Gabriel Boric
Gabriel Boric Font (prononcé : [ɡaˈβɾjel ˈβoɾitʃ font][note 1]), né le à Punta Arenas, est un homme d'État chilien, président de la République depuis le .
Pour les articles homonymes, voir Boric.
Boric Font est un nom espagnol. Le premier nom de famille, paternel, est Boric ; le second, maternel, souvent omis, est Font.
Gabriel Boric | ||
Portrait officiel de Gabriel Boric (2022) | ||
Fonctions | ||
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Président de la République du Chili | ||
En fonction depuis le (5 mois et 24 jours) |
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Élection | 19 décembre 2021 | |
Gouvernement | Boric | |
Prédécesseur | Sebastián Piñera | |
Député chilien | ||
– (8 ans) |
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Élection | 17 novembre 2013 | |
Réélection | 19 novembre 2017 | |
Circonscription | 60e district (2014-2018) 28e district (2018-2022) |
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Prédécesseur | Miodrag Marinovic | |
Successeur | Javiera Morales | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Gabriel Boric Font | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Punta Arenas (Chili) | |
Nationalité | Chilienne | |
Parti politique | Gauche autonome (2008-2016) Mouvement autonomiste (2016-2019) Convergence sociale (depuis 2019) |
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Conjoint | Irina Karamanos | |
Résidence | La Moneda | |
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Présidents de la République du Chili | ||
Figure du mouvement étudiant de 2011, il est député entre 2014 et 2022. Il remporte l'élection présidentielle de 2021 en tant que candidat de la coalition de gauche et de gauche radicale Approbation dignité face au candidat d’extrême droite José Antonio Kast, qu'il surclasse au second tour.
Situation personnelle
Études et premiers engagements
Gabriel Boric est né à Punta Arenas en 1986. Il est le fils de Luis Javier Boric Scarpa, issu d'une famille d'origine croate installée au Chili depuis la fin du XIXe siècle, ingénieur chimiste et fonctionnaire à l'Entreprise nationale du pétrole (es) pendant plus de quatre décennies ; sa mère, María Soledad Font Aguilera, est d'origine catalane. Il a grandi aux côtés de ses deux frères cadets dans une famille sympathisante des partis socialiste et démocrate-chrétien[1].
Il effectue des études de droit et s'engage dans le syndicalisme étudiant, tout en militant au sein du mouvement Gauche autonome (espagnol : Izquierda Autónoma)[2]. Pendant une partie de son séjour à l'université, Boric a obtenu un poste d'assistant du professeur José Zalaquett dans le cours sur les droits de l'homme de ce dernier[3],[4].
Il s'investit particulièrement dans le mouvement étudiant de 2011, qui visait à obtenir la gratuité de l'éducation. Il est dans ce contexte élu à la tête de la Fédération des étudiants de l'université du Chili, succédant à Camila Vallejo.
Il vit en couple depuis 2019 avec Irina Karamanos, anthropologue et politologue chilienne née le 29 octobre 1989[5].
Parcours politique
Député des 60e et 28e districts
Ancien syndicaliste étudiant, il est élu député en 2014 pour le parti Convergence sociale, qui rejoint la coalition du Front large lors de sa fondation en 2017. Il consacre son mandat à la défense des droits de l'homme, à la lutte contre les conflits d'intérêts et à la réduction des indemnités parlementaires[6].
Il soutient les manifestations massives de 2019-2020 et s'engage en faveur de la rédaction d'une nouvelle Constitution destinée à rompre avec l'héritage de la dictature d'Augusto Pinochet. Il contribue à faire adopter un accord avec le gouvernement de Sebastián Piñera visant à mettre un terme au mouvement en échange d’un processus constitutionnel, ce qui lui vaut des difficultés au sein de son propre parti[7]. Il est ainsi très présent au sein d'un mouvement contestataire ancré à gauche et puisant ses origines dans les milieux étudiants, avant son extension déterminante aux questions des inégalités sociales. Il occupe une place de premier plan lors de la campagne pour le référendum d'octobre 2020, qui voit les propositions d'un changement de constitution et de la mise en place d'une Assemblée constituante approuvées à de larges majorité. Les référendums sont alors suivis d'élections constituantes en mai 2021[8],
Élection présidentielle de 2021
Fort de ses liens avec une partie des membres de l'assemblée constituante et soutenu par le Front large, Gabriel Boric remporte la primaire d'Approbation dignité sur des positions plus modérées que son concurrent Daniel Jadue du Parti communiste, bénéficiant notamment de l'image d'un candidat participant au renouvellement de la classe politique[9],[10],[11],[12]. Il avait initialement refusé de présenter sa candidature, estimant manquer d'expérience, mais s'y était finalement résolu en l’absence d’une autre candidature au sein du mouvement[13]. Beatriz Sánchez, qui avait représenté le Front large à l'élection présidentielle de 2017, n'avait pas souhaité être à nouveau candidate[14].
