Geoffroi du Loroux
Geoffroi (Geoffroy) du Loroux ou Geoffroi du Louroux, est un prélat français du XIIe siècle. Il est nommé archevêque de Bordeaux, Geoffroi III, en 1136, jusqu'à sa mort, le .
Archevêque de Bordeaux | |
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Seguin (d) Guillaume Le Templier (d) | |
Abbé Abbaye Notre-Dame de Sablonceaux | |
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Le Louroux (?) |
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Biographie
Son nom n'est pas assuré. Dans les textes, il est appelé Gaudrifus de Loreolo ou de Lauriolo, Gaufridus de Loratorio, de Oratorio. Jean Mabillon a choisi de Loratorio, c'est-à-dire, Geoffroi du Loroux. Il serait né au Loroux, Loratorium, dans le diocèse de Tours, près du diocèse de Poitiers, ou plutôt Le Louroux, dans le canton de Ligueil. Jean-Paul Bonnes a montré qu'il est d'abord connu sous le nom de Geoffroi Babion, écolâtre à Angers, en 1107. Il semble qu'il ait enseigné la théologie quand il dirige l'école d'Angers de 1113 à 1116. Il choisit ensuite la vie érémitique.
Certains l'ont dit bénédictin, mais il suivait plutôt la règle de saint Augustin. En 1130, il fonde avec des frères l'abbaye Saint-Pierre de l'Isle, dans le diocèse de Bordeaux, à Ordonnac, qui abrite une collégiale avec des chanoines réguliers vivant suivant la règle de saint Augustin[1].
À la mort d'Honorius II, en 1130, les cardinaux se scindent en deux factions. Un groupe d'origine française vote pour le cardinal Grégoire qui prend le nom d'Innocent II, le second groupe d'origine romaine choisit Pierre de Léon connu sous le nom d'Anaclet II. Devant cette division de l'Église, Louis VI et Suger ont réuni en 1130 le concile d'Étampes qui s'est prononcé en faveur d'Innocent II à la suite de l'intervention de Saint Bernard. L'archevêque de Bordeaux, Arnaud-Géraud de Cabanac meurt le . L'évêque d'Angoulême, Girard de Blaie a pris le parti d'Anaclet II. Le duc d'Aquitaine, Guillaume X d'Aquitaine, a adopté une position différente de celle du roi, peut-être sous l'influence de l'évêque d'Angoulême, et le fait élire archevêque de Bordeaux. Saint Bernard écrit à Geoffroi de Loroux pour le presser de à lutter contre Girard de Blay. Geoffroi de Loroux intervient auprès du duc et le persuade de rencontrer Bernard de Clairvaux à Parthenay, fin 1134-début 1135. Bernard de Clairvaux réussit à faire changer l'opinion du duc qui part en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle pendant lequel il meurt. Girard de Blaie qui n'est plus soutenu se retire à Angoulême et meurt peu après. Geoffroi de Loroux est élu archevêque de Bordeaux en 1136. Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, lui écrit pour le féliciter.
Après la mort de Guillaume X, sa fille Aliénor d'Aquitaine est duchesse d'Aquitaine, confiée à la garde du roi de France. En 1137, le roi de France et Suger vont à Bordeaux avec son fils, Louis VII le Jeune, sacré roi de France en 1131, destiné à Aliénor. Le mariage entre Louis VII et Aliénor est célébré à Bordeaux le par l'archevêque Geoffroi du Loroux. En , Louis VII a donné un diplôme royal au métropolitain garantissant aux églises épiscopales et abbatiales le droit d'élire canoniquement leurs chefs qui sont dispensés de l'hommage et de la fidélité.
Geoffroi du Loroux a fondé plusieurs maisons qu'il a confié à des moines suivant la règle de saint Augustin ou des Prémontrés. Après l'abbaye de Saint-Pierre-de-l'Isle, il fonde l'abbaye de Sablonceaux, la collégiale de Fontaine-le-Comte, probablement l'abbaye de Pleine-Selve vers 1140. L'abbaye de Sablonceaux et la collégiale de Fontaine-le-Comte sont construites grâce à des dons de Guillaume X d'Aquitaine entre 1126 et 1136. L'étude architecturale montre que les deux églises présentent le même plan. Deux monastères cisterciens ont été fondés dans le diocèse pendant son épiscopat, l'abbaye Notre-Dame de la Faise, en 1137, l'abbaye de Bonlieu, en 1141.
