Gabriel-Auguste de Mazancourt

Gabriel-Auguste de Mazancourt est né le au château de Vivières, en Valois et mort le à Breslau.

Gabriel-Auguste de Mazancourt

Officier de son régiment, le régiment noble à pied de Condé

Naissance
Château de Vivières
Décès  84 ans)
Breslau
Origine Française
Grade Maréchal des camps et armées du roi,
Années de service 17441801
Commandement Régiment de Bourbon-cavalerie
Brigade d'Austrasie et du Soissonnais (1792)
Régiment noble à pied de Condé
Conflits Guerre de Succession d'Autriche
Guerres de la République, du Consulat et de l’Empire.
Distinctions Grand Croix de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis
Autres fonctions Député suppléant de la noblesse au États généraux de 1789

Gabriel-Auguste, comte de Mazancourt est maréchal des camps et armées du roi, commandant de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis[1]. Il commande le régiment de Bourbon-cavalerie. Nommé par le roi président de l'assemblée provinciale du Valois, il est élu député suppléant de la noblesse au États généraux de 1789. Il est admis à siéger le 5 avril 1790 en remplacement du comte de Barbançon. Démissionnaire, il émigre en 1791 et rejoint l’armée de Condé. Il commande la brigade d'Austrasie et du Soissonnais et il reçoit le commandement du régiment noble à pied de Condé, connu aussi sous la dénomination de chasseurs nobles, et composé de 2 316 gentilshommes. Gabriel-Auguste de Mazancourt fait avec ce corps, les campagnes de cette époque, et se distingue constamment par la valeur la plus intrépide, ainsi que par le zèle et la fermeté qu'il déploie pour le maintien de la discipline. Malgré son grand âge, il marche toujours en avant des chasseurs nobles, même pendant les saisons les plus rigoureuses, et en conserve le commandement jusqu'au licenciement, qui eut lieu en 1801. Il reçoit dans cet intervalle de nombreux témoignages d'estime de la part du roi et des princes. Il est créé Grand-Croix de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis et lieutenant général des armées du roi par brevet en 1795[2]. Il meurt le à Breslau, en Silésie, après s'être distingué à l'armée de Condé[3].

Biographie

Avant la Révolution

Blason Mazancourt

Comte de Mazancourt, seigneur du Plessis, de Longavesnes et de Vivières[4], il naît au château de Vivières, en Valois, dans l'année 1725. Son père n’est que capitaine au régiment d'infanterie de Bourgogne, mais cette famille a des ancêtres connus dès le XIIe siècle. Le blason des Mazancourt est : D'azur, au chevron d'or, accompagné de 3 coquilles du mesme[5].

Gabriel-Auguste de Mazancourt entre au service comme cornette dans le régiment de cavalerie Dauphin-Étranger sous le nom de Courval[6] début 1744. Il est capitaine dans le régiment de cavalerie connu sous le nom de Noë-cavalerie, dès mars 1744. Il fait les campagnes de Flandre de guerre de Succession d'Autriche. Il a le rang de mestre de camp dès 1749 puis est incorporé dans le régiment de Bourbon-cavalerie en 1761. Il n’a qu’un brevet de mestre de camp en . Il passe lieutenant-colonel au régiment de Bourbon cavalerie, au mois de novembre suivant. On le crée brigadier des armées du roi, le . Il est fait commandeur de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, le et promu au grade de maréchal des camps et armées du roi, le , avec un traitement de 4 000 livres[7]. C’est un Homme de guerre qui a des actions d'éclat, disent les notes d'inspection de 1765. En 1764, il est dit officier courageux et rempli d'intelligence. En 1768, les notes d'inspection le trouvent rempli de bonne volonté et du meilleur exemple[8].

Nommé, par le roi, président des assemblées provinciales du Valois, il est élu député suppléant de la noblesse au États généraux de 1789. Il est admis à siéger le en remplacement du comte de Barbançon[9], est député du bailliage de Villers-Cotterets. Il conteste très vivement l’abolition des titres féodaux et des blasons familiaux, parlant d’hérédité, de Dieu et de lois de la nature. Il n’est pas le seul à s'insurger contre la fin de la féodalité et ces députés de la noblesse vont émigrer quand ils se rendront compte qu’ils seront plus utiles à leur cause l’épée à la main[10].

L’armée des émigrés

Gabriel-Auguste de Mazancourt émigre au mois de avec son cuisinier et deux domestiques[11]. Ils rejoignent l’armée de Condé. Mazancourt, c’est la drôle figure, dit un témoin de son arrivée au camp de Worms[12]. Il vient d’avoir 66 ans mais reste étonnamment actif.

