Georges Madon
Georges Félix Madon, né le à Bizerte et mort le à Tunis, est un pilote de chasse français de la Première Guerre mondiale titulaire de 41 victoires homologuées, de 64 autres probables et, fait exceptionnellement rare en quatre ans d'affrontements, tout comme cet autre as français qu'est René Fonck, il ne reçut jamais aucune balle dans son appareil.
Pour les articles homonymes, voir Madon (homonymie).
Georges Félix Madon | ||
Madon devant son avion | ||
Naissance | Bizerte (Tunisie) |
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Décès | (à 32 ans) Tunis (Tunisie) |
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Origine | France | |
Arme | aviation | |
Grade | sous-lieutenant, lieutenant puis capitaine | |
Années de service | 1912 – 1924 | |
Commandement | Escadrille Spa38 | |
Conflits | Première Guerre mondiale | |
Faits d'armes | 41 victoires homologuées | |
Distinctions | Légion d'honneur, Médaille militaire, Croix de guerre avec 16 palmes et 3 étoiles, Médaille de la valeur militaire italienne |
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Autres fonctions | Pilote d'essai | |
Biographie
Enfance et débuts dans l'aviation
Né à Bizerte en Tunisie, Madon commença à s'intéresser à l'aviation dès l'âge de 15 ans, lorsqu'il essaya pour la première fois de construire son propre avion, sans succès[1]. Il quitta l'école en raison de l'épidémie de malaria qui sévissait.
Son désir de voler le poussa à envisager de s'engager comme pilote pour l'empire ottoman. Après un nouvel échec, il s'engagea dans le 1er régiment du génie de Versailles, dans lequel il fut affecté aux cuisines. Il insista pour avoir le droit de suivre une formation de pilote[2].
À force de persévérance, il obtint son brevet de pilote civil à l'âge de 19 ans, le à Étampes. Le , Madon s'engage dans l'armée et reçoit son brevet de pilote militaire sur la Base aérienne 702, à Avord, en . Cette Base aérienne porte, aujourd'hui, son nom.
Première Guerre mondiale
Bien qu'il n'ait que le grade de caporal, il est l'un des pilotes militaires français les plus expérimentés lorsque la guerre éclate. Dans un premier temps, il est affecté à l'Escadrille BL30 et effectue des missions de reconnaissance et de bombardement de nuit sur des Blériots produits avant-guerre. Il figure parmi les premiers pilotes à effectuer des vols de nuit, missions qui lui étaient confiées en raison de son expérience. Cette expérience lui sauvera la vie, quand le , son moteur est détruit par un tir de canon de 77 mm. Il fallut à Madon une grande habileté pour réussir à faire atterrir son Blériot, contre le vent, derrière les lignes françaises.
En , alors qu'il essaie un nouveau Farman (80ch), un épais brouillard lui fait perdre ses repères et le contraint à survoler l'espace aérien suisse : il est interné pendant plusieurs mois[3]. Il parvient à s'échapper à la deuxième tentative, en , après avoir chloroformé ses gardes. En guise de récompense, il passe devant la cour martiale et est condamné à 60 jours d'arrêts.
Il est ensuite affecté à l'Escadrille MF218, avec le grade de sergent. Les missions qui lui sont confiées consistent à diriger les tirs d'artillerie alliés. Il demande à être transféré dans un escadron de chasse.
Après une formation complémentaire à Pau et à Cazaux, il est affecté à l'Escadrille N38, le [4]. Il remporte sa première victoire aérienne le . À la fin de l'année 1916, son tableau de chasse comporte quatre victoires et il est promu au grade d'adjudant.
Il commence l'année en mitraillant une locomotive allemande. Plus tard, le , il est blessé au combat après être entré en collision avec un avion ennemi. À cette date, il compte déjà 12 victoires. Entre-temps, le 14 juin 1917, il a reçu la grande médaille d'or de l'Aéro-Club de France avec un certain nombre de pilotes de guerre, mais n'est pas présent à la cérémonie. Le , il est nommé sous-lieutenant. En octobre, Madon poursuit sa série de victoires homologuées dont le nombre s'élève désormais à 17, auxquelles il convient de rajouter 20 victoires probables.
En , son palmarès s'élève désormais à 25 victoires homologuées[5]. Il est nommé commandant de l'Escadrille Spa38, qui est rééquipée avec de nouveaux SPAD XIII. Bien qu'à l'origine cette escadrille soit une unité de reconnaissance aérienne, la Spa38 se bat avec vigueur. L'ensemble des pilotes adoptent la devise de leur commandant « Qui s'y frotte s'y pique » ainsi que son insigne, un chardon noir, qu'ils peignent sur leurs avions.
Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, Madon forme les pilotes de son escadrille dont un certain nombre accèderont au titre d'as grâce aux conseils de leur commandant. Parmi eux on trouve André Martenot de Cordoux, Hector Garaud, et l'américain David Putnam.
À fin de la guerre, le sous-lieutenant Madon est crédité de 41 victoires homologuées et de 64 victoires probables. À propos de ces dernières, il fit une fois nonchalamment remarquer que «le Boche connaît ses pertes».
De manière ironique, il est promu au grade de capitaine à titre temporaire le dernier jour de la guerre, le jour de l'Armistice, avec la citation suivante[6]:
« Madon Georges Félix, lieutenant à titre temporaire (active) du Génie, pilote aviateur, officier d'élite, pilote de chasse d'une indomptable énergie, d'une bravoure héroïque et d'une suprême habileté. Toujours vainqueur au cours d'innombrables combats engagés sans souci du nombre des adversaires, ni de l'éloignement de nos lignes, jamais atteint, même d'une seule balle, grâce à la rapidité foudroyante de ses attaques, à la précision de ses manœuvres, à l'infaillibilité de son tir, meurtri parfois dans des chutes terribles, entraîne inlassablement, par son splendide exemple, l'escadrille qu'il commande et qu'il illustre chaque jour par de nouveaux exploits. Le 11 août 1918, il abat son 40e avion ennemi. Une blessure. Chevalier de la Légion d'Honneur pour faits de guerre. Dix-neuf citations. »
À une époque où l'espérance de vie des pilotes de chasse se mesurait en mois, Madon réussit à enchainer quatre années de victoires.
Décès
Une fois la paix revenue, Madon reste dans l'armée. En 1922, il commence une carrière de pilote de course aérienne sur un monoplace spécialement conçu pour la Coupe Deutsch de la Meurthe. Le Simplex monoplane qu'il pilote est équipé d'un moteur Hispano-Suiza de 320 chevaux monté dans un fuselage court. La vue du pilote est sérieusement limitée par la position du siège, situé derrière le radiateur. Madon s'écrase aux commandes de l'avion pendant un vol d'essai et est gravement blessé[7].
Le , six ans après la signature de l'Armistice, Georges Madon se tue lors d'une démonstration de vol à Bizerte (Tunisie) en hommage à Roland Garros, dans le cadre de l'inauguration d'un monument élevé à la mémoire de l’aviateur. En panne sèche, il s'écrase non loin dudit monument, afin d'éviter la foule. Il était âgé de 32 ans[8].
Décorations et hommages
- Officier de la Légion d'honneur
- Croix de guerre 1914-1918 (16 palmes et 3 étoiles de vermeil)[9]
- Médaille militaire
- Médaille de bronze de la valeur militaire (Italie) (Bronze ou or ? : à vérifier)
- 19 citations
- La Base aérienne 702 d'Avord porte son nom « Capitaine Georges Madon ».
- De nombreuses rues portent son nom (Le Mans, Reims, Châlons-en-Champagne, Paris etc...)
Sources et bibliographie
- Jacques Mortane, La guerre des Ailes : Traqués par l'ennemi, chap. X : Évadés de Suisse : Georges Madon et Eugène Gilbert, Baudinière, 1929, p. 151-181
- (en) Jon Guttman, SPAD VII aces of World War 1, Oxford, Osprey Aviation, coll. « Osprey aircraft of the aces » (no 39), , 96 p. (ISBN 1-84176-222-9 et 978-1-841-76222-7, lire en ligne), p. 24–26
- Daniel MARQUIS, Le Diable Rouge; L'AS Georges-Félix MADON, Bernard Giovanangeli éditeur, 2018 (ISBN 978-2-7587-0221-4)
Liens externes
Notes et références
- Références
- (en) « First World War.com - Who's Who - Georges Madon », Firstworldwar.com (consulté le )
- (en) « Biographie du capitaine George MADON », Ministère de la Défense, 5 février 2007) (consulté le )
- "firstworldwar.com"
- Jon Guttman, pages 24-26
- "theaerodrome.com"
- Biographie sur le site de la Base aérienne 702
- (en) Russell Naughton, « Flying Wings : An Anthology : René Arnoux », Ctie.monash.edu.au (consulté le )
- Le 11 novembre 1924 dans le ciel : L’as Madon se crashe à Bizerte Air Journal
- « As 14-18. Les As français de la Grande Guerre », sur www.as14-18.net
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