Gemäldegalerie Alte Meister

La Gemäldegalerie Alte Meister (Galerie de Peinture des Vieux Maîtres) est un musée d'art des Collections nationales de Dresde situé dans le Semperbau du palais Zwinger, à Dresde, en Allemagne.

Gemäldegalerie Alte Meister Dresde
Informations générales
Nom local
(de) Gemäldegalerie Alte Meister
Type
Visiteurs par an
500 000
Site web
Bâtiment
Architecte
Localisation
Adresse
1 Theaterplatz (en)
01067 Dresde
 Allemagne
Coordonnées
51° 03′ 12″ N, 13° 44′ 05″ E

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Elle ne doit pas être confondue avec la Gemäldegalerie Alte Meister de Cassel.

Vue aérienne du musée, au palais Zwinger.

Une collection de référence au XVIIIe siècle

Auguste III fut, avec son père, le principal artisan de la constitution de la collection.

La création de la collection remonte à la première moitié du XVIIe siècle. C'est le prince-électeur de Saxe Auguste Ier qui fonda en 1560 la Kunstkammer (Cabinet d'art), qui rassemblait toute sorte d'objets, dont des tableaux. Mais c'est surtout au XVIIIe siècle, en une cinquantaine d'années, que les acquisitions d'Auguste le Fort et celles, encore plus nombreuses, de son fils Auguste III firent de la Galerie des peintures de Dresde l'une des plus célèbres d'Europe et une référence en matière de collection princière[1]. Ainsi, l'objectif affiché par Caroline-Louise (1723-1783), épouse de Charles Ier de Bade, pour son cabinet de Karlsruhe, est de le rendre « supérieur à celui de Dresde »[2]. La collection du prince Électeur de Saxe contribua ainsi à faire de Dresde une étape privilégiée des voyageurs européens du Grand Tour : l'un d'entre eux, en 1709, écrit ainsi que la Galerie « réunit ce que l'on ne trouve que disséminé dans toute l'Europe, même si c'est en plus grande quantité »[3].

Sous Auguste le Fort, la collection de peinture grandit et dut être séparée des autres objets pour être finalement placée au château de la Résidence (Residenzschloss). Puis, sous Auguste III, la Collection élut domicile dans le bâtiment des écuries royales, place du Nouveau Marché, à l'issue de récentes acquisitions du roi. En effet, celui-ci avait acheté en 1745 une centaine de toiles issues de la collection du duc de Modène. La pièce maîtresse de sa collection, La Madone Sixtine, fut acquise en 1754. Par la suite, les finances royales imposèrent un sérieux ralentissement des acquisitions.

Auguste II le Fort et Auguste III accordaient une importance extrême aux acquisitions d'œuvres. En effet, ils espéraient par ce biais hisser leur État au niveau de prestige des principales puissances européennes[4]. Le premier ministre lui-même, Heinrich von Brühl, aidé par son secrétaire Karl-Heinrich von Heineken, se chargeait de procéder aux acquisitions. Un réseau de peintres, marchands d'art et diplomates permettaient aux chefs-d'œuvre en provenance de toute l'Europe de venir compléter la collection.

Un destin agité à l'époque contemporaine

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Un bâtiment à la hauteur de la collection

Le Semperbau, aile du Zwinger où se trouve encore aujourd'hui la Gemäldegalerie Alte Meister, fut mis en chantier en 1847 d'après les plans de Gottfried Semper et ouvert au public le . Le besoin d'un édifice correspondant à la grandeur de la collection et aux exigences du XIXe siècle se faisait ressentir depuis le début du XIXe siècle et était affaire d'État.

Dans la première édition du catalogue consacré à la Galerie en 1856, Julius Hübner écrit : « Dans des salles attrayantes, dignes d'un véritable palais des arts, le nouveau musée présente sa collection de tableaux mondialement célèbre aux visiteurs qui, sitôt le seuil franchi, sont saisis par le caractère solennel des lieux. (...) Les chefs-d'œuvre de maîtres immortels, de toutes les écoles et de toutes les époques, présentés sous un jour nouveau, brillent et resplendissent doublement sous le regard enchanté des visiteurs. »

Une collection ballotée par les guerres du XXe siècle

En 1937, sous l'ère du national-socialisme, le département des peintures modernes, séparé des autres peintures depuis 1916 à cause de la taille de la collection, se vit privé de chefs-d'œuvre déclarés « art dégénéré ». Avant même le début de la guerre, la Galerie dut fermer ses portes, en 1938.

En 1942, les attaques aériennes furent nombreuses ; en conséquence, les tableaux durent être évacués. Ils furent mis à l'abri dans des endroits sûrs et éloignés comme le tunnel de Cotta des grésières de Rottenwerndorf et dans les mines de calcaire de Pockau-Lengenfeld.

Le , Dresde fut bombardée par les Anglais et les Américains, et une partie de la Galerie n'y échappa pas. Mais c'est l'Armée rouge qui en profita : lorsqu'elle entra dans la ville, des "Commissions chargées des trophées" furent chargées de sélectionner des œuvres que l'armée a ensuite confisquées. On les croyait perdues pour toujours et un musée central avec ce qu'il en restait fut établi dans le château de Pillnitz, épargné par les bombes.