Gabriel-Auguste de Mazancourt commande la brigade d'Austrasie et du Soissonais, une petite unité à l'existence éphémère en 1792. Il apprend que son château et ses terres ont été vendus comme biens nationaux.

Par la suite, il rejoint le régiment noble à pied de Condé (ou infanterie noble de Condé) qui compte 2 bataillons à 6 compagnies de 196 hommes, dont voici la liste et les capitaines :

  • Colonel-Général - Le marquis de Vauborel, capitaine
  • Bourbonnais et Beauvoisis - Le chevalier de Salgues, capitaine
  • Predelys, Tschudy et Mussey - Le comte de La Saulaye, capitaine
  • Ladevese, Riollet et Corsac - Le comte de Sabran, capitaine
  • Neustrie et La Fère - Le comte de Bevy, capitaine
  • Royal et Saintonge - Le comte de Gand, capitaine
  • Guyenne et Monsieur - Le comte d'Apchon, capitaine
  • Austrasie et Soissonnais - Le marquis de la Tour-du-Pin, capitaine
  • Bresse et Enghien - Le marquis du Goulet, capitaine
  • La Marine et Condé - Le comte de Chilleau, capitaine
  • Auvergne et Médoc - Le chevalier du Boys, capitaine
  • Piémont et Aquitaine - De Martignac, capitaine.

Le commandant est le colonel Gelb, Gabriel-Auguste de Mazancourt en est le lieutenant-colonel[13].

Après la campagne de 1792, il prend le nom de régiment des chasseurs nobles, et a pour chef le comte de Mazancourt dont les témoins nous disent qu’il est un fort ancien officier-général[14]. Il reçoit, en 1794, le commandement en chef du corps d'infanterie connu sous la dénomination de régiment de chasseurs nobles ou aussi régiment noble à pied de Condé, et composé de 2 316 gentilshommes. Il fait, avec ce corps les campagnes de cette époque, et se distingue constamment par la valeur la plus intrépide, ainsi que par le zèle et la fermeté qu'il déploie pour le maintien de la discipline. Malgré son grand âge, il marche toujours en tête des chasseurs nobles, même pendant les saisons les plus rigoureuses, et en conserve le commandement jusqu'au licenciement, qui a lieu en 1801[15].

L’état approximatif de la composition et de la force du corps de Condé à l'ouverture de la campagne de 1796, nous dit que le régiment noble à pied de Condé compte 2 bataillons et 1 200 hommes[16]. Ce régiment forme dix-huit compagnies, ayant toutes pour chefs de vieux généraux, et souvent pour simples soldats des officiers supérieurs. Une compagnie voit dans ses cadres des noms qui seront bien connus sous le second Empire, tels que de La Valette, de Sartiges, Marey, de Montesquieu, de Goyon, d'Aurelle, de Salignac, de Saint-Marsault, de Praslin, de Lâge, de Querelles et de Bonnechose[17].

Le régiment de chasseurs nobles reprend officiellement le nom de régiment noble à pied de Condé, en [18].

En , en Russie, le régiment noble à pied de Condé pour parcourir de longues étapes se contente de voitures de paysans que les hommes couvrent modestement d'une toile. En sorte que la marche du régiment noble à pied de Condé reprend sa forme accoutumée, celle d'une caravane nombreuse escortée de quelques hommes armés ; mais pour cette fois on n'y voit pas de femmes, elles sont restées au dépôt[19].

Louis XVIII s'arrête le pour dîner à Sandaniello, bourg au-delà du Tagliamento, chez le comte de Mazancourt, colonel du régiment noble à pied qui y est cantonné, et qui ne doit se mettre en mouvement que deux jours après[20]. Dans les jours qui suivent, le régiment noble à pied traverse la ville de Salzbourg pour se rendre dans ses cantonnements, et Monseigneur le voit défiler en parade[21].

Le colonel Ramsay passa, le 27, la revue du régiment noble à pied de Mazancourt, et de celui de Durand[22].

De nouveaux uniformes sont distribués, le , au régiment noble à pied de Mazancourt qui avait conservé jusqu'alors, ainsi que tout le corps, le costume russe[23]. Le régiment est licencié.

Il peut revenir en France, mais constate que tous ses biens ont été vendus[11]. Gabriel-Auguste de Mazancourt meurt le à Breslau, en Silésie, après s'être distingué à l'armée de Condé[3].

