Gerard Manley Hopkins
Gerard Manley Hopkins, né le à Stratford, dans l'Essex (Angleterre), et décédé le à Dublin, en Irlande, est un prêtre jésuite et poète anglais.
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Naissance |
Stratford, Essex, Royaume-Uni |
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Décès |
Dublin, comté de Dublin, Irlande |
Activité principale |
Langue d’écriture | anglais britannique |
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Genres |
Fils d'un agent d'assurance, il étudie les humanités au Balliol College de l'Université d'Oxford, où il est proche du Mouvement d'Oxford de la Haute Église anglicane. Comme d'autres avant lui, tel Newman, cette réflexion théologique l'amène à demander à être reçu dans l'Église catholique en 1866. Deux ans plus tard, le , il entre dans la Compagnie de Jésus. Hopkins est ordonné prêtre en 1877.
Biographie
Son enfance
Gerard Manley Hopkins naît à Stratford, dans l'Essex, et est le premier d'une fratrie de 9 enfants, de Manley et Catherine (Smith) Hopkins.
Son père, fondateur d'une compagnie d'assurance maritime, a le privilège d'être quelque temps Consul Général du Royaume-Uni en Hawaii. Il fut également sacristain en la paroisse anglicane St John-at-Hampstead. Il publie un roman et divers ouvrages poétiques, notamment pour le Times, Pietas Metrica (1849), Spicelegium Poeticum, ainsi qu'un recueil posthume A Gathering of Verses by Manley Hopkins (1892).
Catherine Hopkins, née Smith, sa mère, était la fille d'un médecin londonien. Passionnée de musique et de littérature, elle cultivait une prédilection pour les romans de Dickens et la philosophie d'outre-Rhin.
Tous deux étaient membres de l’Église d'Angleterre.
Grâce à sa tante, Maria Smith Giberne, et guidé par son grand-oncle, Richard James Lane, le jeune Gerard apprend à peindre et à dessiner, et cultive un véritable talent pour cet art toute sa vie durant. Il trouve principalement l'inspiration dans les œuvres de John Ruskin et des Préraphaélites. Il envisage quelque temps d'embrasser la carrière d'artiste peintre. Il n'en demeura pas moins dessinateur de talent, ce dont il saura tirer profit, plus tard, dans ses compositions poétiques.
Hopkins n'est pas le seul de sa fratrie à avoir des dons artistiques ou religieux. C'est ainsi que Milicent (1849–1946) devient religieuse anglicane en 1878, que Kate (1856–1933) aide son frère à publier la première édition de ses poésies, que Grace (1857–1945), la plus jeune de ses sœurs, met en musique plusieurs de ses poèmes, et que Lionel (1854–1952) devient un expert de chinois archaïque, mondialement reconnu ; Arthur (1848–1930) et Everard (1860–1928) sont tous deux des artistes acclamés par la critique de l'époque. Seul Cyril (1846–1932) se distingue et intègre le cabinet d'assurance de son père, Manley Hopkins, qui contribue pourtant à sa manière à l'épanouissement artistique de la famille en l'installant à Hampstead, en 1852, tout à côté du lieu où vécut John Keats, trente ans plus tôt.
À dix ans, Gerard Manley Hopkins, est envoyé en pension à Highgate School (1854–1863). C'est là qu'il s'initie à l'ascétisme et la mortification, qu'il pousse si loin qu'il se persuade un jour que la plupart des hommes boivent plus de liquides que de nécessaire, et parie qu'il peut se priver de boisson pendant une semaine. Il s'obstine dans cette démarche jusqu'à ce que sa langue devienne noire et qu'il perde connaissance.
Le premier poème qu'il ait écrit date également de cette époque ; il prend sa source chez Keats et s'intitule "The Escorial" (1860).
Oxford et la prêtrise
Au Balliol College d'Oxford, qu'il fréquente de 1863 à 1867, il étudie les auteurs classiques. Hopkins est un étudiant et un poète d'une sensibilité peu commune, comme en témoignent ses premières évaluations scolaires et ses premiers poèmes épiques.