En 1955 une nouvelle parvint : l'URSS décidait de rendre les œuvres « empruntées » à la ville de Dresde. Des expositions de la collection furent organisées à Moscou puis à Berlin avant de retrouver définitivement Dresde et son public dans un nouvel écrin, puisque la Galerie subit de grands travaux de reconstruction afin de pouvoir accueillir ces œuvres.

Les œuvres

Peinture italienne de la Renaissance

Les points forts de la collection comptent la peinture italienne de la Renaissance, dont des œuvres de Raphaël (Madone Sixtine), Giorgione (Vénus endormie), Sandro Botticelli (Dernier miracle de Saint Zénobie), de Palma le Vieux (Nymphe dans un paysage) et du Titien (Le Paiement du Tribut, Portrait d'une dame en blanc), ainsi que la peinture maniériste et baroque.

À cela, on peut encore ajouter des noms de peintres italiens comme Andrea Mantegna (La Sainte Famille), Le Tintoret (Le Combat de l'Archange Saint Michel avec Satan, La Délivrance d'Arsinoé), El Greco (Jésus-Christ guérissant l'aveugle), Paul Véronèse (L'Adoration des mages), Le Corrège (La Madone de Saint Georges) ou Annibale Carrache (Portrait de Giovanni Gabrielli jouant du luth).

Artistes allemands, néerlandais, flamands du XVIIe siècle

La galerie présente aussi des chefs-d’œuvre de la peinture allemande et néerlandaise d’avant les temps modernes, comme des œuvres de Jan van Eyck (Triptyque de la Vierge), Albrecht Dürer (Portrait de Bernhart von Reesen, panneaux du Polyptyque des Sept Douleurs), Lucas Cranach l'Ancien (Henri le Pieux, Portrait d'Henri IV de Saxe et Catherine de Mecklembourg) et Hans Holbein le Jeune (Charles de Solier, sieur de Morette).

Les œuvres de la peinture hollandaise et flamande du XVIIe siècle qui y sont présentées ne sont pas moins importantes, notamment des tableaux de Rembrandt (Les noces de Samson, Double portrait de Rembrandt et Saskia), Jan Vermeer (Femme lisant une lettre, Chez l'entremetteuse), Pierre-Paul Rubens (19 toiles, dont La Chasse au sanglier, Bethsabée à la fontaine) et Antoine van Dyck (Silène ivre, Saint Jérôme).

Artistes européens des XVIIe et XVIIIe siècles

Le musée possède en outre des œuvres du XVIIe siècle d’artistes espagnols comme Diego Vélasquez (Portrait de Juan Mateos), Bartolomé Esteban Murillo (La Vierge et l'Enfant Jésus) ou José de Ribera (Sainte Agnès) et français, comme Le Lorrain (Paysage avec la fuite en Égypte), Nicolas Poussin (L'Empire de Flore), Antoine Watteau (Réunion champêtre), Jean-Francois Millet (Paysage avec un pontä) ou Valentin de Boulogne (Le Tricheur).

Le XVIIIe siècle est marqué par plusieurs tableaux du début de la carrière du peintre italien de vedute Canaletto, les vedutes de Dresde de son neveu, Bernardo Bellotto, une quarantaine de pastels de Rosalba Carriera, ainsi que quatre tableaux du peintre suisse Jean-Étienne Liotard, dont son plus célèbre, La Belle Chocolatière.

La Galerie aujourd'hui

La galerie attire des centaines de milliers de personnes par an (569.583 visiteurs en 2011)[5]. Le bâtiment a été profondément restauré pour la dernière fois en 1992. Elle accueille parfois des expositions temporaires, notamment l'exposition Le Jeune Vermeer en 2010, qui regroupait notamment quatre tableaux du maître aux 36 œuvres seulement. Mais d'autres expositions de peintres de renom y ont été organisées, dernièrement sur Titien, Giambattista Pittoni (Morte di Agrippina) ou encore Canaletto.

Notes et références

  1. Charlotte Guichard, « Les circulations artistiques en Europe (années 1680-années 1780) », in Pierre-Yves Beaurepaire et Pierrick Pourchasse (dir) Les circulations internationales en Europe, années 1680-années 1780, Presses Universitaires de Rennes, 2010, p. 394.
  2. citée par Charlotte Guichard, « Les circulations artistiques en Europe (années 1680-années 1780) », in Pierre-Yves Beaurepaire et Pierrick Pourchasse (dir) Les circulations internationales en Europe, années 1680-années 1780, Presses Universitaires de Rennes, 2010, p. 393-394.
  3. cité par Charlotte Guichard, « Les circulations artistiques en Europe (années 1680-années 1780) », in Pierre-Yves Beaurepaire et Pierrick Pourchasse (dir) Les circulations internationales en Europe, années 1680-années 1780, Presses Universitaires de Rennes, 2010, p. 393.
  4. Thomas Gaehtgens, L'image des collections en Europe au XVIIIe siècle, Paris, Collège de France, 1999, p. 29.
  5. (de) Jahrbuch der Staatlichen Kunstsammlungen. Berichte, Beiträge, , p. 118

Annexes

Bibliographie

  • Chefs-d'œuvre de Dresde, Galerie de Peintures des Maîtres anciens, E. A. Seeman, 2001
  • Entretiens sur le musée de Dresde, Éditions du Cercle d'art, 1957
  • Catalogue de l'exposition Dresde ou le rêve des Princes, la galerie de peinture au XVIIIe siècle, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 2001

Liens externes

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