jeune), puis l'année suivante Philippe-Auguste de Sainte-Foy (1721-1795) dit le « chevalier d'Arcq ».
Après que son projet de mariage avec Charlotte de Lorraine, Mademoiselle d'Armagnac, d'une branche cadette de la Maison de Guise, eut été refusé par le roi Louis XV, en 1723, il fit un mariage d’amour en épousant, d'abord secrètement, Marie-Victoire de Noailles qui lui donna un fils, Louis-Jean-Marie de Bourbon (1725-1793), duc de Penthièvre, de Rambouillet, d’Aumale et de Gisors. Ce mariage, contracté quelques mois avant la mort du Régent, cousin et beau-frère du comte, en , fut rendu public peu après cet événement. En effet, la nouvelle comtesse de Toulouse était veuve du marquis de Gondrin, un des deux fils du duc d'Antin, le seul fils légitime de la marquise de Montespan et pour cette raison, le mariage pouvait être considéré comme nul…
Louis XV avait pour le comte de Toulouse une grande affection renforcée par leur goût commun pour la chasse. En , le roi alla pour la première fois chasser le cerf à Rambouillet où il coucha. Il y retourna dès le mois suivant et prit dès lors l’habitude de s’y rendre très régulièrement.
Tombé en disgrâce, le comte de Toulouse se retira dans son château de Rambouillet où il mourut en 1737 des suites d’une opération. Il fut inhumé dans l'église de la ville mais son fils, le duc de Penthièvre, fut contraint en 1783 de transférer le cercueil du comte de Toulouse dans la collégiale Saint-Étienne du château de Dreux. Ses restes reposent aujourd'hui dans une crypte de la chapelle royale Saint-Louis de Dreux.
Notes
- Confitebimur tibi Deus, lire en ligne sur Gallica
- « Le conseil de marine fut aisé à composer. Le comte de Toulouse, comme amiral, en fut chef; le maréchal d’Estrées, premier vice-amiral, en fut président; le maréchal de Tessé y entra comme général des galères; Coetlogon, mort maréchal de France, et d’O, comme lieutenants généraux de mer; Bonrepos qui avait été intendant général de la marine, que j’aidai à en être; Vauvray et un autre intendant de marine, avec La Grandville, maître des requêtes, pour rapporteur des prises. J’y fis mettre pour secrétaire ce même La Chapelle que Pontchartrain avait chassé de ses bureaux et dont j’ai parlé plus d’une fois. » Saint-Simon, Mémoires, tome 13, chapitre VII.
Sources et bibliographie
- Jacques Bernot, Le Comte de Toulouse (1678-1737) : Amiral de France, gouverneur de Bretagne, Paris, F. Lanore, 2012
- Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « collection Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8)
- Lucien Bély (dir.), Dictionnaire Louis XIV, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1405 p. (ISBN 978-2-221-12482-6)
- Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, éditions Tallandier, , 573 p. (ISBN 2-84734-008-4)
- Patrick Villiers, Jean-Pierre Duteil et Robert Muchembled (dir.), L'Europe, la mer et les colonies : XVIIe – XVIIIe siècle, Paris, Hachette supérieur, coll. « Carré histoire », , 255 p. (ISBN 2-01-145196-5)
- Patrick Villiers, La France sur mer : De Louis XIII à Napoléon Ier, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », , 286 p. (ISBN 978-2-8185-0437-6)
- Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, éditions Ouest-France, , 427 p. (ISBN 2-7373-1129-2)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Louis Alexandre de Bourbon, Relation de la prise de l'île de Saint-Vincent, sous le commandement du comte d'Estaing, Bordeaux, Pallandre aîné, s.d., 4 p. (lire en ligne)
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