Les noms des membres du régiment noble à pied de Condé

Mariage et descendance

Gabriel-Auguste de Mazancourt épouse, par contrat du , passé devant Bessonnet, notaire à Paris, Victoire-Thérèse Hardouin de Beaumois, fille de Charles Hardouin de Beaumois, écuyer, Trésorier du Marc d’Or de l'Ordre du Saint-Esprit, l'ordre de chevalerie le plus prestigieux de la monarchie française, et de demoiselle Jeanne-Marguerite de Nesles[24]. Victoire-Thérèse Hardouin de Beaumois est dame en partie de La Montagne et des Sachets. Ils ont sept enfants, mais seule Anne-Augustine-Esther (1779-1859) se marie avec Charles Gustave Hardouin comte de Montguyon, chambellan de l'empereur, député de l'Oise (1830-31), futur colonel et aide de Camp de S.A.R. le comte de Paris, Philippe d'Orléans (1838-1894).

Le , un dénonciateur déclare au district d'Arras que le nommé Baumont, ci-devant aide-major de la place, s'était rendu adjudicataire du presbytère de Saint-Étienne et l'avait cédé à la ci-devant comtesse de Mazancourt pour lui procurer les moyens de recevoir son curé réfractaire, lors de la contre-révolution. Baumont répond que s'il avait acheté ce presbytère pour le compte de Mme de Mazancourt, c'était uniquement parce qu'elle lui avait promis de le lui louer bon marché; que du reste Madame de Mazancourt est partie laissant ses meubles dans cette maison, dont le notaire Bossu a les clefs. Victoire-Thérèse Harduin (née à Paris, 57 ans), épouse divorcée de Gabriel de Mazancourt, est mise en arrestation et poursuivie pour un autre crime. Les commissaires de la municipalité d'Arras ont trouvé en sa possession une correspondance avec un nommé Martin, émigré, et deux cocardes blanches, l'une en basin, l'autre en soie, liées d'un autre ruban sur lequel on lisait : Pensez à moi. Le tribunal révolutionnaire découvre dans ces pièces la preuve d'un attentat contre la sûreté intérieure et extérieure de l'État et condamne Madame de Mazancourt à la peine de mort[25].

Madame de Mazancourt laisse des complices qui la suivent de près au tribunal révolutionnaire et à l'échafaud... Le juge révolutionnaire Cyriaque Caron accuse, par exemple, Madame de Chelers d’avoir eu des liaisons avec l'infâme comtesse de Mazancourt et l'émigré Martin, ex-chanoine de Noyon, à qui elle avait donné asile[26].

