Gérard Leman
Le comte Gérard Leman (/ləmɑ̃/[note 1]), né le à Liège en Belgique et mort le dans la même ville, est le commandant de la position fortifiée de Liège. Il s'est illustré lors de la bataille de Liège en , ce qui lui a valu une reconnaissance internationale.
Pour les articles homonymes, voir Leman.
Gérard Leman | ||
Général Georges Leman, Commandant de la Ville Fortifiée de Liège (Edmund Tarbell, 1919-1920)[1] | ||
Nom de naissance | Gérard Mathieu Joseph Georges Leman | |
---|---|---|
Naissance | Liège (Belgique) |
|
Décès | Liège (Belgique) |
|
Origine | Belge | |
Arme | Génie, Infanterie | |
Grade | Lieutenant-général | |
Années de service | 1867 – 1920 | |
Commandement | École militaire, 3e division d'armée (Liège) |
|
Conflits | Première Guerre mondiale | |
Faits d'armes | Bataille de Liège | |
Distinctions | Grand cordon de l'Ordre de Léopold, Grand officier de l'Ordre de la Couronne, Grand-croix de l'Ordre national de la Légion d'honneur |
|
Hommages | Anobli comte (1919), Obsèques nationales |
|
Liste des commandants de l’École royale militaire Généraux belges pendant la Première Guerre mondiale |
||
Biographie
Jeunesse
Il est le fils de Georges-Auguste Leman, capitaine d'artillerie et professeur à l'École militaire, et de Marie Kips. Ses études secondaires terminées à l'Athénée royal de Bruxelles, il entre comme élève à l'École militaire en 1867 et en sort premier de promotion en 1872 avec le grade de lieutenant du génie.
Avant la Première Guerre mondiale
Durant la guerre franco-prussienne de 1870, il sert dans un corps d'observation belge. En 1882, il devient membre du corps enseignant de l'École royale militaire puis en prend le commandement le . Il exerce une influence considérable sur la matière militaire enseignée, et pousse notamment les mathématiques[2].
Durant cette période, il devient aussi le responsable de l'éducation militaire du futur roi Albert Ier.
Préparation de Liège
Nommé lieutenant général dans l'infanterie le , il devient, en , le commandant de la position fortifiée de Liège et de la 3e division d'armée. Déterminé à ralentir autant que possible une (encore) hypothétique attaque allemande, il mobilise plus de 18 000 personnes pour renforcer les fortifications bâties, entre 1888 et 1891, par Henri-Alexis Brialmont autour de la ville.
Durant une visite d'un ministre belge[Lequel ?], on[Qui ?] lui fait la remarque que ces travaux, qui sont tournés vers l'Allemagne, compromettent la neutralité de la Belgique telle que définie dans le traité des XXIV articles. Leman, peu impressionné, rétorque que « la Belgique le remerciera si la guerre devait avoir lieu et que si ce n'était pas le cas, qu'on pouvait lui prendre ses étoiles de général »[réf. souhaitée].
Bataille de Liège
Le , la Deutsches Heer, sous le commandement du général Otto von Emmich, apparaît devant Liège et lance un ultimatum. Le Général Leman refusant de se rendre, la position fortifiée est attaquée et la bataille de Liège débute dans la nuit au 5 au [2]. À 4 h 30, le quartier général de Leman installé rue Sainte-Foy[note 2] est attaqué par une compagnie allemande infiltrée[3]. Bien que l'attaque soit repoussée, le Général Leman transfère ce qui reste de son quartier général et de son état-major au fort de Loncin commandé par le colonel Victor Naessens.
Les troupes allemandes en présence étant initialement incapables de vaincre et de soumettre les forts, elles doivent attendre l'arrivée des zeppelins et, surtout, de l'artillerie lourde (« Grosse Bertha ») pour ce faire. Gérard Leman est capturé, le , inconscient, fortement commotionné et blessé dans les ruines du fort de Loncin après un bombardement intensif qui aura duré 24 heures avant d'atteindre son arsenal.
Captivité
En signe de respect, les Allemands lui permettent de conserver son épée durant sa captivité[2]. Il insiste pour que, sur le rapport de sa capture, soit mentionné le fait qu'il ne s'est pas rendu mais a été capturé inconscient[4].
Il est d'abord transféré dans la citadelle de Magdebourg où il subit l'amputation d'un orteil le 1er septembre dont la cicatrisation ne s'achève qu'en . Il écrit, entre autres, « j'ai reçu ici des soins médicaux éclairés et dévoués et depuis une dizaine de jours, je vais mieux »[5]
Le général Leman est, alors, déplacé le vers le camp de Blankenburg-im-Mark. Son état de santé devenant préoccupant, car il a des problèmes diabétiques et cardiaques[5], il est libéré sans conditions le .
