Franc CFA (UEMOA)

Le franc CFA (Communauté financière en Afrique) est une monnaie commune, la devise officielle des huit États membres de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) : Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau (depuis le ), Mali (jusqu'en 1962 puis depuis 1984), Niger, Sénégal et Togo. Il est divisé en cent centimes. Son code ISO 4217 est XOF. Il est prévu qu'il soit remplacé par l'eco à partir de 2022 afin de devenir la monnaie unique de la CEDEAO.

Pour les articles homonymes, voir Franc, FCFA, CFA et Franc CFA.

Ne doit pas être confondu avec Franc CFA (CEMAC).

Franc CFA (UEMOA)
Unité monétaire actuelle

L'avers des pièces en francs CFA (UEMOA).
Pays officiellement
utilisateurs
Bénin
Burkina Faso
Côte d'Ivoire
Guinée-Bissau
Mali
Niger
Sénégal
Togo
Banque centrale Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO)
Symbole local FCFA
Sous-unité 100 centimes
Taux de change 1 XOF = 0,001 68 USD[1]
()
Parité fixe sur 655,957 XOF = 1 EUR
1 XOF = 0,01 FRF
Chronologie
États membres de l'UEMOA

Le franc CFA (UEMOA) a également été la monnaie de la Guinée (jusqu'en 1960) et de la Mauritanie (jusqu'en 1973).

Histoire

Création

Billet de 500 francs CFA émis en 1946 par la Banque de l'Afrique occidentale.

Prévu pour remplacer le franc de l'Afrique-Occidentale française dès 1939, le franc CFA est créé par décret le 25 décembre 1945 par le Gouvernement provisoire de la République française sur proposition de René Pleven, ministre des Finances, au moment de la ratification des accords de Bretton Woods par l'Assemblée constituante ; cette monnaie prend le nom de franc des colonies françaises d'Afrique. Elle fait partie des trois secteurs de la « zone franc » qui n'ont pas la même parité que le franc français. Ce secteur comprend : l'Afrique occidentale française, l'Afrique équatoriale française, le Togo, la Cameroun, la Côte française des Somalis, Madagascar, La Réunion, et Saint-Pierre-et-Miquelon. Le taux de change entre le franc français et le franc CFA est fixé à 170 FFr pour 100 FCFA[2].

Le 20 janvier 1955, est créé l'Institut d'émission de l'Afrique occidentale française et du Togo, qui met fin au privilège d'émission de la Banque de l'Afrique occidentale et qui se charge d'émettre les billets de banque et les pièces de monnaie[3].

En 1958, dans le cadre de l'Union française, il prend le nom de franc de la Communauté française d'Afrique (CFA) puis en 1960, au moment des déclarations d'indépendances, le nom de franc de la Coopération financière en Afrique de l'Ouest (CFAO), avant de devenir celui de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). En 1959, est créée la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) qui devient l'institut d'émission.

Le 12 mai 1962, les pays membres de l'Union monétaire ouest-africaine adoptent le franc CFA comme monnaie commune[4].

Remplacement futur

Le , à Abidjan, Emmanuel Macron et Alassane Ouattara annoncent l'hypothèse de la disparition du franc CFA (UEMOA)[5]. Il est projeté de le remplacer par l'eco le [5]. Cette décision s'accompagne de deux changements : la suppression du compte d’opération à la Banque de France et des sièges occupés par les représentants français au sein des instances de la BCEAO[5]. En contrepartie dans un premier temps, la Banque de France assurera la parité entre l'eco et l'euro[5].

Le à Dakar, une cinquantaine d'intellectuels publient une déclaration demandant l'ouverture d'un débat « populaire et inclusif » sur la réforme en cours et rappellent que « la question de la monnaie est fondamentalement politique et que la réponse ne peut être principalement technique »[6].

Fin , l'agence de notation américaine S&P réalise une étude sur la concrétisation du projet de sortie du franc CFA, et se dit rassurée par le fait que l'eco reste arrimé à l'Euro et que la France continue à garantir sa convertibilité. Le lancement de la nouvelle monnaie n'auraient donc pas d'effets immédiats et une dévaluation n'est à ce jour par prévue. L'étude rappelle de même que « les États membres de l'UEMOA ne seront plus tenus de conserver la moitié de leurs réserves de change sur un compte d'opération au Trésor français. Autrement dit, la banque centrale régionale, la BCEAO, pourra gérer ses réserves de changes comme elle le jugera approprié »[7].