C'est à Oxford qu'il se lie d'amitié à Robert Bridges (Poet Laureate of the United Kingdom), qui exerce ensuite une grande influence sur sa maturation littéraire et sa célébrité posthume.
L’œuvre de Christina Rossetti le touche profondément. Elle devient l'une de ses plus grandes influences contemporaines. Il a l'occasion de la rencontrer en 1864. Il reçoit également des cours de l'écrivain et critique Walter Pater, en 1866, avec qui il se lie d'amitié.
Il commence à fréquenter, dès cette époque, le monde tout en écrivant avec frénésie. Mais il s'alarme très vite des changements qui s'opèrent insensiblement en lui. Il se renferme dans une étude austère, consignant sans concession ses péchés dans son journal intime.
Durant ces années d'étude, les amitiés qu'il noue n'ont rien de concupiscentes ; elles sont toutes spirituelles et platoniques. Il parvient ainsi à réprimer son homosexualité latente. Il ne laisse jamais transparaître que le sentiment qu'il éprouve pour Digby Mackworth Dolben dépasse celui de la simple amitié. Il n'a, d'ailleurs, jamais cédé à ses pulsions ; il a toujours observé une abstinence sans faille, même lorsqu'il fréquentait Henry Parry Liddon et Edward Pusey, dernier membre du "Mouvement d'Oxford".
C'est à cette époque de déchirements et de vacillation morale, qu'il prend la résolution d'entrer en religion. Le , il compose le poème le plus ascétique de sa carrière "The Habit of Perfection" et, le , dans la liste de toutes les choses qu'il se promet de proscrire à jamais, il inclut la poésie. Il brûle, en conséquence, tous ses poèmes, et renonce pendant près de sept ans à toute écriture poétique. Cette attitude extrême l'éloigne pendant un temps de sa famille et de bon nombre de ses relations.
En juillet, il décide de se convertir au catholicisme. Dans cette perspective, il se rend en septembre à Birmingham pour rencontrer le père John Henry Newman, qui dirige les conversions qui s'opère dans la région d'Oxford. Il entre ainsi dans l’Église Catholique le , par l'onction du Père Newman. Il observe ensuite la résolution de poursuivre son chemin et d'entrer en vie religieuse.
En 1867, il obtient son diplôme de fin d'études, et la même année, bénéficie, grâce à Newman, d'un poste de professorat à l'Oratoire de Birmingham. Là, il y commence l'étude autodidacte du violon, et envisage plus sérieusement de devenir Jésuite.
Hopkins commence son noviciat dans la Compagnie de Jésus à Roehampton (Manresa House), en . À compter de 1870, il entame également des études philosophiques à Stonyhurst au St. Mary's Hall. Il prononce ses vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance le .
L'écriture continue néanmoins à le tenter, tandis qu'il cultive toujours le sentiment que la poésie l'empêche de se livrer tout entier à son engagement religieux. Cependant, après avoir lu Duns Scot en 1872, il se rend compte que ces deux activités ne sont pas incompatibles. Il n'a, au demeurant, jamais cessé de tenir son journal, mais incapable de réprimer son désir de peindre la nature, il a substitué à l'écriture le dessin et la composition musicale ; il rédige aussi, lorsque les occasions se présentent, des sermons et des pièces religieuses.