Après une convalescence en Suisse, il rejoint le gouvernement belge exilé en France, près du Havre où une réception solennelle est organisée en son honneur le .
Après-guerre
En , il est accueilli en héros dans sa ville natale et s'y installe pour rédiger son Rapport au Roi sur la défense de Liège en (édité seulement en 1960). Le roi le maintient dans ses fonctions sans limite d'âge et lui donne ses lettres de noblesse de comte le . Son « rapport » à peine achevé, il meurt le d'une pneumonie.
Funérailles
Le gouvernement belge décrète l'organisation d'obsèques nationales. Celles-ci ont lieu le par un hommage, corps présent, au Palais de la Nation à Bruxelles, avant l'inhumation civile, selon les désirs du défunt, au cimetière d'Ixelles où il repose auprès de ses parents.
Distinctions et honneurs
- Concession du titre de Docteur Honoris causa de l'Université de Gand en .
- Concession de noblesse avec le titre de comte transmissible par primogéniture le [6].
Blason | D'argent à une enceinte fortifiée de gueules, maçonnée d'argent, accostée de deux branches de lierre au naturel ; au chef tiercé en pal de sable, d'or et de gueules
|
|
---|---|---|
Détails |
|
- grand cordon de l'Ordre de Léopold avec palme ;
- grand officier de l'Ordre de la Couronne ;
- croix de guerre 1914-1918 belge et française ;
- médaille interalliée de la victoire ;
- grand-croix de l'Ordre national de la Légion d'honneur ;
- grand Croix de l'Ordre de Saint-Michel et Saint-Georges de Grande-Bretagne ;
- commandeur de l'Ordre du Sauveur de Grèce ;
- commandeur de l'Ordre de l'Étoile de Roumanie ;
- grand officier de l'Ordre du Mérite Militaire d'Espagne ;
- croix militaire de 1re Classe ;
- médaille commémorative de la guerre 1914-1918 ;
- commandeur de l'Ordre du Double Dragon de Chine impériale ;
- médaille de Liège.
Ouvrages écrits
- Leçons de statique graphique, 1887 ;
- Cours de résistance des matériaux, 1895 ;
- Note sur la stabilité des routes circulaires, 1900 ;
- Sur l’enseignement de l’analyse infinitésimale, 1901 ;
- Rapport au Roi sur la défense de Liège en , 1920 (mais édité en 1960 par Georges Hautecler)
Mémoire
Dans les noms de lieux
- Belgique :
- à Liège la place de Fragnée est rebaptisée place du Général Leman en 1918,
- à Etterbeek, la rue des Rentiers est rebaptisée rue Général Leman en . À noter qu'elle avait déjà pris cette dénomination au début de la guerre mais l'occupant allemand avait exigé de revenir à l'ancienne,
- à Ans, Châtelet, Colfontaine, Dour, Enghien, Flémalle, Frameries, Hensies, Heusy, Hyon, Jemappes, Jemeppe-sur-Meuse, Leuze-en-Hainaut, Mouscron, Nivelles, Rouveroy, Roux, Seneffe et Vezon : l'avenue, la rue ou la place Général Leman,
- à Assebroek, Berchem, Bourg-Léopold, Hasselt, Hoeilaart, Knokke, Machelen, Wavre-Sainte-Catherine, Leeuw-Saint-Pierre : la Generaal Lemanstraat ou la Generaal Lemanlaan,
- à Flémalle : la gare de Leman ;
- Canada :
- dans les montagnes Rocheuses, le Mount Leman[7] (50° 44′ 00″ N, 115° 24′ 48″ O) et le Leman Lake (50° 45′ 00″ N, 115° 25′ 14″ O) ont tous deux été ainsi renommés en 1918.
Dans l'art
- Peinture à l'huile réalisée par Edmund Tarbell [1] ;
- Peinture à l'huile de James Ensor intitulée Ensor et Leman parlant peinture, 1890, collection privée[8] ;
- Peinture à l'huile, portrait en pied à l'École Royale Militaire[9] ;
- Émile Verhaeren lui dédie un poème édité en 1916[10].
- Portrait en eau-forte par Servais Detilleux, réalisé en 1919 et conservé au Musée royal de l'armée
- Médaille en bronze de Godefroid Devreese avec sur une face le nom, le grade et le portrait du général Leman et sur l'autre face le corps gisant sur les décombres du fort de Loncin avec l'inscription sur le listel "fort de Loncin ".