Notes et références

  1. Archives parlementaires de 1787 à 1860: recueil complet des débats législatifs et politiques des chambres françaises, France Assemblée nationale, France Convention nationale, Francia Parlement, 1879, ser.1 v.6, p. 185.
  2. Dictionnaire historique et biographique des généraux français, depuis le onzième siècle jusqu'en 1820: depuis le onzième siècle jusqu'en 1820 (1821, 1822, 1823), Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, 1823, t.7 (Jeanno-Mont), p. 406 et 407 et François-Alexandre de La Chenaye-Aubert, Dictionnaire généalogique..., 3e éd. Paris, 1863-1876, 19 vol. in-4, tome : 13, p. 552.
  3. Journal, Marc-Marie de Bombelles, Jeannine Charon-Bordas, Droz, 2005, p. 119.
  4. Les Constituants. Liste des députés et des suppléants lus l'Assemblée constituante de 1789. Précédé d'un avertissement par Armand Brette, Adamant Media Corporation, p. 31.
  5. François-Alexandre de La Chenaye-Aubert, Dictionnaire généalogique..., 3e éd. Paris, 1863-1876, 19 vol. in-4, tome : 13, p. 552.
  6. Histoire de L'ordre royal et militaire de Saint-Louis... jusqu'en 1830, T. Anne, Alexandre Mazas, Théodore Anne, 1860, p. 470.
  7. Histoire de L'ordre royal et militaire de Saint-Louis... jusqu'en 1830, T. Anne, Alexandre Mazas, Théodore Anne, 1860, p. 470 et Dictionnaire historique et biographique des généraux français, depuis le onzième siècle jusqu'en 1820: depuis le onzième siècle jusqu'en 1820 (1821, 1822, 1823), Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, 1823, t. 7 (Jeanno-Mont), p. 406 et 407.
  8. Registre de Bourbon-cavalerie, 1763 à 1776. Registre du même régiment devenu Bourbon-Dragons, 1776 à 1788.
  9. Dictionnaire historique et biographique des généraux français, depuis le onzième siècle jusqu'en 1820 : (1821, 1822, 1823) Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, 1823, t. 7 (Jeanno-Mont), p. 406 et 407.
  10. Abolition of Feudalism: Peasants, Lords, And Legislators In The French Revolution, John Markoff, Penn State Press, 2004, p. 468.
  11. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, Librairie de Lalance et Voyeux-Solin (Soissons), 1897 (SER3,T7), p. 17.
  12. Journal d'un fourrier de l'armée de Condé, Jacques de Thiboult Du Puisact, publ. et annoté par le comte G. de Contades, Jacques de Thiboult Du Puisact, 1882, p. 151.
  13. Pour les noms des autres officiers supérieurs voir Campagnes du corps sous les ordres de Son Altesse Sérénissime Mgr le prince de Condé, Armand François Hennequin, marquis d'Ecquevilly, Le Normant, 1818, v.1, p. 61 et suivantes.
  14. Campagnes du corps sous les ordres de Son Altesse Sérénissime Mgr le prince de Condé, Armand François Hennequin Ecquevilly, Le Normant, 1818, v.1, p. 369.
  15. États militaires, Mémoires de M. d'Ecquevilly, certificats des princes français.
  16. Relation d'un voyage sur le bord septentrional de la Mer d'Azof et en Crimée, dans la vue d'y établir une colonie d'émigrés, Comte de Castres, A.J. Kilian, 1826, p.ix.
  17. Histoire des trois derniers princes de la maison de Condé : Prince de Condé. Duc de Bourbon. Duc d'Enghien. D'après les correspondances originales et inédites de ces princes, Jacques-Augustin-Marie Crétineau-Joly, Jacques Crétineau-Joly, Amyot, 1867, vol. 2, p. 91 et 92.
  18. Mémoires, lettres et pièces authentiques touchant la vie et la mort de S.A.S. Monseigneur Louis-Antoine-Henri de Bourbon Condé, duc d'Enghien, André Boudard, Audin, 1823, p.104.
  19. Relation d'un voyage sur le bord septentrional de la Mer d'Azof et en Crimée, dans la vue d'y établir une colonie d'émigrés, Comte de Castres, A.J. Kilian, 1826, p. 357.
  20. Campagnes du corps sous les ordres de Son Altesse Sérénissime Mgr le prince de Condé, Armand François Hennequin, Ecquevilly, Le Normant, 1818, v.3, p. 15.
  21. Campagnes du corps sous les ordres de Son Altesse Sérénissime Mgr le prince de Condé, Armand François Hennequin, Ecquevilly, Le Normant, 1818, v.3, p. 21.
  22. Campagnes du corps sous les ordres de Son Altesse Sérénissime Mgr le prince de Condé, Armand François Hennequin, Ecquevilly, Le Normant, 1818, v.3, p. 22.
  23. Campagnes du corps sous les ordres de Son Altesse Sérénissime Mgr le prince de Condé, Armand François Hennequin, Ecquevilly, Le Normant, 1818, v.3, p. 107.
  24. Dictionnaire de la noblesse... de France, François Alexandre Aubert de la Chenaye Desbois, 1775, p. 670.
  25. La Terreur dans le Pas-de-Calais et dans le Nord, Histoire de Joseph Le Bon et des tribunaux révolutionnaires d'Arras et de Cambrai, Auguste Joseph Paris, Ghislain François Joseph Lebon, 1864, p. 129.
  26. La Terreur dans le Pas-de-Calais et dans le Nord Histoire de Joseph Le Bon et des tribunaux révolutionnaires d'Arras et de Cambrai, Auguste Joseph Paris, Ghislain François Joseph Lebon, 1864, p. 130 et suivantes.

Articles connexes

  • Société archéologique de Soissons, Bulletin, 1936/39, 155-77
  • Baron Henry de Woelmont de Brumagne, Notices généalogiques, Paris, 1923-1935, 8 vol. in-8, tome : 1
  • Baron Henry de Woelmont de Brumagne, Notices généalogiques, Additions et corrections aux 4 premières séries, page : 120-1
  • Comte Maxime de Sars, Le Laonnois féodal, Paris, 1924-1934, 5 vol. in-4, tome : 4, 359-62
  • François-Alexandre de La Chenaye-Aubert, Dictionnaire généalogique..., 3e éd. Paris, 1863-1876, 19 vol. in-4, tome : 13, p. 552.
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