Il est à 35 ans le plus jeune candidat à une élection présidentielle au Chili[12],[9],[15],[16],[17]. Bien que ses plus proches collaborateurs soient souvent issus des mouvements sociaux, il reste éloigné des positions de l'extrême gauche et inspire la méfiance tant de la frange la plus contestataire de la gauche chilienne que des marchés financiers[18],[19],[20].
Candidat d'un passage à un système d'État-providence, Gabriel Boric propose de revenir sur la privatisation des services publics qui avait caractérisé la dictature de Pinochet. Il prend ainsi position contre le système de retraites et de santé en vigueur, ceux-ci étant depuis cette époque intégralement confiés au secteur privé[21],[22]. Le candidat se prononce pour l'introduction d’impôts progressifs pour les plus riches, une retraite minimum de 250 000 pesos via une augmentation des cotisations mensuelles de 10 % à 18 % du salaire avec une plus grande part prise en charge par l'employeur, l'augmentation du salaire minimum et la réduction de la semaine de travail à 40 heures [21]. Il n'évoque aucune nationalisation, dans un pays où l'essentiel de l'économie est entre les mains de multinationales et de la haute bourgeoisie[23]. Son programme prévoit l'augmentation des dépenses sociales, notamment afin de créer une assurance maladie universelle et de lancer un plan national de santé mentale, ainsi que la réforme des forces de police, dont la conduite a été controversée pendant la répression des manifestations de 2019, et des investissements dans la lutte contre le réchauffement climatique[24]. Promettant également de lutter contre le réchauffement climatique[15], il se déclare favorable à la légalisation de l'avortement et à l'avancée des droits LGBT[25],[26]. En réaction au conflit mapuche, il prône la levée de l'État d'urgence et l'expulsion des entreprises transnationales présentes dans la région[27],[28].
Lors du second tour organisé le , Gabriel Boric est élu président de la République avec 55,8 % des voix, dans un contexte de participation record (55 %) pour une élection présidentielle au Chili. La hausse de la participation des classes populaires et des jeunes semble avoir permis à Gabriel Boric de déjouer les sondages, qui le donnaient au coude-à-coude avec Kast[29]. Âgé de 35 ans au moment de son élection, il est le plus jeune président élu de l'histoire du pays, ainsi que le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix au second tour d'une élection présidentielle[30],[31]. La bourse de Santiago ouvre le lendemain du scrutin sur une baisse de 6,83 %, les marchés financiers étant effrayés par la victoire de la gauche[32].
Président de la République
Gabriel Boric est investi président de la République du Chili le , succédant ainsi au président sortant Sebastián Piñera[33]. Âgé de 36 ans, il est la personne la plus jeune à occuper cette fonction. Le nouveau président n'a pas les mains libres, faute de majorité au Congrès. La droite conserve la moitié du Sénat et la Chambre des députés est scindée à parts égales entre le centre et la gauche d'une part et la droite et l'extrême-droite d'autre part[23]. Son programme social se heurte à l’hostilité des médias chiliens, très majoritairement conservateurs, et aux difficultés économiques que prévoit le Fonds monétaire international pour le Chili pour les années à venir[34]. Gabriel Boric est accompagné par un gouvernement composé de 24 ministres, dont 14 femmes[35].
Le 18 mars suivant, le président Boric, la ministre des Affaires étrangères, Antonia Urrejola, et celle de l'Environnement, Maisa Rojas, signent l'accord d'Escazú, à l'élaboration duquel le Chili a participé activement en 2014 mais que l'ancien président Piñera avait refusé de signer[36].
Les premières semaines de sa présidence sont marquées par des troubles alors que l'approbation de son action est en chute libre parmi la population[37]. Le gouvernement Boric connait dès ses débuts des déconvenues, échouant à faire approuver par le Parlement une réforme visant à retirer des fonds de pension privés pour promouvoir des politiques sociales en direction des familles défavorisées, et devant affronter un taux annuel d'inflation de près de 10 %[38]. Il ne parvient pas non plus à un compromis avec la droite sur l'amnistie des centaines de personnes encore emprisonnées à la suite des manifestations de 2019, laquelle était très attendue par une partie de sa base électorale[39],[40].
Il met sur pied en avril un plan de relance de l’économie s'élevant à 3,7 milliards de dollars ; 36 % du budget est dévolu à une aide sociale aux foyers, plus d’un quart à soutenir les petites et moyennes entreprises, et le reste à la création d’emplois. Le plan a cependant été jugé insuffisant par certains économistes. Le président chilien annonce également le gel du prix des transports publics pendant un an et une augmentation de 15 % de la bourse alimentaire dans l’enseignement supérieur, dont bénéficieront 620 000 étudiants[41].
Lors de son premier compte-rendu public du , Boric présente devant le Parlement et la Nation les principaux axes de l'action de son gouvernement[42]. Il annonce notamment comme projets la mise en place d'un système public de pensions de retraite, d'un fonds de santé universel ainsi que le redéploiement du réseau de chemin de fer[43].
À la mi-mai 2022, le salaire minimum est augmenté de 350 000 pesos (412 dollars) à 400 000 pesos (470 dollars) pour faire face à l'inflation[44]. La gratuité du système de santé public est instaurée à partir de septembre 2022[45].