Notes et références
Notes
- Prononciation en français standard retranscrite phonémiquement selon la norme API.
- La rue Sainte-Foy a été rebaptisée du nom de l'officier de garde au moment de l'attaque le Commandant Marchand. Le bâtiment du quartier général, quant à lui, fut démoli en 1973 pour permettre l’extension de l'Athénée royal de Liège-Atlas.
Références
- (en) « General Georges Leman, Commander of the Fortified Town of Liege », sur americanart.si.edu
- (en) « Poll to reeves », Encyclopædia Britannica, (consulté le ) : « Leman, Gérard Joseph Mathieu Georges »
- Pierre Beaujean, E. Menzel, « Août 1914, rue Commandant Marchand, un bâtiment, deux histoires. », Tome IV, fascicule no 4, sur www.clham.org, Centre liègeois d'Histoire et d'Archéologie militaires (consulté le )
- (en) G. J. Meyer, A world undone : the story of the Great War, 1914-1918, New York, Delacorte Press, , 778 p. (ISBN 978-0-553-38240-2, OCLC 851877878), p. 135
- La Hulpe info, Exposition 14-18 § 7, p. 2
- [[#UOS|Baron de Ryckman de Betz, Armorial général de la noblesse belge (réimpr. 1957)]], p. 657.
- (en) « Mount Leman », sur peakfinder.com (consulté le )
- « Exposition James Ensor », Ensor et Leman parlant peinture, sur moma.org, (consulté le ) : « Peinture à l'huile sur bois (12 x 16 cm) »
- « Les commandants de l'école », Lieutenant-général Leman, sur rma.ac.be (consulté le )
- Émile Verhaeren (ill. Raoul Dufy), Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, Paris, Société Littéraire de France, , 226 p. (OCLC 5745383, lire en ligne), « Le général Leman », p. 83-88
Voir aussi
Bibliographie
- Maurice Des Ombiaux, Le général Leman, Paris, Bloud & Gay, coll. « Pages actuelles / 1914-1916 » (no 79), , 45 p. (OCLC 8936145)
- n.c., « L'héroïque défense de Liège », Le Pays de France, Paris, Le Matin, no 249,
- A. Schrÿver, La bataille de Liège : (août 1914), Liège, H. Vaillant-Carmanne, , 258 p. (OCLC 20985978)
- n.c., Histoire de l'école militaire : 1834-1934, Bruxelles, Académie royale de Belgique (Imprimerie Marcel Hayez), , 396 p. (OCLC 71435352), p. 75-90 (KBR code 1_28287)
- Baron de Ryckman de Betz (préf. Charles Terlinden pour la réimpression de 1957), Armorial général de la noblesse belge, Liège, H. Dessain (réimpr. 1957) (1re éd. 1941), 769 p. (OCLC 162201538) — La réimpression de 1957 comporte 814 p. ainsi que certaines corrections par rapport à la 1re édition (OCLC 468823365)
- Gérard Leman (préf. Georges Hautecler), Le Rapport du général Leman sur la défense de Liège en août 1914, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, , 194 p., in-8° (OCLC 17454281)
- n.c., La Hulpe info : Guide et catalogue de l'exposition à la maison communale de La Hulpe, La Hulpe, , « Documents des prisonniers de guerre belges dont une lettre signée par le Général Leman, défenseur des forts de Liège », p. 2 § 7 Il s'agit d'une carte postale écrite au crayon par le lieutenant-général Leman le 27 janvier 1915, mise sous enveloppe munie des cachets de la citadelle de Magdebourg où il décrit son état de santé et ses problèmes diabétiques et cardiaques.
- (en) G.J. Meyer, A world undone : The story of the Great War, 1914-1918, New York, Delacorte Press, , 670 p. (ISBN 978-0-553-80354-9, OCLC 62857861), 2, August-December 1914: Racing to Deadlock
Articles connexes
- Position fortifiée de Liège
- Bataille de Liège
- École royale militaire (Belgique)
- Forces armées belges: Liste chronologique de généraux et chefs d'État-Major de La Défense.
- Général Antonin de Selliers de Moranville, chef d'état-major de l'armée belge en 1914
Liens externes
- (en) « Primary Documents: The Fall of Liege - A German Officer's Letter, August 1914 »
- Biographie du Général Leman sur Ars Moriendi
- La lettre, du 16 août 1914, du général Leman au roi Albert Ier
- Portail de Liège
- Portail de la Belgique
- Portail de l’histoire militaire de la Belgique
- Portail de la Première Guerre mondiale