Retour à la poésie
En 1874, il revient à Manresa House pour y enseigner la littérature classique. Tandis qu'il étudie dans le Jesuit House of Theological Studies, à St Beuno's, près de St Asaph dans le Nord du Pays de Galles, ses supérieurs le sollicitèrent pour composer un poème à la mémoire d'un navire allemand qui avait sombré en mer. C'est ainsi qu'en 1875 il renoue avec la poésie pour composer une œuvre prolixe, intitulée The Wreck of the Deutschland, inspirée par le naufrage du 'Deutschland', qui a fait 157 disparus, parmi lesquels cinq religieuses franciscaines, qui s'étaient exilées d'Allemagne en raison de nouvelles lois anticatholiques (voir, à cet égard, Kulturkampf). La pièce touche tant aux choses de la religion qu'elle se distingue de ses premières œuvres, ou du moins de celles qui nous sont parvenues, par une métrique et une verve novatrices. Il ne se borne pas à décrire les événements dramatiques et les actions héroïques survenus pendant le naufrage, mais parvient à réconcilier une telle tragédie avec Dieu, l'auteur de toutes choses. Le poème est accepté par les Jésuites qui, néanmoins, en empêchent la publication. Ce manque de reconnaissance illustre l'ambivalence de toute son œuvre, qui est pour l'essentiel posthume.
Hopkins se livre tout entier à l'austérité et la restriction de la vie religieuse. Son humeur s'en ressent, et son caractère se teint à jamais de mélancolie. Le novice brillant, dont le talent recueillait tous les suffrages et les applaudissements durant les premières années, échoue cependant à l'examen final de théologie, le De universa. S'il est bien ordonné prêtre - ce sera en 1877 - il ne fera pas la profession religieuse solennelle des quatre vœux.
En 1877, il rassemble un recueil de sonnets: God’s Grandeur, parmi lesquels se trouve le poème The Starlight Night, et achève The Windhover seulement quelques mois avant son ordination. Bien que très rigoureuse, isolée et mélancolique, sa vie connaît néanmoins quelques périodes d'accalmie ; les œuvres qu'il compose ensuite, incertaines et inégales, affectent davantage sa sensibilité.
En , peu de temps après l'écriture de The Sea and the Skylark, et seulement un mois après son ordination à la prêtrise, Hopkins prend la charge et le sous-ministère de professeur à Chesterfield, au Mount St. Mary’s College.
En , il devient recteur de l'église jésuite de Farm Street (près de Mount Street).
En décembre, il est nommé curé de St. Aloysius’s Church, à Oxford, avant de rejoindre Manchester, Liverpool, puis Glasgow. Tandis qu'il exerce son ministère à Oxford, il devient membre fondateur de l'University Newman Society, une société établie en 1878 pour les membres catholiques de l'Université d'Oxford.
Il enseigne le grec et le latin à Sheffield, au Mount St Mary's College, et au Stonyhurst College, dans le Lancashire.
En 1884, il est professeur de grec et de latin à l'University College Dublin en Irlande. Ses racines anglaises, et ses divergences de vue à l'égard de la politique irlandaise de l'époque, sa nature peu engageante, son caractère quelque peu original, aussi bien que sa petite stature ne faisaient pas de lui un professeur très efficient. Son isolement en Irlande renforce sa mélancolie et la tonalité de ses poèmes : I Wake and Feel the Fell of Dark en est une illustration. Vienrent alors les Sonnets terribles (Terrible Sonnets), non par leur qualité, mais parce qu'ils atteignent ce que son ami Canon Dixon qualifie de terrible crystal, c'est-à-dire qu'ils cristallisent le découragement mélancolique qui tourmente le poète et l'homme de foi pendant la dernière partie de sa vie.
Dernières années
Durant les cinq dernières années de sa vie, de nombreuses circonstances concourent à l'abattement d'Hopkins et au tarissement de son inspiration poétique.
Sa charge de travail est lourde. Il n'aime pas la vie à Dublin, loin de l'Angleterre et de ses amis. Sa santé générale s'altère également à mesure que sa vue baisse. Il se sent confiné, découragé. Jésuite sincère, il se trouve tiraillé dans un dilemme artistique et spirituel. Afin de réprimer tout égotisme qui serait contraire à l'humilité demandée par la vie religieuse, il décide de renoncer à publier ses poèmes. Il réalise pourtant que toute création poétique ne saurait s'épanouir sans une audience fertile en critiques et en encouragements. De ce conflit intérieur, il a le profond sentiment d'échouer dans les deux domaines qui gouvernent son existence.