Notes et références
Références
- "Notre fils Gabriel" : cette famille des Vosges avait accueilli à Toul le président du Chili, Boric, durant sa scolarité, L'Est Républicain, 10 janvier 2022.
- « Qui est Gabriel Boric, 35 ans, nouveau président du Chili qui a battu l'extrême droite », sur Le HuffPost, (consulté le ).
- Ignacio Bazán, « El retiro de José Zalaquett », sur La Tercera, (consulté le ).
- (es) « Lo que tienes que saber del nuevo Presidente de Chile, Gabriel Boric | Ex-Ante », sur www.ex-ante.cl, (consulté le ).
- (en-US) « Irina Karamanos, la leader féministe et compagne de Gabriel Boric qui promet de reformuler le rôle de la première dame au Chili », sur News Day FR, (consulté le ).
- « Chili : quatre choses à savoir sur Gabriel Boric, le candidat de gauche élu président », sur Franceinfo,
- « Gabriel Boric, le prodige militant et réaliste à la tête du Chili », sur RTBF Info,
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- France24, « Élection présidentielle : "Le Chili vit une polarisation et une fragmentation politique" »
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- « Chili : deux jeunes centristes remportent les primaires avant la présidentielle », sur Le Figaro,
- (es) « Quién es Gabriel Boric, el candidato de la izquierda que se impuso en las elecciones primarias de Chile | Mundo », sur Los Andes,
- « Portrait. Avec Gabriel Boric, la “génération sans peur” prend le pouvoir au Chili », sur Courrier international,
- (es) « Desde el FA descartan a Beatriz Sánchez como candidata presidencial: "No está disponible" », sur BioBioChile,
- Chili : des élections présidentielles dans un contexte inédit
- « Présidentielle. Le Chili, “chaudière en surchauffe” entre l’extrême droite et la gauche radicale », sur Courrier international, (consulté le ).
- « Présidentielle au Chili : un second tour entre la gauche radicale et l'extrême droite », sur Franceinfo, (consulté le ).
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- Le JDD, « Présidentielle au Chili : avec Gabriel Boric, la gauche espère une victoire inédite », sur lejdd.fr,
- (es) « ¿Qué proponen los candidatos presidenciales para cambiar tres décadas de neoliberalismo? », sur BioBioChile,
- « Fin de campagne électorale au Chili: Gabriel Boric, pour tourner la page de l'ère Pinochet », sur RFI,
- Franck Gaudichaud, « Tout commence au Chili », sur Le Monde diplomatique,
- (en-US) « Meet the Candidates: Chile », sur Americas Quarterly,
- (es) « Boric: “Se debe avanzar hacia un aborto legal, seguro, gratuito y garantizado por la salud pública del Estado” », sur La Prensa Austral,
- Présidentielle au Chili: un débat télévisé marqué par l’animosité envers les favoris
- Élections au Chili: Fabiola Campillai, une candidate en lutte pour des réformes sociales
- « ¿Quién es José Antonio Kast, el político ultraderechista que quiere ser presidente de Chile? », sur France 24,
- « Election présidentielle au Chili : victoire historique du candidat de gauche, Gabriel Boric », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- (en-GB) « Leftist Gabriel Boric to become Chile's youngest ever president », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « Leftist lawmaker Boric wins polarized election in Chile, to become nation's youngest president », sur news.yahoo.com (consulté le )
- Zone Bourse, « Chili: la Bourse de Santiago chute à l'ouverture après le triomphe de la gauche », sur www.zonebourse.com,
- « Chili : le candidat de la gauche, Gabriel Boric, remporte l’élection présidentielle », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Chili. Gabriel Boric, un nouveau président très à gauche qui risque de se heurter à la réalité », Ouest-France, (lire en ligne)
- « Chili : le nouveau président, Gabriel Boric, dévoile un gouvernement pluriel, jeune et majoritairement féminin », sur Franceinfo, (consulté le )
- (es) « Presidente Gabriel Boric firma el Acuerdo de Escazú », sur 13.cl,
- (en) « Chile’s President Gabriel Boric runs into trouble, just 6 weeks in office », sur South China Morning Post,
- (es) Semana, « Se desploma la aprobación de Gabriel Boric, ¿su gobierno va en caída libre? », sur Semana.com Últimas Noticias de Colombia y el Mundo, (consulté le )
- « L’amnistie des manifestants de la révolte sociale embarrasse le gouvernement chilien », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Chili. Amnesty International a rencontré le président Boric pour lui présenter son programme en matière de droits humains », sur Amnesty International, (consulté le )
- « Au Chili, le nouveau président de gauche annonce un plan de relance pour soutenir l’économie et un nouveau projet de retrait des fonds de pension », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- (es) Cuenta Pública 2022
- Marion Esnault, « Chili : le rail, locomotive de la nouvelle politique écolo », sur Reporterre,
- (es) « Cámara de Chile aprueba Ley para aumento de salario mínimo », sur www.telesurtv.net
- (es) Antonia Laborde, « Boric anuncia la gratuidad en la Red Pública de Salud de Chile », sur El País Chile, (consulté le )
Liens externes
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