En , Le président en exercice de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le nigérien Mahamadou Issoufou, appelle les députés de la 5e législature du Parlement de l'Organisation à encourager leurs différents pays à adopter des politiques macroéconomiques qui permettront d'atteindre les critères de convergence pour l'adoption de l'éco-monnaie pour la région.

Dans l’espoir que le projet eco se concrétise, il déclare que « les parlements, qui contrôlent l’action des gouvernements, doivent encourager les États à mener des politiques macroéconomiques permettant de réaliser les critères de convergence nécessaires à la réalisation de cette ambition »[8].

En mai 2020, sur la fin du franc CFA l’Élysée l’assure, il n’y aura « pas d’inflexion notable » sur la politique menée : « L’agenda de Ouagadougou reste la ligne directrice. » Sur tous les « fondamentaux », aucune date butoir n’est encore retenue en France afin de soumettre le projet de loi engageant la fin du franc CFA au Conseil d’État puis au Parlement. Mais la présidence française assure que les choses seront effectives « dans les semaines qui viennent ».

Le , un projet de loi est adopté par le gouvernement français qui vise à entériner cette monnaie commune[9]. La BCEAO ne sera ainsi plus obligée de déposer la moitié de ses réserves de change auprès du Trésor public français[10].

En juillet 2020, Les sénateurs Nathalie Goulet et Victorin Lurel, de la Commission des finances de la chambre haute française font un bilan d’étape, de leur mission de « contrôle budgétaire » sur le projet de réforme du franc CFA, annoncé le 21 décembre par les présidents Emmanuel Macron et Alassane Dramane Ouattara et objet d’un projet de loi déposé le 22 mai 2020 devant le Parlement français.

Selon le compte-rendu de cette rencontre, les auditions menées par les deux sénateurs – qui ont notamment interrogé l’ancien ministre des Finances et ex-directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn – permettent de relever «beaucoup d’incompréhensions sur le fonctionnement réel de cette monnaie et la nature des relations entre la France et les pays africains».

Selon Nathalie Goulet, le principe, « le plus critiqué symboliquement et le plus mal compris des opposants au franc CFA, est celui de la centralisation d’une partie des réserves de change des banques centrales des trois zones monétaires auprès du Trésor français ».

« Les opposants au franc CFA se servent de ce principe pour expliquer que le colonialisme français se poursuit par la voie monétaire, avec le blocage des réserves de change auprès du Trésor français. Cette affirmation, inexacte, engendre des polémiques », estime la sénatrice française, pour qui la réforme en cours est « une bonne chose ».

À ses yeux, elle « devrait mettre fin aux irritants, tel que le nom de la monnaie ou encore l’obligation de centralisation d’une partie des réserves de change »[11].

Le , la France ratifie l'accord de coopération monétaire avec l'UEMOA qui doit permettre la mise en œuvre formelle de l'éco[12].

En février 2022, un incendie a ravagé l'imprimerie de la Banque de France à Chamalières, où sont imprimés les francs CFA[13].

Évolution du change et conversion

  • À partir du 26 décembre 1945 : 1 franc CFA = 1,7 anciens francs français
  • À partir de 1958 : 1 franc CFA = 2 anciens francs français = 0,02 nouveaux francs
  • Au 12 janvier 1994 : 1 F CFA = 0,01 FF (dévaluation de 50 % du F CFA)
  • Au 1er janvier 1999 : 1 euro = 655,957 F CFA (arrimage du F CFA à l'euro)

Son équivalent dans la zone monétaire de l'Afrique centrale est le franc CFA (CEMAC) mais, bien que les taux de conversion vis-à-vis de l'euro (auquel les deux monnaies sont arrimées) soient identiques (655,957 francs pour 1 euro[Note 1]), leur usage n'est pas interchangeable (on ne peut donc pas payer en CFA (CEMAC) des produits vendus en Afrique de l'Ouest, et réciproquement)[pourquoi ?].