Geoffroi Babion, puis Geoffroi de Loroux a été un prédicateur important du XIIe siècle. Ses sermons expriment un violent anticléricalisme, dans le sens d'une critique d'un clergé menant une mauvaise vie qui conduit des comportements hostiles envers l'Église institutionnelle. Mais presque tous ses sermons ont été édités en 1708 sous le nom d'Hildebert par Antoine Beaugendre, moine de Saint-Germain-des-Près, avec ceux de Pierre Lombard, Pierre le Mangeur, Maurice de Sully[2]. Il veut réformer le chapitre de la cathédrale et essayer de lui imposer la règle de saint Augustin. Les chanoines de la cathédrale Saint-André de Bordeaux s'opposent à l'introduction de cette réforme grégorienne, forçant l'archevêque à quitter Bordeaux entre 1140 et 1145. Conformément à la volonté des papes Innocent II et Lucius II, du roi de France et duc d'Aquitaine Louis VII, l'archevêque de Bordeaux avait voulu soumettre les chanoines de la cathédrale Saint-André à la règle de saint Augustin. Les chanoines s'y refusent : plusieurs d'entre eux sont excommuniés et privés de leurs bénéfices. En l'absence de l'archevêque, l'église de Bordeaux est privée de service divin pendant cinq ans. L'archevêque et le chapitre choisissent comme arbitres Albéric, archevêque d'Ostie, et Bernard de Clairvaux, passant à Bordeaux au cours de son voyage pour aller prêcher contre les Albigeois, et acceptent leurs décisions dans le différend qui les divisent. Ils décident que les chanoines de la cathédrale seront des réguliers, que leur nombre sera réduit de 24 à 14, dont 5 réguliers et 9 séculiers jusqu'à la mort des séculiers qui seront successivement remplacés par des réguliers, qu'ils devront vivre en communauté. Un accord avec le chapitre est finalement conclu le 2 juillet 1145 dans le palais archiépiscopal en présence du légat du pape, de Bernard de Clairvaux, de Raymond-Bernard, évêque d'Agen, de Bernard Ier, évêque de Saintes, Raimond, évêque de Bazas, Beaudoin, abbé de Castillon, Aymond, abbé de Saint-Émilion[3].
Suger invite Geoffroi en 1144 à la consécration de l'abbatiale de Saint-Denis. Il a aussi de bonnes relations avec Grimoald, ami de Robert d'Arbrissel, et frère supposé de Géraud de Salles.
Il est probablement à l'origine de la reconstruction de la cathédrale de Bordeaux après son retour dans la ville. Des documents montrent que la catédrale était en construction pendant son épiscopat. La nef est établie avant 1170[4]. Jean-Auguste Brutails a fait l'étude de la structure initiale de la nef. Celle-ci était faite de trois travées carrées couvertes, non de coupoles, mais de voûtes gothiques de style Plantagenêt, fusion de l'architecture à coupoles et de l'architecture gothique que Geoffroi du Loroux avait pu admirer à Saint-Denis[5]. Les voûtes de la nef ont été transformées au début du XIIIe siècle en divisant les trois travées carrées en sept travées barlongues.
En 1153, le pape Anastase IV le nomme légat.
Notes et références
Notes
Références
- Juliette Masson, Michel Martinaud, « L’abbaye Saint-Pierre de l’Isle : implantation de chanoines réguliers dans le Médoc », dans Aquitania, 2004, no 20, p. 395-411 (lire en ligne)
- Jean-Barthélemy Hauréau, « Les sermons publiés en 1708 par dom Beaugendre sous le nom d'Hildebert de Lavardin, évêque du Mans », dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1886, no 30-2, p. 168 (lire en ligne)
- Archives de la Gironde).