Après avoir souffert d'une mauvaise santé pendant plusieurs années, Hopkins meurt de la fièvre typhoïde en 1889. Après des funérailles célébrées en l’Église Saint-François-Xavier de Dublin, il est enterré au cimetière de Glasnevin.
Souffrant probablement d'une maladie que les psychologues diagnostiqueraient aujourd'hui comme un état maniaco-dépressif, Hopkins a combattu toute sa vie une profonde angoisse mélancolique.
Sur son lit de mort, son dernier mot fut, cependant : « I am so happy, I am so happy. I loved my life. » (Je suis si heureux, si heureux. J'ai aimé ma vie.)
Œuvres parues en France
- Reliquiae : vers, proses, dessins, Gerard Manley Hopkins ; réunis et traduits par Pierre Leyris, (Paris) : Éditions du Seuil, 1957
- Le Naufrage du Deutschland (The Wreck of the Deutschland), Gerard Manley Hopkins ; traduit et présenté par Pierre Leyris, Paris : Éditions du Seuil, 1964. Réédition en 1991 (ISBN 2-7291-0609-X)
- Carnets : 1862-1866 ; et Journal : 1866-1875 ; Lettres : 1865-1889, Gérard Manley Hopkins ; traduits et commentés par Hélène Bokanowski et Louis-René Des Forêts, Paris : Union générale d'éditions, 1976 (ISBN 2-264-00035-X). Réédition en 1997 (ISBN 2-911059-08-5)
- Grandeur de Dieu : et autres poèmes, 1876-1889, Gerard Manley Hopkins ; traduits par Jean Mambrino, préface de Kathleen Raine, Paris : Granit, 1980 (ISBN 2-86281-109-2). Réédition en 1999 (ISBN 2-913549-01-2) et 2005 (ISBN 2-84590-060-0)
- Poèmes : accompagnés de proses et de dessins, Gerard Manley Hopkins ; choix et traduction de Pierre Leyris, Paris : Éditions du Seuil, 1980 (ISBN 2-02-005633-X)
- En rythme bondissant : lettres choisies, Gerard Manley Hopkins ; trad. et présentées par René Gallet, Paris : "Obsidiane", 1989 (ISBN 2-904469-46-X)
- De l'origine de la beauté ; suivi de Poèmes et d'écrits, Gérard Manley Hopkins ; trad. de Jean-Pierre Audigier et René Gallet ; présentation et notes de René Gallet, Seyssel : Éditions Comp'Act, 1989 (ISBN 2-87661-035-3)
- Poèmes, Gerard Manley Hopkins ; trad. et présentation, Bruno Gaurier, avec la collab. de Jean Pénard, Suilly-la-Tour : le Décaèdre, 2003 (ISBN 2-914234-07-4)
- Écrits de jeunesse, 1861-1865 : carnets et lettres, Gerard Manley Hopkins ; traduction et présentation, Bruno Gaurier, Suilly-la-Tour : le Décaèdre, 2006
- Poèmes et proses, Gerard Manley Hopkins ; choix, préface et traduction de l'anglais par Pierre Leyris, Édition : Éd. bilingue, Paris : Points, DL 2007 (ISBN 978-2-7578-0339-4)
- Quelques poèmes, G. M. Hopkins ; choisis et traduits par Jean-Pierre Attal ; illustrations de Sam Jones, Édition : Éd. bilingue, Publication : Perros-Guirec : Anagrammes, 2013 (ISBN 2-84719-093-7)
Source
- Bibliothèque nationale de France (pour la liste des œuvres)
Notes et références
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressources relatives à la littérature :
- revue Nunc, dossier G. M. Hopkins, dirigé par Adrian Grafe. revue Nunc, numéro 27, . Site de la revue : www.corlevour.fr
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