Gamou

Le Gamou (ou Gàmmu) est un grand pèlerinage annuel à l'occasion du Mawlid – commémoration de la naissance de Mahomet – qui a lieu dans différentes villes du Sénégal, principalement à Tivaouane, depuis 1902, grâce à El Hadji Malick SY et, à sa mort en 1922, par ses différents successeurs. La plus importante fête commémorative religieuse des tidjanes[1], le Gamou est également célébré par la communauté mouride, à Touba et dans les autres foyers religieux, tels que Médina Baye, le quartier religieux de Kaolack.

En termes d'affluence, le Gamou draine énormément de monde au Sénégal, c'est le premier événement religieux du Sénégal, en ce sens qu'il est célébré un peu partout, suivi du Magal de Touba[2].

Le terme vient du wolof gàmmu[3]. Étymologiquement, il désigne la célébration de la naissance d’un enfant ou de l’arrivée au monde d'un nouveau membre d'une société[4]. Par extension, le terme peut aussi s'appliquer à de grands rassemblements religieux pour d'autres occasions[3].

Origine

À l'origine gàmmu était geumo ( fermons les yeux en wolof) c'était une fête profane wolof au cours de laquelle toutes les lumières étaient éteintes et qu'au milieu de la nuit, dans le noir absolu, tout homme pouvait avoir une relation sexuelle avec n'importe quelle femme à sa portée. D'ailleurs une chanson wolof l'illustre : Gui gàmmu kou si niaaw de, kou si rafet maleu diour si sama biir. Apres le terme gàmmu avait évolué et était utilisé chez les wolofs pour dire fête. En 1902 El Hadji Malick Sy dit Maodo (le patriarche, surnom à lui donné par Abdoulaye Niasse, un autre saint de la tidjaniya, parmi ses contemporains) lui donne pour la première fois une dimension religieuse et spirituel. Il en a fait un élément central de son apostolat, en faveur de la vulgarisation de l'islam et en résistance aux autorités coloniales françaises. Il entreprend ainsi de donner au Gamou de Tivaouane des dimensions sociales, mystiques, culturelles, scientifiques, géostratégiques et économiques[4].

Toutes les fêtes musulmanes de Sénégambie, telles que Tabaski, Gamou, Korité, Weri Kor, etc. sont fériées au Sénégal[5].

Notes et références

  1. Mamadou Diouf, Histoire du Sénégal : le modèle islamo-wolof et ses périphéries, Maisonneuve et Larose, Paris, 2001, p. 121, (ISBN 2-7068-1503-5)
  2. « Maouloud : ferveur religieuse certes, mais jamais sans jeu politique », Le360afrique.com, 11 décembre 2016
  3. Geneviève N'Diaye-Correard, Les mots du patrimoine : le Sénégal, Archives contemporaines, , 600 p. (ISBN 978-2-914610-33-9, lire en ligne), p. 252
  4. « Dimension socioreligieuse du Gamou de Medina baye », pressafrik.com
  5. Diouf, Niokhobaye, « Chronique du royaume du Sine, suivie de Notes sur les traditions orales et les sources écrites concernant le royaume du Sine par Charles Becker et Victor Martin (1972)», in Bulletin de l'IFAN, tome 34, série B, no 4, 1972, p. 706-7 (p. 4-5), p. 713-14 (p. 9-10)

Bibliographie

  • Cheikh Tidiane Fall, El Hadji Malick Sy à Tivaouane de 1902 à 1922, Dakar, Université de Dakar, 1986, 92 p. (mémoire de maîtrise)
  • Dame Nger, Le Gamou au Sénégal : des origines au milieu du XXe siècle, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 2006-2007, 80 p. (mémoire de DEA)
  • Bekkar Lacoste Rabia, « Ostentation et prodigalité au Gamou de Tivaouane (Sénégal) », in Isabelle Guérin et Monique Selim (dir.), À quoi et comment dépenser son argent ? : hommes et femmes face aux mutations globales de la consommation, L'Harmattan, Paris, 2012, p. 297-311 (ISBN 978-2-336-00646-8)
  • Abdourahmane Seck, La question musulmane au Sénégal : essai d'anthropologie d'une nouvelle modernité, Karthala, 2010, 254 p. (ISBN 9782811103774)
  • Mouhamadou Mansour Sy, De Médine à Touba : le Gamou et le Magal, Darou Abdoulah, Sénégal, 2008?, 78 p.
  • Mouhamadou Mansour Sy, « Le Gamou : un moyen d'éducation » in Actes du colloque international sur la vie et l’œuvre de El Hadji Malick Sy 1902-2002, La Sénégalaise de l’Imprimerie, Dakar, 2002, p. 69-70.
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