- Philippe Araguas, « La cathédrale Saint-André de Bordeaux », monum Éditions du patrimoine, Paris, 2001, p. 10, (ISBN 978-2-85822-363-3)
- Jean-Auguste Brutails, « La nef de la cathédrale Saint-André », imprimerie de G. Gounouilhou, Bordeaux, 1903 (lire en ligne)
Annexes
Bibliographie
- (la) Moines de la congrégation de Saint Maur, « Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas », tome 2, Provinciae Burdigalensis, Bituricensis, 1720, col.|811-815 (lire en ligne)
- Honoré Fisquet, « La France pontificale (Gallia christiana), histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis l'établissement du christianisme jusqu'à nos jours, divisée en 17 provinces ecclésiastique - Métropole de Bordeaux », E. Repos libraire-éditeur, Paris, p. 118-128 (lire en ligne)
- Religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, révisée par Paulin Paris, « Histoire littéraire de la France », Paris, 1869, p. 470, 541-545 (lire en ligne)
- Jean-Auguste Brutails, « Geoffroi du Louroux, archevêque de Bordeaux de 1136 à 1158, et ses constructions », dans Bibliothèque de l'École des chartes, 1922, tome 83, p. 54-64 (lire en ligne)
- Jean-Paul Bonnes, « Un des grands prédicateurs du XIIe siècle : Geoffroy du Loroux dit Geoffroy Babion », dans Revue bénédictine, 1945-1946, p. 174-215
- D. Van Den Eynde, « Autour des « Enarrationes in Evangelium S. Matthaei » attribuées à Geoffroi Babion », dans Recherches de théologie ancienne et médiévale (RTAM), 1959, no 26, p. 50-84
- P. Capra et F. Giteau, « Les trois plus anciens documents de l'abbaye de l'Isle-en-Médoc (1130 et 1153) », dans Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, avril-, tome XIII, série 2, p. 115-122
- Sous la direction de Bernard Guillemain, « Le diocèse de Bordeaux », Éditions Beauchesne, Paris, 1974, p. 40-42, 47-48, 56, 272 (lire en ligne)
- Guy-Marie Oury, « La vie contemplative menée en communauté d'après Geoffroi Babion (†1158?) », dans sous la direction de R. Louis, Études ligériennes d'histoire et d'archéologie médiévales. Mémoires et exposés présentés à la Semaine d'études médiévales de Saint-Benoît-sur-Loire du 3 au , Auxerre, 1975, p. 297-305
- Guy-Marie Oury, « Les sermons de Geoffroi Babion et la chrétienté bordelaise (1136-1158) », dans Cahiers de Civilisation Médiévale, 1979, année 22, no 87, p. 285-297 (lire en ligne)
- Jean-Hervé Foulon, « Le clerc et son image dans la prédication synodale de Geoffroy Babion, archevêque de Bordeaux (1136-1158) », dans Société des Historiens Médiévistes de l'Enseignement Supérieur Public, Le clerc séculier au Moyen Âge, Publications de la Sorbonne, 1993, p. 45-59, (ISBN 2-85944-231-6) (aperçu)
- Jean-Hervé Foulon, « L'anticléricanisme dans la prédication de Geoffroy du Loroux dit Babion, archevêque de Bordeaux (1136-1158) », dans L'anticléricanisme en France méridionale (fin XIIe-début XIVe siècle), Cahiers de Fanjeaux, 2003, no 38, p. 41-75
- Jean-Hervé Foulon, « Geoffroy Babion, écolâtre d’Angers († 1158), l’exemple d’une collection de sermons », dans sous la direction de Claude Carozzi et Huguette Taviani-Carozzi, Le médiviste devant ses sources. Questions et méthodes (collection le temps de l'histoire), Presses universitaires de Provence, Aix-en-Provence, 20004, (ISBN 978-2-85399565-8) (lire en ligne)
- Frédéric Boutoulle, « L’archevêque et les communautés canoniales pendant la réforme grégorienne en Bordelais (1079-1145) », dans Cahiers de Fanjeaux, 2012, p. 394-419 (lire en ligne)
- Juliette Masson, « Geoffroi du Loroux et l’architecture religieuse en Aquitaine au XIIe siècle », dans Bulletin du Centre d'études médiévales, Auxerre, 2013, no 17-1 (lire en ligne)
Article connexe
Liens externes
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