Logotypie

Peson akan (0,14 a 0,19 g), multiple de la graine de l'Abrus precatorius servant de référence.

Sur chaque pièce et au recto des billets est représenté le logo de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), sous la forme d'un poisson-scie stylisé. Celui-ci représente une figurine en bronze employée anciennement par les Akan comme équivalent pour peser la poudre d'or, appelée peson, figurine qui ne se limitait pas au poisson-scie. Dans leur mythologie, cette espèce incarne par ailleurs la puissance de la mer, la fécondité et la prospérité.

Pièces de monnaie

Pièces circulantes
ImageValeurComposition Description1re émission
AversRevers Avers Revers
1 franc Acier 1976
5 francs Aluminium-bronze 1960
10 francs Aluminium-bronze FAO 1960
25 francs Aluminium-bronze 1960
50 francs Cuivre-nickel Le logo de la BCEAO, le poisson–scie stylisé. 1972
100 francs Cuivre-nickel 1967
200 francs bimétallique
laiton et cupro-nickel
Les motifs représentent les principaux produits les principaux produits vivriers (mil, maïs, banane et riz) de la zone UEMOA.[14] 2003
250 francs bimétallique
laiton et cupro-nickel
1992-1996
500 francs bimétallique
cupro-nickel et laiton
Les motifs représentent les principaux produits agricoles d’exportation de la zone UEMOA (arachide, cacao, café, et coton)[14]. Le logo de la BCEAO, le poisson–scie stylisé[14]. 2003

Billets de la BCEAO

Série 2003 et 2012 :

Références

Notes

  1. En plus d'un taux de change fixe, il s'agit aussi du taux moyen sur le marché dérivé du point médian (mid-market) entre les taux transactionnels « acheter » et « vendre » sur les marchés monétaires mondiaux. Le taux du marché intermédiaire indique la valeur d'une devise qui n'est pas pondérée par l'achat ou la vente. Les clients consommateurs ou les petites et moyennes entreprises n'ont pas accès à ces tarifs. Le sens de transaction (achat ou vente), l'établissement financier (frais et commissions) et le pays (où se déroule la transaction) sont autant de facteurs qui modifient le taux lors de la transaction réelle par un particulier.

Références

  1. (en) « Taux de conversion franc CFA/dollar des Etats-Unis », sur Convertisseur de devises XE (consulté le )
  2. Combat, 26 décembre 1945, p. 1 — sur Gallica.
  3. La Zone franc en 1955 : rapport publié par le Secrétariat du Comité monétaire de la zone franc, Comité monétaire de la zone franc, 1955, p. 19 — sur Gallica.
  4. « Dates clés », sur Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (consulté le )
  5. Cyril Bensimon, « La fin du franc CFA annoncée par Emmanuel Macron et Alassane Ouattara », sur Le Monde,
  6. « Déclaration d'intellectuels africains sur les réformes du franc CFA », sur Mediapart, (consulté le ).
  7. « Standard & Poor's temporise sur l'adoption de l'Eco », sur LePoint.fr
  8. « Cedeao : Les députés priés de stimuler le projet de la monnaie unique dans leur pays », sur Koaci, (consulté le )
  9. Le Figaro avec AFP, « Le gouvernement entérine la fin du franc CFA dans un projet de loi », sur https://www.lefigaro.fr, (consulté le )
  10. Le Figaro avec AFP et le service Infographie du Figaro, « La fin du Franc CFA : ce qui va changer », sur Le Figaro, (consulté le )
  11. « Franc CFA : au Sénat français, des interrogations sur la fin des « irritants » », sur Jeune Afrique, (consulté le )
  12. Jeune Afrique, « La réforme franc CFA/eco, victime collatérale du Covid-19 ? », sur www.jeuneafrique.com, (consulté le )
  13. Damien Glez, « Franc CFA – Incendie d’une imprimerie de billets : un signe pour les panafricanistes ? », sur Jeune Afrique, Jeune Afrique, (consulté le )
  14. « Pièces en circulation », sur bceao.int (consulté le )

Annexe

Articles connexes

Liens externes

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